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vendredi 22 décembre 2023

Lâchez-nous le gras : le guide de conduite pour les minces durant les fêtes de fin d’année



Bonjour à toustes ! Il est vrai que je me fais rare par ici — les quelques moments de concentration suffisante pour écrire, je les emploie à divers projets de livres depuis maintenant 4 ans... Mais j’ai quand même souvent tendance à revenir pour les festivités de fin d’année, afin de soutenir mes adelphes adipeuxes face aux micro-agressions et autres agressions grossophobes caractérisées que nous subissons particulièrement fort durant cette période.


J’ai donc, au fil des ans, écrit une petite collection de divers « 
guides de survie » pour les personnes grosses en milieu festif hostile. Mais en cette fin 2023, je n’ai plus le temps des culs nous déshumanisent et refusent d’écouter ce que les militant·e·s anti-grossophobie répètent inlassablement, tous les jours, depuis maintenant des décennies.

Aussi, au lieu d’une fois de plus essayer de trouver des techniques pour souffrir le moins possible des injonctions contradictoires et autres idées reçues, propos et actes grossophobes des minces, je me suis dit que j’allais changer de stratégie. Cette année, on va les éduquer elleux, car iels en ont bien besoin. On va leur dire concrètement ce qu’il faut arrêter de faire, ce qu’il faut s’atteler à déconstruire s’iels prétendent réellement être des allié·e·s contre la grossophobie, ou souhaitent sincèrement le devenir... C’est parti !



1) Si vous avez des personnes gros·ses à table pour les fêtes, pensez tout d’abord à l’accessibilité de la dite tablée : évitez d’aménager un espace navigable seulement par fax, et prévoyez des chaises solides, sans accoudoirs. Ça peut vous paraître futile, puisque ce n’est pas un souci que vous rencontrez au quotidien, mais si vous saviez seulement combien on SOUFFRE en silence, en essayant de rester dignes, dans vos soirées... Vraiment, faites un effort.


2) Si vous n’avez pas de personnes gros·ses à table :


a - Ce n’est pas une raison pour dire ou laisser dire les horreurs grossophobes de saison (on y revient plus bas)


b - S’il s’agit de votre cercle d’ami·e·s et non de votre famille de sang... Questionnez-vous sur l’absence de gros·ses dans vos proches. Y en a-t-il eu mais qui se sont éloigné·e·s ? C’est sans doute à creuser. S’il n’y en n’a jamais eu... Posez-vous très sérieusement la question de leur absence au sein de vos relations amicales et/ou amoureuses.


 3) Ne parlez pas de sa prise/perte de poids de quelqu’un·e. À moins qu’iel ne se lance ellui-même dans des explications, bien que ce ne soit vraiment pas le meilleur moment de l’année pour ça. Certain·e·s prennent du poids et en sont content·e·s. D’autres en perdent et le vivent mal (coucou moi y’a un an qui a perdu 10 kilos en un mois avec un énorme pic de dépression, par exemple, j’ai encore du mal à me sentir tout à fait moi- même aujourd’hui). Bref, arrêtons de faire du poids des gens un sujet, ça ne l’est pas !


4) Oubliez à jamais vos recherches de compliments sur le dos des gros·ses quant à vos tenues de soirée. En période de fêtes ou non, juste, les « tu trouves pas que cette robe me fait un gros cul ? », les « j’ai mangé que du céleri pendant 3 semaines pour rentrer dans ce

pantalon » et autres « nan mais sur toi, c’est pas pareil-han » c’est non. Supprimez ces commentaires merdiques de programmation, merci.


5) Ne commentez pas le contenu des assiettes des autres, le fait qu’iels se resservent, en quelle quantité, à quelle fréquence, ou non. Et quel que soit leur tour de taille d’ailleurs ! Avant même d’être grossophobe, c’est tout simplement un grand manque de délicatesse et d’éducation.


6) Rangez-vos « blagues » sur la grosseur et le régime à leur juste et permanente place à savoir... dans la poubelle ! Exit les comptages intempestifs de calories, les « j’ai mangé comme un·e gros·se », les « à partir de demain c’est salade », « on va aller deux fois plus à la salle pour brûler tout ça » et compagnie. Cela constitue une atmosphère toxique pour TOUSTES, pas que les gros·ses. Parce que si la grossophobie les impacts effectivement elleux, le culte de la minceur fait du mal à tout le monde, puisque c’est ce qui crée les TCA (troubles du comportement alimentaire) et, en fin de compte, la grosseur, car 95% des régimes se soldent par un échec... et qu’être au régime tout le temps, c’est bien un TCA. Juste, kiffez votre repas, complimentez lae chef·fe, profitez de la compagnie de celleux que vous aimez. On est là pour ça, en fait.


7) Si vous n’arrivez pas à finir votre assiette : démerdez-vous pour que votre éventuelle demande d’aide ne fasse pas se sentir les gros·ses comme vos poubelles de table. Si vous avez eu les yeux plus gros que le ventre, c’est OK, ça arrive. Rien de mal à attendre que ça passe un peu, de laisser de côté, de demander à emporter les restes. Rien de mal non plus à solliciter la solidarité de votre tablée, évidemment. Mais que la demande soit générale, sans désigner une personne grosse du regard, sans pression sur qui que ce soit. Ce genre de situation nous arrive souvent à nous autres gros·ses et que l’on accepte ou que l’on refuse, c’est extrêmement humiliant pour nous.


8) De la même manière qu’il est nécessaire de reprendre Karen la raciste et Jean-Mi le misogyne, si vous voulez vraiment être des allié·e·s de la lutte contre la grossophobie, ne laissez-pas passer les propos ou actes grossophobes. Intervenez, expliquez. Vous avez le privilège d’être mince, on ne vous accusera pas d’être biaisé·e — true story. Et ce, aussi bien à un dîner de réveillon qu’à la machine à café au boulot.


9) Lisez les différents guides de survie en période de fêtes écrits par et pour des personnes gros·ses afin de comprendre à quel point cette liste qui peut paraître vous paraître bien anodine est cause de souffrance réelle pour nous. Et plus généralement, suivez des personnes gros·ses qui expliquent ce qu’est la grossophobie, qui font de la pédagogie sur le sujet.


10) Question cadeaux : n’offrez pas de kits « détox », minceur etc, ni aux gros·ses, ni aux minces. C’est de l’arnaque. C’est passif- agressif, ça contribue à alimenter une culture violente. À la place, offrez (et lisez vous-même) des livres écrits par des personnes grosses et qui font de la pédagogie sur le sujet. Comme par exemple : Gros n’est pas un gros mot de Daria Marx et Eva Perez Bello, Je suis votre pire cauchemar de Kiyémis, Fière d’être moi-même de Gaëlle Prudencio, Coup de gueule contre la grossophobie ou Mon corps en désaccord d’Anne Zamberlan, T’as un joli visage : mettre fin à la grossophobie de Shérazade Leksir, Grosse, et alors ? Connaitre et combattre la grossophobie d’Edith Bernier  On ne naît pas grosse de Gabrielle Deydier etc etc etc !


