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dimanche 24 janvier 2016

Cette photo qui me mettait mal à l'aise (cul nu et #freethenipple inside)

Voilà plus de trois mois que j'ai fait une série de photo de nu, et que je ne l'ai pas partagée, bien que je l'adore. Tout ça, à cause d'une photo en particulier : celle-ci, juste en dessous.

Je l'ai tout d'abord trouvée belle, puis, j'ai vu, en bas à gauche, les bourrelets. 

C'est la première fois que je me voyais ainsi en image, puisque j'ai l'habitude des photos "flatteuses", où je pose "façon pinup" ou "statue de l'Antiquité" (lol #lamodestie). C'est à dire debout, et avec un accent particulier sur ma chute de reins, plutôt prononcée. 

Passé le choc de me découvrir sous cet angle, je l'ai trouvée moins jolie, j'ai même pensé à la supprimer. C'est là que ça a fait tilt (ouf !).

Non, je ne suis pas "moins belle" dessus.

Je suis réelle, telle que mon corps me dessine est dans certaines positions ou certains mouvements. Aussi réelle que dans des poses plus convenues. C'est bien la même enveloppe corporelle que celle que je trouve agréable à regarder sous d'autres coutures. Et si je suis si body positive que ça, je devrais pouvoir dépasser ce point de détail...


Ça m'a pris plusieurs mois, mais j'y suis arrivée (je ne dis pas que je n'ai pas l'impression que mon cœur va bondir hors de ma poitrine au moment où je finalise la publication de l'article). Et je me suis rendue compte qu'en fait, ça allait encore bien plus loin que mon rapport à mon corps tel que je n'ai pas l'habitude de le voir représenté.

J'ai beau être militante féministe et bodi posi jusqu'à la moelle, faire des photos mi-rigolotes mi-provoc sur Instagram de temps en temps et être pleinement convaincue que la poitrine féminine est bieeeeeeen trop sexualisée dans notre société et que c'est totalement infondé, puisque ces messieurs ne subissent pas l’opprobre lorsqu'ils dévoilent un téton... J'ai beau suivre le mouvement #FreeTheNipple depuis le début et avoir déjà posté quelques clichés avec ce hashtag (mais clairement, jamais aussi directs, ni sur un support de type "blog")... Ça reste un grand pas, une grande première. Un obstacle à franchir. 

Un roc, un cap, que dis-je un cap, une péninsule. Toussa.

Donc bien que, vis-à-vis de moi-même, je n'ai pas (plus) le moindre complexe avec ces photos, je ne peux pas faire taire complètement les petites voix qui me susurrent le doute à l'oreille. Le milieu professionnel, la famille, les trolls fat shamers... ou l'incommensurable fatigue de déjà m'imaginer répéter à tire-larigot que "Non, un nu n'est pas forcément 'sexuel'" (D'ailleurs, je ne vois pas ce qui poserait vraiment problème si ça l'était, sexuel, mais c'est un autre débat) pour avoir à me défendre sur un sujet qui n'a jamais été une "offense".

Je n'ai rien à me reprocher. RIEN. Ni ma grosseur, ni mes tatouages, ni mon maquillage prononcé, ni mes cheveux chimiques, ni ma nudité, ni même mon envie de rendre tout ça public. Car ce choix m'appartient, aussi bien que mon corps et mes convictions. 

Chuis droite dans mes bottes, dans mes convictions féministes, excentriques et body positive. Et je trouve que c'est quand même dingue de se sentir autant en posture "de justification" malgré tout, alors qu'en fait, tu fais absolument rien de mal ! Et c'est précisément pour ça que je veux poster cette série aujourd'hui. Pour emmerder le patriarcat, pour emmerder les pudibonds, pour emmerder les injonctions au corps et pour emmerder les restes de chaînes qui me retiennent encore un peu, parfois.

Donc voilà, FUCK THIS SHIT. On verra dans 10 ans si c'était une connerie, en attendant je suis libre, et je choisis d'exprimer cette liberté comme je l'entends. Et ce soir, c'est en me mettant à nu pour faire passer un message important : on a tou.te.s le droit d'être représenté.e.s, tou.te.s le droit de se montrer, avec notre vision de la beauté et du monde, tou.te.s le droit d'exister en paix, hors de la toxicité des stéréotypes.


