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mercredi 16 novembre 2016

Une semaine sur @FatPeopleInside : le débrief

Titre alternatif de l'article : MILLE ANS PLUS TARD.
Parce que cette semaine de prise de parole sur FPI, c'était quand même en juillet^^



Mais je tenais à vous faire un récap malgré tout car je me dis que certain.e.s ne connaissent pas ce compte Twitter communautaire (ou sont passé.e.s à côté), où chaque semaine un.e nouvel.le intervenant.e., gros.se, prend la parole pour parler de son expérience de vie, de grossophobie, de fat activisme, de body positivity... Certain.e.s n'ont peut-être même pas Twitter (ce qui ne vous empêchera pas de lire, en déroulant les posts vers le bas), et je pense aussi à elleux car ce réseau social m'a LONGTEMPS angoissée et j'ai résisté pendant des années avant de m'y mettre. L'expérience m'a prouvé que j'avais effectivement raison de tenir mes distances, car ça peut vite devenir agressif, ou difficile à gérer rapport à la quantité et la vitesse des réponses et sollicitations, mais qu'on y trouve aussi de formidables ressources de savoir, d'entraide, de partages militants et même parfois, des ami.e.s :)

Bref, comme j'alterne mes propos fat positive/body positive aussi bien sur le blog que sur Facebook, Instagram et Twitter, et que je ne peux pas forcément tout poster partout pareil... je me suis dit que je pouvais au moins faire l'effort pour toute cette semaine sur @FatPeopleInside.

Je vous reposte tout dans l'ordre chronologique, à commencer par "le programme des réjouissances".



Vous avez juste à cliquer sur les captures d'écran pour avoir accès au post en entier pour la suite. Enjoy ;)

Lundi :



Mardi :

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Mercredi :

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Jeudi :



Samedi (décalage du planning pour des raisons pas cool évidentes au vu des dates...) :

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Dimanche : 



Un petit résumé (avec tous les liens d'un coup) de la semaine...




Et un mini thread de fin pour lister, en vrac, quelques uns de mes oublis, trucs que j'aurais voulu dire...



Voilà, j'espère que ça vous aura plu. J'en profite pour redire merci à Nolivé, alias @AFNoli, qui a créé, et qui gère, ce super espace de parole contre la grossophobie, pour cette expérience épuisante mais très enrichissante :)

Et si le principe vous a plu, je partage avec vous d'autres comptes qui fonctionnent sur ce principe d'un.e invité.e par semaine sur un thème commun :

-  @MOGAI_Everyday (en pause à l'instant T), pour les expériences de vies des personnes LGBTIAQP+.
- @LifeOfAFoC, pour donner la parole aux féministes racisées, qui parlent de ce que c'est de subir le racisme et le sexisme à la fois.
@quotdienmaladif, pour donner de la visibilité aux personnes malades mentales et dénoncer la psychophobie.
- @afros_mums, pour que les mamans racisé.e.s échangent leurs expériences de vie et d'éducation.

Si vous en connaissez d'autres, je suis preneuse ;)

Je vous dis à très vite pour un retour à de vrais articles de blog^^







dimanche 15 mai 2016

Pour en finir avec le "corps de plage" #BeachBodyReady

Un post rapide (pour de vrai) sur le blog histoire de vous annoncer avec une joie infinie qu'un loooong article tapé de mes dodus petits doigts, pour démonter le concept de "corps de plage" en 10 conseils body positive, vient de paraître dans le tout dernier Plump Magazine !


Je ne vais pas spoiler complètement le contenu de celui-ci en ces lieux, car non seulement ce serait contre-productif mais en plus, cela vous priverait de feuilleter cette chouette édition body posi avec, entre autres, Lily Hook qui a pris en photo Marine aka @MetauxLourds et Fanny alias @ThisIsKiyemis... Ce serait vraiment dommage.


Mais je voulais quand même le temps de faire un laïus pour redire à quel point il est important d'en finir avec le mythe du "corps parfait" (mince, blanc, valide, cisgenre, jeune toussa toussa), qui empoisonne nos existences pour mieux servir des industries qui se nourrissent de notre mal-être: la mode et les cosmétiques (je parle bien de l'industrie et non du rapport perso et fun qu'on peut avoir avec les fringues et le make-up, évidemment !).

Et pour ce faire, il faut commencer par réfuter tout le bullshit "pré-maillot de bain" qu'on nous sert chaque printemps (et encore, on commence déjà à en parler après les fêtes de fin d'année, vu qu'on eu l'outrecuidance de se faire plaisir à table !) car c'est l'incarnation la plus pure de cette course à la "beauté" pour correspondre au modèle unique de désirabilité, 100% hétéro-normée et sexiste de surcroît, qui nous fait nous sentir pas assez mince, pas assez tonique... et "dégueulasse", tout simplement.

Oui oui, on dit à des enfants de 8 ans de choisir un maillot pour leur morphologie, le bourrage de crâne d'injonctions au corps commence très tôt... Le désapprendre prend du temps mais c'est essentiel ! Qu'est-ce qu'on attend pour brûler ces magazines féminins mainstreaù toxiques ?!
Pour avoir un "corps de plage", il faut juste enfiler un maillot et aller à la plage. Ou à la piscine, whatever, là où vous avez envie d'aller. Le reste : du pipi de chat. Certes, il y a le poids de tous ces complexes dont on nous a gavé.e.s depuis l'enfance, et la crainte du regard de celleux qui croient au mirage "castings excluants & photoshop"...


Mais la vie est trop courte pour se priver d'un bain de soleil (avec protection solaire à réappliquer toutes les deux heures hein, 'tention, les UV c'est le mal^^), d'eau salée, chlorée ou douce ! Ou de mettre un short, un crop top, une jupe. Il est réellement difficile de surmonter ces craintes, ces normes si profondément ancrées en nous, mais c'est aussi nécessaire que possible... et le jeu en vaut la chandelle.

La Youtubeuse américaine body positive/fat positive et féministe Meghan Tonjes a un message pour toi : la vie est trop courte pour l'inconfort. Fais péter c'que t'aimes porter !
Cette année, au lieu de vous lancer dans un énième "défi minceur/tonicité" ou que sais-je, pour perfectionner ce corps que la société rejette, acceptez de donner une chance à votre enveloppe corporelle telle qu'elle est. Là. Maintenant. Tout de suite.

