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dimanche 14 février 2016

Ma Sans-Valentin ? AU POIL #GlitterPits

Cette semaine, je n'ai pas pu m'empêcher d'eyeroller jusqu'à m'en faire mal au crâne tant les injonctions à la féminité-beauté-consommation hétéro-normées (et pleines de body shaming sous-jacent) au possible en vue de la Saint-Valentin m'ont piqué les yeux dans mes diverses timelines.

Ma réaction d’écœurement, à peu de choses près, devant le bullshit de tous ces posts-articles-pubs spéciaux Saint-Valentin 

 Ne mange rien pour rentrer dans ton nouvel ensemble de lingerie "pour lui" à 150 boules, fais-toi épiler au laser, mets de l'auto-bronzant, maquille-toi, va chez le coiffeur, ne mange pas trop au restaurant où il va t'emmener, apprends à lui faire une bonne pipe ou considère un plan à trois même si t'as pas envie pour le garder parce que faut pas finir vielle fille...

L'injonction à te mettre en couple et l'invisibilisation éhontée des amoureux.ses non-hétéro qui va avec, l'injonction de te ravaler la façade, de dépenser plein de fric pour ta tenue et tes cadeaux, l'injonction à te comporter en "dame-mais-sexy-quand-même"... et j'en passe. NAUSÉE.

Certes, on y a le droit toute l'année, mais c'est vrai que dans le gloubi-boulga capitaliste rose et rouge de mi-février sous prétexte "d'amour", ça a le don de m'enrager encore plus.

J'en avais même fait un post Facebook : https://www.facebook.com/TheUtoptimist/posts/797524807019767

De l'art de passer de la poule à l'ânesse... ou pas


Et puisque j'aime bien mélanger les sujets avant de pondre un petit article ici-même, le croisement avec la tendance féministe-body-posi-licornesque des "glitter pits" (aisselles _poilues_ pailletées) qui "fait le buzz" depuis décembre me paraissait appropriée.

Pourquoi ? Parce que je me suis récemment rendue compte que ma "justification" quant à mon ""laisser-aller"" (ma flemme, mon non envie de me faire mal) au niveau de ma pilosté était toujours "bah j'm'en fous j'ai personne dans ma vie" (je parle même pas de la violence de cette phrase alors que j'ai une si magnifique tribu de merveilleux.ses ami.e.s !!). Et que lorsque je décide de me raser les jambes ou les aisselles, ce n'est pas parce que mes poils me dérangent personnellement, mais c'est "pour faire bien, en société".

Je suis bien triste d'être encore soumise à cette angoisse sociale, encore si forte, même dans le milieu féministe et body posi. Combien de fois ais-je entendu des copines ou connaissances, militantes féministes, se justifier d'un "nan mais chuis pas une féminazie poilue non plus hein !". Faudrait déjà m'expliquer le rapport de cause à effet dans cette juxstaposition de mots et concepts. Puis, aussi, pourquoi les non-poilues devraient taper sur les glabres et vice-versa, en particulier dans un milieu supposé déconstruit.



Si on dépassait la simplicité des affirmations "l'injonction à tout ratiboiser vient du porno" et "les poils, c'est dégueulasse" ? Parce que dans les peintures de nu du je-ne-sais-plus-quel-siècle (je ne cherche pas à étaler ma culture, bien plus maigrichonne que mon royal fessier, et je ne retrouve plus l'article que j'avais lu à ce sujet^^) cachaient déjà les poils pour leur "animalité sexuelle". Et parce que oui, s'ils sont là naturellement, je ne vois pas en quoi ils seraient crades. Et quoi qu'il en soit, le choix appartient à tout.e un.e chacun.e d'en faire ce qu'iel en veut, sans en faire une victime ni un.e rebelle sans cause.

Où sont les poils, poils, poils, poils, poils, poiiiiils ?

Seulement, je constate une fois de plus que nos ami.e.s américain.e.s et anglo-saxon.e.s ont encore bien des longueurs d'avance sur nous quant au vocabulaire et aux représentations progressistes. Je trouve le féminisme et le militantisme body positive "à la française" bien trop sages. Voire, souvent, fades, à quelques rares exceptions près, en comparaison avec ce que mes héro.ïne.s anglophones publient tous les jours sur FB, Twitter, Instagram ou encore Tumblr.