D'ailleurs, voici le reste de la série, réalisée par Margaux Pastor, photographe, et militante féministe elle aussi 

 
(coucou les poils d'aisselle ;) )
 
(coucou les seins creusés quand je me penche :) )

Pour tous les selfies et photos pas que je trouvais disgracieux et que je me suis hâtée de faire disparaître pour ne garder que ceux qui me "mettaient en valeur" (vis-à-vis de la sacro-sainte norme aka le male gaze *vomit*), pour toutes ces fois où j'ai voulu m'effacer en détruisant ces images que je qualifiais moi-même de "dégueulasse" (ouais ouais, on en dit des trucs affreux à son reflet dans le miroir parfois, n'est-ce pas ?), pour toutes les fois ou j'ai tiré sur mes fringues afin d'atténuer un décolleté ou allonger une jupe pour les autres... j'ai voulu faire honneur à ces clichés, qui m'ont bousculée comme j'en avais bien besoin et qui pourtant ont bien failli subir le même traitement d'invisibilisation. Je me demande aussi pardon, en quelque sorte, en faisant ça, et c'est une sensation des plus apaisantes.

Bref, je crois avoir fait le tour de ce que je voulais dire. Je suis heureuse de faire ce post ce soir et j'espère que ce sera le début d'une longue série de collaborations (ouais, dès fois, je pose) et de photos que je pourrais partager, estampillées de messages body positive, doux et insolents. Je me sens à la fois à mon plus vulnérable, et à mon plus fort. Mais surtout, libérée (délivrééééée) d'un poids phénoménal, celui de n'avoir pas cédé au doute, à la peur.


Si je peux surmonter un passé d'anorexie, de haine de moi-même, une collection sans cesse croissante de remarques désobligeantes sur mon physique et ainsi que des relations familiales toxiques par rapport à mon corps, et malgré tout poster fièrement une photo de mes bourreletzététons sur internet, sans regrets... n'importe qui peut se réconcilier avec iel-même. Il faut juste accepter de se donner une chance. S'exposer ou non, ensuite ça relève d'un choix, mais il n'y en pas un qui soit plus valide que l'autre.

Je vous embrasse, et je file me sécher.
Bonne fin de dimanche, et courage pour demain matin ;)

vendredi 15 janvier 2016

"Jamais assez maigre, journal d'un top model" à lire, mais aussi à nuancer ;) [digression inside]

Cette semaine j'avais envie de me réjouir de la sortie _très médiatisée_ du témoignage écrit, difficile mais nécessaire, de l'ex-mannequin Victoire Maçon Dauxerre : "Jamais assez maigre, journal d'un top model". Mais aussi de le nuancer (bien que je ne l'aie pas encore lu, et que je m'interroge sur l'envie de le faire, ayant moi-même vécu cette maladie il y a quelques années). Je m'explique : pas nuancer son vécu, son ressenti, son histoire ni les leçons et cicatrices que lui ont laissée cette expérience, et dont elle parle publiquement aujourd'hui, non, bien sûr. Tout ça est à 1000% légitime, et mérite d'être largement partagé. Mais je voulais tenter d'accompagner les conclusions que nous, "public", pourrons en tirer, hors des sempiternels clichés de comptoir qui nous font tourner en rond...


(Je préviens aussi : je ne vais ni commenter ni analyser cette publication, non plus ;) Sa sortie est juste ici le point de départ d'une petite réflexion que j'avais envie de partager avec vous, histoire de plonger un peu plus profondément dans les enjeux du culte du corps tel qu'il est à l'heure actuelle. Le blog tel qu'il est est encore tout frais, et c'est un très bon prétexte pour aborder le sujet en partant d'une actualité importante, que je relaie par la même occasion. Il faut bien que j'essaie de me lancer dans des posts au cœur du problème !)

Je trouve en effet que ce témoignage est une très bonne chose pour dénoncer la pression, tout ce qu'il y a de plus réelle et de plus effroyable, que vivent les femmes (et en particulier, évidemment, les mannequins, au cœur du problème si j'ose dire, et les hommes aussi, de plus en plus) au quotidien pour être minces. Et pour faire connaître les dérives en coulisses du milieu de la mode à ce sujet, ainsi que l'obsession que cela entretient, à grande échelle, tout autour, dans notre société de consommation et d'image, déjà bien sexiste sans ce culte de la taille 0. Oui, la publication de ce livre est une très bonne chose, merci à son auteure pour son courage et son militantisme.

