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lundi 29 février 2016

L'inspiration body positive de février 2016

Parce qu'on n'a JAMAIS ASSEZ d'inspiration body positive pour survivre dans ce monde d'injonctions au corps, j'ai décidé de mettre de côté toutes les infos que je vois passer sur le sujet. J'en relaye certaines sur Facebook, Twitter, Instagram, et d'autres non, quoi qu'il en soit j'aime garder des traces de toutes ces histoires inspirantes, et les partager encore plus ! Donc à présent, tous les mois, je ferai un récap de l'actualité body posi qui s'est écoulée dans les 30 jours précédents, histoire de prendre une grosse dose de love dans la face et attaquer les 30 suivants avec la niaque ;)

Il est vrai que c'est surtout en anglais... parce que je me répète, mais on a vraiment du retard dans l'hexagone, ne serait-ce qu'en termes de vocabulaire... et ça en dit long sur tout le travail qu'il y a a faire pour ouvrir des discussions body positive dans la langue de Molière ! *soupir*

Le témoignage de Jazz Jennings, adolescente transgenre (mais aussi véritable militante LGBTIQ+, co-gérante d'une asso et intervenante dans des conférences !) de 15 ans (!!), sur le rapport qu'elle entretient avec son corps et son poids, notamment depuis sa transition. Une belle leçon d'amour de soi pour tou.te.s !



Le buzz autour d'Eda Marbury, femme obèse et virtuose du pole dance, et son témoignage sur la manière dont cette discipline l'a aidée à sortir de la haine de soi... malgré une avalanche de messages haineux depuis qu'elle s'assume. Go Eda, go !!



Le MEILLEUR ARTICLE EVER sur les "beach bodies" ou "corps de plage" (vous savez, ce truc que les médias, en particulier féminins vont commencer à vous dire d'obtenir à grand coups de régime-détox d'ici quelques jours parce que le printemps approche ?) de Buzzfeed ;)


Ashley Graham en couverture de Swimsuit Illustrated. Certes, c'est réputé macho à la base et les rondes/grosses/obèses sont soit stigmatisées, soit sursexualisées... Il n'empêche, je vois le positif : cela contribue, malgré tout, à diversifier les représentations des corps. C'est un début, et j'espère qu'il fera du bien à certaines... Même si on parle toujours d'une femme, blanche, valide, aux proportions idéales ;)


La sortie de Formation de Beyoncé, et bien sûr, sa performance historique au Super Bowl dès le lendemain ! Non seulement elle y dénonce les violences policières envers les noir.e.s aux USA, mais elle affirme son amour pour son nez et son afro. Pour qui ne s'intéresse pas à la problématique, ça peut passer pour un point de détail insignifiant. Mais sachant que le modèle de beauté unique que l'on impose au monde n'est pas que mince et valide : il est blanc. C'est d'une violence sans nom de ne pas être représent.é.e, d'être invisibilisé.e, et en une phrase, Beyoncé fait du bien à des milliers de femmes oubliées par l'industrie de la beauté, de la mode, des médias... #BlackLivesMatter #BlackBeauty




Les adorables badges "bons points" pour grosses imaginés par Stacy Bias. Pas commandables pour l'instant, mais rien que les lire fait déjà du bien tant ils sont adorables (mais difficiellement traduisibles sans perdre de leur candide swagitude^^) "Prenez de la place/de l'espace", "Chaise cassée, et alors ?", "Survivante au regard de travers" ;)

Le studio de photographie Shameless et sa série de photos de pinups qui défient les représentations classiques de "la fâme" et de "la féminité", tout en restant dans les codes esthétiques fifties. Il y en a presque pour tout l'monde 

 
 

Les illustrations body positive pleines de douceur de l'artiste Frances Cannon (qui les tatoue, aussi !!!). J'aurais aimé être aussi indulgente envers moi-même et les autres au même âge qu'elle, personnellement :) (23 ans !)


Les photos (certes très lissées) inspirées d'American Beauty qui diversifient couleurs, âges et corpulences par la photographe américaine Carey Lynne Fruth ;)

   

 



Petit coup d'pouce à moi-même, mon article sur la militante Harnaam Kaur suite à son passage chez Ardisson, sur Terrafemina :) (une de mes plus grandes inspirations body posi !!)