Parce que oui, "nous les filles", on fait caca. On sent pas le N°5 de Chacha naturellement. On ne nait quasiment jamais imberbes. Où sont les "défauts" ? À quoi servent les réseaux sociaux si ce n'est pas pour briser les illusions de perfections vendues sur papier glacé des magazines et dans la pub ? Hein ?

Où sont les bourrelets non lissés, les célibataires qui en sont fières, le-persil-qui-dépasse-du-cabas ?

La badassitude manque ici-bas, et quand on connaît l'importance des représentations pour se construire, et qu'on se rend compte à quel point suivre des personnes qui postent des choses "hors normes" adoucit notre vision de nous-même et du monde, nous désintoxiquant de l'excès de photoshop ambiant... je me suis dit qu'il fallait que je mette la main à la pâte au pot de paillettes #braceyourselves




 
(ni filtre, hormis noir&blanc, ni retouches ;) )



Mes cheveux-pas-naturels, mes bourrelets, mes poils, mon double-menton, mon célibat, mes piercings, mes tatouages, mes boutons, mes paillettes, mes vergetures, mes petits-seins-pour-une-grosse et ma kitschitude vous saluent. Chuis ma propre Valentine aujourd'hui, et tous les autres jours de l'année. Et j'ai jamais été aussi heureuse.

Je sais pas si j'aurai "le courage" de garder tout ça jusqu'à ma prochaine "rencontre", ou jusqu'à l'été. Ou pas. Mais en attendant tout ça est bien là. Ces étranges petits cheveux frisottés font partie de moi (et je reparlerai de ce sujet, comptez sur moi !). Et puisque je m'aime, sans ou avec, je les aime. Du moins, j'y travaille. Tous les jours. Parce qu'il n'y a pas d'autre secret pour survivre, dans notre société d'image patriarcale, quand tu fais pas partie des lucky few a naturellement rentrer dans la norme restrictive en dehors de laquelle "nul bonheur n'est possible". LAULE.

Et pour les sceptiques, du moins celleux que je n'ai pas semé.e.s en chemin (j'avais prévenu, je vais parler de trucs "pas glam", déso pas déso), qui trouveraient qu'il y a trop de paillettes, pas assez de poils, un gros plan, sur l'autre aisselle, moins chargée en glitter !


Pour finir, bonne fête à toutes les Valentines, tous les Valentins. Parce que c'est quand même de ça qu'il s'agit, chaque 14 février. Des bisous à tou.te.s les amoureux.ses de la terre, et une JOYEUSE SANS-VALENTIN en plus à tou.te.s cellex qui n'en n'ont pas ♥ ❤ ♥ ❤ ♥ 

Sur ce, je m'en vais passer l'aspirateur dans les moindres recoins de mon studio, et prendre la douche du siècle. Bien l'bonsoir !

Breakons free des complexes, avec Freddie 

lundi 18 janvier 2016

"Casser les standards de beauté" : le gros FAIL de la dernière pub Balsamik

Je viens de voir que la nouvelle pub du site de vêtement Balsamik, avec un choix de taille bien plus large que la moyenne et, fait un buzz très positif sur le net. Notamment grâce à Ma-Grande-Taille.com (partenariat, sans doute). Je l'ai regardée. Et... pour quelque chose qu'on me présente comme "se moquant des standards de beauté". Il ne me vient guère d'autre réaction que : mouais (et encore, chuis borderline méga-vénère, en vrai).

Merci Michelle Visage, parfaitement résumé.

"L'intention" (marketing) n'est pas mauvaise en soi : parler de "diversité", de différence. Des tailles de vêtements, sous-vêtements et chaussures plus grandes, plus petites, parce qu'il n'y a pas qu'un seul modèle de femme. Sur le principe : OUI. Bien sûr, c'est évident. Sauf qu'honnêtement, la diversité des corps dont ils se targuent de par leur torses bombés pour affirmer que "la femme standard n'existe pas" (ah bon ??) en croyant réinventer l'eau tiède... Ben, à l'écran, est elle est bieeeen timorée, tout de même. À peine effleurée. 



