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vendredi 21 décembre 2018

Fêtes de fin d'année et grossophobie : le pouvoir de la non-mixité entre gros·ses

Oh well, presque un an de pause non annoncée sur le blog dites donc ! Je vais pas me confondre une énième fois en excuses et explications, c'est ainsi, je me mets au clavier comme et quand je peux. Et puisque, personnellement,  je vis la grossophobie des fêtes de fin d'année encore plus violemment que celle du "corps de plage" estival, c'est le moment idéal pour reprendre. Surtout après le récent traitement médiatique de l'histoire de la nouvelle Miss France, Vaimalama Chaves, pour lequel je vais me permettre une *petite* (on se sait) digression en guise de préambule... Après, on parlera d'occupation de l'espace en tant que personnes grosses ;)


On raconte la perte de poids de la jeune femme comme le passage d'un "monstre" à une "bombe". Et si elle a effectivement subi le harcèlement de ses camarades à l'école parce que leurs comportements sont le reflet de la société grossophobe dans laquelle iels évoluent, parler "d'obésité" pour une personne mesurant 1m78 et pesant 80kg est inexact. Et donc mensonger. Certes, l'IMC (25,2 : synonyme de surpoids, pour la Vaimalama Chaves pré-régime) est toujours autant un concept approximatif et biaisé. Mais envoyer le message aux masses qu'un tel rapport poids/taille soit le signe d'une obésité "monstrueuse"... c'est tout simplement criminel. Tout comme le fait de ne raconter que les histoires de pertes de poids dans les représentations collectives, pour bien asseoir l'idée que c'est le seul salut des gros.ses et autres "pas minces". Oui, criminel. La grossophobie tue.

Donc comme si on n'avait pas assez à faire au mois de décembre, avec la complainte des minces qui ont peur de grossir (j'ai fait un petit thread Twitter là-dessus la semaine dernière, je prépare un article) à cause de deux malheureux repas de réveillon et une boîte de chocolats _enchaînant blagues grossophobes et dissertations sur les régimes et détox à longueur de journée pour se rassurer aux dépens des gros.ses_ on baigne dans les clichés de ce faux conte de fées instrumentalisé à la gloire du culte de la minceur. Et pourtant c'est un gros monsieur en costume rouge qu'on va célébrer durant les derniers jours de l'année ? Il y est des contradictions qui me dépassent, ma foi.



Bref, parenthèse de contexte terminée... j'ai envie de vous parler d'un très chouette outil pour faire le plein de puissance : la non-mixité entre personnes grosses.

J'ai compris l'intérêt du concept de non-mixité depuis longtemps, notamment dans les espaces féministes, entre meufs, et les espaces LGBTQI, entre gens non-cisgenres/hétérosexuel.le.s. Bref, sans les dominant.e.s, qui ont des comportements violents envers les populations aux dépens desquelles iels jouissent de leurs privilèges. Et ce, même lorsque ces personnes là sont "déconstruites".

On peut facilement comprendre l'importance, et la nécessité absolue, de ces réunions en non-mixité lorsqu'on voit la colère de celleux qui n'y sont pas convié.e.s face à l'annonce de l'événement... qui ne les aurait pas intéressé.e.s si l'invitation avait été formulée autrement. Il n'y a qu'à voir le déferlement de haine, campagnes de diffamation et de harcèlement que se prennent les militantes afroféministes sur les réseaux sociaux lorsqu'elles organisent des events qui ne sont pas ouverts aux personnes blanches ! Cet acharnement enragé est, à mon sens, le lointain cousin de la répression policière des mouvements sociaux : symptôme d'un pouvoir qui craint de perdre son autorité.

C'est pourtant sachant tout cela, aussi bien en théorie que dans la pratique, que j'ai découvert qu'il était possible de faire la même chose entre gros.ses. Le concept ne m'était tout simplement pas venu à l'esprit ! L'habitude de voir la grossophobie relayée au rang des faux problèmes dans les cercles militants et "woke", sans doute... Du coup, ça m'est tombé dessus l'hiver dernier, sans que je ne voie venir la chose. C'est après la journée de sensibilisation à la grossophobie, organisée le 15 décembre 2017 à l'Hôtel de Ville de Paris, que j'ai passé ma toute première soirée entre meufs grosses. Et cette expérience m'a complètement ouvert les yeux sur mes relations sociales avec les personnes minces de mon entourage, qui s'y trouvent en large (pun intended) majorité.



Gros remplacement
(c'est pas de moi, c'est des militant.e.s de Gras Politique !)


Nous étions quelques militantes fat positive à profiter de la venue de la blogueuse et fat activiste américaine Jes Baker pour organiser un petit dîner dans la capitale. Au moment de s'installer au restaurant, on a toutes pris le soin d'évaluer, ensemble, la taille du passage vers le bout de la table ainsi que l'épaisseur et la solidité des chaises disponibles, pour que les plus grosses d'entre nous peinent moins. Une démarche qui devrait aller de soi, et qui allait de soi puisqu'elle s'est faite tout naturellement dans cet environnement. Pourtant, c'est quelque chose de rarissime, pour ne pas dire inexistant, lorsqu'il y a une ou deux personnes grosses en minorité parmi des minces.

J'ai pris en pleine face la réalisation que l'on ne se soucie jamais nos besoins en termes d'accessibilité, de notre confort et de notre dignité, lorsque nous sommes entouré.e.s de non-gros.ses. J'ai repensé au nombre de soirées que j'ai passées mal installée, recroquevillée, pour ne surtout pas déborder, prenant sur moi dans la douleur pour ne pas perdre la face. Et priant pour ne pas casser le maigre mobiliser censé me soutenir. Une colère rétrospective s'est emparée de moi, au second plan du pied que je prenais avec mes sœurs de gras.

Depuis ce soir là, j'ai décidé de ne plus mettre mon confort entre parenthèses et d'occuper l'espace que j'ai le droit d'investir, étant donné mon volume. Maintenant, je repère l'endroit le plus accueillant et safe pour mon gros cul et j'y vais, après avoir vérifié que personne n'en ait visiblement plus besoin que moi. Un changement d'attitude pas forcément si visible que ça pour un oeil non-averti, je pense, mais qui vous révolutionne une existence, croyez-moi !