J'espère sincèrement que mes quelques conseils d'introduction pas à pas à la body positivity, pages 28-31 de Plump Mag, pourront vous aider dans cette voie. Je vous souhaite un doux, bienveillant et joyeux été 2016... et de même pour toutes les saisons qui suivront, aussi 



Je sais que "c'est plus facile à dire qu'à faire", j'ai donné, pendant des années, avant de passer de la théorie à la pratique de la body acceptance. Mais voilà déjà deux ans que j'ai vaincu le complexe du "corps de plage" et ça m'a aidée à avancer quelle que soit ma tenue et la météo. Je fais désormais prendre l'air à mes bourrelets, mon bas de maillot serré et haut qui baille, ma cellulite, mes boutons, mes cicatrices d'auto-mutilation sans arrière pensée, et ça leur fait du bien.

Du coup, cette année, j'ai aussi décidé de faire profiter de cette liberté à mes aisselles  poilues, fraîchement teintes en violet, en guise de défi body posi (oui, l'auto-coup de pied au cul c'est ma philosophie pour avancer, ce qui m'a sortie de l'anorexie, même si cette "méthode" n'est pas pour tou.te.s..) Car tout comme mes tatouages m'ont aidée à me réapproprier mon corps, jouer avec les couleurs sur ces derniers comme je fais avec mes cheveux m'aide à les dompter, les aimer, en être fière.

N'hésitez pas vous aussi à vous amuser avec vous-même, c'est le premier pas vers un processus de paix avec votre reflet dans le miroir et d'une grande aide pour occire ses vieux démons cracheurs de body shaming ;)



Je vous souhaite une bonne lecture de Plump, et je vous embrasse !

PS : je peux pas m'empêcher de vous remettre ce lien, pour voir tout plein de merveilleux "corps de plage" qu'on ne vous montrera jamais dans les magazines ;)

mardi 10 mai 2016

Des gros fails de la mode grande taille

Il y a quelques semaines, j'avais dans l'idée de remplumer mon dressing en vue du changement de saison. Épreuve que je gère environ deux fois par ans, car en tant que grosse je sais que les essayages, ou déballages de colis, auront leur lot de mauvaises surprises. Cette fois-ci, j'ai décidé d'en parler, étant dans une dynamique body posi plutôt sympa sur mes réseaux sociaux ces derniers mois. J'ai donc posté deux photos de fails de "la mode grande taille" et autres enseignes auto-proclamées "fat friendly". Très vite, il y a eu beaucoup de réactions sur Instagram, Twitter et Facebook. En particulier de la part d'autres nanas "pas minces", qui s'étaient souvent trouvées dans les mêmes cas...



Au début, ça m'a rassurée : non, chuis pas "difforme" (je le sais déjà, mais chaque passage en cabine d'essayage me fait douter, soyons honnêtes). Mais ensuite, j'ai eu la rage, encore plus que d'habitude quand j'aborde ce sujet épineux. Si tant de monde peine à s'habiller correctement, que font celleux qui les fabriquent, ces foutues fringues, hein ? J'ai donc eu envie de pondre un article sur la question, qui pourrait faire office de lettre ouverte aux marques auto-proclamées ouvertes aux personnes "plus size". Et pour qu'elle soit bien coquette et grassouillette, j'ai fait un appel à témoignages. Et pinaise, j'en ai eu !

C'est parti pour le pavé, au sens propre comme au sens figuré.

"Mode grandes tailles" : comme un arrière-goût d'arnaque

Avant toute chose, je précise (même si j'y reviendrai ultérieurement), qu'on a tou.te.s, TOU.TE.S, des galères pour s'habiller correctement, quelle que soit la circonférence de notre boule, que cela soit parfois, ou que cela soit systématique. Mais le cas des gros.ses est particulier. Sauf qu'il est déjà si difficile de s'habiller dès qu'on dépasse le 42 (et encore, il faut voir la tronche de certains 40 en magasin... z'avez un sens de l'humour tordu quand même) dans les enseignes mainstream que faire face aux mêmes déceptions avec des pièces annoncées comme spécialement conçues pour nos gros culs... c'est la double peine.




C'est si frustrant, si décevant, qu'on ne sait même plus contre qui on doit se fâcher parfois. Contre son corps impossible à habiller, ou contre tous ces contrats non-remplis par celleux qui prétendent habiller "les rondes", comme iels aiment tant les appeler ? Il faut croire que leur timidité à employer le mot "gros.se" n'est pas plus vendeur que de fabriquer aux personnes qu'il désigne des vêtements bien coupés. Et je ne parle même pas des choix de modèles très limité, du moins en France (il y a des petites, ou moins petites, marques très chouettes côté UK et US  comme par exemple Lindy Bop, Dear Curves, Rue 107, Smart Glamour, ModCloth, Ready To Stare, Chubby Cartweels...), pour habiller ces corps qui mettent la société dans l'embarras : du noir, du long, peu d'imprimés, du "classique". Et ce, toujours avec la fonction première de nous amincir. Ou devrait-on plutôt dire, de nous invisibiliser encore davantage.

Vous trouvez mes propos exagérés ? Regardez plutôt la TRISTESSE, pour ne pas dire franche ringardise, de la majorité des pièces proposée par des "spécialistes" comme Ulla Popken, 46 et +, Oliver Jung, Famaiks, Dorothy Perkins ou encore Violeta by Mango !

#lennui

Oui, okay, y'a deux ou trois basiques sympas et utiles, et parfois une pièce qui sort du lot, j'dis pas. Mais globalement ça reste du classique ultra-sage, ou des trucs amples ni faits ni à faire pour cacher le plus de gras possible. En somme, un éternel catalogue des 3 Suisses, porté par des mannequins taille petit 44 sur un 1,80m avec poitrine généreuse, ventre plat, visage et bras fins, jambes élancées. Et vous osez parler de diversité, choix ? C'est pas parce qu'on est gros.ses qu'on est des dindes non plus hein.

On peut taper sur Cristina Cordula et son obsession des collants opaques pour les rondes, et autres absurdités grossophobes tant qu'on veut, mais faut voir ce qu'on propose en magasin pour les grandes tailles aussi ! Difficile de dire qui a commencé les hostilités contre les corps gros, à ce compte là... Quant aux marques et boutiques qui proposent des choses un peu plus trendy (mais surtout, sans excentricité ni piquant hein, faut pas déconner, sois grosse et fonds toi dans l'tas !) comme Castaluna, Balsamik (je vous en veux toujours autant pour votre pub moisie, sachez-le), Kiabi, C&A ou Asos Curves... reste l'universel problème de coupe.



"Pour créer un habit grande taille, il ne suffit pas de rajouter quelques centimètres aux extrémités du patron du futur habit"

Je ne saurais mieux formuler les choses que mon amie Nina, qui en parlait déjà ici, sur son blog, et qui avait si bien illustré la chose à l'aide de dessins, donc je reprends sa phrase, qui résume bien le problème des fringues dites "plus size".