Mais, étant malheureusement assez maso pour aller lire les réactions sur les réseaux sociaux, je sais d'avance (c'est déjà le cas, en fait) que ce récit servira de support à des commentaires pas bien réfléchis et agressifs du style "De toute façon ils sont moches ces sacs d'os, les vraies femmes (j'ai la nausée rien que de retranscrire cette formule oppressive... *soupir*) ont des formes bla bla bla". Discours volant à peu près aussi haut que de commenter le moindre post body positive mettant en scène une femme ronde en disant que c'est "faire la promotion de l'obésité", et que ces corps-là sont "dégueulasses", puisqu'on va par là. Oui oui, le body shaming, quelle qu'en soit la forme, ça pue du cul.

Ce serait dommage de passer à côté du vrai débat
Et c'est précisément de ces discours-là, en particulier dans ce contexte, dont j'ai envie de vous parler aujourd'hui.

Pourquoi les réactions, typiques, que j'évoque ci-dessus sont tout sauf bonnes ?

*Parce qu'elles ne font qu'entretenir la "concurrence", entre les femmes quant à leur physique
Et que ça revient à huiler le mécanisme du patriarcat, qui a tout intérêt à ce qu'on se tire dans les pattes entre nous histoire qu'on oublie de se rebiffer contre le véritable responsable de notre mal-être, à savoir l'environnement ultra-sexiste, et consumériste, dans lequel nous évoluons.

*Parce qu'elles renforcent le clivage minces/rondes-maigres/grosses et que c'est contre-productif
Je ne cesserai jamais de le marteler, il ne s'agit pas de privilégier une "catégorie" aux dépens d'une autre, ni d'établir une "norme" entre les deux, car cela créerait tout simplement de nouvelles injonctions aux corps, de nouvelles formes de body shaming, de nouvelles raisons d'exclure arbitrairement des êtres humains du droit de vivre en paix avec leur reflet dans le miroir. Mais il est primordial en revanche de di-ver-si-fier les morphologies, origines, genres, âges et conditions physiques dans nos représentations collectives. On nous vend du gros bullshit casté, conditionné et photoshoppé, ouvrons les yeux : la beauté est multiple.

*Parce qu'elles n'apportent pas de positif et ne font qu'embourber le débat dans des clichés surannés
Non seulement ces réactions entretiennent le "modèle unique", trompeur et toxique, de représentations "idéales" des corps ainsi que tous les mécanisme patriarcaux ultra-violents qui maintiennent tout ça en place, mais en plus, elles nous font tourner en rond en nous détournant des vrais problèmes, et des vraies solutions. Et puisqu'on va par là, "interdire" des femmes "trop maigres" de défiler ne va pas arranger les choses comme on vient de le faire chez nous (clap clap, not), au contraire, cela va accentuer la tension que je décris dans les deux points précédents.



*** digression très "extrapolatoire" is coming ***



Prolonger le débat, vers la vraie source du problème
(attention, je vais partir trèèèès loin du sujet initial en relativement peu de lignes^^)

Le souci ne se situe donc ni dans la minceur, ni dans la maigreur, en soi (tout comme il y a des personnes "en surpoids" en parfaite santé, il y a des personnes très frêles qui le sont aussi, parce que l'IMC aussi c'est du vent, et quand bien même, la santé des gens ne concerne que ces derniers, j'y reviendrai dans un article dédié) mais dans le fait qu'un seul "type" de beauté "parfaite", ne soit représenté à grande échelle : mince, élancé, blanc, valide, jeune, hétérosexuel, cisgenre... Et surtout, dans la pression que nous subissons pour y correspondre coûte que coûte.

Et le débat va encore, et malheureusement, bien plus loin que ça.

À qui est-ce que tout ça profite ? Pas à celleux qui sont né.e.s pile poil avec les bons attributs et dispositions, si j'ose dire, parce qu'elleux aussi, finalement, ne se sentiront "jamais assez" ceci ou cela, malgré leurs avantages et privilèges. Non. C'est à la société patriarcale (= maintenir les femmes en état d'infériorité en les montant les unes contre les autres, "diviser pour mieux régner") et "blantriarcale" (=n'oublions pas que les personnes racisées vivent toutes ces injonctions deux fois plus lourdement que la "norme" blanche) et à son économie capitaliste (= consommer toujours plus de cosmétiques, de fringues de de marque taille 34,  de chirurgie esthétique, de produits et abonnements fitness sans parler de toute l'économie du régime/de la détox) que tout ça rapporte. Et voui voui, tout ça, c'est lié (coucou l'intersectionnalité des luttes).