Et ça, c'est juste un exemple, un détail.
Naturellement, aucun propos grossophobe n'a été prononcé dans le groupe durant cette soirée. Et les regards de travers que toute personne grosse installée quelque part dans l'espace public _en particulier dans un contexte de repas_ se prend inévitablement étaient... imperceptibles. Était-ce parce que nous étions en train de vivre un moment d'empouvoirment hors du commun que nous ne les avons pas sentis ? Ou bien était-ce l'énergie dégagée par notre groupe, fière et solidaire, qui empêchait les lâches grossophobes de se livrer à leurs habituelles intimidations ? Un an après, je n'arrive toujours pas à en être certaine. Un peu des deux, j'imagine.

Ce soir là, on a plaisanté sur le fait qu'on "reprenait" Paris. Mais c'était vraiment ça.



On a pris la place qu'on avait le droit d'utiliser sans s'excuser, on a investi l'espace public sans se poser de questions. C'est vrai que ça doit être reposant de vivre le dehors ainsi, comme les minces, qui ne se rendent pas compte de leur privilège. Et qui chouinent dès qu'on leur met le nez dedans. Précision avant de me faire une énième fois accuser de "minçophobie" (coucou, ça n'existe pas dans un monde pensé avant tout par et pour les minces) : je parle "des minces" comme d' un groupe social, dominant, pas d'individus. Donc inutile de prendre mes propos  personnellement. Sauf si ça vous fait cogiter sur vos attitudes et leur pourquoi, parce que c'est important de le faire. Surtout si vous vous dites allié.e.s de la lutte contre la grossophobie.

Plus le temps passe et plus je remarque l'énergie déployée par les gros.ses pour se faire minuscules, pour ne pas gêner, tandis que les minces ne font pas cet effort. Les rares fois où je sors dans des lieux de fêtes, par exemple, je le ressens : je fais tout pour ne pas bouger, le plus loin du passage possible, pour ne pas faire chier les autres. Tandis que les minces font des allers-retours sans fin, s'excusent rarement de vous bousculer ou de vous renverser leurs verres dessus en passant parce qu'iels ne le voient même pas. L'espace public leur est acquis. Je me repense aussi à ce voyage dans un métro bondé, une fois. Dans le carré de quatre places où je me trouvais, nous étions trois meufs grosses. Compactées, droites comme des I, dignes, nous débordions à peine de nos sièges. Ce qui laissait tout loisir au petit loustic maigrichon en face de nous de manspreader de tout son long, jusqu'à nous toucher toutes les trois à la fois.

Inverser le pa(g)radigme


Quelques jours après cette mémorable sortie fat power du 15 décembre de l'an dernier, une amie grosse et moi-même avons revu Jes. Et cette énergie était tout aussi palpable en trio. Je me souviens de ce moment où, dans les côtes de Montmartre, on a toutes les trois ouvert nos manteaux puis retiré des couches et qu'on s'est comprises. On n'a pas eu besoin de justifier qu'on avait très chaud malgré les températures frisant le négatif. Au contraire, nous avons exprimé notre soulagement d'avoir cette liberté, sans le regard interrogateur ou moqueur d'une personne mince à gérer. Quelque chose d'anodin vu de l'extérieur je suppose, mais pour moi, ça a été un des plus grands moments d'insouciance et d'apaisement qu'il m'ait été donné de vivre en 29 ans. Et une prise de conscience mémorable, aussi.



Un petit mois plus tard, mes impressions étaient confirmées lors des Etats Généraux de la Grossophobie, organisés par l'association Gras Politique à Paris. Certes, il y avait quelques allié.e.s minces dans l'assistance, mais je les ai trouvé.e.s très respectueux.ses, sachant rester à leur place et n'ouvrant le bec que pour poser de sincères et pertinentes questions dont nous n'avions pas déjà donné la réponse. Mais surtout, nous étions une majorité de gros.ses. Le paradigme était totalement renversé. Pas de place pour la honte d'être "le monstre" du groupe de minces et beaucoup de fatoyance dans la salle !

Durant l'après-midi, nous nous sommes réparti.e.s en différents groupes de réflexion sur des thématiques précises (représentations, vie sociale, santé...). Nous avons été amené.e.s, pour certain.e.s, à évoquer des sujets graves et difficiles en lien avec toutes les formes de grossophobie que nous avons pu subir. Et c'était léger de pouvoir le faire. Pas d'étonnements naïfs, pas de "tu vois le mal partout". Juste de la compréhension, du respect et de la solidarité. Clairement, nous avons besoin de plus de temps et d'espaces pour de la non-mixité grosse. Aussi bien pour nos bonheurs individuels que pour mettre la grossophobie derrière nos gros derrières... et l'étouffer de nos puissants bourrelets.

Non-mixité grosse et fêtes de fin d'année


Bon. Pourquoi est-ce que je vous raconte tout ça maintenant, me demanderez-vous ? Eh bien tout simplement pour vous recommander chaleureusement de vous saisir au plus vite du formidable outil qu'est la non-mixité entre personnes grosses. Avant les réveillons, entre les réveillons, après les réveillons. Aussi souvent que vous le voudrez et que vous le pourrez pour faire le plein d'une trop rare énergie.

Si les réseaux sociaux permettent de se sentir mieux représenté.e.s en tant que gros.ses et de trouver une communauté d'entraide engagée, engageante et aimante contre la grossophobie... Se retrouver bien en chair et avec peu d'os, entre éléphant.e.s, bibendums et autres propagandistes de l'obésité (oui, on se fait vraiment appeler comme ça lorsque l'on milite pour que les gros.ses soient respecté.e.s au même titre que les minces), est quelques crans au-dessus en termes de kiff et de ressources.

Je peux même garantir à celleux qui me lisent et qui se disent que "ça doit être sympa" qu'iels n'ont pas idée d'à quel point cette sensation est au-delà de la certes merveilleuse mais simple joie. Des prises de consciences monumentales vous attendent sur l'étendue de la grossophobie dans laquelle nous vivons. Et la découverte d'une bienveillance inouïe dans des détails que vous n'aviez même pas remarqué tant vous vous êtes adapté.e.s à cette société qui vous méprise et vous invisibilise en prime !