Ayant reçu une grande grande grande quantité de témoignages, il me semble compliqué de tous les publier ici, surtout que beaucoup se recoupent (j'en poste quelques extraits ensuite). J'en ai donc fait une petite synthèse, pour essayer de survoler l'ensemble de manière _à peu près_ ordonnée.

Pantalons/jeans/shorts

Le problème qui revient souvent pour les pantalons "plus size", c'est qu'aussi "taille haute" ils soient étiquetés, ils peinent à dépasser le stade du nombril, et pour celles qui ont un creux entre les hanches et le haut des cuisses, ça signifie qu'un futal stretch finira calé là, faisant un beau "muffin top".

Et c'est sans mentionner que tous ces volumes que les fabricants n'ont pas prévus en concevant ces vêtements, ils doivent bien se caler quelque part : donc on se retrouve avec des plis disgracieux au niveau de l'entrejambe (pour le short, ça veut dire qu'une jambe sur deux  remonte vers l'intérieur des cuisses lorsqu'on marque, c'est aussi confortable que "joli" !)... Et donc un tombé "feu de plancher". On a aussi le souci inverse : non, toutes les grosses ne sont pas grandes, avec des jambes interminables. Certes, on peut retoucher la longueur, mais ça bousille souvent la coupe ensuite. Sans parler de l'investissement de temps et d'argent dans cette procédure.

Vient ensuite la problématique du rapport taille/cuisses : quand on arrive à passer le jean sur ses cuissots, il y a 15/20cm de trop au niveau de la taille pour celles qui ont la taille marquée. Inversement, celles qui ont du ventre avec des jambes fines se retrouvent avec un baggy qui leur coupe le bidou. Et non, la ceinture n'arrange que très rarement la situation : cela créé des plis et des volumes supplémentaires, qu'on est obligées de masquer avec un tee-shirt long et ample ou une tunique, adieu crop tops...

Petite parenthèse sur la résistance du textile au niveau de l'entrejambe. Quand on n'a pas de "thigh gap", les cuisses se touchent. Donc quand on marche, ça frotte. Et on se retrouve très vite avec des trous dans cette zone, en particulier lorsqu'on a de fortes cuisses. C'est pas l'tout d'habiller un corps immobile, il faut aussi le penser en mouvement.

Enfin, mettez-vous d'accord sur les tailles. Car on est très souvent obligées de prendre deux à trois tailles supplémentaires pour pouvoir fermer son fute. Même pour celleux qui ont fait la paix avec l'idée d'être gros.se, c'est une plaie.



Jupes

Quand on arrive à trouver une jupe qui ne soit pas forcément en dessous du genou (certes, c'est la mode des jupes midi mais on a aussi envie de porter plus court parfois, merci bien), on se retrouve souvent avec une longueur idéale devant... et la culotte à l'air derrière. Oui, un cul, ça prend de la place, la plupart du temps, surtout lorsqu'il est gros, il serait temps de penser vos fringues en 3D les gars !

Quant à certains modèles près du corps... il serait bien utile de les coudre de telle manière à ce que la doublure, ou l'ensemble, ne remonte pas dès que l'on met un pied devant l'autre. Si on voulait une micro-jupe, on l'achèterait telle quelle. Nous ne sommes pas des statues de cire : nous nous déplaçons, et les vêtements doivent suivre.

Robes/Tops

Pour les robes, le problème des volumes non pris en compte par celleux qui prétendent habiller les "beautés colossales" est doublé. Entre la poitrine et le cul (et aussi le ventre, parfois) : toute la longueur disparaît. On se retrouve donc avec des tuniques que l'on doit porter avec un short... Quand elles sont à la bonne longueur, il arrive souvent que le bas soit trop petit, le haut trop grand, et que l'on se retrouve avec un gros pli vide au milieu, au niveau du ventre.


Que l'on parle d'une robe, d'un tee-shirt ou d'une chemise, les grosses aux bras épais ont bien du mal à frayer leur chemin au niveau des manches, ou de ne pas avoir la circulation coupée par ces dernières. Ne faites pas forcément des manches chauve-souris non plus mais anticipez quand même que les grosses ne sont pas toutes à l'image léchée de la plupart des mannequins "plus size" qui le sont à peine.

Vient ensuite le souci des seins. Toujours dans un souci de volume, prévoyez de la marge, ou un tissus un minimum élastique, pour qu'une taille empire ne vienne pas nous couper les tétons, ou qu'une taille "à la taille" ne nous arrive pas juste en dessous des seins... comme une taille empire, justement. Bref, pensez à faire de la place pour nos nichons. Gros ou moins gros, les plaquer c'est ni joli, ni conforable. Pis gaffe à la profondeur du décolleté, aussi, siouplait. Mis à part ces inconvénients, quand le reste de la robe tombe bien, c'est surtout un gâchis (et une frustration) sans nom !

Sous-vêtements

Cher.e.s fabricant.e.s de culottes : rajouter du tissus en longueur, c'est pas le secret d'une grande taille qui arrivera à couvrir un gros boule en entier. Y'a des courbes à prendre en compte, merci de faire une ou deux coutures de plus pour y remédier parce qu'on en a marre d'avoir la raie à l'air. Quant aux culottes taille haute, on peut à la rigueur se résigner aux modèles "mémérisants", mais ayez au moins la décence de coudre l'élastique avec du fil un tant soi peu résistant, car les trous au bout de quelques semaines, c'est vraiment pas cool.

et en plus c'est pas confortable !

Pour les rares marques dépassant la taille 4 en matière de collants, la copie est à revoir aussi. Prévoir de la place pour les cuisses, c'est bien, mais traficoter une taille haute sans laisser de place au bidou et au bouli, ça te donne soit un machin trop long devant/trop court derrière, qui glisse, soit une taille qui roulotte jusqu'à aller se caler sous tes hanches... (quand ça ne finit pas sur tes genoux ou par terre). Quant aux bas et chaussettes hautes, même quand elles ne sont pas en "taille unique" (c'est à dire pas portable au delà du 38), leurs concepteurs.trices semblent avoir zappé qu'une cuisse dodue est souvent plus large que le mollet qu'elle surplombe. Donc bonjour bourrelets douloureux et roulottages foireux !

Gros chapitre pour finir : le soutif. Si on différencie bonnet et tour de dos, c'est pour une bonne raison. Parce qu'on peut être gros.se avec de petits nichons, ou mince avec de gros lolos. Pourtant, on se retrouve toujours à choisir entre la peste et le choléra, si j'ose dire : avoir un bonnet adapté mais le dos scié, ou un tour de dos confortable avec un bonnet à moitié vide. Variez vos propositions, nom d'un ienche !!! Et naturellement, voilà quelque chose de bien embêtant quand on se choisit un maillot de bain en deux pièces (ouais, on est grosses et on a autant le droit d'en porter que les minces !). Déjà qu'il est compliqué de se trouver un haut convenable, pour peu que la vente ne se fasse pas séparément, celles qui ne taillent pas pareil en haut et en bas sont marron !

