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mercredi 16 mars 2016

#slutshaming : une bonne tranche de body shaming avec supplément sexiste gratuit !



Ouaip, le slut shaming est vraiment quelque chose que j’exècre. Et vous savez quoi ? C'est intimement lié au body shaming et à la culture du viol. Avec double ration de sexisme en supplément. Bref, un menu assez gerbatif.

Dans ma tête, ce sont pas des paillettes. J'édulcolore pour essayer d'être moins indigeste...

Et entre ce que j'entends de certain.e.s membres de la blogo française ("c'est bien le mouvement body positive hein, mais y'en a qui s'exhibent trop quand même" #véridique) plus size et l'actualité autour du dernier selfie dénudé de Kim K... J'avais envie de faire un article dédié, pour expliquer en quoi ces deux concepts, ces deux injonctions, sont liés.

Slut quoi ?

Pour celleux qui ne connaîtraient point encore le terme, le slut shaming c'est, en gros, la stigmatisation des femmes dont la tenue et/ou l'attitude serait jugée "provocante". Rien que ce dernier mot entre guillemets montre à quel point ce concept fumeux est sexiste. On ne dirait pas ça d'un homme, n'est-ce pas ? Ces messieurs n'entendront jamais qu'ils "ne se respectent pas" parce qu'ils mettent un short ou montrent leurs tétons. Parce que leurs corps, contrairement aux nôtres, n'est pas sur-sexualisé, synonyme de tentation, de "pêcher". Dans notre société, les corps des femmes, quoi qu'elles en fassent, sont porteurs d'une lourde honte. Sauf pour vendre du yaourt ou des bagnoles bien sûr, quand ce ne sont pas elles qui se montrent ou se cachent en accord avec elles-mêmes.



Bref, grâce à ce merveilleux outil patriarcal qu'est le slut shaming, on peut traiter une femme de salope parce qu'elle porte une jupe jugée "trop courte" et qu'elle aime "s'habiller sexy", parce qu'elle poste des photos dévêtue, parce qu'elle a (eu) de nombreux amants, parce qu'elle est coquette... et c'est le même raisonnement qui amène 27% des français.e.s à dire qu'en gros, "ces femmes là", ben elles l'ont bien cherché si elles se font violer, en vrai, hein. [re-vomi] Parce que c'est pratique, quand même, de dé-responsabiliser les agresseurs et violeurs en préférant blâmer les victimes car "elles n'ont pas fait assez attention". À côté de ça, celles qui s'habillent "en sac à patates" aussi seront rabaissées et humiliées, faut pas rêver. Quelle que soit ta stratégie de survie dans ce milieu hostile, tu payeras le fait d'être une femme dans un monde d'homme à un moment ou un autre, d'une manière ou d'une autre.

"D'ici mes 14 ans, tous les garçons de ma classe m'auront déjà traitée de pute, de salope, de connasse et bien d'autre choses encore"

C'est connu voyons, la gent masculine "ne peut pas se contrôler", faut pas chercher ces messieurs sinon il va nous arriver des bricoles. Des simples insultes au viol, ou jusque dans la rubrique "faits divers", ou le féminicide sera qualifié de "crime passionnel". Si ce n'était pas si grave, j'aurais rajouté un "lol"...

Coucou la culture du viol, je te vois, et je t'emmerde.

Pourquoi le slut shaming et le body shaming sont-ils liés ?

Le problème avec le slut shaming, c'est qu'il se manifeste souvent sous forme de sexisme intériorisé. Comme si ce n'était pas assez difficile, douloureux, humiliant de se faire traîner dans la boue par "l'homme dominant", les femmes jouent aussi à ce triste jeu entre elles. Après tout, en nous mettant en compétition les unes avec les autres (être la plus belle, être bonne cuisinière/maîtresse de maison, être drôle/sportive/intelligente mais pas trop non plus pour ne pas faire peur au mâââle) dès la plus tendre enfance, je ne vois pas bien à quel autre résultat on aurait pu s'attendre sur ce point. Et j'aborde ce point #captainobvious parce que ces comportements... On les retrouve jusque dans la sphère militante, féministe et même body positive. Nan nan, je déconne pas. Pourtant, j'eus préféré.