Cette adorable et fort badass petite new yorkaise, Egypt Ufele qui a créé sa propre collection de vêtements d'inspiration africaine, pour toutes les tailles, après s'être fait harceler au sujet de son poids... et fait défiler tout ça pour la Fashion Week !  La jeune génération est porteuse d'espoir :)



Andreja Pejic, top model et militante transgenre, sacrée mannequin de l'année et en couverture de Marie Claire Espagne ! Même si les mots choisis par les médias mainstream sont encore à se taper la tête contre les murs, c'est une grande avancée, surtout pour un magazine aussi prout-prout que Marie Claire...



L'article de Mathilde, ancienne candidate de l'émission The Voice, sobrement intitulé "GROSSE". Aussi doux à lire qu'il est d'écouter la chanteuse ;)



Le buzz autour du mannequin Ralph Souffrant, protégé de Kanye West himself ! Atteint du vitiligo (comme une certaine Winnie Harlow :) ) et étudiant en dermatologie, il a appris à aimer ses taches de rousseur et en faire une carrière.


Voir la sublime Clémentine Desseaux comme égérie des "nouveaux jeans plus size" de Levis (jusqu'à la taille 56, vendus à part et en te promettant d'avoir un effet amincissant... là on est quand même plus dans la stigmatisation que l'empowerment quand même... tssss y'a du boulot ! Mais je positive ;) )


Le hashtag #UnfairAndLovely, en réponse aux ravages de la crème éclaircissante "fair and lovely" (claire/blanche et jolie...) vendue en Inde, au Pakistan au Bangladesh... pour promouvoir la beauté "non euro-centré" dans toute sa flamboyante diversité 

  


Et enfin, last but not least... cette vidéo de Pretty Big Movement (compagnie de danse "plus size") ! À la fois clin d'oeil à #BlackLivesMatter et joyeuse danse body positive ensoleillée, qui nous fait languir du retour des beaux jours ;)





En espérant que le mois de mars soit encore plus divers, joyeux, militant, bienveillant et aimant ! Et en espérant que le mouvement Body Positive ne fasse que croître. Et ça passe aussi par toi, oui, toi là... tu es merveilleux.se, ose aimer ta propre personne, et n'aies pas peur de passer le message 


jeudi 25 février 2016

Au régime TOUT LE TEMPS : le trouble du comportement alimentaire "acceptable"

"Oh mon dieu j'ai avalé plus de 300 calories aujourd'hui, c'est pas sexy !" #TRISTESSE
Mon titre vous choque ? Parce que c'est "normal" de "faire attention" tous les jours ? De se priver en permanence ? De se démener à la salle de sport tous les midis et tous les soirs ? D'être "au régime" tout le fucking temps ? S'il vous choque toujours, parce que j'ose le comparer à un trouble du comportement alimentaire, qui désigne habituellement des pathologies bien plus précises, bien plus connues comme l'anorexie, la boulimie, l'orthorexie et que vous ne voyez pas là de connexion... Alors c'est bien la preuve qu'on a un sérieux problème. Parce que non, être constamment "au régime" n'est pas non plus un rapport sain à la nourriture, ni avec son corps. 


Coucou le patriarcat, le capitalisme, la société d'image, vous êtes encore là ! Mais on va pas vous laisser passer non plus.

Et puisque c'est la semaine de sensibilisation aux troubles du comportement alimentaires, "TCA", #EatingDisordersAwarenessWeek ... en tant que personne ayant vécu les trois troubles énoncés ci-dessous par le passé, et étant désormais militante body positive, j'avais vraiment très envie d'en parler.

J'imagine qu'on a tou.te.s dans notre entourage des personnes qui, à chaque repas, chaque sortie, tous les jours, ne manquent pas de rappeler pour justifier une privation qu'iels "font attention". Et s'il arrive, très rarement, que ces personnes là ne "craquent" (boudiou que je déteste cette expression, mais c'est comme ça que c'est ressenti... autre symptôme de ce mal, justement !), elles s'auto-flagelleront immédiatement en jurant de faire double ration de sport dès que possible "pour éliminer".