RuPaul's Drag Race a les meilleurs gifs de réaction de la terre, vous allez en bouffer. Déso pas déso.

Où sont les femmes vraiment grosses, où sont les femmes plus âgées, où sont les femmes plus "visiblement" racisées, où sont les femmes en situation de handicap ? Et, pour couronner le tout, où sont les femmes non hétéro (je n'ose même pas évoquer l'idée de non cisgenre vu comme c'est présenté...) ? Parce que tout ce spot publicitaire met l'accent sur le regard qu'à L'Homme porte sur LaFâme. (Et même le regard très insistant de ce dernier, celui qui flirte dangereusement avec le harcèlement de rue : le serveur qui renverse ses verres en regardant le cul d'une meuf, l'installateur de vitrine qui renverse ses mannequins car trop préoccupé par le passage d'un groupe de femmes ou encore l'importun qui vient apporter un petit mot à une femme assise à la table d'un restaurant etc...  qui en plus, gloussent, parce que bien sûr, on aime ça, on vit pour ça ! C'est pas "violent" ou très direct, mais c'est là. Et c'est gerbatif) 

Si les yeux du Mâââle ne sont pas le mètre étalon de la beauté féminine.. alors rien d'autre ne peut la définir. C'est ce message dont on nous bombarde sans cesse, et qui, à titre perso, me fait particulièrement mal et me aussi fait vraiment chauffer les oreilles quand on prétend parler du concept de beauté multiple.

Et ça, mes chéri.e.s, ça s'appelle le male gaze (regard masculin). C'est sexiste, objectivant, et pas valorisant ni "libérateur" pour un sou.

Ce serait bien que les publicitaires, pis la société en générale, pige ça un jour. Les femmes ne vivent pas pour le regard des mecs, même si c'est ce qu'on nous apprend depuis le berceau.

Donc voilà, les publicitaires ont à peine diversifié le "catalogue" habituel des représentations de l'apparence des femmes et en plus ils se sont sentis obligés de valider ça en saupoudrant cette farce d'un soupçon de "nan mais eh, t'as vu, y'a des mecs à qui elles décrochent la mâchoire hein, si elles sont baisables, c'est qu'elle sont belles". Cimer, j'ai un sale arrière-goût dans les yeux.

Je cherche encore l'empowerment et la body positivity qu'on m'a annoncés, l'air de rien, avec un titre aussi accrocheur... Au final surtout mensonger, et toxique. Et je me demande aussi où est la sphère militante body positive, pourquoi ça ne gueule pas (encore) ? Il est où le bad buzz que ce machin mérite ??!

Quitte à faire de la pub à des marques pour leur bonne stratégie de com' en prétendant briser les codes, pour vendre, je préfère largement ce qu'a pu faire H&M (les images parlent d'elles-même sans que je ne me lance dans une énumération, quasiment "tout" y est)


Ou encore American Apparel (oui oui, American Apparel. Certes trèèèès controversé mais quand même globalement badass, et vous seriez surpris.es de voir le nombre de L ou XL dans lequel rentre tout mon 46 avec même encore un peu de marge) ;) qui s'est tout de même débrouillé pour faire un spot qui shake un sacré paquet de booties pas très couverts, sans avoir pour autant le seul but de captiver l'attention du mec blanc cisgenre hétérosexuel de base. Et croyez-le ou non, c'est déjà un très gros progrès.



And that's, how it's done.

Dire, "montrer", qu'on (qui "on" ? la marque ? les cismecs qui ont planché sur ce spot ?) "aime toutes les femmes" de manière aussi étriquée, en affirmant promouvoir la différence de surcroît, ça revient à nier l'existence de la majorité d'entre elles. Ouaip, les représentations collectives des personnes, de leur apparence, ont une importance phénoménale pour leur construction sociale, leur bien être. Donc réfléchissez avant de pondre des trucs aussi merdiques.

La prochaine fois que vous voudrez "casser les codes", chères marques, faites-le pour de vrai. Sortez-vous les doigts, cassez la baraque. Parce que ce pétard mouillé (ou "pet dans l'eau", y'en a qui disent ça, allez comprendre) ne trompe pas grand monde.