Quand j'entends une ou des féministes descendre "les meufs qui s'exhibent".
Aussi engagées, impliquées, déconstruites soient certaines personnes que je croise dans la dite sphère, en ligne ou IRL, il y en aura toujours une pour taper sans discernement sur les selfies, la nudité (je comprendrais jamais ça... z'êtes pas nés habillés hein), la vulgarité (c'est subjectif, et souvent aussi classiste que sexiste... je suis moi-même en train d'essayer de désapprendre tout ça mais chuis pas là pour donner mon avis sur la famille^^), la chirurgie esthétique... Ça me rend chèvre. Et l'énième selfie dépoilé de dame Kardashian la semaine dernière a justement déclenché une vague de propos de la sorte. P!nk m'a d'ailleurs brisé le cœur en cette belle journée de lutte qu'a été le 8 mars, avec un post plein de jugement sur le sujet... et il fallait que je trouve le moyen d'aborder c't'affaire ici-même.

Comme j'ai beaucoup hésité à ma manière d'en parler, j'en ai parlé à une amie très engagée et on a eu une conversation passionnante. Et elle m'a confié que même si "en théorie", elle savait parfaitement que la nudité, ni même le fait de la montrer "au monde entier" n'était aucunement un mal. Mais que dans le cas de Kim K, elle avait quand même des restes de réticences à le ressentir, en plus de le penser avec sincérité. Parce que cette "socialite" agace. Parce qu'elle est omniprésente dans les médias. Parce "qu'elle ne fait rien de sa vie" (je dis pas qu'elle fait pas des trucs pas cool du tout hein, genre s'approprier les tresses cornrows... c'est vraiment craignos, mais c'est valable pour toutes ses sœurs, aussi) et qu'elle n'a que très rarement "un discours", contrairement à d'autres comme Nicki Minaj par exemple, pour "légitimer" ses choix. Il y a encore quelques années, je pensais ainsi aussi et il m'arrive encore de réprimer une vieille remontée acide de ce genre, bien malgré moi. Donc de là, on est inévitablement venues au jugement... du jugement de "valeur", de celui qu'on pouvait avoir parfois malgré nous.

Il faudrait donc justifier de "bonnes actions" pour pouvoir poster une photo comportant de la nudité sans se faire taper dessus ? Genre un laissez-passer, un permis de s'exhiber pour bonne conduite ? On marche sur la tête.

Je cherche encore la logique, dans ces (nos ?) réactions épidermiques.
Quelle que soit la personne qui décide de se prendre en photo, habillée ou à poil, et de la partager sur les réseaux sociaux : c'est SON choix, c'est SA liberté, c'est SON corps. Parce que le corps, les corps des femmes, n'ont rien de honteux (il est là, le body shaming sous-jacent de ces violentes réactions face à la nudité féminine). Et aujourd'hui, décider de montrer le sien _ qu'il soit "dans la norme" ou qu'il en soit très éloigné_ à la face du monde sur les internets, c'est se le réapproprier. Se le réapproprier face à une société patriarcale qui l'exploite allègrement pour son plaisir visuel, pour vendre tout un tas de choses, mais qui le trouve problématique lorsqu'il s'affirme tel quel, lorsqu'il s'aime lui-même.

Et sans vouloir trop sombrer dans une psychologie de comptoir... Si ma mère avait orchestré la vente de ma sextape, ben je pense que j'aurais sacrément besoin de me la réapproprier, ma carcasse.

Bref, il nous appartient d'apprécier, ou non, la démarche, c'est indéniable. Mais l'attaquer, la condamner, porter un jugement invalidant dessus, et ce avec autant de violence, c'est merdique.