Voilà. Bon travail sur vous-mêmes les minces, à vous de faire le boulot maintenant… et belles fêtes à Toustes, et particulièrement mes Gros•ses sûr•e•s, j'vous aime, je suis avec vous ❤️

jeudi 24 décembre 2020

De gras et d'épines : quelques astuces d'auto-défense anti-grossophobie pendant les fêtes de fin d'année

Qu'il soit ou non dans vos traditions, habitudes ou envies de prendre part aux diverses festivités de fin d'année, la grossophobie liée à Noël et tout le tintouin affecte toutes les personnes grosses. Les médias —et quand je dis médias, je pense surtout à la presse féminine— nous abreuvent de conseils pour ne pas prendre un gramme pendant les gros repas de fête et anticipent déjà sur la manière trendy que l'on aura de s'affamer ensuite pour payer le prix de la gourmandise... et le reste du monde nous bombarde d'appétissantes recettes et autres injonctions à consommer de la boustifaille au moins autant que des objets. Bref, comme d'habitude, la seule personne grosse qui est acceptable et même carrément agréable à voir durant les fêtes car il est synonyme de joie —le père Noël— est imaginaire (déso). Paye ta dissonance cognitive, le capitalisme.

Cette année, j'ai envie de me dire que le contexte sanitaire peut-être une bénédiction pour certaines personnes marginalisées, dont la « famille de sang » est violente pour elleux... car on a la meilleure excuse du monde pour ne pas supporter leurs discours oppressifs, leur « humour » douteux et leurs remarques déplacées à table. D'après quelques confidences d'adelphes du gras et du grand méchant Lobby LGBTQI lues ces dernières semaines, ce n'est pas une fausse impression (vraiment désolé•e pour les personnes dont l'entourage familial est bienveillant, et qui ne peuvent pas les voir cette année !). Cependant... il y a toujours les coups de fils et autres appels vidéo, pour celleux qui passent par ce compromis, ou pour qui c'est un rendez-vous régulier car la famille est loin. Et pour en avoir récemment fait l'expérience, les micro-agressions grossophobes trouvent tout à fait moyen de s'incruster dans une réunion en visio !

Sans faire un pavé, car je l'écris vraiment sur le tard, une nouvelle coloration macérant sur le crâne, j'ai envie de vous faire part de quelques techniques d'auto-défenses. Quelques unes, que je me fantasme, et d'autres, que j'ai déjà testées, ci-dessous :

  • « Attention, ça, c'est trouzemille calories la part »
Testé et approuvé par mes soins le 31 décembre dernier (pour nous autres russes, c'est plutôt le Nouvel an, le clou du spectacle) : « Ça vous dirait qu'on passe UN repas DE FÊTES sans parler de la valeur diététique des bons repas qu'on a préparés pour se faire PLAISIR ? ». Ça jette un froid, mais c'est efficace. Que ce soit par remord, malaise ou envie de passer un moment tranquille, il y a de fortes chances pour que vos interlocuteurices changent de sujet sans essayer d'argumenter.
  • « Oh, ben ça va être léger ça encore »
Testé et approuvé par bibi il y a une quinzaine de jours : « Ah ben oui, c'est vrai qu'on prépare des [insérer nom de plat] pour que ce soit léger hein, c'est connu ! ». À priori, ça fait rigoler dans l'assistance... et c'est difficile de ne pas être d'accord avec ça. Donc il y a peu de chances que les minces en remettent une couche derrière. Si jamais iels tente le coup, vous pouvez tout à fait leur dire que leurs désagréables vocalises grossophobes ne vont pas magiquement faire baisser le taux de graisses ou le nombre de calories de leur assiette (je parle en détail de ce sujet précis dans cet article là). Là aussi, ça risque de casser l'ambiance, mais il faut bien être à la hauteur de notre réputation, les féministes !
  • « Demain, c'est régime sec ! »
Réponse que j'adorerais sortir du tac at tac : « Et du coup, ce soir, on peut manger en paix ou est-ce qu'on se flagelle collectivement en guise de digestif ? ». Je pense que là aussi, ça peut créer un léger moment de flottement dans l'assemblée. Mais tant mieux s'iels s'interrogent un peu sur la nullité de ce lieu commun qui entretient la culture du régime et les troubles du comportement alimentaire.
  • « Ben dis donc, t'as encore grossi/toujours pas maigri »
Une variété de réparties bien cassantes s'offre à vous. Mais il faut voir si vous ça vous fait plaisir, ou non, que cette personne fasse la gueule ensuite. Parce que ce qui me vient est plutôt cassant : « Et toi, t'as toujours pas changé d'humour », « Oh, wow, quel sens de l'observation ! » ou encore « Ouais, mais je pèserai toujours moins lourd que tes remarques non-sollicitées ». Je n'ai pas encore essayé, mais je me tiens prêt•e à dégainer au besoin, sans hésiter !
  • « Rholala, j'ai mangé comme un•e gros•se »
Allez-y franchement : « ÉLÉGANT ! ». Tant pis si la personne qui a dit ça par automatisme se sent con•ne, d'un coup : iel l'est, et c'est pas volé. On ne l'y reprendra pas de si tôt. Version plus vénère : « Nan mais c'est bon, je sais que votre pire cauchemar c'est de me ressembler, mais est-ce qu'on peut au moins passer un repas sans que vous me le rappeliez ? »


Ce ne sont que quelques exemples, à vous de trouver ce sur quoi vous êtes à l'aise, et quand. Ces quelques idées reposent principalement sur le fait de pointer les contradictions des personnes que vous avez en face, ou tout simplement leur signifier que leurs propos vous sont désagréables. Quoi qu'il en soit, n'allez surtout pas vous mettre en danger. Ignorer ou fuir par gain de paix, c'est une stratégie tout aussi valable.  Si votre refuge est d'aller regarder des comptes Instagram de personnes grosses super badass dans votre coin, allez-y. Ne vous forcez surtout pas à vous défendre, car c'est potentiellement une porte ouverte sur des attaques supplémentaires. Et puis, aller s'enfermer aux toilettes et sortir cette réplique qui vous brûle les lèvres à voix-haute peut déjà faire beaucoup de bien : ça a été ma tactique pendant longtemps. De même que de raconter l'échange par texto à un•e ami•e qui est de votre côté. Faites ce qui est le mieux pour vous, écoutez-vous !