Donc pour faire le plein de courage avant le repas de famille où on va surveiller votre assiette, pour reprendre goût à la vie après une soirée "de fêtes" où les blagues et réflexions grossophobes ont fusé ou à n'importe quel moment de l'année... je vous encourage à organiser des sorties entre gros.ses. Qu'il s'agisse de petits groupes de copain.e.s, de la création d'un collectif militant près de chez vous, ou encore de l'organisation une soirée communautaire.

Et si vous avez, dans votre malheur, la chance d'être deux ou trois gros.ses dans l'assistance... essayez de vous regroupez et de faire front. Et, petite technique testée et approuvée enseignée par une amie : face à une blague grossophobe (ça marche aussi pour "l'humour" sexiste, raciste, LGBTQIphobe, validiste et psychophobe), faites l'idiot.e. Demandez à votre aimable interlocuteur.rice d'expliquer sa plaisanterie, histoire que vous compreniez en quoi c'est drôle, et regardez lae se confondre en explications bancales tout en sirotant le contenu de votre coupette.



Adipeux Noël et Grosse Année à toustes ♥



PS : Voici mes articles sur la grossophobie et le mouvement body positive en périodes de fêtes des années précédentes ;)








🌟

vendredi 1 avril 2016

L'inspiration body positive de mars 2016

EH BEN MES ENFANTS ! Le moins qu'on puisse dire c'est que le printemps est porteur de bonnes nouvelles, il s'est passé un paquet de trucs chouettes en termes de body positivity au mois de mars, et ça m'fait plaisir de vous en faire une liste pour bien commencer le mois d'avril, même si elle n'est pas forcément (et heureusement ?) tout à fait exhaustive, ni tout à fait chronologique ;)

ENJOY :D

La réponse de cette créatrice "plus size", Christina Ashman...



... à cette grotesque caricature de fringues "grande tailles" vendues montrées sur une femme mince :



Tout est dit : fuck votre grossophobie, fuck le body shaming.

La découverte de Shalom Nchom, make-up artist pas comme les autres grâce à cette vidéo



Victime de graves brûlures durant son enfance, cette jeune femme a appris à camoufler les cicatrices de son passé. Mais mieux encore, elle a appris à s'aimer autant avec, que sans.

La puissante histoire de Silvana Lima, championne de surf "pas assez belle pour les sponsors"



"Pas assez belle pour décrocher un sponsor" en 13 ans de carrière, la meilleure surfeuse du Brésil raconte son parcours auto-financé, et sa passion. Une inspiration pleine de force... et de beauté :)

GabiFresh et Michelle Brooks couverture d'Ebony Magazine




Accompagnées de Chrisette Michele et Jazmine Sullivan, GabiFresh et Michelle Brooks ont fait la couverture d'Ebony Magazine, dans une mise en scène qui n'est pas sans rappeler la flamboyance de la dernière chanson, et du dernier clip, de Beyoncé : Formation !

Gabourey Sidibe dans V Magazine



Cette formidable actrice à la répartie cinglante quant à toute la grossophobie, et au racisme, dont elle est régulièrement la cible, va en énerver plus d'un.e avec ce shooting... Mais nous, la voir ainsi, ça nous fait très plaisir, parce qu'elle est ca-non.

Cet article d'Allure qui nous fait découvrir 10 model.e.s pas comme les autres !


 

Sélection, une fois de plus, un peu trop blanche... mais qui a le mérite de montrer des personnes non-jeunes, non-valides et totalement excentriques ! Je spoile pas tout, cliquez ;)

La couverture #blackisbeautiful de Vogue Espagne




Bien que je m'interroge encore sur la mise en scène un brin racoleuse autour de "la reine de l'Afrique", il est important de noter qu'un magazine aussi mainstream et influent titre "Black Is Beautiful", fasse poser une mannequin franco-ivoirienne (Aya Jones) au Botswana avec des tresses cornrows... à l'heure ou la mode et les personnalités blanches s'approprient allègrement ces codes (coucou Kim K et ton tuto des "boxers braids" !)... je me dis que c'est un grand pas symbolique. Mais j'ai peut-être tord. Et je veux bien un avis de personne concernée sur le sujet, car le mien n'est pas franchement valable, et j'aimerais limiter le nombre de bêtises que je peux dire ;)

Les réactions pour "dédramatiser" le #A4WaistChallenge, énième "défi minceur" des réseaux sociaux



Parce que c'est important de pouvoir en rire, de montrer que ce n'est pas grave de rentrer dans tel ou tel "canon" de beauté. Sans taper sur celleux dont c'est le cas BIEN SÛR ;) D'ailleurs, je me suis amusée à ça moi aussi^^

Ce meme : "je peux être LES DEUX"


Pour taper à la fois sur le body shaming, le slut shaming et la misogynoir, Sonya Renee Taylor nous rappelle quelque chose d'essentiel : elle peut faire la fête jusqu'à pas d'heure avec un décolleté ravageur et être une militante engagée. Elle peut être les deux. Elle est les deux. On peut être les deux. On est les deux. Voilà, et merci pour cette mise au point :)

Le buzz autour de cette pub censurée, avec  Ashley Graham, Tara Lynn et Precious Lee



La marque Lane Bryant a vu sa publicité censurée sur certaines chaines américaines... Parce qu'on y voit des mannequins "plus size" en lingerie, et qu'on y trouve une scène d'allaitement. Rien de tellement plus folichon qu'une campagne Victoria Secret qui n'est pas sujet à ce type de censure, pourtant. Raté pour les censeurs : la vidéo a enflammé la toile. Et tant mieux.

Emme Watson qui se confie sur son estime d'elle-même



Certes, Emma Watson est "dans la norme". Mais elle est une femme qui vit dans une société patriarcale, et la voir se confier sur la difficulté de s'approprier son image (Lena Dunham aussi, en a parlé, et de son rapport à Photoshop en plus, à lire aussi !), que les médias lui avaient "prise" suite à son succès dans la saga Harry Potter... c'est une sensation douce amère de tristesse, et de réconfort ? Si elle, si "parfaite", a (eu) des difficultés vis à vis de son reflet dans le miroir ou de son image sur les photos, c'est normal que nous, on gère pas forcément bien non plus. Malheureusement.