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Edit du lendemain (merci Diane ♥) : J'ai abordé le sujet, assez brièvement je l'admets, sur d'autres articles sur le blog ou ailleurs mais je ne l'ai pas vraiment développé ici, alors qu'il a carrément sa place, surtout dans ce paragraphe... Le fait que les femmes racisées subissent doublement l'oppression du slut shaming : parce que l'idéal de beauté qu'on nous sur-vend est blanc. Et que dans une société blantriaracale, un élément de nudité et/ou sensualité sera toujours critiqué beaucoup plus vivement s'il vient d'une personne racisée que s'il vient d'une personne blanche.

Les exemples sont nombreux à ce sujets mais parmi les plus marquants dernièrement, on peut repenser à la réaction de Lou Doillon qui s'est attaquée au féminisme de Beyoncé et Nicki Minaj, suite à la sortie d'Anaconda, en disant grosso merdo (surtout merdo...) que ces femmes qui se mettaient à poil étaient "une catastrophe" en termes de féminisme... alors qu'elle même, a posé nue à maintes reprises sans qu'elle ne fasse visiblement le lien. Pas plus que les nombreux hommes et femmes, majoritairement blanc.he.s, qui ont pris part au "débat"...

Il y a aussi eu les critiques qu'a du essuyer Rihanna après le clip de "Work", je vous invite à lire le storify de @mrsxroots sur le sujet. Plus récemment, et pour rebondir sur le selfie "#KimKChallenge", on a vu Sharon Osbourne soutenir la star de la téléréalité en postant elle aussi un cliché dénudé à bandes noires sur Twitter... alors qu'elle avait slut shamé Nicki Minaj auparavant.

Deux poids, deux mesures : ceci n'est qu'un très bref aperçu de la sur-sexualisation, de l'exoticisation, des femmes noires, métisses, racisées. Coucou le féminisme blanc (white feminism, non intersectionnel), on te voit. Enfin je dis ça, mais je me suis pas dans le déni non plus : il n'y a pas si longtemps, j'ignorais tout de cette problématique et de ses conséquences (ainsi que de mes privilèges de blanche) moi aussi, et je suis encore loin d'être l'alliée "idéale" mais je lis, je me renseigne, j'écoute, j'apprends, je relaye. D'ailleurs, c'est suivre le Collectif MWASI, afro-féministe, qui a grandement contribué à ma déconstruction sur ce point, après en avoir croisé les membres à la manif non-institutionnelle du 8 mars 2015, mais elle est loin d'être terminée, j'en ai conscience.

Ça me fait d'ailleurs repenser à la sensation de malaise que j'ai en comparant les actrices.eurs et body positive en France par rapport à celleux présents aux US et de nombreux pays anglophones... Ici, c'est très axé femmes minces "VS" (tssss tout à reprendre, la page FB de Ma Grande Taille est l'exemple parfait de la pauvreté intellectuelle de ce débat en France...) femmes non-minces, mais là-bas, c'est beaucoup plus diversifié et inclusif, comme mouvement. Car c'est beaucoup plus complexe que ça comme question. Les grosses/rondes n'ont pas le monopole du body shaming et les personnes racisées, personnes non-cisgenre, personnes "âgées", personnes en situation de handicap font partie intégrante du débat.

Sinon _ceci est un appel_ je serais ravie d'avoir des témoignages de personnes concernées pour que je consacre un article dédié au sujet. Et/ou même carrément faire un "guest blogging" sur le sujet sur le blog.

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Se battre contre le slut shaming, c'est une lutte body positive

Nan, y'a vraiment pas besoin de défendre l'allaitement eu public au détriment de Rihanna qui a choisi de porter une robe transparente pour un événement ou de Kim qui montre ses fesses (c'est à peu près aussi intelligent et aussi constructif de lutter contre la grossophobie en tapant sur les minces/maigres). Parce qu'il s'agit du même combat : celui de libérer les corps des femmes des injonctions qui les étouffent. Aussi bien en termes de critères esthétiques que de critères de "comportement" à avoir ou ne pas avoir (Ne vous a-t-on jamais dit de vous "comporter en dame" ? De ne porter qu'un type de fringue pour mettre en valeur votre silhouette de pomme/banane/kiwi ? De vous de vous "habiller de manière "plus féminine" pour ne pas ressembler à une camionneuse" ou de "vous respecter" en mettant des sapes plus couvrantes?).