Et pour les warriors du gras qui auraient envie de se lancer dans la joute verbale du siècle sur la grossophobie lors des repas de fêtes. Quelques pistes qui vont vraiment plomber le mood :
  •  « 81% des enfants de 10 ans avaient plus peur de devenir gros que de la guerre nucléaire, du cancer, ou de perdre leurs deux parents » (étude citée dans le Ted Talk de Jes Baker en 2014)

  • « Oui oui oui, on sait que ce qu'il peut arriver de pire à un être humain, c'est de grossir. On me l'a suffisamment répété pendant le confinement, quand tout le monde avait plus peur de finir par me ressembler que de mourir du Covid-19 ou de le refiler à une personne vulnérable. Pas besoin de me le répéter ! »

  • « Vos conversations sur le régime sont grossophobes et toxiques. Stop. Je me suis déjà tapé la bande annonce d'une émission de chirurgie de l'obésité voyeuriste et inconsciente aujourd'hui, vous avez pas besoin de me rajouter une couche de violence. Des gens se font mutiler les organes du système digestifs pour fuir votre violence ! » (J'en profite pour vous rappeler que la pétition de Gras Politique contre cette merde d'Opération Renaissance est toujours en ligne, on va devoir sortir les griffes comme jamais, début 2021...)

Quelle que soit votre situation, je vous envoie énormément d'amour et de soutien, mes adelphes du gras ! En vrai, c'est nous qu'on a les bourrelets, et c'est nous qu'on va étouffer leur violence dedans, à la fin. Puis bouffer le monde, aussi. Je pense fort à vous <3 




PS : le reste de mes articles sur la survie des gros•ses pendant les fêtes est ici.



lundi 23 décembre 2019

Grossophobie et body shaming pendant les fêtes : guide de survie

Bon, je triche un peu, en vrai, ça devrait être "récap" de guides de survie^^



Hélas, je n'ai pas eu le temps ni l'énergie d'écrire une nouvelle série d'articles à thèmes pour les fêtes. Ce n'étaient pas les idées qui manquaient, pourtant, mais ce serait quand même naze de prêcher "prenez soin de vous" si je ne le faisais pas pour moi, et c'est ce que je fais depuis bien deux ans maintenant, vis-à-vis de ce blog... Je continue de parler de rapport au corps, très régulièrement, mais plutôt sur mes pages Facebook, Twitter, et Instagram. Et j'ai aussi un bouquin sur ce thème dans les cartons. Donc j'ai noté mes idées, et rendez-vous fin 2020 pour du contenu neuf sur le sujet :p

Voilà, maintenant, la traditionnelle phase d'excuses de reprise est passée. Venons-en aux faits. Que vous célébriez les fêtes de fin d'année ou non, l'ambiance gros repas versus "bonnes résolutions" grossophobes est là quoi qu'il arrive, tout autour de nous. Et qu'il s'agisse de ces fêtes de fin d'année, ou de n'importe quel autre gros rassemblement en famille, les dynamiques sont quand même assez semblables en ce qui concerne les injonctions et contre-injonctions faites aux corps finalement. Donc j'ai décidé de regrouper ici mes articles déjà écrits sur le sujet les années précédentes.

J'en ai écrit 9, depuis 2015. Ça doit sans doute se répéter de l'un à l'autre, par moments, et il est fort possible que ma gradicalisation se sente entre le premier et le dernier, mais je pense que ces articles restent pertinents, dans l'ensemble^^ En espérant de tout mon coeur que vous puissiez y trouver des choses pour vous aider à traverser cette période pas nécessairement si joyeuse que ça, surtout lorsqu'on a eu le mauvais goût comme nous de ne pas être normé•e•s. Tout le courage, tous les coeurs sur vos toustes ❤

Guide de survie Bodi Posi pour que les Fêtes restent Joyeuses ! (et bienveillantes)



Repas de famille (mais pas que) : le bingrossophobe de poche pour les fêtes (mais pas que non plus)






















Et dans le doute, on s'inspire de la merveilleuse Lizzo. Notamment du micro-sac à main qu'elle a porté aux American Music Awards 2019, pour toute l'importance qu'elle accorde à ses —nombreux— détracteurs.




Et à l'année prochaine ;)
*bruitage de vieux klaxon rouillé*





vendredi 23 décembre 2016

Repas de famille (mais pas que) : et si on se complimentait autrement ?

L'article sera un peu moins long que les deux précédents (dit-elle ayant déjà tapé 5000 signes, sans avoir fini^^), et un peu plus asbtrait. Là, je propose simplement quelques pistes à explorer pour être plus bienveillant.e.s envers nous-mêmes aussi bien que les autres via la manière dont on s'adresse à elleux au moment de leur dire quelque chose de positif. Parce que le compliment aussi peut être problématique, parfois, ou du moins comporter un second niveau de lecture un brin contreproductif vis-à-vis de nos intentions premières lorsqu'on ouvre la bouche pour le prononcer.

Avec les fêtes de fin d'année, il n'y a pas que les réunions de famille et autres repas à rallonge qui peuvent se révéler être de véritables terrains minés pour notre rapport à nos corps, notre bien-être, notre santé mentale... Car à ces occasions, il y a comme une sorte d'obligation de se pomponner, on dit bien "se mettre sur son 31", non ? Alors oui, pour celleux à qui ça fait plaisir de jouer le jeu, ben tant mieux, chacun.e ses outils pour s'auto-kiffer et pour celleux que ça gonfle : qu'on leur lâche la grappe. Mais vient ensuite la délicate question du compliment. Il peut faire plaisir, c'est même assez souvent le cas, selon comment il est formulé, et l'intention qu'on y met. Sauf que si on y réfléchit bien, nous renvoyer sans cesse à notre apparence, c'est nous y réduire.

La body positivity nous apprend à voir la beauté en nous, mais cela pour mieux nous faire dépasser la fascination envers le "joli", et nous aider à (re)trouver une légitimité, une confiance, un respect de soi, une écoute et une bienveillance envers nous-mêmes, et les autres ! Sans parler du fait que certaines des choses que vous allez relever chez l'autre risquent de réveiller en iel un trigger, au lieu de lui faire du bien.


Et si, pour changer, on évitait les compliments sur le physique lors des fêtes qui arrivent ? Ne serait-ce que pour l'expérience.

Je pense que le résultat peut être très intéressant, et nous faire changer certaines habitudes. Je vous propose donc un petit challenge : cette année, on évite les compliments sur le physique (en particulier les trucs passifs-agressifs du style "oh t'as minci, t'es vachement mieux comme ça" ou "dis donc t'as pris du cul, ça te va bien"), mais aussi les trucs bâteaux dans le genre "t'as d'beaux yeux tu sais". Faisons travailler nos méninges et notre empathie. Et si vos yeux vous supplient votre bouche dire au moins quelque chose face à la fabulosité de quelqu'un.e, complimentez plutôt sa tenue, son sens de l'accessoire, son habileté à se faire une coiffure sophistiquée... bref, quelque chose qui valorise aussi ses talents, pas juste son image.