Cette joyeuse pub estivale pour les maillots de bain Target



Et oui, on peut "mélanger" minces et grosses, blanches et noires, dans les représentations. Le ciel va pas nous tomber sur la tête, au contraire :)

Elisabeth Moore en couverture de Plus Model Mag



Une mannequin "plus size" qui fait la couverture d'un magazine de modèles "plus size". Certes. Mais ça fait du bien quand même :)

Quand la toile se mobilise contre le fat shaming via Photoshop...



Une jeune femme demande à enlever "l'embarras" de l'arrière plan de sa photo sur Twitter. Et la réponse de cet internet adepte de Photoshop est par-faite.

Ces envies de shopping body posi féministes et badass par Horror Kitsch Bitch !




Parce que c'est bête, mais ces petits accessoires body positive, féministes, militants, sont porteurs d'une force incroyable pour nous donner confiance en nous-mêmes :)

Zach Miko, un des premiers mannequins "+ size" masculins signe avec l'agence IMG Models




Comme pour les mannequins "plus size" femmes, on cherche encore la"plus size"-ité, outre quelques centimètres de plus que la moyenne... mais c'est toujours de la visibilité, de la diversité, en plus dans le paysage des représentations du corps. Les hommes subissent moins d'injonctions, certes, mais ils ont aussi "l'obligation" de ne pas parler de leur souffrance ("les vrais mecs ça chiale pas", toussa toussa) donc cette petite victoire est très importante contre le body shaming, aussi ;)

Ce témoignage de Matt Joseph Diaz après un an de militantisme body positive sur la toile



Mon chouchou chez les militants body posi raconte comment se dénuder, littéralement et métaphoriquement, sur la toile, a changé sa vie il y a une année. Sait-il seulement combien il en a changé en faisant ça ?

La nouvelle bannière/le nouveau site Passion Menstrues de Jack Parker "et autres histoires de chattes"



C'est trop cool, parce qu'il n'y a pas assez de représentations des vulves, dans toute leur diversité, que c'est Monsieur Q qui l'a dessiné, et que Jack Parker a décidé d'étendre les sujets sur son site !

Murder of Goths qui déconstruit la notion de "courage" à porter un bikini quand on est gros.se



Parce que ce n'est pas en insistant sur le "woooow, moi j'aurais jamais pu si j'avais eu son physique" qu'on va faire avancer les mentalités !

La sublime Conchita Wurst en couverture de Shade Dragazine




Parce qu'un peu de visibilité queer dans ce monde hétéro-normé... ben ça fait du bien.

La réponse de cette jeune femme à des tweets grossophobes




La saison où les magazines féminins et salles de sport jouent sur "la peur de grossir/d'être grosse" revient avec le soleil. On a grandement besoin d'inspiration body posi, badass, et souriante comme celle-ci pour résister à ce bullshit ambiant...

Cet article qui parle aussi de skinny shaming ou l'injonction à avoir des formes pour être une "vraie femme"



Parce que c'est important de ne pas oublier que le body shaming touche tous les physiques, les injonctions patriarcales aux corps des femmes n'ont pas de limites, "on ne sera jamais assez bien".

Cet article qui remet Oprah et son délire pro-régime en place



Parce que les ex-gros.ses repenti.e.s qui se font les porte-paroles de l'industrie du régime... c'est doublement douloureux. Et venant d'une icône comme Oprah, triplement. Bref, il fallait que certaines choses soient dites.

Candice Huffine qui brise les clichés sur le sport et les "rondes"



En parlant de son expérience, en tant que mannequin et surtout femme "plus size", au semi-marathon de New York. Merci !!

Cette très belle série de photos de gen.te.s à poil et leurs témoignages 



Femmes, hommes, de tous genres, tous états de validité, tous âges, toutes couleurs de peau et toutes morphologies parlent de leur rapport au corps sous leurs photos, d'une douceur et d'une beauté à couper le souffle...

Le coup de gueule de Lau contre la grossophobie dans les transports en commun



Je vous laisse savourer sa prose ;)

Nadiaa Boulhosn, mannequin "plus size", en couverture de Women's Running !




Histoire de prouver que c'est vrai hein, les gros.es/rond.e.s ne bougent JAMAIS leurs boules rebondis, hein. Tsss :p

Wenworth Millet qui parle de sa dépression et du rapport qu'il entretient avec son corps



Suite à ce meme grossophobe, la star de la série Prison Break a pris sa plus belle plume pour évoquer son passé douloureux de dépression et sa prise de poids. Un témoignage touchant et fort, qui j'espère fera rougir de honte les adeptes du body shaming en tous genres...

Cet article HILARANT de Buzzfeed sur la pression à avoir des seins "parfaits"




Parce qu'il vaut mieux en rire (un peu) qu'en pleurer :)

Le témoignage de Rosie Nelson, mannequin jugée "trop grosse" par son agence




S'il ne s'agit pas de taper sur les personnes minces/maigres (ni d'en bannir la représentation, c'pas la question, c'contre-productif), il est nécessaire de dénoncer l'obsession maladive de l'industrie de la mode pour cet attribut physique et ses conséquences dramatiques...

Markus Prime, qui dessine des super-héroïnes noires dans un monde bien trop blanc



Parce que, nom d'un ienche, je le répéterai jamais assez : les représentations sont essentielles à nos constructions personnelles, à notre bien-être, et que les invisibilisations crées par "le modèle unique" sont toxiques, dangereuses, destructrices pour les personnes exclues de "la norme" (blanche, mince, valide, cisgenre, hétéro...).

Emily Rajatowski et Kim Kardashian qui posent topless ensemble...