La nudité "habilite" certaines femmes. La "modestie"/pudeur en "habilite" d'autres. Différentes choses "habilitent" différentes femmes et ce n'est pas à toi de juger ce qui est mieux pour elles #empowerment

Body shaming et slut shaming sont deux injonctions patriarcales ciblant les femmes (bien que le premier s'applique aussi parfois aux hommes) et leurs corps, ainsi que la manière dont elles en disposent, dont elles en jouissent. Et c'est pour ça que le mouvement body positive, combat féministe intersectionnel, est indissociable de la lutte contre le slut shaming. Nos corps, (très) gros, (très) minces, "naturels", ou "opérés", blancs, jaunes, noirs, petits, grands, valides, non-valides, celluliteux, musclés, lisses, mous, fermes, jeunes, âgés, avec ou sans cicatrices, tatoués, piercés ou "vierges" de toute modification, poilus, glabres, en bonne ou moins bonne santé... nous appartiennent à nous, et nous seul.e.s. Et faire le choix conscient de les montrer, ou de les cacher, est une décision qui nous est propre. Et il n'y en pas une qui soit plus "respectable" que l'autre. Point barre.


"Les selfies, le narcissisme, toussa, c'est un mauvais exemple"

Petite digression sur "la culture du selfie" et cie pour finir? Car à ce stade de la discussion, quand le désaccord demeure face à une personne, déconstruite ou non, l'ultime recours est souvent le suivant : "ouais, bon, okay, admettons m'enfin quand même, tu parles d'un exemple pour la jeunesse".

Et iel r'met dix balles dans la machine...

Ben déjà, je pense que les enfants et ados sont exposé.e.s à bien pire que cette malheureuse nudité qu'on rend responsable de toutes les catastrophes possibles et imaginables, dans un monde ou les réseaux sociaux sont plus réactifs pour censurer un tableau de Courbet ou un téton que la vidéo d'un assassinat sanglant, de commentaires oppressifs de type raciste, homophobe, transphobe et j'en passe, ou même bloquer quelqu'un qui te stalke/te menace. Faut redescendre deux minutes hein, personne n'est venu.e au monde habillé.e à ce que je sache. Ni la nudité, ni le sexe, ne sont pas "un danger". Et il faut aussi arrêter de mélanger les deux. D'ailleurs un corps nu n'est pas forcément sexuel, il faudrait finir par l'intégrer, un jour.

Si le corps féminin n'était pas si outrageusement sur-sexualité (je ris SI FORT quand un gugus dit que c'est le fait de se mettre à poil qui nous hyper-sexualise alors qu'on récupère justement ce que la société patriarcale qui l'avantage au quotidien nous vole... la poule, l'oeuf, toussa toussa) et que le sexe n'était pas aussi tabou/sacré et si la société ne poussait pas les femmes à toujours trouver leurs corps "imparfaits" pour qu'elles dépensent des sommes d'argent (d'une paye amputée vis-à-vis de son équivalent masculin, il faut le re-préciser), et d'énergie considérables pour les "arranger" (ceci n'est nullement critique envers celles qui le font, chacun.e sa stratégie de survie)  _et donc "se trouver un mec/prince charmant" bien sûr, hétéro-normativité patriarcale oblige_ on ne détesterait pas les femmes qui se sentent bien dans leur corps et qui le montrent. Qu'il soit ou non dans la norme. Qu'il soit naturel, ou "refait". Qu'il soit présenté de manière sensuelle, ou non.

J'aime l'outil de création de gifs de Giphy SI FORT... Ahem !