Evitons aussi l'écueil des "ma belle" et cie : personne ne nous appartient, jamais, et c'est assez paternaliste, comme tournure et très très familier, aussi (perso je suis passée au "mon chat", "mon lapin", "mon caillou", "ma crotte", mais c'est réservé aux très proches !). Ah ben oui, tout de suite, ça fait cogiter à ce réflexe de sortir certaines phrases ou expressions toutes faites, hein ? Ben c'est le but de la manip, déconstruire tout ça, et voir ce que vous voulez ou non en garder, ce que vous souhaitez en changer, et comment.

Mais que dire de positif aux personnes qu'on souhaite complimenter alors ?

M'enfin, nous sommes tou.te.s TELLEMENT plus que nos _certes fabuleuses_ enveloppes corporelles ! Il y a un océan de compliments à votre portée qui ne concernent pas l'apparence de la personne que vous avez en face. Même si vous la connaissez peu, scrutez donc tout ce qui fait que vous la trouvez "belle", cette personne : il y a son rire, ses gestes, son parfum, la manière dont iel s'exprime, l'énergie qu'iel dégage, le puits de science et/ou de culture qu'iel semble être, son humour...

Et pour les gen.te.s que vous connaissez bien, que vous appréciez, aimez... les points positifs à souligner ne devraient pas manquer ;)



Pourquoi je vous bassine avec ces histoires de compliments à éviter/à essayer de privilégier :

A titre personnel, j'ai remarqué que plus ça va, plus les "t'es belle/t'es magnifique/t'es canon/t'as un beau ceci, un joli cela" me glissent dessus. Il y a quelques années, je m'y accrochais, j'en avais besoin, car je ne les avais jamais entendus, mais surtout jamais pensé (et c'est le cas de beaucoup de monde, y'a rien de mal à ça, et c'est bien pour ça que je propose qu'on s'intérroge sur le sujet plutôt qu'on mette tout à la poubelle ;) ). Sauf qu'aujourd'hui, les compliments agréables qui me réchauffent le coeur et résonnent agréablement dans ma mémoire ne sont pas ceux là, mais ceux-ci : "tu as une belle humanité", "tu me fais trop rire meuf", "tu es le bois dont on fait les nouveaux monde", "ta surempathie est ta plus belle qualité", "t'as une belle plume", "j'admire ton engagement". Bon, du coup, déso, le but était pas de me jeter des fleurs (je vous rassure, j'ai entendu et entends régulièrement tout un tas d'horreurs pour compenser hein ;) ), mais de vous donner des exemples concrets de la différence entre les deux types de compliments dont je parle.

Et riche de ce constat quant à mes propres réactions, j'ai aussi changé ma façon de m'adresser aux autres. Il n'est pas rare de m'entendre dire à quelqu'un.e qu'iel est lumineux.se, qu'iel est un soleil, qu'hiel rend le monde plus beau juste en existant, qu'iel est important.e/légitime/irremplaçable, qu'iel a une place très spéciale dans ma vie... et autres trus cul-culs (mais sincères, toujours) à souhaits, mais pas sur le physique. Et je remarque que "l'effet produit" est bien plus puissant qu'un classique commentaire, même très positif et enthousiaste, sur l'apparence de mon interlocuteur.trice. Ce qui ne m'empêche bien sûr pas, avec des personnes vis-à-vis desquelles je sais que c'est safe, de complimenter aussi le physique, l'allure générale, parfois. L'idée n'est pas de se débarasser de cette habitude là, mais de la questionner, et de ne pas s'y cantonner. Je suis sûre que si vous essayez, vous en tirerez des conclusions assez proches des miennes. N'hésitez pas à m'en faire part en commentaires ou dans les DM Facebook, Twitter ou Instagram, si vous voulez  ;)


L'année prochaine, j'espère pouvoir vous pondre un truc sur "comment accépter les compliments", second chapitre^^. Perso, c'est encore compliqué, mais je vais y travailler en 2017 :p

*****

Quoi qu'il en soit, je vous souhaite d'être bien entouré.e.s pour les fêtes (que vous les célébriez ou non, on "subit" l'ambiance de toute façon..) et que les réunions de famille, ou équivalents, se passent le mieux possible. Je pense fort à vous et vous envoie tout plein de bonnes ondes, et tout mon amour. Courage ❤❤❤


jeudi 22 décembre 2016

Repas de famille (mais pas que) : 100 sujets de conversation plus intéressants que le régime

Hier, on parlait de couper court aux discussions toxiques sur le poids durant les repas de famille, qui sont particulièreent violentes de grossophobie lors des repas de famille où il faut à la fois bien manger et s'auto-flageler sur son "abus" de bouffe dans la seconde qui suit la déglutition. Aujourd'hui, on passe à l'étape supérieure, à savoir, répondre à l'angoisse suivante (valable aussi pour les discussions entre collègues, n'importe quel autre public, n'importe quel autre lieu, quand on ressasse les dangereux stéréotypes autour de la bouffe, des kilos, de la silhouette) : mais si on peut pas passer tout le repas de réveillon/de famille à parler de comment on va éliminer tout ce qu'on vient d'avaler, de pourquoi on ne prend pas de désert ni des kilos pris par Tartampion.ne... de quoi qu'on va causer ?

(là, c'est le moment où on réalise à quel point ces sujets de conversation sont omniprésents, tout le temps, et en particulier autour des grandes tablées des occasions particulières... j'en parlais notamment ici)

Rassurez-vous, y'a largement de quoi faire.

Et si jamais vous séchez...