Chaussures

Last but not least : les pompes.


Trop peu de marques pensent à proposer des modèles "pieds larges", ou l'on arrive à marcher sans avoir la circulation coupée, les doigts de pieds écrasés ou des ampoules à cause de lanières trop serrées. Parce que oui, parfois, nos pieds aussi sont grassouillets, et c'est pas à vous de décider de nous punir de notre non conformité en nous obligeant à marcher pieds nus. Quant aux bottes... Nous n'avons pas tou.te.s des mollets fins, ce serait bien de l'intégrer un jour. Parce que la bise venue, ben on se retrouve bien dépourvues. Et je reste polie.

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Perso, j'ai expérimenté environ 90% des choses sus-mentionnées au cours de ma vie, donc beaucoup très régulièrement. Et histoire que les marques aient du grain à moudre (oui oui chuis utopiste et optimiste, je me dis que certaines personnes concernées liront un jour ceci...), je poste aussi quelques extraits des commentaires et messages que j'ai reçus sur les ressentis et expériences qu'ont les gen.te.s qui portent leurs "produits". C'est bien beau de vouloir faire du fric, mais le "service rendu", où qu'il est ??! Chères marques "fat friendly" : vous bâclez votre taf !



Témoignages sur les failles de la mode "grande taille"

(comme j'avais parfois des noms, parfois des pseudos, j'ai préféré laisser ces témoignages anonymes, mais la majorité sont visibles, et encore plus complets, dans les liens que je posterai un peu plus bas)

"C'est suffisamment complexant de chercher un 46/48 mais quand en plus on doit taper dans du 50 voire 52 parce que la marque taille mal... Franchement démoralisant"

"Quand iels s'imaginent que parce que tu fais du 46 t'as forcément des jambes d'1,30 m. Mais si tu fais des bords à ton pantalon, ça bousille toute la coupe."

"Choisir entre respirer et porter un haut trop grand à cause de tes boobs"

"Entre les boutiques mémères qui vendent un pull a ma taille a 150 euros ou celles qui dépassent pas la taille 42, j essaye quasi plus a m habiller stylé. J'essaye de m'habiller tout court."

"Je fais du 48 au niveau des fesses, j'ai une taille très marquée, et je fais 1m74. Donc quand ça ne rentre pas en largeur, c'est trop petit en hauteur, ou trop évasé au niveau de la taille. Donc je trouve rarement ce que je veux, alors que j'adore acheter plein de fringues. Je suis obligée de me rabattre sur des Ebay chinois en taille XXXXL !!!"

"Je vais arrêter les pantalons je crois. Tout simplement. Comme beaucoup, je cherche des tailles hautes. Qui n'existent pas. Ou, quand elles existent, ah ah, vive la coupe mamie. Ou les jambes 40 fois trop longues. "

"Les modèles "plus size" vendent une image à mon sens encore plus déformée de ce qu'est une femme "ronde" que les modèles des lignes lambdas donnent du corps de la femme en général. Les mannequins sont certes jolies à regarder, bien lisses, incroyablement fermes, avec un ventre plat, mais elles me renvoient encore plus une sensation d'anormalité quant à mon corps et surtout un immersion sentiment d'hypocrisie de cette industrie. Personnellement, je ne trouve jamais de vêtements s'adaptant à mes fesses ou à ma poitrine qui ne fassent pas un effet difforme sur le reste de mon corps. Même si on en est plus aux lignes plus size à base de chemises longues et fluides à motifs fleurs exotiques, on est quand même loin de vêtements harmonieux et pas seulement inutilement larges..."

"Je ne peux mettre qu'un 46 à cause de mon ventre rond, mais j'ai des mollets minuscules, et ça fait des poches affreuses aux genoux. Et puis j'ai abandonné l'idée de mettre un jean à boutons depuis longtemps, j'ai littéralement déjà saigné à cause d'une fermeture éclair qui me serrait trop. Quand aux soutient-gorges, quand les bonnets sont à ma taille 105E, les bretelles baillent et ne soutiennent rien du tout !"

"Moi je trouverais jamais de jean qui ne me scie pas le bide/hanche et qui m'aille joli en même temps.. Soit ca va aux niveau des chevilles/mollets/genoux/cuisse mais les fesses et le ventre font la gueule, soit mon bidou est à l'aise mais c'est beaucoup trop large au niveau du reste."

"J'ai donc toujours 10cm de tissu en bas et que je dois faire raccourcir à chaque fois . Sans compter les fausses tailles hautes où il faut limite porter des bretelles pour ne pas que ça poche aux fesses. Je dois avouer quand même que ça fait du bien d'avoir enfin des tailles hautes dans les magasins après des années de tailles basses à la mode mais pas pour les femmes avec des fesses et des poignées d'amour"

"e fais une taille 52, j'ai vraiment un corps en forme de huit avec une poitrine et un fessier très développés et une taille très marquée. Il y a quelques années, je me suis lancée sur le site Balsamik en me disant que je pourrais trouver mon bonheur dans les pantalons .... grossière erreur ! Quand j'ai commencé à enfiler le jean slim que j'avais commandé EN TAILLE 52, impossible d'aller plus loin que mi cuisse ! J'ai fait essayé ce même jean à une de mes amies qui fait du 40-42 et Ô rage, il lui allait ! Il était large au niveau du ventre et des hanches (mon amie n'ayant pas les hanches très développées) mais les jambes lui allaient à la perfection. Dégoûtée je n'ai jamais osé envoyer une réclamation au site de peur de trop les insulter. Chaque femme a une morphologie différente mais les vêtements dits "curve" non aucune forme et ne conviennent à personne. C'est tellement difficile de s'habiller et de se sentir bien avec ce genre d'histoires qui arrivent trop fréquemment."

"Je fais du 48 mais ça passe toujours difficilement puisque mon ventre est trop gros pour tenir dans les tailles hautes, les robes et les tee-shirts. Du coup, j'ai renoncé aux robes, je porte des tee-shirts très vieux et distendus ou ceux achetés chez Celio (très jolis mais pas très variés) et mes tailles hautes glissent sous mon ventre. Complètement inutiles"

"Mon plus gros problèmes c'est de trouver de jolis collants et a ma taille car je suis grande et même si je prend ma taille (XL) et bien la plupart s'arrêtent aux cuisses."