"Je dis non au MANGER !", chuis quelqu'un de bien TAVU. (Oui, ce post est sponsorisé par P!nk, aka l'amour de ma vie)
Parfois même, on est, ou on a été, cette personne. Je sais de quoi je parle. Donc j'en profite pour faire une parenthèse et préciser que je ne me "moque" pas du tout de ces personnes (oui, malgré le gif d'illustration tout en haut de l'article ;) ), qui me font plus mal au cœur qu'autre chose tant je connais la souffrance inavouée et inavouable car "normalisée", qui se cache là-dessous. Et parce que les raisons qui les, nous, poussent là-dedans, sont si incommensurablement toxiques... et dans le fond, juste tristement ridicules.

"Allez, encore une bonne gastro et j'aurai atteint mon poids idéal". J'en connais qui prononcent ce genre de phrases avec le plus grand des sérieux.
Ça me semble si évident, le fait que ces comportements, d'ordre quasi compulsifs, sont le fruit de notre société d'image qui valorise la-maigreur-à-tout-prix-mais-pas-trop-quand-même-non-plus-parce-qu'après-c'est-moche-faut-pas-déconner. Mais j'ai eu le droit à des réactions très virulentes, presque "territoriales", quand j'ai essayé d'avoir ces conversations avec des gen.te.s concerné.e.s. 

"Oh mais ça vaaaa, laisse-moi me nourrir que de repas liquides hyper protéinés, c'est SAIIIIN, j'te dis". On me dit que j'exagère quand je suggère que c'est un peu extrême, quand même.
Un peu comme s'iels se raccrochaient à cette obsession pour valider le bien fondé de leur existence. Si tu te fais souffrir pour être belle/beau, c'est déjà un pas de plus vers la sacro-sainte "beauté" stéréotypée en question. Par exemple, il n'y a qu'à voir la différence de traitement réservée à un.e gros.se au régime, "un.e bon.ne gros.se, parce qu'iel essaye de plus l'être, tu comprends, quel courage !" et un.e gros.se qui dit merde à tout ce bullshit et qui, donc, clairement, "se laisse aller, se conforte dans sa paresse (et autres clichés sur les gros.ses)" et demeure une source de dégoût.

Et bien que je parle là de régime et de "fitness", cette problématique est loin de ne concerner que les personnes considérées comme non-maigres, en surpoids, ou "au-delà". Le nombre de personnes minces qui ne s'autorisent "aucun écart", par peur de prendre un gramme et se mettent au sport "pour être plus toniques" parce que les magazines féminins et les médias ont quand même réussi à leur filer des complexes... me dépasse. Mais pas tant que ça. Parce que je suis suffisamment lucide sur le fait qu'on, surtout "nous les fâââmes", on ne sera JAMAIS.ASSEZ.BIEN. Quoi qu'on fasse, on sera toujours "trop ceci", ou "pas assez cela". (et que du coup, perso, j'ai décidé d'envoyer bouler tout ça et vivre ma vie heureuse, comme je l'entends #BodyPositive)

Et on nous le fait bien comprendre, dès la plus tendre enfance.
Donc, où que l'on se situe sur l'échelle de "la bonnassitude" (excusez-moi, je pars vomir et je reviens), vis-à-vis du "male gaze", bien entendu... il y aura toujours cette nécessité absolue de montrer patte blanche en prouvant, constamment, qu'on essaie de "faire mieux" pour rentrer dans le moule. Pour prouver "sa valeur". Puisque c'est connu, elle est déterminée par notre tour de taille et notre qualité de peau hein, ou du moins l'énergie qu'on dépense pour "améliorer son score", tout le monde sait ça.

Donc le fait "d'être tout le temps au régime" est doublement toxique, à la fois TCA et sexisme intériorisé. Et le pire, c'est qu'il est totalement inconscient, tant il a été internalisé comme stratégie de survie dans ce monde où l'on nous met en situation d'évaluation, de compétition permanente via les injonctions au corps et à la consommation. Ce qui fait qu'il est difficile de "s'y attaquer" sans se prendre une shitstorm dans la face. Surtout à l'ère du hashtag #healthy à toutes les sauces (enfin, celle sans sucre ou matière grasse quoi), jusqu'à l'overdose !...