Contre le slut shaming et la sur-sexualisation des poitrines féminines ! N'en déplaise
 #FreeTheNipple

Alyssa Sutherland qui déconstruit son "selfie parfait"



Alyssa Sutherland, alias Aslaug dans la série Vikings, nous parle de son rapport au selfie parfait en le dédramatisant d'un selfie beaucoup moins parfait (à ses yeux). Et c'est rassurant de voir que nos "idoles", stars etc, elles non plus, ne sont pas étrangères au doute sur leur image, et ont envie de déconstruire le concept même de "perfection" !

La vidéo de Clémentine Vagne pour Antisexisme.net sur "l'impuissance comme idéal de beauté"




Elle occulte des choses importantes, comme l'invisibilisation des femmes racisé.e.s, mais elle explique bien la notion du "diviser pour mieux régner" du patriarcat, qui nous bourre de complexes et nous met en compétition les unes avec les autres pour que... en attendant... on ne se rebiffe pas quant à l'égalité inexistante des genres en c'bas monde !

L'illustration de la beauté multiple et surtout de la sororité par Sanaa K



Cette image est si belle que j'ai même pas envie de pinailler sur les morphologies :D

La militante body positive Ashleigh Shackelford, son selfie "avant-après" et son hashtag #TeamStillFat



Parce que trop d'avant-après pour vanter les régimes à tout va et les poses "flatteuses", cette militante culottée a juste voulu dire qu'elle était "toujours grosse", et que ça lui allait très bien comme ça. MERCI !

Cette photo d'accouchement "naturel" censurée sur Facebook qui fait le buzz



Parce que les corps nus des femmes ne posent pas problème tant qu'ils sont normés et sexualisés, ce type de photos dérange... Pourtant, elle est si belle, si forte, cette photo ? (et c'est quelqu'un qui n'aime pas du tout les enfants, en n'en veut pas, qui tape ces lignes hein^^). Alors merde, montrons-là !

Cet article de @reacnoire sur le rapport qu'elle a avec sa peau noire



Un très beau, très dur, texte, qui donne très vite un aperçu de la nécessité absolue de l'afroféminisme, et qui démontre donc l'importance de l'intersectionnalité dans le mouvement body positive ;) #mustread

La lettre ouverte de mon amie Nina dans L'Express envers les grossophobes



Je vous laisse savourer sa prose (mes liens sont sur les photos, j'aurais peut-être du préciser ça en début d'article^^) ! Et vous invite à découvrir son blog si vous ne le connaissez pas encore : L'Imaginerie de Nina.

Louboutin qui sort une nouvelle collection de pompes nude... MAIS PAS QU'AVEC DU BEIGE



Quand les marques essaient de faire un peu mieux, faut l'dire non ? C'est toujours totalement hors de budget (et d'intérêt, en ce qui me concerne :3 ) mais la symbolique est importante. Allez quoi, le blog s'appelle "l'utoptimiste" quoi, laissez moi me réjouir un peu :) (et ici, quasiment la même bonne nouvelle pour des chaussons de danse !)

Le double post de Diglee, aka mon amie Maureen Wingrove, sur la grossophobie dans le monde de l'édition !

A lire absolument, sur son site et sur Madmoizelle, si vous l'avez raté. Et j'cache pas que je suis méga fière et émue d'y figurer, aux côtés de Nina Flageul ou encore Naya Ali...

Voilàààà, une bonne grosse dose de beauté.e.s, de love, de badassitude et de bienveillance dans vos faces. Je reviens très vite pour un autre article, avec mes mots à moi ;)

Je vous bisoute !! 



mercredi 16 mars 2016

#slutshaming : une bonne tranche de body shaming avec supplément sexiste gratuit !



Ouaip, le slut shaming est vraiment quelque chose que j’exècre. Et vous savez quoi ? C'est intimement lié au body shaming et à la culture du viol. Avec double ration de sexisme en supplément. Bref, un menu assez gerbatif.

Dans ma tête, ce sont pas des paillettes. J'édulcolore pour essayer d'être moins indigeste...

Et entre ce que j'entends de certain.e.s membres de la blogo française ("c'est bien le mouvement body positive hein, mais y'en a qui s'exhibent trop quand même" #véridique) plus size et l'actualité autour du dernier selfie dénudé de Kim K... J'avais envie de faire un article dédié, pour expliquer en quoi ces deux concepts, ces deux injonctions, sont liés.

Slut quoi ?

Pour celleux qui ne connaîtraient point encore le terme, le slut shaming c'est, en gros, la stigmatisation des femmes dont la tenue et/ou l'attitude serait jugée "provocante". Rien que ce dernier mot entre guillemets montre à quel point ce concept fumeux est sexiste. On ne dirait pas ça d'un homme, n'est-ce pas ? Ces messieurs n'entendront jamais qu'ils "ne se respectent pas" parce qu'ils mettent un short ou montrent leurs tétons. Parce que leurs corps, contrairement aux nôtres, n'est pas sur-sexualisé, synonyme de tentation, de "pêcher". Dans notre société, les corps des femmes, quoi qu'elles en fassent, sont porteurs d'une lourde honte. Sauf pour vendre du yaourt ou des bagnoles bien sûr, quand ce ne sont pas elles qui se montrent ou se cachent en accord avec elles-mêmes.



Bref, grâce à ce merveilleux outil patriarcal qu'est le slut shaming, on peut traiter une femme de salope parce qu'elle porte une jupe jugée "trop courte" et qu'elle aime "s'habiller sexy", parce qu'elle poste des photos dévêtue, parce qu'elle a (eu) de nombreux amants, parce qu'elle est coquette... et c'est le même raisonnement qui amène 27% des français.e.s à dire qu'en gros, "ces femmes là", ben elles l'ont bien cherché si elles se font violer, en vrai, hein. [re-vomi] Parce que c'est pratique, quand même, de dé-responsabiliser les agresseurs et violeurs en préférant blâmer les victimes car "elles n'ont pas fait assez attention". À côté de ça, celles qui s'habillent "en sac à patates" aussi seront rabaissées et humiliées, faut pas rêver. Quelle que soit ta stratégie de survie dans ce milieu hostile, tu payeras le fait d'être une femme dans un monde d'homme à un moment ou un autre, d'une manière ou d'une autre.