"Je fais un bon 48. J'ai commandé un 48 un 52 et un 54 homme ... J'ai tout renvoyé et j'ai mit C&A au défi de mettre un 44 dans leurs pantalons"

"J'en peu plus des retours de paires de docs parce que leurs modèles nouveaux et bon marché sont trop étroits et ne me parlez pas des chaussures pour pieds larges qui sont en fait plus longues mais pas plus profondes. Bref, en faisant un 52/54 j'arrive à peu près à m'habiller parce que j'ai intégré que je ne ferai jamais les magasins avec mes copines mais que je connais mon corps et les habits qui lui vont et je peux être pas mal avec des fringues des internets MAIS PUTAIN LES CHAUSSURES !!! Je veux porter les jolies chaussures confortables et pas des sandales allemandes le reste de ma vie."

"La joie de la jupe avec une coupe identique du 34 au 54 et qui du coup offre une vue sur tes fesses car pas d'ampleur pour le cul cul bombé !"

"Faire un bonnet H avec une taille fine et un petit mètre 60 est loin d'être facile, alors qu'on a plutot l'impression que cette image est gravée dans codes de la "sexitude" ! Obligee de prendre 2 tailles au dessus pour des coupes jamais adaptée, qui donne des tissus tendus comme un string à la poitrine et le reste qui baille partout parce bien trop grand...et les chemises n'en parlons pas ! Et cest partout pareil ! Pour les soutifs aussi, ca comment à peine a se démocratiser mais impossible de trouver du 80E et + par exemple, avec un soutien inexistant (bien sûr 2 crochets derrière sont plus "discrets" 😒 mais ils ne servent à rien...)"

"Et la longueur des robes pour les nanas d'1m85 on en parle ? Je n'ose plus aller en shopping de peur de trouver des tuniques a la place de jolies robes qui pourraient mettre mes gambettes en valeur pfff"

"En commandant des robes sur un site en ligne hyper populaire, je suis restée bloquée dans le 46 et le 48 flottait joyeusement sur moi, tel un sac à patates. Les collants qui roulent sur le ventre et te font un pneu de vélo autour de la taille/du bas-ventre et qui entraîne ta culotte (qui ne couvre pas entièrement le boule non plus) avec, c'est malheureusement un classique, tout comme les robes ou tops écrase-poitrine mais larges au niveau du ventre. Je ne mets jamais de jeans et de pantalons, parce que je ne trouverai pas ceux qui iront bien avec ma morpho en O, donc je me rabats sur les robes et jupes quand c'est possible, mais c'est parfois franchement galère de trouver 1) un truc qui me plaît 2) à ma taille (ou à défaut, qui semble à ma taille) 3) à un prix abordable 4) qui finalement me va sans que je me dise "Attends, là ça serre, là ça baille, mais à défaut de mieux, je prends""

"On en parle de ces boutiques où à peine passé la porte on s'entend dire par une voix condescendante qu'on ne trouvera pas notre taille? Ou de cette même voix condescendante qui t'explique que pour leur marque le L correspond à un petit 40?"

"Je pensais avoir trouvé mon bonheur avec les mom jeans mais j'ai quand même du le retoucher à la taille et ensuite impossible de rentrer dedans! Le comble - je vais chez Levi's, car je me souviens qu'il y a quelques années ils avaient des coupes différentes en fonction de la morphologie (dans mon cas, hanches rondes et taille plus fine = bold curve)... Et le vendeur me dit "nan on les fait plus, maintenant on a un jean qui va à tout le monde!" ahah, lol. Ce monde de Bisounours.""

"Ce qui m'arrive souvent c'est de prendre des vêtements grande taille et me retrouver les bras coincés. Par exemple acheter une robe taille 46 ou 48 et me rendre compte que les bras ne passent pas ou sont trop étriqués dedans alors que c'est ma taille...... Eh oui, parce que quand on est grosse, on doit au moins avoir la décence d'avoir des bras et des cuisses fermes !"

"Vive les soutien-gorge soi disant DD. Ils mettent tellement de rembourrage et un tour de poitrine tellement serré que j'ai le saucisson autour de la bande, et les seins qui débordent à moitié. Avec le superbe effet coupé "j'ai des bourrelets aux nibards"."

"Oui, les grosses ont tendance à avoir des grosses cuisses, donc les cuisses qui se frottent.
Faire les coutures entre les cuisses avec du fil à peu près aussi solide que du fil de toile d'araignée, EVIDEMMENT QUE CA VA CRAQUER AU BOUT DE DEUX SEMAINES, BOUGRE DE BOULETS !"

"Quand je veux acheter des fringues + size mais que sur le site la modèle fait un 36 à tout casser."

"Ils n'ont pas encore compris que certaines femmes ont des grosses fesses et du coup que ça devrait être légèrement plus long derrière que devant ! Après je me retrouve avec les gens qui me disent "t'avais envie de montrer ta culotte"... Non juste mes jambes en fait, mais faut dire ça à ma robe mal taillée..."

"Le soutien-gorge grande taille ok mais qui ne propose que des grands bonnets (bah oui t'es grosse donc tu dois avoir forcément des gros seins)"

"Les culottes grande taille qui sont affreuses pour les gens qui ont du bide. Le ventre passe par dessus, on est saucissonnées dedans. Et les RARES marques qui sortent de vraies culottes qui sont confortables sont de tellement mauvaise qualité que j'ai des trous partout autour de l'élastique."

"Le tour de bras : à croire que les fabricants pensent que toutes les femmes font le même tour de bras qu'elle fasse un 38 ou un 50"

Vous pouvez retrouver la majorité de ces témoignages, plus longs, au milieu de bien d'autres encore ici, ici aussi, et encore là. Ainsi que par ici, par là et encore ici.

Quelques suggestions pour les marques voulant VRAIMENT habiller les gros.ses

Voilà, si des personnes dont le métier est de créer des fringues "plus size" me lisent, j'espère que vous avez pris la mesure de vos erreurs, de votre manque de considération et de respect pour votre "cible", pourtant difficile à louper tant elle est large. Parce qu'il y en a un peu marre de se demander sur quelle galaxie on pourrait bien s'exiler pour arriver à couvrir nos gros culs avec un minimum de swag, m'voyez ?

Quand je cherche une fringue "plus size" bien taillée et bien coupée.
Vous voulez faire mieux ? Je l'espère. Voici donc quelques conseils d'ordre général, mais attention, ça va piquer tellement c'est novateur (lol) : arrêtez la "taille unique", faites moins de modèles, sortez moins de collections (oui je sais, ça pique, c'est pas très croissance/consommation/capitaliste/toussa comme raisonnement, mais lisez quand même) MAIS proposez chaque pièce dans TOUTES les tailles. Parce que oui, figurez-vous qu'on peut être mince et avoir envie de sobriété ou de choses amples aussi bien qu'on peut être grosses et avoir envie de porter du court, du chatoyant. C'est pas à vous de juger ce qui est "flatteur" pour tel ou tel corps. Laissez-nous le choix, vous s'rez bien aimables.