Voici 100 sujets de conversation en vrac, lolilol, trolls ou (très) sérieux, qui seront beaucoup plus intéressants mais surtout moins néfastes que la dernière détox de Kate Middleton (pas d'ordre d'importance ou d'intérêt, encore moins de cohérence, c'est juste histoire de lister 100 pistes qui ne parlent pas de régime, de poids, d'apparence et prouver que c'est fucking possible^^) :

1) le dernier film que tu as vu au cinéma (ou en streaming, chez toi)
2) les recettes de ce que vous êtes en train de manger
3) la météo
4) le réchauffement climatique
5) tes plans (ou absence de) pour les prochaines vacances
6) est-ce que vous avez vu qu'en 2017, tous les jours fériés étaient rattachés à un week-end ?
7) la dernière série qui vous a fait kiffer
8) ce conducteur de métro qui a fait une blague, la dernière fois
9) la reproduction des coléoptères
10) quelle marque de lessive choisir
11) la déprime profonde des élections US
12) la déprime profonde des élections chez nous en 2017
13) les voisins du dessins qui sont vachement bruyants
14) t'as vu comme la lune est belle ce soir ?
15) ces groupes honteux qu'on adore en secret
16) les dernières photos prises avec le chat/le chien
17) l'augmentation du prix des timbres
18) l'augmentation (lol) du smic
19) Adama Traoré
20) les violences policières
21) le racisme institutionnel
22) la mignonceté insoutenable des antilopes naines
23) l'existence de tout plein d'animaux nains que tu savais même pas qu'ils existaient dis donc
24) team chat ou team chien ?
25) cuillère ou couteau pour la pâte à tartiner ?
26) les meilleurs jeux de société
27) la dernière vidéo stupide qui t'a fait marrer sur youtube
28) la dernière info qui t'a foutu en pétard
30) les arc-en-ciels lunaires
31) la dernière mise à jour de Pokémon Go
32) le pic de pollution
33) ton crush
34) pour ou contre le retour de la coupe mullet
35) le patriarcat
36) le blantriarcat
37) la cishétéro-normativité
38) les énergies renouvelables
39) la chanson que t'arrives pas à faire sortir de ta tête
40) les meilleurs souvenirs d'enfance
41) les pires bêtises que t'as fait plus jeune
42) ces numéros inconnus relous qui t'appellent
43) le harcèlement de rue
44) le dernier livre que t'as lu
45) l'album que t'écoutes en boucle en ce moment
46) la dernière cuite que toi et/ou tes potes avez pris
47) ton dernier epic fail
48) ton dernier epic win
49) les enfants, si t'en as, si t'en veux, si tu les aimes pas
50) pourquoi "42" ?
51) les Balkany
52) la justice à deux vitesses
53) Jacqueline Sauvage
54) les violences faites aux femmes
55) la lourdeur des complotistes
56) pourquoi il ne faut jamais lire les commentaires
57) toujours pas de bouton "j'aime pas" sur facebook
58) la fin de Vine
59) les derniers filtres marrants sur Snapchat
60) la dernière blague pourrie qu'on t'a racontée
61) l'utilité de la misandrie ironique
62) la nécessité de rire des dominants et non des opprimé.e.s
63) le dernier fou rire que t'as eu
64) le dernier truc qui t'a collé la larme à l'oeil
65) pourquoi les oignons font pleurer
66) pourquoi les dessins animés nous touchent plus que les films
67) pourquoi la mort d'animaux innocents nous touche souvent plus que celle des humains à l'écran
68) est-ce que Pluton est une planète, ou pas alors, quelqu'un a suivi ?
69) ce serait chouette d'aller s'exiler sur Mars là...
70) les extraterrestres existent-ils ?
71) ça se trouve ils ont vraiment fait demi-tour en voyant ce qu'on a fait de la Terre !
72) les robots prendront-ils le pouvoir sur nous un jour ?
73) l'intelligence artificielle peut-elle avoir une conscience, des sentiments ?
74) la lenteur des administrations
75) le truc que tout le monde adore et que tu trouves surfait
76) le truc que tout le monde critique mais que t'aimes bien
77) la prochaine saison de Game Of Thrones
78) pourquoi Game Of Thrones est problématique (entre autres)
79) pourquoi on peut difficilement faire autrement que de choisir ses combats
80) le prochain Miyazaki (oui oui)
81) le studio d'animation, Ponoc, monté par des anciens de Ghibli et son long métrage à venir
82) ils vont VRAIMENT sortir un cinquième Shrek ?
83) il sort quand déjà le prochain Star Wars ?
84) et le second volet des Animaux Fantastiques ?
85) Harry Potter et l'enfant maudit : t'en as pensé quoi ?
86) ce sera quoi la prochaine grande saga à captiver petits et grands ?
87) quel est l'album qui a rendu ton année 2016 moins pourrie ?
88) le clip que tu regardes en boucle en ce moment
89) la guerre en Syrie
90) pourquoi est-ce qu'on traite aussi mal les réfugié.e.s ?
91) pourquoi (l'extrême) droite ne parle d'aider "les SDF français" qu'en opposition aux réfugié.e.s ?
92) peut-on encore parler de gauche en France ?
93) verre à moitié plein ou à moitié vide ?
94) pain au chocolat ou chocolatine ?
95) beurre doux ou demi sel ?
96) ou plutôt margarine végétale DIY ?
97) la grippe/gastro que t'as eue ou à laquelle t'échappes pour l'instant
98) team thé-citron-miel ou team grog pendant la crève ?
99) dormir en pyjama, ou à poil ?
100) et si on prenait pas de résolutions qu'on tiendra pas cette année ?

Et y'en a tellement, tellement, TELLEMENT d'autres, pour tous les goûts et toutes les humeurs ! Vous n'avez plus d'excuses ;)


BONUS si vous souhaitez tant parler de ce sujet que ça, faites le par un angle qui change les choses, en bien :

101) pourquoi parler non stop de poids/apparence/régime/détox est toxique
102) pourquoi la grossophobie est une vraie violence, une oppression systémique
103) c'est plutôt chouette les mouvements fat positive et body positive !


***

Rendez-vous demain pour un troisième et dernier sujet body positive contre la grossophobie de Noël-mais-pas-que (si y'en a qui se demandent dans l'assistance, je kiffe les cadeaux, la période de l'année et la déco, mais j'le fête pas^^) ;)

Et la semaine prochaine on se concentrera sur les aspect body positive de 2016, car si cette année a été méga-pourrave sur plein d'aspects, elle a été plutôt chouette, dans l'ensemble, sur celui-ci et y'a drôlement besoin de se concentrer sur les avancées et autres petits bonheurs !

mercredi 21 décembre 2016

Repas de famille (mais pas que) : le bingrossophobe de poche pour les fêtes (mais pas que non plus)

La grossophobie est une oppression si puissante qu'elle a son propre marronnier. Et parmi les deux plus gros "events" lors desquels elle se fait le plus plaisir, il y a le retour des beaux jours pour "le corps de plage #bikiniready" et la fin d'année pour "les excès des fêtes". Tentons donc de nous préparer à contre-attaquer au shitstorm que nous réserve l'industrie du régime avant les dates fatidiques... Cet article sera le premier d'une "série" de trois avant le 25 décembre 2016.