"D'ici mes 14 ans, tous les garçons de ma classe m'auront déjà traitée de pute, de salope, de connasse et bien d'autre choses encore"

C'est connu voyons, la gent masculine "ne peut pas se contrôler", faut pas chercher ces messieurs sinon il va nous arriver des bricoles. Des simples insultes au viol, ou jusque dans la rubrique "faits divers", ou le féminicide sera qualifié de "crime passionnel". Si ce n'était pas si grave, j'aurais rajouté un "lol"...

Coucou la culture du viol, je te vois, et je t'emmerde.

Pourquoi le slut shaming et le body shaming sont-ils liés ?

Le problème avec le slut shaming, c'est qu'il se manifeste souvent sous forme de sexisme intériorisé. Comme si ce n'était pas assez difficile, douloureux, humiliant de se faire traîner dans la boue par "l'homme dominant", les femmes jouent aussi à ce triste jeu entre elles. Après tout, en nous mettant en compétition les unes avec les autres (être la plus belle, être bonne cuisinière/maîtresse de maison, être drôle/sportive/intelligente mais pas trop non plus pour ne pas faire peur au mâââle) dès la plus tendre enfance, je ne vois pas bien à quel autre résultat on aurait pu s'attendre sur ce point. Et j'aborde ce point #captainobvious parce que ces comportements... On les retrouve jusque dans la sphère militante, féministe et même body positive. Nan nan, je déconne pas. Pourtant, j'eus préféré.

Quand j'entends une ou des féministes descendre "les meufs qui s'exhibent".
Aussi engagées, impliquées, déconstruites soient certaines personnes que je croise dans la dite sphère, en ligne ou IRL, il y en aura toujours une pour taper sans discernement sur les selfies, la nudité (je comprendrais jamais ça... z'êtes pas nés habillés hein), la vulgarité (c'est subjectif, et souvent aussi classiste que sexiste... je suis moi-même en train d'essayer de désapprendre tout ça mais chuis pas là pour donner mon avis sur la famille^^), la chirurgie esthétique... Ça me rend chèvre. Et l'énième selfie dépoilé de dame Kardashian la semaine dernière a justement déclenché une vague de propos de la sorte. P!nk m'a d'ailleurs brisé le cœur en cette belle journée de lutte qu'a été le 8 mars, avec un post plein de jugement sur le sujet... et il fallait que je trouve le moyen d'aborder c't'affaire ici-même.

Comme j'ai beaucoup hésité à ma manière d'en parler, j'en ai parlé à une amie très engagée et on a eu une conversation passionnante. Et elle m'a confié que même si "en théorie", elle savait parfaitement que la nudité, ni même le fait de la montrer "au monde entier" n'était aucunement un mal. Mais que dans le cas de Kim K, elle avait quand même des restes de réticences à le ressentir, en plus de le penser avec sincérité. Parce que cette "socialite" agace. Parce qu'elle est omniprésente dans les médias. Parce "qu'elle ne fait rien de sa vie" (je dis pas qu'elle fait pas des trucs pas cool du tout hein, genre s'approprier les tresses cornrows... c'est vraiment craignos, mais c'est valable pour toutes ses sœurs, aussi) et qu'elle n'a que très rarement "un discours", contrairement à d'autres comme Nicki Minaj par exemple, pour "légitimer" ses choix. Il y a encore quelques années, je pensais ainsi aussi et il m'arrive encore de réprimer une vieille remontée acide de ce genre, bien malgré moi. Donc de là, on est inévitablement venues au jugement... du jugement de "valeur", de celui qu'on pouvait avoir parfois malgré nous.

Il faudrait donc justifier de "bonnes actions" pour pouvoir poster une photo comportant de la nudité sans se faire taper dessus ? Genre un laissez-passer, un permis de s'exhiber pour bonne conduite ? On marche sur la tête.

Je cherche encore la logique, dans ces (nos ?) réactions épidermiques.
Quelle que soit la personne qui décide de se prendre en photo, habillée ou à poil, et de la partager sur les réseaux sociaux : c'est SON choix, c'est SA liberté, c'est SON corps. Parce que le corps, les corps des femmes, n'ont rien de honteux (il est là, le body shaming sous-jacent de ces violentes réactions face à la nudité féminine). Et aujourd'hui, décider de montrer le sien _ qu'il soit "dans la norme" ou qu'il en soit très éloigné_ à la face du monde sur les internets, c'est se le réapproprier. Se le réapproprier face à une société patriarcale qui l'exploite allègrement pour son plaisir visuel, pour vendre tout un tas de choses, mais qui le trouve problématique lorsqu'il s'affirme tel quel, lorsqu'il s'aime lui-même.

Et sans vouloir trop sombrer dans une psychologie de comptoir... Si ma mère avait orchestré la vente de ma sextape, ben je pense que j'aurais sacrément besoin de me la réapproprier, ma carcasse.

Bref, il nous appartient d'apprécier, ou non, la démarche, c'est indéniable. Mais l'attaquer, la condamner, porter un jugement invalidant dessus, et ce avec autant de violence, c'est merdique.

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Edit du lendemain (merci Diane ♥) : J'ai abordé le sujet, assez brièvement je l'admets, sur d'autres articles sur le blog ou ailleurs mais je ne l'ai pas vraiment développé ici, alors qu'il a carrément sa place, surtout dans ce paragraphe... Le fait que les femmes racisées subissent doublement l'oppression du slut shaming : parce que l'idéal de beauté qu'on nous sur-vend est blanc. Et que dans une société blantriaracale, un élément de nudité et/ou sensualité sera toujours critiqué beaucoup plus vivement s'il vient d'une personne racisée que s'il vient d'une personne blanche.

Les exemples sont nombreux à ce sujets mais parmi les plus marquants dernièrement, on peut repenser à la réaction de Lou Doillon qui s'est attaquée au féminisme de Beyoncé et Nicki Minaj, suite à la sortie d'Anaconda, en disant grosso merdo (surtout merdo...) que ces femmes qui se mettaient à poil étaient "une catastrophe" en termes de féminisme... alors qu'elle même, a posé nue à maintes reprises sans qu'elle ne fasse visiblement le lien. Pas plus que les nombreux hommes et femmes, majoritairement blanc.he.s, qui ont pris part au "débat"...