Mais comme vous avez pu voir ci-dessus, la taille de confection n'est pas l'unique facteur à prendre en compte : les morphologies jouent aussi énormément. Donc variez vos propositions dans ce sens là (puisque vous proposez moins de modèles différents, vous avez le temps, la place et les sous pour les décliner par coupes) : faites des fringues étudiées, coupées et cousues pour les petit.e.s minces, les petit.e.s gros.ses, les grand.e.s sveltes, les grand.e.s et dodu.e.s, les minces aux gros boobs et vice-versa, les gros.se.s aux petits eins' et inversement (alors oui, Balsamik a fait un essai timoré de ce concept, mais peu concluant selon les retours que j'ai eus). N'oubliez pas d’étiqueter tout ça comme il faut et de faire appel à des mannequins aux physiques correspondants pour les présenter (et de faire essayer vos prototypes à des non-mannequins, histoire de voir si "ce qui dépasse" est bien pris en compte). Bref, efforcez vous de saper et représenter tout le monde convenablement _sortez moins de nouveautés toutes les deux semaines pour compenser_ sans stigmatiser tel ou tel physique. Cela fera moins de gâchis, plus d'heureu.ses.x et je suis assez sûre que ça n'amputera pas, au contraire, votre sacro-saint chiffre d'affaires.

Faites pas cette tête, du XXS au XXXXXL, c'est vraiment comme ça que fonctionnent de nombreuses boutiques en ligne (citées plus haut) qui ont une approche body positive de la chose ! Certes, à une échelle bien moindre que la grande distribution, mais c'est toujours infiniment mieux que les sweatshops. D'ailleurs, j'en profite pour dire à la "mode éthique" qu'elle me déçoit, car elle reproduit les mêmes travers élitistes et grossophobes que la "fast fashion" en ne proposant que des petites tailles, sur les mêmes mannequins blanc.he.s, minces, cisgenre, jeunes et valides... dans le but de n'habiller que celleux qui correspondent au "modèle unique" de beauté. On y r'vient, à ce problème, qui fait aussi que même les minces galèrent par moment à trouver des fringues bien coupées parfois : forcément, si on ne coud que pour une morphologie/taille, y'a un moment ça va coincer parce que gros.se ou mince, on est tou.te.s bâti.e.s différemment. Et 'faut pas être Einstein pour le comprendre.

Beaucoup seraient prêt.e.s à mettre plus cher pour une fabrication plus respectueuse et un résultat plus qualitatif, en consommant moins le reste du temps, mais pour des initiatives qui auront vraiment le courage de se mouiller jusqu'au bout. Parce qu'en attendant, c'est quand même chez Primark qu'on me conseille d'aller pour trouver un jean à ma taille et pas trop mal coupé, par exemple, et je sens que je vais plus résister longtemps. Malgré mon envie de consommer mieux, parce que j'ai quand même envie d'avoir les fesses couvertes en attendant que vous vous sortiez les doigts, figurez-vous. Et chuis loin d'être la seule. Enfin j'dis ça comme ça hein... Allez salut !




PS : Un grand, un gros, un énorme merci à tou.te.s pour vos témoignages et désolée d'avoir mis autant de temps à publier cet article !

PPS : J'finis sur une note body posi... Souvenez-vous que c'est aux vêtements de s'adapter à nous, et non l'inverse, même si on a réussi à nous le faire croire : c'est pas ton corps qui cloche, c'est la société d'image et de consommation. T'es parfait.e ! Change rien, sinon le monde.




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mercredi 30 décembre 2015

2015 année Body Positive !



Clairement, et pour des raisons que je ne détaillerai point ici tant elles peuvent être à la fois évidentes et personnelles, l'année 2015 n'a pas été simple. Ni ici, ni ailleurs. Il est difficile de dire si c'est comme d'habitude ou si c'est pire, et surtout, c'est pas le sujet... Et puisque c'est espace est aussi positive que body, je tenais à rendre hommage à 2015 pour les belles choses qu'elle a apporté, notamment à la visibilité des corps "hors normes". Parce que, selon les médias américains tout du moins, c'est l'année où je cite "le mouvement body positive est devenu mainstream". Même en grande enthousiaste que je suis, je n'irai pas jusque-là, caron a encore beaucoup de travail, mais la petite rétrospective (complètement-pas-dans-l'-ordre) que voilà prouve bel et bien qu'on a déjà beaucoup avancé ! Et qu'on a aussi compris que le mouvement body positive n'était pas que "pour les rond.e.s/gros.ses dans un monde de minces", mais que cette lutte avant tout féministe, et contre les discriminations en général, intersectionnelle, donc... 2015, année body positive, c'est parti :

- Tess Holiday, mannequin très très "plus size" a signé avec l'agence Milk Management, est devenue une star, une inspiration, a lancé le mouvement #EffYourBeautyStandards (fucks vos canons de beauté) et garde la tête haute malgré ses nombreux haters (merci à eux, finalement, de si bien illustrer la grossophobie et le body shaming contre lequel on se bat). Cerise sur le gâteau, elle est tatouée, piercée, badass et se revendique féministe. Une vraie bouffée d'air frais dans le paysage de la mode ;)




- Les vidéos "What's Underneath" de Stylelikeu, certes, elles ont vu le jour en 2014, mais se sont multipliées et ont largement circlé cette année. Déshabillant femmes, hommes et autres devant la caméra pour raconter leur histoire, et celle de leur style, en montrant avec grâce combien la beauté est multiple. Si vous ne connaissez pas encore, courrez-donc y découvrir Melanie GaydosAlok Vaid-Menon ou encore en savoir un peu plus sur Lea DeLarria... Et tellement d'autres personnes fascinantes !

- Le buzz autour de Roz the Diva, une sacré pointure du pole dance rejetée d'America's Got Talent car "trop grosse", après une performance à couper le souffle. Littéralement. Elle a répondu à ces attaques, et est devenue une souriante inspiration du mouvement body positive et de la lutte contre les discriminations "Je suis noire, je suis ronde et je suis une femme, c'est un triple malus dans le monde du fitness : je suis l'antéchrist. Il me manque juste le label "musulmane" pour pouvoir être haïe par absolument tout le monde". Et ce n'est pas ça qui l'arrêtera dans sa grâce et dans sa force :)




- 2015 est aussi l'année où le "Fat Yoga" est venu casser tous les clichés de représentations de cette discipline en fait très inclusive. Loin de l'image de la femme parfaite (mince, blanche, blonde)  seule à pouvoir réaliser des postures de yoga véhiculée par la société, quelques femmes "hors standards" sont venues bousculer ce cliché sur Instagram. Merci à @yulady, @nolatrees ou encore @mynameisjessamyn de diversifier l'image des yogis, et montrer le vrai visage de yoga, qui est vraiment pour tou.te.s (ceci est aussi un message personnel, c'est grâce à elles si je m'y suis enfin mise... et que je m'y éclate !). Merci aussi à des marques comme Lineagewear ou Fractal9 de leur, nous, permettre de faire ça en étant terriblement swaggy, de surcroît.