Le 100% "healthy", 100% du temps.. C'est aussi BORING que... contre-productif, en termes de bien-être.
Breaking news : ce sont les comportements qui sont "healthy" ou non. Pas la bouffe. Pas le sport (un super article pour les anglophones à ce sujet ici). Et quitte à parler de "santé" (coucou les concern trolls, j'ai aussi pensé à vous), il serait temps de penser un peu à sa tranquillité d'esprit, à toutes ces choses qu'on pourrait faire en plus ou différemment, si on n'était pas constamment obsédé.e par son poids, son apparence, sa "conformité" aux standards.

"Ne passez pas à côté de 95¨% de votre vie juste pour peser 5% de moins" merci Flo @smiling.unicorn pour l'inspiration ❤
Je vous dis pas que c'est simple. Parce qu'entre cette prise de conscience et la déconstruction de toutes ces injonctions dont on nous gave depuis le berceau, le chemin est long. Et je re-précise que mon texte n'est nullement une "incrimination" des personnes dont je décris le comportement, mais une dénonciation du système qui les mis dans cet état, dont elles ignorent souvent le caractère maladif.

Non.

Ce que je vous dis, c'est que considérer l'option "je peux m'aimer comme ça, sans me torturer à longueur de journée" (oui, c'est une forme de torture) fait bel et bien partie des choix que vous pouvez faire, et qu'elle vous promet vraiment VRAIMENT une vie plus sympa. Et franchement moins chiante. Et, pour le coup, j'assume, avec tout l'amour du monde, la pincée de "condescendance" contenue cette dernière phrase ;)

Sus au patriarcat qui réduit nos rêves, aspirations et ambitions à notre seule apparence ! On vaut tellement mieux que ça... (sponso par P!nk, j'vous ai d'jà dit)

BISOUS !
Prenez soin de vous ❤❤❤


PS : Le régime, c'est DE LA MERDE.


Et tellement, TELLEMENT de temps !

PPS :
je ne vais MÊME PAS me fatiguer à préciser que "faire attention" ou "faire du sport" de temps en temps, par plaisir, pour se faire du bien, sans pression, n'est pas malsain en soi. Mais sachant très bien qu'on risque de me taxer de "lobbyiste de l'obésité" (je vois pas le rapport non plus hein, mais ce genre de remarques est 100% réelle sur le net dès qu'on aborde le body shaming) je tenais quand même à noter que je trouverais bien fumeux, et pas très fute-fute, un tel détournement de mes propos sur le sujet ;)



Déso, pas déso.

dimanche 14 février 2016

Ma Sans-Valentin ? AU POIL #GlitterPits

Cette semaine, je n'ai pas pu m'empêcher d'eyeroller jusqu'à m'en faire mal au crâne tant les injonctions à la féminité-beauté-consommation hétéro-normées (et pleines de body shaming sous-jacent) au possible en vue de la Saint-Valentin m'ont piqué les yeux dans mes diverses timelines.

Ma réaction d’écœurement, à peu de choses près, devant le bullshit de tous ces posts-articles-pubs spéciaux Saint-Valentin 

 Ne mange rien pour rentrer dans ton nouvel ensemble de lingerie "pour lui" à 150 boules, fais-toi épiler au laser, mets de l'auto-bronzant, maquille-toi, va chez le coiffeur, ne mange pas trop au restaurant où il va t'emmener, apprends à lui faire une bonne pipe ou considère un plan à trois même si t'as pas envie pour le garder parce que faut pas finir vielle fille...

L'injonction à te mettre en couple et l'invisibilisation éhontée des amoureux.ses non-hétéro qui va avec, l'injonction de te ravaler la façade, de dépenser plein de fric pour ta tenue et tes cadeaux, l'injonction à te comporter en "dame-mais-sexy-quand-même"... et j'en passe. NAUSÉE.