"Si demain, les femmes se réveillaient en décidant qu'elles aimaient vraiment leur corps, imaginez seulement combien d'entreprises mettraient la clé sous la porte"


Voilà, en (très) gros, les tenants et aboutissants du culte du "corps parfait". (Je n'ai ni le temps, ni les épaules, ni les outils ni même l'envie à l'instant T de me lancer dans une analyse sociologique complète en 3658 pages^^)

Donc oui, on est d'accord, ce ne sont pas de petits moulins inoffensifs contre lesquels il s'agit de partir en guerre, on a du boulot pour encore bien des années pour déverser nos sacs de paillettes arc-en-ciel dans les rouages de leur mécanisme. Mais est-ce pour autant qu'on doit se résoudre à accepter un système aussi mensonger et aussi nocif ? Si tout le monde, à son échelle, commence déjà à questionner "la matrice" (j'aime pas dire "le système", vu le penchant extrêmement à droite des gens se revendiquant anti-système je pèse mes mots :3), la société telle quelle est actuellement, c'est déjà un très bon début.

En vrai, la déconstruction sociale c'est plus compliqué qu'une histoire de pilule rouge, même si la métaphore est chouette ;) Désapprendre toutes les "vérités" avec lesquelles ont a grandi prend du temps, il faut prendre le temps d'y aller pas à pas.

Je ne sais pas vous, mais moi, quand je me prends à rêver d'un monde où les corps, origines, genres, orientations sexuelles, âges, degrés de validité/handicap seraient représentés aussi diversement que dans la rue sur tous les supports publics... où le rythme des collections textiles serait ralenti pour pouvoir penser à toutes les tailles et ne pas faire fabriquer les pièces en exploitant la main d'oeuvre de pays lointains pour des clopinettes (dédicace à ma meilleure amie et son site, The New Wardrobe, spécialisé dans la mode éthique #slowfashion)... où on consommerait moins mais mieux une mode, plus créative (il me semble bien que c'est pour ça que notre cher Jean-Paul Gaultier s'est retiré du prêt-à-porter, d'ailleurs) et respectueuse de l'environnement et qu'au passage, l'industrie cosmétique suivait cet exemple en sublimant toutes les beauté.e.s sans injonctions... où l'on pourrait tou.te.s se trouver belles et beaux sans avoir à souffrir et se comparer aux autres pour essayer de correspondre à un modèle ultra-restrictif... ben, non, je ne trouve pas que ce soit du délire, ni que ce ne soit pas atteignable. Déso.

Et pour faire de cette utopie (sans patriarcat, blantriarcat ou économie capitaliste, entre autres, je peux extrapoler facilement, mais y'a des limites^^) une réalité, réfléchir à l'intelligence, la bienveillance et la portée de ses propos face à la dénonciation des dérives du modèle en place serait déjà, croyez le ou non, un grand pas en avant.







dimanche 3 janvier 2016

Résolutions Body Positive pour 2016

À l'heure où mes différentes timelines se remplissent de déprimants objectifs de tailles et kilos en moins (muscles en plus, rides à gommer, cheveux à défriser et tutti quanti aussi au programme, bien sûr), complètement useless en période de fêtes de surcroît (Le corps ne pouvant pas perdre ou produire plus de 500g de graisse par semaine, physiologiquement ! Le reste, c'est de l'eau, du muscle, et un bidou qui n'a pas fini de digérer^^), j'ai particulièrement envie de clamer que mes deux "bonnes résolutions" pour 2016 n'impliquent pas (plus jamais) d'essayer contre vents et marées de me changer. Mais de continuer le long apprentissage de l'amour de moi-même, et d'en diffuser toutes les belles et bonnes ondes autour de moi tout au long de mon parcours.




Et pour improviser sur cette furieuse envie de faire les deux à la fois, je commence par écrire quelques lignes positives sur cette photo impromptue du jour, où je suis vulnérable. Pour montrer que c'est possible.