- Jes Baker, allias The Militant Baker, est l'une des icônes badass du mouvement body positive outre-Atlantique (et une inspiration personnelle, clairement). Après de nombreuses conférences body posi (dont un Ted Talk), elle vient de sortir un livre d'empowerment : "Things No One Will Tell Fat Girls" (ce que personne ne dira jamais aux femmes rondes/grosses). Et, à l'occasion de son lancement, elle a créé un super hashtag qui met la pêche : #FatGirlsCan.




- La sublime prestation du danseur Dexter Mayfield sur le catwalk du défilé Marco Marco... Les images parlent d'elles-mêmes !


 


- Laverne Cox, actrice (et militante !) transgenre star de la série Orange Is The New Black, dans un sublime nu en couverture d'Allure magazine... Et le succès de son hashtag #TransIsBeautiful sur les réseaux sociaux.




- Si les femmes sont les premières victimes des injonctions faites au corps, les hommes ne sont pas épargnés. S'il demeure plus acceptable d'avoir de l’embonpoint en tant que mec, ils sont tout aussi peu représentés (j'avais écrit ça à ce sujet sur Terrafemina) et cette année, l'enseigne américaine Target a fait appel à des mannequins hommes "plus size", dont Zachary Miko,  pour les visuels de son site internet. Entre ça et leur refus de genrer leurs rayons de jouets (qui a offusqué un paquet de bigots appelant au boycott, un peu comme U chez nous il y a littéralement quelques jours^^), on aimerait bien avoir cette enseigne chez nous ! (même s'il y a une stratégie de marketing là-dessous, ça fait quand même du bien et surtout... bouger les choses.)




- Il y a encore quelques mois, une vidéo body shameuse, grossophobe, aurait été un truc haineux de plus sur la toile. Mais la lutte contre les discriminations liées à l'apparence physique commence à s'ancrer dans les esprits, et les réactions à l'horrible vidéo de Nicole Arbour "Dear Fat People" (celles qui ne sombrent pas dans l'excès inverse, du moins), quasiment unanimes, ont fait du bien. Plus on dira NON, moins le body shaming sera accepté, acceptable. Ne lâchons rien ;)

- La collaboration entre Beth Ditto & Jean-Paul Gaultier (qui me rappelle de bons souvenirs de stage de fin d'études en 2010, quand je les ai tous les deux rencontrés pour le défilé XXS-XXL... *soupir*), qui est prometteuse !




- La "scandaleuse" scène de sexe de Gabourey Sidibe dans Empire. Je ne regarde pas la série, mais l'effet d'offuscation profonde qu'a eu la scène de cul de cette actrice (que j'adorais déjà dans American Horror Story, et pour ses réponses déjà cultes au fat shaming) sur le monde m'a clairement donné envie de m'y mettre. Oui, les gros.ses baisent aussi, quel choc^^




- Cette année, l'émission américaine de mode-couture "Project Runway" (14e édition !) a été remportée par Ashley Nell Tipton, créatrice déjà figure de proue de la communauté body positive. Sa voix, son talent, ont été récompensés "malgré" les apparentes difficultés de sa "différence" dans le milieu. Une succès story qui fait vraiment, vraiment, vraiment beaucoup de bien. In your face, Karl !




- Si vous n'avez pas encore découvert les délicieuses illustrations pleines de douceur et d'humour de Cécile Dormeau (cocorico !), aux héroïnes irrésistiblement grassouillettes , je vous invite à aller regarder son travail... Dont voici quelques extraits :D

  
 


- Les débuts vloguesques d'un adorable petit ovni en quête de réconciliation avec ses poils, et d'acceptation de soi : Sary Fairy. Tant de sagesse, de bienveillance et de douceur dans une seule personne... c'est un trésor à chérir.

- Fat shamé en photo sur internet, un homme reçoit une vague d'amour et de soutien assez incroyable... Les réseaux sociaux se plient en quatre pour retrouver "Dancing Man", et une fois contacté. Sean, originaire du Royaume-Uni est invité à une énorme soirée dansante en son honneur à Los Angeles, en présence de nombreuses stars. Certes, on ne peut pas déployer cette énergie et ces ressources pour tout le monde, mais cette preuve qu'il y a encore beaucoup de bon sur notre ronde planète, et ça fait chaud au cœur. Bientôt, on n'aura plus besoin de défendre ou de réconforter, on pourra juste se satisfaire de faire la fête ensemble :)




- Le succès _largement mérité_ de la modèle, militante body posi et créatrice de lingerie Ashley Graham suite au buzz post fashion week de New York.

- Les contrats de mannequinat signés par Madeline Stuart, jeune mannequin trisomique et tout l'amour qu'elle reçoit depuis du public. On en redemande :D




- Le fait qu'Andreja Pejic, mannequin transgenre, soit devenue égérie de la marque de maquillage Make Up For Ever !




- La campagne #LâcheMoiLaVille de Stop Harcèlement De Rue (ben voui hein, je vais pas me priver de faire un coup de pub à l'une des assos dont je fais partie heinggg) ;)




- Les illustrations aussi choupinounettes que badass "Glorifying Obesity" de Rachel Cateyes (pitié dites-moi que vous saisissez le sarcasme de ce nom^^) à mettre entre toutes les mains...


   



- Campagne "bikini" de Modcloth, qui a fait poser ses employées devant l'objectif pour promouvoir les beautés, sans la moindre once de compétitivité ou de body shaming...




- Lammily "la Barbie réaliste" a désormais ses règles, des boutons, des vergetures... Certains parents crient au scandale, pourtant, un peu de réalité (pour la dédramatiser, et sortir d'un monde trop lisse pour être vrai, même dans l'imagination), dans les jeux d'enfants, c'est le début d'un avenir plus sain dans sa relation avec son corps, les autres, la société.

- La témoignage de Megan Jayne sur sa bataille gagnée contre l'anorexie, qui redonne de l'espoir, et le sourire. Devenue une vraie combattante body posi sur la toile, il faut absolument que vous la suiviez ;)




- L'arrivée imminente d'une héroïne de BD ronde, Faith :)




- Le succès de l'émission de la militante Whitney Way Thore, "My Big Fat Fabulous Life", aux USA, et la création de sa ligne de vêtements "no body shame" (NO BS).