Les réseaux sociaux sont venus bouleverser l'ordre établi de notre société d'image qui promeut, vend, un modèle unique de beauté, extrêmement excluant. On peut tou.te.s exister, être vu.e.s, lu.e.s, entendu.e.s. On peut déconstruire son regard sur la société, apprendre à s'aimer et trouver sa voix. Aussi "futiles" ou engagés puissent être les sujets qu'on choisira d'aborder avec, elle parlera forcément à quelqu'un d'autre, car internet est aussi et surtout un lieu où nos différences aussi bien que nos similitudes peuvent nous rapprocher. On est devient visible, pertinent.e et "on existe", sur nos petits bouts de toile. On se réapproprie notre image. Et que cette dernière soit proche de l'esthétisme mainstream ou bien à l'extrême opposé, on a tou.te.s ce droit, ce pouvoir. Et c'est plutôt cool, non ? (je recommande le super article de Jack Parker à ce sujet )

Pourtant, nombreux sont celleux qui s’appuient sur de rares exemples de dérives (accidents mortels dignes d'un beau #DarwinAward, attroupement de gugus qui jouent avec un dauphin mort sur la plage ou perturbent la pondaison des tortues et quelques ados ayant développé l'obsession maladive du cliché parfait) certes graves mais isolées de la "selfie culture" pour la rejeter en bloc. Et taxer tous les "jeunes" (le selfie et les réseaux sociaux, c'est pour tout le monde, c'est pas Baddie Winkle qui dira le contraire^^) de "génération narcissique" au passage. Mouais, à la manif contre la #LoiTravail du 9 mars, par exemple, j'ai pas eu cette impression là moi, déso. J'ai vu une jeunesse engagée et solidaire dans la rue et "pas que sur Twitter". En quoi s'aimer un peu, ou même beaucoup, nous empêcherait de penser aux autres ? (checkez ce super post facebook, et ce super hashtag associé #ICanBeBoth _ "je peux être les deux"). D'ailleurs être un.e "anti-selfie" n'est pas un gage certifié d'altruisme, puisqu'on va par là^^

On est aussi libre de s'exposer à poil que de ne pas le faire, de suivre quelqu'un qui le fait ou bien de ne pas le faire.

Pour la classe dominante _mâle cisgenre blanche hétéro je re-précise_ il est pratique et rassurant de tirer cette conclusion simpliste. Pas besoin de s'interroger sur la signification profonde de cet engouement pour l'auto-portrait numérique, ni de reconnaître le soulagement dont elle est porteuse pour tant de gen.te.s invisibilisé.e.s, blessé.e.s par un environnement qui ne met en valeur qu'un modèle unique, très restrictif, des corps et de "la" beauté. Avec cette stratégie, pas besoin de reconnaître la toxicité de nos représentations collectives devant la déferlante #BodyPositive qui fait reculer chaque jour un peu plus le body shaming, et le slut-shaming. Mais vous ne trompez personne ;)

Internet, c'est ce qu'on en fait. C'est le lieu de naissance du mouvement body positive aussi bien que celui des trolls et du sexisme 2.0...
L'auto-kiff ça a du bon. Beaucoup de bon. Et même en publication ouverte sur tel ou tel réseau social, ça reste quelque chose de personnel sur lequel un jugement "de valeur" est totalement malvenu. Et puis si ça vous emmerde autant... ben y'a qu'à unfollow, ou bloquer les sources de votre offuscation. Et consacrer votre temps à des lectures qui vous satisfont, il en faut pour tout le monde sur le web et ce serait vraiment cool de cohabiter avec bienveillance et paix, au lieu de gaspiller votre énergie à insulter celleux qui ne vous semblent pas "dignes de vous". Des ""bons exemples"" (notion totalement subjective, cela va de soi^^), y'en à la pelle, avec les possibilités infinies des réseaux sociaux et mots dièse. Mais attention, il y a fort à parier qu'iels aussi, posteront elleux aussi des selfies, habillé.e.s ou non, une fois de temps en temps.