Ouais, je peux aimer mon corps modèle gros-cul-p'tits-seins avec un angle non flatteur (j'ai pas pu laisser les couleurs criardes de la salle de bain en fond, par contre, j'avoue, d'où le noir et blanc). Je peux d'ailleurs le faire en le montrant sans mes fringues ou sous-vêtements taille haute habituels pour dissimuler les rondeurs de mon ventre ou la cicatrice de mon piercing raté au nombril, ni cacher les dernières vergetures en date qui y sont encore rouges de fraîcheur, ni même la démarcation entre mes hanches et mes cuisses qui m'a si longtemps complexée, même quand je me rendais littéralement malade pour être mince. Je suis fière du chemin que j'ai parcouru depuis ces sombres années, mais il y a encore une sacrée flopée de kilomètres qui m'attendent avant d'atteindre la paix avec moi-même. Mais je n'ai jamais été aussi motivée pour en venir à bout.

J'espère que vous me rejoindrez sur cette jolie route, cette année, pour ne plus perdre de temps à ne pas vous aimer comme vous le méritez, et utiliser enfin toute votre bonne énergie pour des choses bien plus utiles, agréables, intéressantes pour vous, les autres, et pourquoi pas... la planète ;)





mercredi 30 décembre 2015

2015 année Body Positive !



Clairement, et pour des raisons que je ne détaillerai point ici tant elles peuvent être à la fois évidentes et personnelles, l'année 2015 n'a pas été simple. Ni ici, ni ailleurs. Il est difficile de dire si c'est comme d'habitude ou si c'est pire, et surtout, c'est pas le sujet... Et puisque c'est espace est aussi positive que body, je tenais à rendre hommage à 2015 pour les belles choses qu'elle a apporté, notamment à la visibilité des corps "hors normes". Parce que, selon les médias américains tout du moins, c'est l'année où je cite "le mouvement body positive est devenu mainstream". Même en grande enthousiaste que je suis, je n'irai pas jusque-là, caron a encore beaucoup de travail, mais la petite rétrospective (complètement-pas-dans-l'-ordre) que voilà prouve bel et bien qu'on a déjà beaucoup avancé ! Et qu'on a aussi compris que le mouvement body positive n'était pas que "pour les rond.e.s/gros.ses dans un monde de minces", mais que cette lutte avant tout féministe, et contre les discriminations en général, intersectionnelle, donc... 2015, année body positive, c'est parti :

- Tess Holiday, mannequin très très "plus size" a signé avec l'agence Milk Management, est devenue une star, une inspiration, a lancé le mouvement #EffYourBeautyStandards (fucks vos canons de beauté) et garde la tête haute malgré ses nombreux haters (merci à eux, finalement, de si bien illustrer la grossophobie et le body shaming contre lequel on se bat). Cerise sur le gâteau, elle est tatouée, piercée, badass et se revendique féministe. Une vraie bouffée d'air frais dans le paysage de la mode ;)




- Les vidéos "What's Underneath" de Stylelikeu, certes, elles ont vu le jour en 2014, mais se sont multipliées et ont largement circlé cette année. Déshabillant femmes, hommes et autres devant la caméra pour raconter leur histoire, et celle de leur style, en montrant avec grâce combien la beauté est multiple. Si vous ne connaissez pas encore, courrez-donc y découvrir Melanie GaydosAlok Vaid-Menon ou encore en savoir un peu plus sur Lea DeLarria... Et tellement d'autres personnes fascinantes !

- Le buzz autour de Roz the Diva, une sacré pointure du pole dance rejetée d'America's Got Talent car "trop grosse", après une performance à couper le souffle. Littéralement. Elle a répondu à ces attaques, et est devenue une souriante inspiration du mouvement body positive et de la lutte contre les discriminations "Je suis noire, je suis ronde et je suis une femme, c'est un triple malus dans le monde du fitness : je suis l'antéchrist. Il me manque juste le label "musulmane" pour pouvoir être haïe par absolument tout le monde". Et ce n'est pas ça qui l'arrêtera dans sa grâce et dans sa force :)




- 2015 est aussi l'année où le "Fat Yoga" est venu casser tous les clichés de représentations de cette discipline en fait très inclusive. Loin de l'image de la femme parfaite (mince, blanche, blonde)  seule à pouvoir réaliser des postures de yoga véhiculée par la société, quelques femmes "hors standards" sont venues bousculer ce cliché sur Instagram. Merci à @yulady, @nolatrees ou encore @mynameisjessamyn de diversifier l'image des yogis, et montrer le vrai visage de yoga, qui est vraiment pour tou.te.s (ceci est aussi un message personnel, c'est grâce à elles si je m'y suis enfin mise... et que je m'y éclate !). Merci aussi à des marques comme Lineagewear ou Fractal9 de leur, nous, permettre de faire ça en étant terriblement swaggy, de surcroît.