- Le buzz qu'on fait ces photos anciens combattants amputés sur la toile. Je ne suis pas forcément fan de leur coté ultra-sexy, ni de la qualité/du style des dits clichés, mais leur existence est une très belle chose. Au même titre que les photos de femmes ayant subi une mastectomie à présent autorisées sur FB ou Insta. Car tous les corps ont le droit d'être également représentés, on ne le répétera jamais assez, mais la body positivity, c'est ça ;)

- Lizzie Velasquez, la "femme la plus laide du monde", atteinte d'une maladie orpheline faisant qu'elle n'a pas le moindre milligramme de graisse sur le corps, devenue icône/conférencière contre le harcèlement a sorti un documentaire "A Brave Heart". Une inspiration à ne manquer sous aucun prétexte !




- La visibilité de Caitlyn Jenner (je vois toujours le verre à moitié plein, souvenez-vous). Bien que cette femme trans ait commis pas mal de boulettes, et semble avoir des opinions encore largement teintées de conservatisme dues à sa situation privilégiée, le caractère public de sa transition (bien qu'il soit loin de représenter toute la communauté trans, qui a rarement de tels moyens financiers à sa disposition...) et la popularité de la famille Kardashian permet de faire passer, malgré tout, un message de tolérance. Il n'est pas (encore) parfait, mais c'est déjà un bon début pour ouvrir les oreilles, les consciences, et bientôt, les cœurs.




- Après Misty Copeland dans le Lac des Cygnes, une seconde ballerine noire à l'assaut des ballets à la tradition disons le franchement "blantriarcale"... Michaela DePrince va rayonner dans Casse Noisette !




- La présence sur le podium de l'actrice trisomique  Jamie Brewer (que l'on voit notamment dans American Horror Story) à la fashion week de New York !!!




- Le quatrième volume de la série de documentaires "Sexing the transmen XXX" de Buck Angel, qui change à la fois les représentations classiques du porno, et donne fait entendre al voix des hommes trans non-opérés. Il a aussi parlé de santé (de gynécologie plus précisément) à ce sujet, et c'est vraiment chouette ;)




- La Couverture de l'athlète Amanda Bingson pour le numéro spécial corps du magazine ESPN. Parce qu'à l'heure où le mouvement body positive prend de l'ampleur, les "contre-arguments" prétendument médicaux sont à la mode. Pourtant, le sportifs.ves ne sont pas tou.te.s des statues grecques ! Victoire aussi, donc, pour la modèle "plus size" Erica Schenk en couveture de Women's Running !


  


- Les photos d'Harnaam Kaur, fière femme à barbe plus size activiste body posi, pour Rock'N'Bride ♥ ❤


 


- Le clip Unbreakable de Conchita Wurst. Pour ses images, pour les paroles de la chanson, pour ce que cette gagnante de l'Eurovision représente (j'écris cet article alors que je suis en vacances familiales en Russie d'ailleurs, LOL 'est peut-être pour ça que je galère à l'intégrer... alors je mets un gif^^)



- Le hashtag lancé par le mannequin Shaun Ross, qui a fait de son apparence atypique un atout majeur #InMySkinIWin (ce qui n'est pas sans nous rappeler une certaine Winnie Harlow :) ).





- La très épanouie danseuse canadienne Cassandra Naud et son témoignage sur cette tache de naissance au visage, qu'elle refuse de maquiller, photoshopper ou de se faire enlever :)




- La lente "dé-tabouisation" des règles, et ce, grâce à des copines talentueuses et passionnées comme Jack Parker et son nouveau site Passion Menstrues !




- Le succès de la mannequin Rebekah Marine, au bras bionique !




- Le surprenant dernier calendrier Pirelli, avec Serena Williams (aussi sublime en couverture de Sports Illustrated, d'ailleurs, même si sa tenue et sa pose ont fait débat en termes d'empowerment, mais ce n'est pas le sujet ici), Yao Chen, Patti Smith, Amy Schumer, Yoko Ono ou encore Tavi Gevinson. Entre coup de pub "pour se faire bien voir des féministes" (ces sorcières, bien sûr^^) et relents de male gaze, cela reste, malgré tout, une très bonne chose ! Parce que ça, c'est mainstream, et ce sont des représentations diverses dont on a besoin. Le jour où ce genre de choses ne sera plus "exceptionnel", ni "un évènement", là, on aura gagné.

- Le shooting d'Alok Vaid-Menon et Janani Balasubramanian (le duo artistique Darkmatter, qui joue sur les représentations du genre) pour Elle India.




- Le témoignage du militant Joseph Matt Diaz sur l'excès de peau qui lui reste de sa perte de poids, sa résolution à s'aimer ainsi, et le soutien de la communauté body positive... Magique, et encourageant !




- Une Hermione noire pour la suite des aventures d'Harry Potter sur les planches (bravo Noma Dumezweni)! (et la réaction, parfaite, de JK Rowling pour faire fermer leur claque-merde aux rageux-racistes)


 


Il en manque probablement beaucoup... mais je trouve que c'est déjà pas mal :D

Des femmes, des hommes, des personnes au genre fluide ou non binaires, des minces, des gros.ses, des personnes valides ou avec un handicap, des blanc.he.s, des noir.e.s... L'année 2015 a véritablement commencé à diversifier nos représentations de l'humain, et des beautés. Certaines initiatives, ou nouvelles, étaient parfaites, d'autres, perfectibles.

On peut aussi constater que dans cette liste _personnelle et non exhaustive_ il n'y a pas beaucoup de quoi crier "cocorico", comme j'ai dit plus haut, pour l'instant, on a du retard dans l'hexagone, et il serait grand temps de casser le mythe mondial de ces "femmes françaises qui ne grossissent pas" et cetera et cetera.  

Mais clairement, on avance, et c'est drôlement fucking chouette. Donc prenons un moment pour célébrer toutes ces petites victoires. Et dès demain, retournons militer pour lever le tabou sur les tétons féminins, pour plus de représentations des personnes racisées dans la mode, les médias et la culture, des choix de tailles du triple XS au triple XL dans nos magasins au lieu de sempiternelles distinctions, faire disparaître la honte autour de la pilosité, obtenir le changement d'état civil libre et gratuit sans procédés humiliants et autres mutilations pour les personnes trans... Parce que oui, toutes ces luttes autour du corps, de ses formes, de ses couleurs et de ses apparences sont liées, et prendre cela en compte dans notre manière de nous engager ne fera que rendre nos actions plus belles et surtout plus fortes. 

Donc voilà, merci pour tout ça, 2015. Du fond du coeur. Puisses-tu inspirer 2016 à faire encore mieux, sur ces questions là... et toutes les autres :) #utoptimisme