Repas de famille : la foire aux propos oppressifs

Que ce soit durant les festivités de fin d'années, pour celleux qui les fêtent, ou à l'occasion d'anniversaires, réunions familiales ou que sais-je encore, les repas de famille ont tendance à être pénibles pour tout le monde. Notamment parce qu'on se retrouve nez à nez avec "l'oncle raciste", ou la mémé homophobe/lesbophobe/biphobe/transphobe et qu'on hésite toujours entre fermer sa gueule par gain de paix, ou l'ouvrir pour essayer de faire avancer un peu le schmilblick... On choisit ses combats : c'est normal, c'est ce qu'il faut pour trouver l'équilibre entre la profondeur de nos convictions militantes, et un minimum vital de bien être, surtout si tout cela a lieu en zone "hostile".


Mais, personnellement, j'ai lu pas mal d'articles en faveur de la "confrontation" suite à l'élection de Trump, et ça a fini de me convaincre que si on a les capacités émotionnelles et physiques de le faire (j'insiste sur ce point, car pas question de culpabiliser les personnes qui ne sont pas en mesure de mener ces combats car par exemple timides, angoissées et/ou neuro-atypiques, il ne s'agit pas de se mettre en danger et cramer toutes ses cuillères), c'est notre devoir de faire entrer un peu de lumière dans les esprits qui sentent le renfermé. Car la vague de conservatisme et de violences rétrogrades qu'on aperçoit à l'horizon, il va bien falloir la contrer, et ça ne se fera pas sans nous. S'asseoir sur sa tranquillité d'esprit une à deux fois par ans, en espérant que nos argumentaires auront un effet boule de neige ensuite, c'est un moindre mal comparé à ce qui nous attend si on essaie pas plus de se sortir les doigts, au niveau individuel, quand on a l'occasion de faire la différence.

Vous reprendez bien une louche de grossophobie ?

Après, il y a différentes manires d'appréhender les sujets qui fâchent. Par exemple, l'humour. Tourner au ridicule certains "arguments" oppressifs en démontrant leur caractère prévisible, répétitif et totalement dépassé se fait très bien avec un bingo, comme il en existe vis-à-vis du féminisme, du racisme, des LGBTphobies, du validisme... Alors pourquoi pas un bingo de la grossophobie histoire de gagner quelques points, histoire de compenser les nerfs et l'espérance de vie perdus, face à du fat shaming (rappel : tous ces propos entretiennent, à leur échelle, la peur de grossir et donc la haine des gros.ses) ?


(oui, il est en comic sans ms, j'ai du me séparer de l'habillage galaxy du blog, laissez-moi un peu de kitsch pour vivre siouplé)

C'est une version simple et ultra-basique. Rien ne vous empêche de rajouter des cases, et les remplir des horreurs grossophobes que vous entendez aux repas de famille. Ou même entre collègues, d'ailleurs. Malheureusement, il y a de quoi en faire une encyclopédie en 26 volumes...

Si vous vous sentez de le faire, donc, imprimez-le ou faites-en un à la main, sortez-le, et cochez au fur et à mesure du repas et des échanges. Quand quelqu'un remarquera votre activité inhabituelle, ce sera l'occasion de mettre le nez des concerné.e.s dans leur caca, avec l'argumentaire, le ton et l'intensité que vous vous sentirez capables de donner.

Allié.e.s anti-grossophobie : ne manquez pas le coche !

Ce qui est chouette avec cet "outil", c'est qu'il est utilisable par les gros.ses, qui connaissent hélas si bien ces tristes lieux communs... mais aussi par les allié.e.s. Perso, j'ai tellement bassiné certain.e.s de mes ami.e.s minces avec mon militantisme qu'iels ne supportent plus les discussions à rallonge sur le régime, le poids des stars et/ou collègues et autres forme de bullshit grossophobe bieeen toxique et j'en verrais bien certain.e.s siroter leur verre d'un air mauvais en remplissant le bingo pour couper court à ces foutaises^^


Voilà qui me permet de répondre à une question qu'on me pose souvent à savoir : "que peuvent faire les minces, allié.e.s contre la grossophobie, de concret, outre relayer la parole des concerné.e.s ?". Vous pouvez vous servir de votre "crédibilité" de personne mince _qu'on ne va pas accuser d'être dans le déni/de faire l'apologie de l'obésité/d'être égoïste/de ne pas être objectif.ve ou autres horreurs dont les gros.ses qui ne font que défendre leur droit au respect et à la tranquillité sont accablé.e.s par dessus l'marché_ pour ne pas laisser votre entourage mariner dans sa grossophobie crasse. Comment ? En interrompant les blablas nausaébonds de cet acabit et en démontrant le caractère oppressif des propos grossophobes à vos interlocuteurs. Eh non, c'est pas simple, mais si vous voulez vraiment aider, va falloir vous y coller. Dites-vous que c'est showtime !

(encore mieux : vous pouvez faire ça toute l'année, cher.e.s allié.e.s ;) )

***


Quelle que soit votre situation, j'espère malgré tout que vous n'aurez pas besoin de (trop) vous servir de ce type d'astuces, et que ces fêtes et/ou moments en famille se passeront du mieux possible pour vous. J'en profite pour mettre un lien vers l'article que j'ai écrit l'année dernière sur le sujet, avec quelques conseils pratiques (et beaucoup de gifs) issus de ma propre expérience ici. 

Et comme cette année, j'ai "la chance" de ne pas pouvoir prendre de vacances et que toute ma famille habite à l'étranger, j'ai du temps pour vous pondre encore quelques articles autour de cette thématique. Rendez-vous demain pour la suite ;)


mercredi 16 mars 2016

#slutshaming : une bonne tranche de body shaming avec supplément sexiste gratuit !



Ouaip, le slut shaming est vraiment quelque chose que j’exècre. Et vous savez quoi ? C'est intimement lié au body shaming et à la culture du viol. Avec double ration de sexisme en supplément. Bref, un menu assez gerbatif.

Dans ma tête, ce sont pas des paillettes. J'édulcolore pour essayer d'être moins indigeste...

Et entre ce que j'entends de certain.e.s membres de la blogo française ("c'est bien le mouvement body positive hein, mais y'en a qui s'exhibent trop quand même" #véridique) plus size et l'actualité autour du dernier selfie dénudé de Kim K... J'avais envie de faire un article dédié, pour expliquer en quoi ces deux concepts, ces deux injonctions, sont liés.

Slut quoi ?

Pour celleux qui ne connaîtraient point encore le terme, le slut shaming c'est, en gros, la stigmatisation des femmes dont la tenue et/ou l'attitude serait jugée "provocante". Rien que ce dernier mot entre guillemets montre à quel point ce concept fumeux est sexiste. On ne dirait pas ça d'un homme, n'est-ce pas ? Ces messieurs n'entendront jamais qu'ils "ne se respectent pas" parce qu'ils mettent un short ou montrent leurs tétons. Parce que leurs corps, contrairement aux nôtres, n'est pas sur-sexualisé, synonyme de tentation, de "pêcher". Dans notre société, les corps des femmes, quoi qu'elles en fassent, sont porteurs d'une lourde honte. Sauf pour vendre du yaourt ou des bagnoles bien sûr, quand ce ne sont pas elles qui se montrent ou se cachent en accord avec elles-mêmes.