Certes, on y a le droit toute l'année, mais c'est vrai que dans le gloubi-boulga capitaliste rose et rouge de mi-février sous prétexte "d'amour", ça a le don de m'enrager encore plus.

J'en avais même fait un post Facebook : https://www.facebook.com/TheUtoptimist/posts/797524807019767

De l'art de passer de la poule à l'ânesse... ou pas


Et puisque j'aime bien mélanger les sujets avant de pondre un petit article ici-même, le croisement avec la tendance féministe-body-posi-licornesque des "glitter pits" (aisselles _poilues_ pailletées) qui "fait le buzz" depuis décembre me paraissait appropriée.

Pourquoi ? Parce que je me suis récemment rendue compte que ma "justification" quant à mon ""laisser-aller"" (ma flemme, mon non envie de me faire mal) au niveau de ma pilosté était toujours "bah j'm'en fous j'ai personne dans ma vie" (je parle même pas de la violence de cette phrase alors que j'ai une si magnifique tribu de merveilleux.ses ami.e.s !!). Et que lorsque je décide de me raser les jambes ou les aisselles, ce n'est pas parce que mes poils me dérangent personnellement, mais c'est "pour faire bien, en société".

Je suis bien triste d'être encore soumise à cette angoisse sociale, encore si forte, même dans le milieu féministe et body posi. Combien de fois ais-je entendu des copines ou connaissances, militantes féministes, se justifier d'un "nan mais chuis pas une féminazie poilue non plus hein !". Faudrait déjà m'expliquer le rapport de cause à effet dans cette juxstaposition de mots et concepts. Puis, aussi, pourquoi les non-poilues devraient taper sur les glabres et vice-versa, en particulier dans un milieu supposé déconstruit.



Si on dépassait la simplicité des affirmations "l'injonction à tout ratiboiser vient du porno" et "les poils, c'est dégueulasse" ? Parce que dans les peintures de nu du je-ne-sais-plus-quel-siècle (je ne cherche pas à étaler ma culture, bien plus maigrichonne que mon royal fessier, et je ne retrouve plus l'article que j'avais lu à ce sujet^^) cachaient déjà les poils pour leur "animalité sexuelle". Et parce que oui, s'ils sont là naturellement, je ne vois pas en quoi ils seraient crades. Et quoi qu'il en soit, le choix appartient à tout.e un.e chacun.e d'en faire ce qu'iel en veut, sans en faire une victime ni un.e rebelle sans cause.

Où sont les poils, poils, poils, poils, poils, poiiiiils ?

Seulement, je constate une fois de plus que nos ami.e.s américain.e.s et anglo-saxon.e.s ont encore bien des longueurs d'avance sur nous quant au vocabulaire et aux représentations progressistes. Je trouve le féminisme et le militantisme body positive "à la française" bien trop sages. Voire, souvent, fades, à quelques rares exceptions près, en comparaison avec ce que mes héro.ïne.s anglophones publient tous les jours sur FB, Twitter, Instagram ou encore Tumblr.

Parce que oui, "nous les filles", on fait caca. On sent pas le N°5 de Chacha naturellement. On ne nait quasiment jamais imberbes. Où sont les "défauts" ? À quoi servent les réseaux sociaux si ce n'est pas pour briser les illusions de perfections vendues sur papier glacé des magazines et dans la pub ? Hein ?

Où sont les bourrelets non lissés, les célibataires qui en sont fières, le-persil-qui-dépasse-du-cabas ?

La badassitude manque ici-bas, et quand on connaît l'importance des représentations pour se construire, et qu'on se rend compte à quel point suivre des personnes qui postent des choses "hors normes" adoucit notre vision de nous-même et du monde, nous désintoxiquant de l'excès de photoshop ambiant... je me suis dit qu'il fallait que je mette la main à la pâte au pot de paillettes #braceyourselves




 
(ni filtre, hormis noir&blanc, ni retouches ;) )



Mes cheveux-pas-naturels, mes bourrelets, mes poils, mon double-menton, mon célibat, mes piercings, mes tatouages, mes boutons, mes paillettes, mes vergetures, mes petits-seins-pour-une-grosse et ma kitschitude vous saluent. Chuis ma propre Valentine aujourd'hui, et tous les autres jours de l'année. Et j'ai jamais été aussi heureuse.