Il y a aussi eu les critiques qu'a du essuyer Rihanna après le clip de "Work", je vous invite à lire le storify de @mrsxroots sur le sujet. Plus récemment, et pour rebondir sur le selfie "#KimKChallenge", on a vu Sharon Osbourne soutenir la star de la téléréalité en postant elle aussi un cliché dénudé à bandes noires sur Twitter... alors qu'elle avait slut shamé Nicki Minaj auparavant.

Deux poids, deux mesures : ceci n'est qu'un très bref aperçu de la sur-sexualisation, de l'exoticisation, des femmes noires, métisses, racisées. Coucou le féminisme blanc (white feminism, non intersectionnel), on te voit. Enfin je dis ça, mais je me suis pas dans le déni non plus : il n'y a pas si longtemps, j'ignorais tout de cette problématique et de ses conséquences (ainsi que de mes privilèges de blanche) moi aussi, et je suis encore loin d'être l'alliée "idéale" mais je lis, je me renseigne, j'écoute, j'apprends, je relaye. D'ailleurs, c'est suivre le Collectif MWASI, afro-féministe, qui a grandement contribué à ma déconstruction sur ce point, après en avoir croisé les membres à la manif non-institutionnelle du 8 mars 2015, mais elle est loin d'être terminée, j'en ai conscience.

Ça me fait d'ailleurs repenser à la sensation de malaise que j'ai en comparant les actrices.eurs et body positive en France par rapport à celleux présents aux US et de nombreux pays anglophones... Ici, c'est très axé femmes minces "VS" (tssss tout à reprendre, la page FB de Ma Grande Taille est l'exemple parfait de la pauvreté intellectuelle de ce débat en France...) femmes non-minces, mais là-bas, c'est beaucoup plus diversifié et inclusif, comme mouvement. Car c'est beaucoup plus complexe que ça comme question. Les grosses/rondes n'ont pas le monopole du body shaming et les personnes racisées, personnes non-cisgenre, personnes "âgées", personnes en situation de handicap font partie intégrante du débat.

Sinon _ceci est un appel_ je serais ravie d'avoir des témoignages de personnes concernées pour que je consacre un article dédié au sujet. Et/ou même carrément faire un "guest blogging" sur le sujet sur le blog.

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Se battre contre le slut shaming, c'est une lutte body positive

Nan, y'a vraiment pas besoin de défendre l'allaitement eu public au détriment de Rihanna qui a choisi de porter une robe transparente pour un événement ou de Kim qui montre ses fesses (c'est à peu près aussi intelligent et aussi constructif de lutter contre la grossophobie en tapant sur les minces/maigres). Parce qu'il s'agit du même combat : celui de libérer les corps des femmes des injonctions qui les étouffent. Aussi bien en termes de critères esthétiques que de critères de "comportement" à avoir ou ne pas avoir (Ne vous a-t-on jamais dit de vous "comporter en dame" ? De ne porter qu'un type de fringue pour mettre en valeur votre silhouette de pomme/banane/kiwi ? De vous de vous "habiller de manière "plus féminine" pour ne pas ressembler à une camionneuse" ou de "vous respecter" en mettant des sapes plus couvrantes?).

La nudité "habilite" certaines femmes. La "modestie"/pudeur en "habilite" d'autres. Différentes choses "habilitent" différentes femmes et ce n'est pas à toi de juger ce qui est mieux pour elles #empowerment

Body shaming et slut shaming sont deux injonctions patriarcales ciblant les femmes (bien que le premier s'applique aussi parfois aux hommes) et leurs corps, ainsi que la manière dont elles en disposent, dont elles en jouissent. Et c'est pour ça que le mouvement body positive, combat féministe intersectionnel, est indissociable de la lutte contre le slut shaming. Nos corps, (très) gros, (très) minces, "naturels", ou "opérés", blancs, jaunes, noirs, petits, grands, valides, non-valides, celluliteux, musclés, lisses, mous, fermes, jeunes, âgés, avec ou sans cicatrices, tatoués, piercés ou "vierges" de toute modification, poilus, glabres, en bonne ou moins bonne santé... nous appartiennent à nous, et nous seul.e.s. Et faire le choix conscient de les montrer, ou de les cacher, est une décision qui nous est propre. Et il n'y en pas une qui soit plus "respectable" que l'autre. Point barre.


"Les selfies, le narcissisme, toussa, c'est un mauvais exemple"

Petite digression sur "la culture du selfie" et cie pour finir? Car à ce stade de la discussion, quand le désaccord demeure face à une personne, déconstruite ou non, l'ultime recours est souvent le suivant : "ouais, bon, okay, admettons m'enfin quand même, tu parles d'un exemple pour la jeunesse".

Et iel r'met dix balles dans la machine...

Ben déjà, je pense que les enfants et ados sont exposé.e.s à bien pire que cette malheureuse nudité qu'on rend responsable de toutes les catastrophes possibles et imaginables, dans un monde ou les réseaux sociaux sont plus réactifs pour censurer un tableau de Courbet ou un téton que la vidéo d'un assassinat sanglant, de commentaires oppressifs de type raciste, homophobe, transphobe et j'en passe, ou même bloquer quelqu'un qui te stalke/te menace. Faut redescendre deux minutes hein, personne n'est venu.e au monde habillé.e à ce que je sache. Ni la nudité, ni le sexe, ne sont pas "un danger". Et il faut aussi arrêter de mélanger les deux. D'ailleurs un corps nu n'est pas forcément sexuel, il faudrait finir par l'intégrer, un jour.