- Jes Baker, allias The Militant Baker, est l'une des icônes badass du mouvement body positive outre-Atlantique (et une inspiration personnelle, clairement). Après de nombreuses conférences body posi (dont un Ted Talk), elle vient de sortir un livre d'empowerment : "Things No One Will Tell Fat Girls" (ce que personne ne dira jamais aux femmes rondes/grosses). Et, à l'occasion de son lancement, elle a créé un super hashtag qui met la pêche : #FatGirlsCan.




- La sublime prestation du danseur Dexter Mayfield sur le catwalk du défilé Marco Marco... Les images parlent d'elles-mêmes !


 


- Laverne Cox, actrice (et militante !) transgenre star de la série Orange Is The New Black, dans un sublime nu en couverture d'Allure magazine... Et le succès de son hashtag #TransIsBeautiful sur les réseaux sociaux.




- Si les femmes sont les premières victimes des injonctions faites au corps, les hommes ne sont pas épargnés. S'il demeure plus acceptable d'avoir de l’embonpoint en tant que mec, ils sont tout aussi peu représentés (j'avais écrit ça à ce sujet sur Terrafemina) et cette année, l'enseigne américaine Target a fait appel à des mannequins hommes "plus size", dont Zachary Miko,  pour les visuels de son site internet. Entre ça et leur refus de genrer leurs rayons de jouets (qui a offusqué un paquet de bigots appelant au boycott, un peu comme U chez nous il y a littéralement quelques jours^^), on aimerait bien avoir cette enseigne chez nous ! (même s'il y a une stratégie de marketing là-dessous, ça fait quand même du bien et surtout... bouger les choses.)




- Il y a encore quelques mois, une vidéo body shameuse, grossophobe, aurait été un truc haineux de plus sur la toile. Mais la lutte contre les discriminations liées à l'apparence physique commence à s'ancrer dans les esprits, et les réactions à l'horrible vidéo de Nicole Arbour "Dear Fat People" (celles qui ne sombrent pas dans l'excès inverse, du moins), quasiment unanimes, ont fait du bien. Plus on dira NON, moins le body shaming sera accepté, acceptable. Ne lâchons rien ;)

- La collaboration entre Beth Ditto & Jean-Paul Gaultier (qui me rappelle de bons souvenirs de stage de fin d'études en 2010, quand je les ai tous les deux rencontrés pour le défilé XXS-XXL... *soupir*), qui est prometteuse !




- La "scandaleuse" scène de sexe de Gabourey Sidibe dans Empire. Je ne regarde pas la série, mais l'effet d'offuscation profonde qu'a eu la scène de cul de cette actrice (que j'adorais déjà dans American Horror Story, et pour ses réponses déjà cultes au fat shaming) sur le monde m'a clairement donné envie de m'y mettre. Oui, les gros.ses baisent aussi, quel choc^^




- Cette année, l'émission américaine de mode-couture "Project Runway" (14e édition !) a été remportée par Ashley Nell Tipton, créatrice déjà figure de proue de la communauté body positive. Sa voix, son talent, ont été récompensés "malgré" les apparentes difficultés de sa "différence" dans le milieu. Une succès story qui fait vraiment, vraiment, vraiment beaucoup de bien. In your face, Karl !




- Si vous n'avez pas encore découvert les délicieuses illustrations pleines de douceur et d'humour de Cécile Dormeau (cocorico !), aux héroïnes irrésistiblement grassouillettes , je vous invite à aller regarder son travail... Dont voici quelques extraits :D

  
 


- Les débuts vloguesques d'un adorable petit ovni en quête de réconciliation avec ses poils, et d'acceptation de soi : Sary Fairy. Tant de sagesse, de bienveillance et de douceur dans une seule personne... c'est un trésor à chérir.

- Fat shamé en photo sur internet, un homme reçoit une vague d'amour et de soutien assez incroyable... Les réseaux sociaux se plient en quatre pour retrouver "Dancing Man", et une fois contacté. Sean, originaire du Royaume-Uni est invité à une énorme soirée dansante en son honneur à Los Angeles, en présence de nombreuses stars. Certes, on ne peut pas déployer cette énergie et ces ressources pour tout le monde, mais cette preuve qu'il y a encore beaucoup de bon sur notre ronde planète, et ça fait chaud au cœur. Bientôt, on n'aura plus besoin de défendre ou de réconforter, on pourra juste se satisfaire de faire la fête ensemble :)




- Le succès _largement mérité_ de la modèle, militante body posi et créatrice de lingerie Ashley Graham suite au buzz post fashion week de New York.