Nan, pas désolée pour un sou de défendre le selfie au même titre que la body positivity ;)

Et pour en revenir au sujet principal après cette digression afin de conclure, je vais tout simplement me répéter (après l'auto-kiff, l'auto-quote :3 ) :

Le body shaming* et slut shaming sont deux injonctions patriarcales ciblant les femmes et leurs corps, quels qu'ils soient, ainsi que la manière dont elles en disposent, dont elles en jouissent. Et c'est pour ça que le mouvement body positive, combat féministe intersectionnel, est indissociable de la lutte contre le slut shaming. Faire le choix conscient de les montrer, ou de les cacher, est une décision qui nous est propre. Et il n'y en pas une qui soit plus "respectable" que l'autre.


En toute modestie.

À très vite pour un article un peu moins épidermique, un peu plus body posi qu'anti-body shaming, je l'espère !


PS : *Puisque j'effectuais précisément un parallèle entre slut shaming, traitement machiste réservé aux femmes, et le body shaming, je n'ai pas insisté sur le fait que ce dernier n'épargnait en revanche pas les hommes. Du coup, je mets un lien vers ce post très touchant post de Monsieur Q sur le rapport qu'il a avec son corps, que j'adore, et qui me fait pleurer à chaque fois que je le relis. Et vous balance rapidement quelques noms de chouettes militants body posi à suivre : Matt Joseph Diaz, Bruce Sturgel, Kelvin Davis, Skylar KergilNick Vujicic ou encore Shaun Ross ;)






dimanche 24 janvier 2016

Cette photo qui me mettait mal à l'aise (cul nu et #freethenipple inside)

Voilà plus de trois mois que j'ai fait une série de photo de nu, et que je ne l'ai pas partagée, bien que je l'adore. Tout ça, à cause d'une photo en particulier : celle-ci, juste en dessous.

Je l'ai tout d'abord trouvée belle, puis, j'ai vu, en bas à gauche, les bourrelets. 

C'est la première fois que je me voyais ainsi en image, puisque j'ai l'habitude des photos "flatteuses", où je pose "façon pinup" ou "statue de l'Antiquité" (lol #lamodestie). C'est à dire debout, et avec un accent particulier sur ma chute de reins, plutôt prononcée. 

Passé le choc de me découvrir sous cet angle, je l'ai trouvée moins jolie, j'ai même pensé à la supprimer. C'est là que ça a fait tilt (ouf !).

Non, je ne suis pas "moins belle" dessus.

Je suis réelle, telle que mon corps me dessine est dans certaines positions ou certains mouvements. Aussi réelle que dans des poses plus convenues. C'est bien la même enveloppe corporelle que celle que je trouve agréable à regarder sous d'autres coutures. Et si je suis si body positive que ça, je devrais pouvoir dépasser ce point de détail...


Ça m'a pris plusieurs mois, mais j'y suis arrivée (je ne dis pas que je n'ai pas l'impression que mon cœur va bondir hors de ma poitrine au moment où je finalise la publication de l'article). Et je me suis rendue compte qu'en fait, ça allait encore bien plus loin que mon rapport à mon corps tel que je n'ai pas l'habitude de le voir représenté.

J'ai beau être militante féministe et bodi posi jusqu'à la moelle, faire des photos mi-rigolotes mi-provoc sur Instagram de temps en temps et être pleinement convaincue que la poitrine féminine est bieeeeeeen trop sexualisée dans notre société et que c'est totalement infondé, puisque ces messieurs ne subissent pas l’opprobre lorsqu'ils dévoilent un téton... J'ai beau suivre le mouvement #FreeTheNipple depuis le début et avoir déjà posté quelques clichés avec ce hashtag (mais clairement, jamais aussi directs, ni sur un support de type "blog")... Ça reste un grand pas, une grande première. Un obstacle à franchir. 

Un roc, un cap, que dis-je un cap, une péninsule. Toussa.