Si le corps féminin n'était pas si outrageusement sur-sexualité (je ris SI FORT quand un gugus dit que c'est le fait de se mettre à poil qui nous hyper-sexualise alors qu'on récupère justement ce que la société patriarcale qui l'avantage au quotidien nous vole... la poule, l'oeuf, toussa toussa) et que le sexe n'était pas aussi tabou/sacré et si la société ne poussait pas les femmes à toujours trouver leurs corps "imparfaits" pour qu'elles dépensent des sommes d'argent (d'une paye amputée vis-à-vis de son équivalent masculin, il faut le re-préciser), et d'énergie considérables pour les "arranger" (ceci n'est nullement critique envers celles qui le font, chacun.e sa stratégie de survie)  _et donc "se trouver un mec/prince charmant" bien sûr, hétéro-normativité patriarcale oblige_ on ne détesterait pas les femmes qui se sentent bien dans leur corps et qui le montrent. Qu'il soit ou non dans la norme. Qu'il soit naturel, ou "refait". Qu'il soit présenté de manière sensuelle, ou non.

J'aime l'outil de création de gifs de Giphy SI FORT... Ahem !

Les réseaux sociaux sont venus bouleverser l'ordre établi de notre société d'image qui promeut, vend, un modèle unique de beauté, extrêmement excluant. On peut tou.te.s exister, être vu.e.s, lu.e.s, entendu.e.s. On peut déconstruire son regard sur la société, apprendre à s'aimer et trouver sa voix. Aussi "futiles" ou engagés puissent être les sujets qu'on choisira d'aborder avec, elle parlera forcément à quelqu'un d'autre, car internet est aussi et surtout un lieu où nos différences aussi bien que nos similitudes peuvent nous rapprocher. On est devient visible, pertinent.e et "on existe", sur nos petits bouts de toile. On se réapproprie notre image. Et que cette dernière soit proche de l'esthétisme mainstream ou bien à l'extrême opposé, on a tou.te.s ce droit, ce pouvoir. Et c'est plutôt cool, non ? (je recommande le super article de Jack Parker à ce sujet )

Pourtant, nombreux sont celleux qui s’appuient sur de rares exemples de dérives (accidents mortels dignes d'un beau #DarwinAward, attroupement de gugus qui jouent avec un dauphin mort sur la plage ou perturbent la pondaison des tortues et quelques ados ayant développé l'obsession maladive du cliché parfait) certes graves mais isolées de la "selfie culture" pour la rejeter en bloc. Et taxer tous les "jeunes" (le selfie et les réseaux sociaux, c'est pour tout le monde, c'est pas Baddie Winkle qui dira le contraire^^) de "génération narcissique" au passage. Mouais, à la manif contre la #LoiTravail du 9 mars, par exemple, j'ai pas eu cette impression là moi, déso. J'ai vu une jeunesse engagée et solidaire dans la rue et "pas que sur Twitter". En quoi s'aimer un peu, ou même beaucoup, nous empêcherait de penser aux autres ? (checkez ce super post facebook, et ce super hashtag associé #ICanBeBoth _ "je peux être les deux"). D'ailleurs être un.e "anti-selfie" n'est pas un gage certifié d'altruisme, puisqu'on va par là^^

On est aussi libre de s'exposer à poil que de ne pas le faire, de suivre quelqu'un qui le fait ou bien de ne pas le faire.

Pour la classe dominante _mâle cisgenre blanche hétéro je re-précise_ il est pratique et rassurant de tirer cette conclusion simpliste. Pas besoin de s'interroger sur la signification profonde de cet engouement pour l'auto-portrait numérique, ni de reconnaître le soulagement dont elle est porteuse pour tant de gen.te.s invisibilisé.e.s, blessé.e.s par un environnement qui ne met en valeur qu'un modèle unique, très restrictif, des corps et de "la" beauté. Avec cette stratégie, pas besoin de reconnaître la toxicité de nos représentations collectives devant la déferlante #BodyPositive qui fait reculer chaque jour un peu plus le body shaming, et le slut-shaming. Mais vous ne trompez personne ;)

Internet, c'est ce qu'on en fait. C'est le lieu de naissance du mouvement body positive aussi bien que celui des trolls et du sexisme 2.0...
L'auto-kiff ça a du bon. Beaucoup de bon. Et même en publication ouverte sur tel ou tel réseau social, ça reste quelque chose de personnel sur lequel un jugement "de valeur" est totalement malvenu. Et puis si ça vous emmerde autant... ben y'a qu'à unfollow, ou bloquer les sources de votre offuscation. Et consacrer votre temps à des lectures qui vous satisfont, il en faut pour tout le monde sur le web et ce serait vraiment cool de cohabiter avec bienveillance et paix, au lieu de gaspiller votre énergie à insulter celleux qui ne vous semblent pas "dignes de vous". Des ""bons exemples"" (notion totalement subjective, cela va de soi^^), y'en à la pelle, avec les possibilités infinies des réseaux sociaux et mots dièse. Mais attention, il y a fort à parier qu'iels aussi, posteront elleux aussi des selfies, habillé.e.s ou non, une fois de temps en temps.

Nan, pas désolée pour un sou de défendre le selfie au même titre que la body positivity ;)

Et pour en revenir au sujet principal après cette digression afin de conclure, je vais tout simplement me répéter (après l'auto-kiff, l'auto-quote :3 ) :

Le body shaming* et slut shaming sont deux injonctions patriarcales ciblant les femmes et leurs corps, quels qu'ils soient, ainsi que la manière dont elles en disposent, dont elles en jouissent. Et c'est pour ça que le mouvement body positive, combat féministe intersectionnel, est indissociable de la lutte contre le slut shaming. Faire le choix conscient de les montrer, ou de les cacher, est une décision qui nous est propre. Et il n'y en pas une qui soit plus "respectable" que l'autre.


En toute modestie.

À très vite pour un article un peu moins épidermique, un peu plus body posi qu'anti-body shaming, je l'espère !


PS : *Puisque j'effectuais précisément un parallèle entre slut shaming, traitement machiste réservé aux femmes, et le body shaming, je n'ai pas insisté sur le fait que ce dernier n'épargnait en revanche pas les hommes. Du coup, je mets un lien vers ce post très touchant post de Monsieur Q sur le rapport qu'il a avec son corps, que j'adore, et qui me fait pleurer à chaque fois que je le relis. Et vous balance rapidement quelques noms de chouettes militants body posi à suivre : Matt Joseph Diaz, Bruce Sturgel, Kelvin Davis, Skylar KergilNick Vujicic ou encore Shaun Ross ;)