Je ne vous apprends rien en vous disant que ces dernières sont souvent centrées sur l'alimentation, le sport, la perte de poids, l'apparence, et que la grossophobie se cache à peine entre les lignes de ces sujets.
Et puisque la "morale" qui veut continuer de diaboliser toujours plus le gras s'appuie systématiquement sur le fameux Argument Santé™ (le point Godwin de toute discussion autour du poids et de la grossophobie), pour cacher sa gêne esthétique face au gras...
Cette pratique s'appelle le "concern trolling", autrement dit, prétendre être allié.e d'une cause pour mieux faire passer sa critique de cette dernière.
En ce 26 décembre 2017, j'enfile donc mes oreilles de lutin vénère pour vous poster quelques liens utiles pour faire un peu de désintox chez ces trolls zélé.e.s de la détox...
"Ouiiiiiiiii, mais être gros c'est forcément être en mauvaise santé"
Il existe de nombreuses contre-études quant à cette case du bingrossophobe, l'une de ses porte-paroles est Traci Mann, auteure du livre "Secrets From the Eating Lab: The Science of Weight Loss, the Myth of Willpower, and Why You Should Never Diet Again" (Secrets du laboratoire de la nourriture : la science de la perte de poids, le mythe de la volonté et pourquoi vous ne devriez plus jamais faire de régime), qui milite pour qu'on arrête de se focaliser sur le poids en matière de santé, et que l'on s'intéresse réellement à ce qui tue effectivement les gros.ses (la sédentarité/l'isolement, la précarité, l'accès compliqué aux soins médicaux).
(on adore _NON_ le visuel déshumanisant choisi par la BBC pour illustrer le sujet, uhhh...)
"L'Argument Santé™ est un fait rationnel et objectif dans le débat sur le surpoids et l'obésité"
Lors de son intervention à la journée "Grossophobie, Stop" à l'Hôtel de Ville de Paris le 15 décembre 2017, Jes Baker a évoqué plusieurs études qui démontent la corrélation "obligatoire" entre gras et mauvaise santé (elles sont citées dans les sources de son livre "Things No One Will Tell Fat Girls", qui, selon une source proche, aurait pour ). Elle a dit qu'elle en parlait régulièrement lors de ses interventions en milieu scolaire ou universitaire, et qu'on ne croyait ces propos que lorsqu'elle montrait que les scientifiques ayant conduit ces études étaient... minces. Alors pour l'objectivité de votre Argument Santé™, on repassera, hein, Jean-Mi !
D'ailleurs, il aussi est important de rappeler qu'aujourd'hui on parle de santé des gros.ses en matière d'Indice de Masse Corporelle, ce truc totalement imprécis et arbitraire, vous savez... La fat activiste Ali Thompson (Mean Fat Girl), de Ok2BeFat, a lancé une série de vidéos pour vous prouver à quel point le concept d'IMC est ban-cal :
"Nan mais arrête, on se soucie aussi bien de la santé des minces que des gros.ses hein, stop la victimisation !"
Dans son livre, "There Is No F*cking Secret: Letters From a Badass Bitch", Kelly Osbourne a parlé de son passé de grosse en ces termes : "En ce qui concerne les média, j'étais bien plus harcelée à cause de ma grosseur qu'à cause de mon addiction aux drogues et mes cures de rehab. Après tout, les gens beaux vont tout le temps en rehab, donc c'était presque acceptable. Alors qu'être grosse, non". Arrêtons deux secondes de faire comme si on mettait toutes les questions de santé publique au même niveau siouplé, vos "arguments" découlent simplement d'un système médical profondément grossophobe.
De plus, s'il est désormais prouvé que les médecins passent à côté du diagnostic de leurs patient.e.s gros.ses en leur prescrivant un régime quelle que soit la liste des symptômes, ils ont aussi naturellement tendance à considérer les minces comme "automatiquement en bonne santé"... Et manquer le coche là aussi, question qui a également été évoquée à l'event Grossophobie Stop, entre Daria Marx de Gras Politique, Gabrielle Deydier et Sylvie Benkemoun du GROS (Groupe de Réflexion sur l'Obésité et le Surpoids).
Quand Bevin Branlandingham, de Queer Fat Femme, dit que les minces entretient un système grossophobe qui les blesse elleux aussi... Il n'y a sans doute pas d'exemple plus parlant de cette affirmation.
"C'est pour ton bien"
Harceler les gros.ses jusqu'à ce qu'iels (re(re(re(re)))*)fassent un régime, puis se reprennent l'inévitable (à moins de rester au régime à vie, cimer le trouble du comportement alimentaire) effet yoyo dans les dents, jusqu'à ce qu'iels risquent leur vie sur une pétain de billard pour se faire mutiler un organe sain et reprendre du poids là aussi au bout de quelques années (à cause notamment du manque de suivi), tout en accentuant anxiété, dépression, pensées suicidaires chez les concerné.e.s... c'est clairement pas une approche "bonne" ou "saine". C'est juste une solution pour calmer l'irritation oculaire que provoque le gras chez toi, à court terme. Occupe-toi de tes petites fesses à toi chaton, veux-tu ?