Bref, grâce à ce merveilleux outil patriarcal qu'est le slut shaming, on peut traiter une femme de salope parce qu'elle porte une jupe jugée "trop courte" et qu'elle aime "s'habiller sexy", parce qu'elle poste des photos dévêtue, parce qu'elle a (eu) de nombreux amants, parce qu'elle est coquette... et c'est le même raisonnement qui amène 27% des français.e.s à dire qu'en gros, "ces femmes là", ben elles l'ont bien cherché si elles se font violer, en vrai, hein. [re-vomi] Parce que c'est pratique, quand même, de dé-responsabiliser les agresseurs et violeurs en préférant blâmer les victimes car "elles n'ont pas fait assez attention". À côté de ça, celles qui s'habillent "en sac à patates" aussi seront rabaissées et humiliées, faut pas rêver. Quelle que soit ta stratégie de survie dans ce milieu hostile, tu payeras le fait d'être une femme dans un monde d'homme à un moment ou un autre, d'une manière ou d'une autre.

"D'ici mes 14 ans, tous les garçons de ma classe m'auront déjà traitée de pute, de salope, de connasse et bien d'autre choses encore"

C'est connu voyons, la gent masculine "ne peut pas se contrôler", faut pas chercher ces messieurs sinon il va nous arriver des bricoles. Des simples insultes au viol, ou jusque dans la rubrique "faits divers", ou le féminicide sera qualifié de "crime passionnel". Si ce n'était pas si grave, j'aurais rajouté un "lol"...

Coucou la culture du viol, je te vois, et je t'emmerde.

Pourquoi le slut shaming et le body shaming sont-ils liés ?

Le problème avec le slut shaming, c'est qu'il se manifeste souvent sous forme de sexisme intériorisé. Comme si ce n'était pas assez difficile, douloureux, humiliant de se faire traîner dans la boue par "l'homme dominant", les femmes jouent aussi à ce triste jeu entre elles. Après tout, en nous mettant en compétition les unes avec les autres (être la plus belle, être bonne cuisinière/maîtresse de maison, être drôle/sportive/intelligente mais pas trop non plus pour ne pas faire peur au mâââle) dès la plus tendre enfance, je ne vois pas bien à quel autre résultat on aurait pu s'attendre sur ce point. Et j'aborde ce point #captainobvious parce que ces comportements... On les retrouve jusque dans la sphère militante, féministe et même body positive. Nan nan, je déconne pas. Pourtant, j'eus préféré.

Quand j'entends une ou des féministes descendre "les meufs qui s'exhibent".
Aussi engagées, impliquées, déconstruites soient certaines personnes que je croise dans la dite sphère, en ligne ou IRL, il y en aura toujours une pour taper sans discernement sur les selfies, la nudité (je comprendrais jamais ça... z'êtes pas nés habillés hein), la vulgarité (c'est subjectif, et souvent aussi classiste que sexiste... je suis moi-même en train d'essayer de désapprendre tout ça mais chuis pas là pour donner mon avis sur la famille^^), la chirurgie esthétique... Ça me rend chèvre. Et l'énième selfie dépoilé de dame Kardashian la semaine dernière a justement déclenché une vague de propos de la sorte. P!nk m'a d'ailleurs brisé le cœur en cette belle journée de lutte qu'a été le 8 mars, avec un post plein de jugement sur le sujet... et il fallait que je trouve le moyen d'aborder c't'affaire ici-même.

Comme j'ai beaucoup hésité à ma manière d'en parler, j'en ai parlé à une amie très engagée et on a eu une conversation passionnante. Et elle m'a confié que même si "en théorie", elle savait parfaitement que la nudité, ni même le fait de la montrer "au monde entier" n'était aucunement un mal. Mais que dans le cas de Kim K, elle avait quand même des restes de réticences à le ressentir, en plus de le penser avec sincérité. Parce que cette "socialite" agace. Parce qu'elle est omniprésente dans les médias. Parce "qu'elle ne fait rien de sa vie" (je dis pas qu'elle fait pas des trucs pas cool du tout hein, genre s'approprier les tresses cornrows... c'est vraiment craignos, mais c'est valable pour toutes ses sœurs, aussi) et qu'elle n'a que très rarement "un discours", contrairement à d'autres comme Nicki Minaj par exemple, pour "légitimer" ses choix. Il y a encore quelques années, je pensais ainsi aussi et il m'arrive encore de réprimer une vieille remontée acide de ce genre, bien malgré moi. Donc de là, on est inévitablement venues au jugement... du jugement de "valeur", de celui qu'on pouvait avoir parfois malgré nous.

Il faudrait donc justifier de "bonnes actions" pour pouvoir poster une photo comportant de la nudité sans se faire taper dessus ? Genre un laissez-passer, un permis de s'exhiber pour bonne conduite ? On marche sur la tête.

Je cherche encore la logique, dans ces (nos ?) réactions épidermiques.
Quelle que soit la personne qui décide de se prendre en photo, habillée ou à poil, et de la partager sur les réseaux sociaux : c'est SON choix, c'est SA liberté, c'est SON corps. Parce que le corps, les corps des femmes, n'ont rien de honteux (il est là, le body shaming sous-jacent de ces violentes réactions face à la nudité féminine). Et aujourd'hui, décider de montrer le sien _ qu'il soit "dans la norme" ou qu'il en soit très éloigné_ à la face du monde sur les internets, c'est se le réapproprier. Se le réapproprier face à une société patriarcale qui l'exploite allègrement pour son plaisir visuel, pour vendre tout un tas de choses, mais qui le trouve problématique lorsqu'il s'affirme tel quel, lorsqu'il s'aime lui-même.

Et sans vouloir trop sombrer dans une psychologie de comptoir... Si ma mère avait orchestré la vente de ma sextape, ben je pense que j'aurais sacrément besoin de me la réapproprier, ma carcasse.

Bref, il nous appartient d'apprécier, ou non, la démarche, c'est indéniable. Mais l'attaquer, la condamner, porter un jugement invalidant dessus, et ce avec autant de violence, c'est merdique.

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Edit du lendemain (merci Diane ♥) : J'ai abordé le sujet, assez brièvement je l'admets, sur d'autres articles sur le blog ou ailleurs mais je ne l'ai pas vraiment développé ici, alors qu'il a carrément sa place, surtout dans ce paragraphe... Le fait que les femmes racisées subissent doublement l'oppression du slut shaming : parce que l'idéal de beauté qu'on nous sur-vend est blanc. Et que dans une société blantriaracale, un élément de nudité et/ou sensualité sera toujours critiqué beaucoup plus vivement s'il vient d'une personne racisée que s'il vient d'une personne blanche.