- Les contrats de mannequinat signés par Madeline Stuart, jeune mannequin trisomique et tout l'amour qu'elle reçoit depuis du public. On en redemande :D




- Le fait qu'Andreja Pejic, mannequin transgenre, soit devenue égérie de la marque de maquillage Make Up For Ever !




- La campagne #LâcheMoiLaVille de Stop Harcèlement De Rue (ben voui hein, je vais pas me priver de faire un coup de pub à l'une des assos dont je fais partie heinggg) ;)




- Les illustrations aussi choupinounettes que badass "Glorifying Obesity" de Rachel Cateyes (pitié dites-moi que vous saisissez le sarcasme de ce nom^^) à mettre entre toutes les mains...


   



- Campagne "bikini" de Modcloth, qui a fait poser ses employées devant l'objectif pour promouvoir les beautés, sans la moindre once de compétitivité ou de body shaming...




- Lammily "la Barbie réaliste" a désormais ses règles, des boutons, des vergetures... Certains parents crient au scandale, pourtant, un peu de réalité (pour la dédramatiser, et sortir d'un monde trop lisse pour être vrai, même dans l'imagination), dans les jeux d'enfants, c'est le début d'un avenir plus sain dans sa relation avec son corps, les autres, la société.

- La témoignage de Megan Jayne sur sa bataille gagnée contre l'anorexie, qui redonne de l'espoir, et le sourire. Devenue une vraie combattante body posi sur la toile, il faut absolument que vous la suiviez ;)




- L'arrivée imminente d'une héroïne de BD ronde, Faith :)




- Le succès de l'émission de la militante Whitney Way Thore, "My Big Fat Fabulous Life", aux USA, et la création de sa ligne de vêtements "no body shame" (NO BS).




- Le buzz qu'on fait ces photos anciens combattants amputés sur la toile. Je ne suis pas forcément fan de leur coté ultra-sexy, ni de la qualité/du style des dits clichés, mais leur existence est une très belle chose. Au même titre que les photos de femmes ayant subi une mastectomie à présent autorisées sur FB ou Insta. Car tous les corps ont le droit d'être également représentés, on ne le répétera jamais assez, mais la body positivity, c'est ça ;)

- Lizzie Velasquez, la "femme la plus laide du monde", atteinte d'une maladie orpheline faisant qu'elle n'a pas le moindre milligramme de graisse sur le corps, devenue icône/conférencière contre le harcèlement a sorti un documentaire "A Brave Heart". Une inspiration à ne manquer sous aucun prétexte !




- La visibilité de Caitlyn Jenner (je vois toujours le verre à moitié plein, souvenez-vous). Bien que cette femme trans ait commis pas mal de boulettes, et semble avoir des opinions encore largement teintées de conservatisme dues à sa situation privilégiée, le caractère public de sa transition (bien qu'il soit loin de représenter toute la communauté trans, qui a rarement de tels moyens financiers à sa disposition...) et la popularité de la famille Kardashian permet de faire passer, malgré tout, un message de tolérance. Il n'est pas (encore) parfait, mais c'est déjà un bon début pour ouvrir les oreilles, les consciences, et bientôt, les cœurs.




- Après Misty Copeland dans le Lac des Cygnes, une seconde ballerine noire à l'assaut des ballets à la tradition disons le franchement "blantriarcale"... Michaela DePrince va rayonner dans Casse Noisette !




- La présence sur le podium de l'actrice trisomique  Jamie Brewer (que l'on voit notamment dans American Horror Story) à la fashion week de New York !!!




- Le quatrième volume de la série de documentaires "Sexing the transmen XXX" de Buck Angel, qui change à la fois les représentations classiques du porno, et donne fait entendre al voix des hommes trans non-opérés. Il a aussi parlé de santé (de gynécologie plus précisément) à ce sujet, et c'est vraiment chouette ;)




- La Couverture de l'athlète Amanda Bingson pour le numéro spécial corps du magazine ESPN. Parce qu'à l'heure où le mouvement body positive prend de l'ampleur, les "contre-arguments" prétendument médicaux sont à la mode. Pourtant, le sportifs.ves ne sont pas tou.te.s des statues grecques ! Victoire aussi, donc, pour la modèle "plus size" Erica Schenk en couveture de Women's Running !