Je sais pas si j'aurai "le courage" de garder tout ça jusqu'à ma prochaine "rencontre", ou jusqu'à l'été. Ou pas. Mais en attendant tout ça est bien là. Ces étranges petits cheveux frisottés font partie de moi (et je reparlerai de ce sujet, comptez sur moi !). Et puisque je m'aime, sans ou avec, je les aime. Du moins, j'y travaille. Tous les jours. Parce qu'il n'y a pas d'autre secret pour survivre, dans notre société d'image patriarcale, quand tu fais pas partie des lucky few a naturellement rentrer dans la norme restrictive en dehors de laquelle "nul bonheur n'est possible". LAULE.

Et pour les sceptiques, du moins celleux que je n'ai pas semé.e.s en chemin (j'avais prévenu, je vais parler de trucs "pas glam", déso pas déso), qui trouveraient qu'il y a trop de paillettes, pas assez de poils, un gros plan, sur l'autre aisselle, moins chargée en glitter !


Pour finir, bonne fête à toutes les Valentines, tous les Valentins. Parce que c'est quand même de ça qu'il s'agit, chaque 14 février. Des bisous à tou.te.s les amoureux.ses de la terre, et une JOYEUSE SANS-VALENTIN en plus à tou.te.s cellex qui n'en n'ont pas ♥ ❤ ♥ ❤ ♥ 

Sur ce, je m'en vais passer l'aspirateur dans les moindres recoins de mon studio, et prendre la douche du siècle. Bien l'bonsoir !

Breakons free des complexes, avec Freddie 

dimanche 24 janvier 2016

Cette photo qui me mettait mal à l'aise (cul nu et #freethenipple inside)

Voilà plus de trois mois que j'ai fait une série de photo de nu, et que je ne l'ai pas partagée, bien que je l'adore. Tout ça, à cause d'une photo en particulier : celle-ci, juste en dessous.

Je l'ai tout d'abord trouvée belle, puis, j'ai vu, en bas à gauche, les bourrelets. 

C'est la première fois que je me voyais ainsi en image, puisque j'ai l'habitude des photos "flatteuses", où je pose "façon pinup" ou "statue de l'Antiquité" (lol #lamodestie). C'est à dire debout, et avec un accent particulier sur ma chute de reins, plutôt prononcée. 

Passé le choc de me découvrir sous cet angle, je l'ai trouvée moins jolie, j'ai même pensé à la supprimer. C'est là que ça a fait tilt (ouf !).

Non, je ne suis pas "moins belle" dessus.

Je suis réelle, telle que mon corps me dessine est dans certaines positions ou certains mouvements. Aussi réelle que dans des poses plus convenues. C'est bien la même enveloppe corporelle que celle que je trouve agréable à regarder sous d'autres coutures. Et si je suis si body positive que ça, je devrais pouvoir dépasser ce point de détail...


Ça m'a pris plusieurs mois, mais j'y suis arrivée (je ne dis pas que je n'ai pas l'impression que mon cœur va bondir hors de ma poitrine au moment où je finalise la publication de l'article). Et je me suis rendue compte qu'en fait, ça allait encore bien plus loin que mon rapport à mon corps tel que je n'ai pas l'habitude de le voir représenté.

J'ai beau être militante féministe et bodi posi jusqu'à la moelle, faire des photos mi-rigolotes mi-provoc sur Instagram de temps en temps et être pleinement convaincue que la poitrine féminine est bieeeeeeen trop sexualisée dans notre société et que c'est totalement infondé, puisque ces messieurs ne subissent pas l’opprobre lorsqu'ils dévoilent un téton... J'ai beau suivre le mouvement #FreeTheNipple depuis le début et avoir déjà posté quelques clichés avec ce hashtag (mais clairement, jamais aussi directs, ni sur un support de type "blog")... Ça reste un grand pas, une grande première. Un obstacle à franchir. 

Un roc, un cap, que dis-je un cap, une péninsule. Toussa.