*ben non scoop du siècle, on sait qu'on est gros.ses, t'es pas lae premier.e malin.e à me suggérer de maigrir pour résoudre tous mes problèmes d'un coup de baguette magique tu sais...
"Le sport c'est le truc le plus sain au monde de toute façon"
Primo, va dire ça aux genoux des joggeurs.euses, Marie-Églantine !
Secondo, les machines de sport si prisées par la culture du fitness nous viennent tout droit de l'univers carcéral, déso pas déso, mais ça peut juste être bon signe pour personne.
A l'origine des machines de salle de sport ? La prison. https://t.co/LNACcEHfxe pic.twitter.com/Vo7yDFGVcn— Tracks (@tracks_ARTE) 19 décembre 2017
Un peu facile comme réponse ?
Ben pas tellement plus que l'injonction au sport comme remède miracle, en fait : associer les gros.ses à la paresse est un stéréotype qui entretient leur isolement, les violence qu'iels endurent.
"Si je peux, tu peux !"
Tu vas te calmer tout de suite avec ton empowerment capitaliste à trois francs six sous, Macron.
Ni toi ni moi n'avons les mêmes privilèges, déjà, et surtout, nous ne sommes pas bâti.e.s pareil donc nous demander de performer exactement les mêmes choses est tout simplement absurde.
L'association américaine HAES (Health At Every Size), qui regroupe des soignant.e.s engagé.e.s à considérer lae patient.e comme un tout et non juste son poids ou son apparence pour lae soigner, a fait une vidéo très pertinente pour démontrer cette arnaque (c'est en anglais, mais on peut à la fois activer les sous-titres et la traduction dans la barre de réglages, si vous en avez besoin) :
Tu vas te calmer tout de suite avec ton empowerment capitaliste à trois francs six sous, Macron.
Ni toi ni moi n'avons les mêmes privilèges, déjà, et surtout, nous ne sommes pas bâti.e.s pareil donc nous demander de performer exactement les mêmes choses est tout simplement absurde.
L'association américaine HAES (Health At Every Size), qui regroupe des soignant.e.s engagé.e.s à considérer lae patient.e comme un tout et non juste son poids ou son apparence pour lae soigner, a fait une vidéo très pertinente pour démontrer cette arnaque (c'est en anglais, mais on peut à la fois activer les sous-titres et la traduction dans la barre de réglages, si vous en avez besoin) :
D'ailleurs, l'HAES n'est pas la seule asso à se pencher sur ces questions. En France, nous avons le GROS (Groupe de Réflexion sur l'Obésité et le Surpoids), qui rassemble des professionnel.le.s de santé qui proposent une vision critique de la culture de la minceur dans son ensemble, et une approche non biaisée des soins pour les gros.ses.
"Si la grossophobie était une vraie oppression, jusque chez le médecin, il y aurait des associations, on en parlerait..."
Mais tu as tout à fait raison, t'en parler est justement ce que je suis en train de faire. Je t'invite à donc faire un tour chez Gras Politique ou encore Allegro Fortissimo, et te renseigner sur la campagne "Grossophobie, stop" de la Marie de Paris.
Dévoilement de la campagne de @Paris pour dire stop à l’impunité envers les insultes, violences et discriminations grossophobes. Une campagne pour donner à voir la diversité des corps, retrouver la fierté, la dignité et l’acceptation de soi #grossophobiestop #stopfatphobia pic.twitter.com/piPehajN60— Hélène Bidard (@Helenebidard) 15 décembre 2017
Un peu de lecture... EN SILENCE, avant de reprendre la parole sur le sujet (en levant la main !).
***
J'ai volontairement été un peu plus concise qu'à mon habitude (j'ai mis un max de liens !), chépa vous, mais perso, chuis épuisée. J'écrirai à nouveau sur cette thématique plus tard, plus posément. Mais quoi qu'il en soit les ressources sont là pour qui veut bien les lire dans l'idée d'apprendre et vous ne "devez" de pédagogie à personne. Les faits sont là pour qui veut bien prendre le temps de chercher un peu, d'écouter, et si votre interlocteur.rice grossphobe ne veut rien entendre, vous n'avez pas pour mission sacrée de lae convaincre (c'est là que vous pouvez prendre le relais, cher.e.s allié.e.s minces ;) ) : la priorité est de vous préserver VOUS.
Et pour finir, je vais enfoncer une porte ouverte, mais comme ça fait vachement moins mal aux épaules qu'un mur comme ceux qui se dressent souvent face à nous, j'me dis que ça fait pas de mal : en bonne santé ou pas, les gros.ses ne sont pas des sous-êtres humains. Nous sommes tout aussi légitimes que les minces, quel que soit la teneur de leur bilan médical, pour prétendre au respect, à la considération, à la représentation, à une vie tranquille loin des injonctions non-sollicitées et du harcèlement normatif, au bonheur.
Puisse l'année-2018-année-de-la-cellulite (je crois bien que c'est une trouvaille de Gras Politique^^), qui arrive sonner le glas de la grossophobie !
superbe blog!
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