Donc bien que, vis-à-vis de moi-même, je n'ai pas (plus) le moindre complexe avec ces photos, je ne peux pas faire taire complètement les petites voix qui me susurrent le doute à l'oreille. Le milieu professionnel, la famille, les trolls fat shamers... ou l'incommensurable fatigue de déjà m'imaginer répéter à tire-larigot que "Non, un nu n'est pas forcément 'sexuel'" (D'ailleurs, je ne vois pas ce qui poserait vraiment problème si ça l'était, sexuel, mais c'est un autre débat) pour avoir à me défendre sur un sujet qui n'a jamais été une "offense".

Je n'ai rien à me reprocher. RIEN. Ni ma grosseur, ni mes tatouages, ni mon maquillage prononcé, ni mes cheveux chimiques, ni ma nudité, ni même mon envie de rendre tout ça public. Car ce choix m'appartient, aussi bien que mon corps et mes convictions. 

Chuis droite dans mes bottes, dans mes convictions féministes, excentriques et body positive. Et je trouve que c'est quand même dingue de se sentir autant en posture "de justification" malgré tout, alors qu'en fait, tu fais absolument rien de mal ! Et c'est précisément pour ça que je veux poster cette série aujourd'hui. Pour emmerder le patriarcat, pour emmerder les pudibonds, pour emmerder les injonctions au corps et pour emmerder les restes de chaînes qui me retiennent encore un peu, parfois.

Donc voilà, FUCK THIS SHIT. On verra dans 10 ans si c'était une connerie, en attendant je suis libre, et je choisis d'exprimer cette liberté comme je l'entends. Et ce soir, c'est en me mettant à nu pour faire passer un message important : on a tou.te.s le droit d'être représenté.e.s, tou.te.s le droit de se montrer, avec notre vision de la beauté et du monde, tou.te.s le droit d'exister en paix, hors de la toxicité des stéréotypes.


D'ailleurs, voici le reste de la série, réalisée par Margaux Pastor, photographe, et militante féministe elle aussi 

 
(coucou les poils d'aisselle ;) )
 
(coucou les seins creusés quand je me penche :) )

Pour tous les selfies et photos pas que je trouvais disgracieux et que je me suis hâtée de faire disparaître pour ne garder que ceux qui me "mettaient en valeur" (vis-à-vis de la sacro-sainte norme aka le male gaze *vomit*), pour toutes ces fois où j'ai voulu m'effacer en détruisant ces images que je qualifiais moi-même de "dégueulasse" (ouais ouais, on en dit des trucs affreux à son reflet dans le miroir parfois, n'est-ce pas ?), pour toutes les fois ou j'ai tiré sur mes fringues afin d'atténuer un décolleté ou allonger une jupe pour les autres... j'ai voulu faire honneur à ces clichés, qui m'ont bousculée comme j'en avais bien besoin et qui pourtant ont bien failli subir le même traitement d'invisibilisation. Je me demande aussi pardon, en quelque sorte, en faisant ça, et c'est une sensation des plus apaisantes.

Bref, je crois avoir fait le tour de ce que je voulais dire. Je suis heureuse de faire ce post ce soir et j'espère que ce sera le début d'une longue série de collaborations (ouais, dès fois, je pose) et de photos que je pourrais partager, estampillées de messages body positive, doux et insolents. Je me sens à la fois à mon plus vulnérable, et à mon plus fort. Mais surtout, libérée (délivrééééée) d'un poids phénoménal, celui de n'avoir pas cédé au doute, à la peur.


Si je peux surmonter un passé d'anorexie, de haine de moi-même, une collection sans cesse croissante de remarques désobligeantes sur mon physique et ainsi que des relations familiales toxiques par rapport à mon corps, et malgré tout poster fièrement une photo de mes bourreletzététons sur internet, sans regrets... n'importe qui peut se réconcilier avec iel-même. Il faut juste accepter de se donner une chance. S'exposer ou non, ensuite ça relève d'un choix, mais il n'y en pas un qui soit plus valide que l'autre.

Je vous embrasse, et je file me sécher.
Bonne fin de dimanche, et courage pour demain matin ;)