Donc bien que, vis-à-vis de moi-même, je n'ai pas (plus) le moindre complexe avec ces photos, je ne peux pas faire taire complètement les petites voix qui me susurrent le doute à l'oreille. Le milieu professionnel, la famille, les trolls fat shamers... ou l'incommensurable fatigue de déjà m'imaginer répéter à tire-larigot que "Non, un nu n'est pas forcément 'sexuel'" (D'ailleurs, je ne vois pas ce qui poserait vraiment problème si ça l'était, sexuel, mais c'est un autre débat) pour avoir à me défendre sur un sujet qui n'a jamais été une "offense".

Je n'ai rien à me reprocher. RIEN. Ni ma grosseur, ni mes tatouages, ni mon maquillage prononcé, ni mes cheveux chimiques, ni ma nudité, ni même mon envie de rendre tout ça public. Car ce choix m'appartient, aussi bien que mon corps et mes convictions. 

Chuis droite dans mes bottes, dans mes convictions féministes, excentriques et body positive. Et je trouve que c'est quand même dingue de se sentir autant en posture "de justification" malgré tout, alors qu'en fait, tu fais absolument rien de mal ! Et c'est précisément pour ça que je veux poster cette série aujourd'hui. Pour emmerder le patriarcat, pour emmerder les pudibonds, pour emmerder les injonctions au corps et pour emmerder les restes de chaînes qui me retiennent encore un peu, parfois.

Donc voilà, FUCK THIS SHIT. On verra dans 10 ans si c'était une connerie, en attendant je suis libre, et je choisis d'exprimer cette liberté comme je l'entends. Et ce soir, c'est en me mettant à nu pour faire passer un message important : on a tou.te.s le droit d'être représenté.e.s, tou.te.s le droit de se montrer, avec notre vision de la beauté et du monde, tou.te.s le droit d'exister en paix, hors de la toxicité des stéréotypes.


D'ailleurs, voici le reste de la série, réalisée par Margaux Pastor, photographe, et militante féministe elle aussi 

 
(coucou les poils d'aisselle ;) )
 
(coucou les seins creusés quand je me penche :) )

Pour tous les selfies et photos pas que je trouvais disgracieux et que je me suis hâtée de faire disparaître pour ne garder que ceux qui me "mettaient en valeur" (vis-à-vis de la sacro-sainte norme aka le male gaze *vomit*), pour toutes ces fois où j'ai voulu m'effacer en détruisant ces images que je qualifiais moi-même de "dégueulasse" (ouais ouais, on en dit des trucs affreux à son reflet dans le miroir parfois, n'est-ce pas ?), pour toutes les fois ou j'ai tiré sur mes fringues afin d'atténuer un décolleté ou allonger une jupe pour les autres... j'ai voulu faire honneur à ces clichés, qui m'ont bousculée comme j'en avais bien besoin et qui pourtant ont bien failli subir le même traitement d'invisibilisation. Je me demande aussi pardon, en quelque sorte, en faisant ça, et c'est une sensation des plus apaisantes.

Bref, je crois avoir fait le tour de ce que je voulais dire. Je suis heureuse de faire ce post ce soir et j'espère que ce sera le début d'une longue série de collaborations (ouais, dès fois, je pose) et de photos que je pourrais partager, estampillées de messages body positive, doux et insolents. Je me sens à la fois à mon plus vulnérable, et à mon plus fort. Mais surtout, libérée (délivrééééée) d'un poids phénoménal, celui de n'avoir pas cédé au doute, à la peur.


Si je peux surmonter un passé d'anorexie, de haine de moi-même, une collection sans cesse croissante de remarques désobligeantes sur mon physique et ainsi que des relations familiales toxiques par rapport à mon corps, et malgré tout poster fièrement une photo de mes bourreletzététons sur internet, sans regrets... n'importe qui peut se réconcilier avec iel-même. Il faut juste accepter de se donner une chance. S'exposer ou non, ensuite ça relève d'un choix, mais il n'y en pas un qui soit plus valide que l'autre.

Je vous embrasse, et je file me sécher.
Bonne fin de dimanche, et courage pour demain matin ;)