  


- Les photos d'Harnaam Kaur, fière femme à barbe plus size activiste body posi, pour Rock'N'Bride ♥ ❤


 


- Le clip Unbreakable de Conchita Wurst. Pour ses images, pour les paroles de la chanson, pour ce que cette gagnante de l'Eurovision représente (j'écris cet article alors que je suis en vacances familiales en Russie d'ailleurs, LOL 'est peut-être pour ça que je galère à l'intégrer... alors je mets un gif^^)



- Le hashtag lancé par le mannequin Shaun Ross, qui a fait de son apparence atypique un atout majeur #InMySkinIWin (ce qui n'est pas sans nous rappeler une certaine Winnie Harlow :) ).





- La très épanouie danseuse canadienne Cassandra Naud et son témoignage sur cette tache de naissance au visage, qu'elle refuse de maquiller, photoshopper ou de se faire enlever :)




- La lente "dé-tabouisation" des règles, et ce, grâce à des copines talentueuses et passionnées comme Jack Parker et son nouveau site Passion Menstrues !




- Le succès de la mannequin Rebekah Marine, au bras bionique !




- Le surprenant dernier calendrier Pirelli, avec Serena Williams (aussi sublime en couverture de Sports Illustrated, d'ailleurs, même si sa tenue et sa pose ont fait débat en termes d'empowerment, mais ce n'est pas le sujet ici), Yao Chen, Patti Smith, Amy Schumer, Yoko Ono ou encore Tavi Gevinson. Entre coup de pub "pour se faire bien voir des féministes" (ces sorcières, bien sûr^^) et relents de male gaze, cela reste, malgré tout, une très bonne chose ! Parce que ça, c'est mainstream, et ce sont des représentations diverses dont on a besoin. Le jour où ce genre de choses ne sera plus "exceptionnel", ni "un évènement", là, on aura gagné.

- Le shooting d'Alok Vaid-Menon et Janani Balasubramanian (le duo artistique Darkmatter, qui joue sur les représentations du genre) pour Elle India.




- Le témoignage du militant Joseph Matt Diaz sur l'excès de peau qui lui reste de sa perte de poids, sa résolution à s'aimer ainsi, et le soutien de la communauté body positive... Magique, et encourageant !




- Une Hermione noire pour la suite des aventures d'Harry Potter sur les planches (bravo Noma Dumezweni)! (et la réaction, parfaite, de JK Rowling pour faire fermer leur claque-merde aux rageux-racistes)


 


Il en manque probablement beaucoup... mais je trouve que c'est déjà pas mal :D

Des femmes, des hommes, des personnes au genre fluide ou non binaires, des minces, des gros.ses, des personnes valides ou avec un handicap, des blanc.he.s, des noir.e.s... L'année 2015 a véritablement commencé à diversifier nos représentations de l'humain, et des beautés. Certaines initiatives, ou nouvelles, étaient parfaites, d'autres, perfectibles.

On peut aussi constater que dans cette liste _personnelle et non exhaustive_ il n'y a pas beaucoup de quoi crier "cocorico", comme j'ai dit plus haut, pour l'instant, on a du retard dans l'hexagone, et il serait grand temps de casser le mythe mondial de ces "femmes françaises qui ne grossissent pas" et cetera et cetera.  

Mais clairement, on avance, et c'est drôlement fucking chouette. Donc prenons un moment pour célébrer toutes ces petites victoires. Et dès demain, retournons militer pour lever le tabou sur les tétons féminins, pour plus de représentations des personnes racisées dans la mode, les médias et la culture, des choix de tailles du triple XS au triple XL dans nos magasins au lieu de sempiternelles distinctions, faire disparaître la honte autour de la pilosité, obtenir le changement d'état civil libre et gratuit sans procédés humiliants et autres mutilations pour les personnes trans... Parce que oui, toutes ces luttes autour du corps, de ses formes, de ses couleurs et de ses apparences sont liées, et prendre cela en compte dans notre manière de nous engager ne fera que rendre nos actions plus belles et surtout plus fortes. 

Donc voilà, merci pour tout ça, 2015. Du fond du coeur. Puisses-tu inspirer 2016 à faire encore mieux, sur ces questions là... et toutes les autres :) #utoptimisme