Les exemples sont nombreux à ce sujets mais parmi les plus marquants dernièrement, on peut repenser à la réaction de Lou Doillon qui s'est attaquée au féminisme de Beyoncé et Nicki Minaj, suite à la sortie d'Anaconda, en disant grosso merdo (surtout merdo...) que ces femmes qui se mettaient à poil étaient "une catastrophe" en termes de féminisme... alors qu'elle même, a posé nue à maintes reprises sans qu'elle ne fasse visiblement le lien. Pas plus que les nombreux hommes et femmes, majoritairement blanc.he.s, qui ont pris part au "débat"...

Il y a aussi eu les critiques qu'a du essuyer Rihanna après le clip de "Work", je vous invite à lire le storify de @mrsxroots sur le sujet. Plus récemment, et pour rebondir sur le selfie "#KimKChallenge", on a vu Sharon Osbourne soutenir la star de la téléréalité en postant elle aussi un cliché dénudé à bandes noires sur Twitter... alors qu'elle avait slut shamé Nicki Minaj auparavant.

Deux poids, deux mesures : ceci n'est qu'un très bref aperçu de la sur-sexualisation, de l'exoticisation, des femmes noires, métisses, racisées. Coucou le féminisme blanc (white feminism, non intersectionnel), on te voit. Enfin je dis ça, mais je me suis pas dans le déni non plus : il n'y a pas si longtemps, j'ignorais tout de cette problématique et de ses conséquences (ainsi que de mes privilèges de blanche) moi aussi, et je suis encore loin d'être l'alliée "idéale" mais je lis, je me renseigne, j'écoute, j'apprends, je relaye. D'ailleurs, c'est suivre le Collectif MWASI, afro-féministe, qui a grandement contribué à ma déconstruction sur ce point, après en avoir croisé les membres à la manif non-institutionnelle du 8 mars 2015, mais elle est loin d'être terminée, j'en ai conscience.

Ça me fait d'ailleurs repenser à la sensation de malaise que j'ai en comparant les actrices.eurs et body positive en France par rapport à celleux présents aux US et de nombreux pays anglophones... Ici, c'est très axé femmes minces "VS" (tssss tout à reprendre, la page FB de Ma Grande Taille est l'exemple parfait de la pauvreté intellectuelle de ce débat en France...) femmes non-minces, mais là-bas, c'est beaucoup plus diversifié et inclusif, comme mouvement. Car c'est beaucoup plus complexe que ça comme question. Les grosses/rondes n'ont pas le monopole du body shaming et les personnes racisées, personnes non-cisgenre, personnes "âgées", personnes en situation de handicap font partie intégrante du débat.

Sinon _ceci est un appel_ je serais ravie d'avoir des témoignages de personnes concernées pour que je consacre un article dédié au sujet. Et/ou même carrément faire un "guest blogging" sur le sujet sur le blog.

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Se battre contre le slut shaming, c'est une lutte body positive

Nan, y'a vraiment pas besoin de défendre l'allaitement eu public au détriment de Rihanna qui a choisi de porter une robe transparente pour un événement ou de Kim qui montre ses fesses (c'est à peu près aussi intelligent et aussi constructif de lutter contre la grossophobie en tapant sur les minces/maigres). Parce qu'il s'agit du même combat : celui de libérer les corps des femmes des injonctions qui les étouffent. Aussi bien en termes de critères esthétiques que de critères de "comportement" à avoir ou ne pas avoir (Ne vous a-t-on jamais dit de vous "comporter en dame" ? De ne porter qu'un type de fringue pour mettre en valeur votre silhouette de pomme/banane/kiwi ? De vous de vous "habiller de manière "plus féminine" pour ne pas ressembler à une camionneuse" ou de "vous respecter" en mettant des sapes plus couvrantes?).

La nudité "habilite" certaines femmes. La "modestie"/pudeur en "habilite" d'autres. Différentes choses "habilitent" différentes femmes et ce n'est pas à toi de juger ce qui est mieux pour elles #empowerment

Body shaming et slut shaming sont deux injonctions patriarcales ciblant les femmes (bien que le premier s'applique aussi parfois aux hommes) et leurs corps, ainsi que la manière dont elles en disposent, dont elles en jouissent. Et c'est pour ça que le mouvement body positive, combat féministe intersectionnel, est indissociable de la lutte contre le slut shaming. Nos corps, (très) gros, (très) minces, "naturels", ou "opérés", blancs, jaunes, noirs, petits, grands, valides, non-valides, celluliteux, musclés, lisses, mous, fermes, jeunes, âgés, avec ou sans cicatrices, tatoués, piercés ou "vierges" de toute modification, poilus, glabres, en bonne ou moins bonne santé... nous appartiennent à nous, et nous seul.e.s. Et faire le choix conscient de les montrer, ou de les cacher, est une décision qui nous est propre. Et il n'y en pas une qui soit plus "respectable" que l'autre. Point barre.


"Les selfies, le narcissisme, toussa, c'est un mauvais exemple"

Petite digression sur "la culture du selfie" et cie pour finir? Car à ce stade de la discussion, quand le désaccord demeure face à une personne, déconstruite ou non, l'ultime recours est souvent le suivant : "ouais, bon, okay, admettons m'enfin quand même, tu parles d'un exemple pour la jeunesse".

Et iel r'met dix balles dans la machine...

Ben déjà, je pense que les enfants et ados sont exposé.e.s à bien pire que cette malheureuse nudité qu'on rend responsable de toutes les catastrophes possibles et imaginables, dans un monde ou les réseaux sociaux sont plus réactifs pour censurer un tableau de Courbet ou un téton que la vidéo d'un assassinat sanglant, de commentaires oppressifs de type raciste, homophobe, transphobe et j'en passe, ou même bloquer quelqu'un qui te stalke/te menace. Faut redescendre deux minutes hein, personne n'est venu.e au monde habillé.e à ce que je sache. Ni la nudité, ni le sexe, ne sont pas "un danger". Et il faut aussi arrêter de mélanger les deux. D'ailleurs un corps nu n'est pas forcément sexuel, il faudrait finir par l'intégrer, un jour.

Si le corps féminin n'était pas si outrageusement sur-sexualité (je ris SI FORT quand un gugus dit que c'est le fait de se mettre à poil qui nous hyper-sexualise alors qu'on récupère justement ce que la société patriarcale qui l'avantage au quotidien nous vole... la poule, l'oeuf, toussa toussa) et que le sexe n'était pas aussi tabou/sacré et si la société ne poussait pas les femmes à toujours trouver leurs corps "imparfaits" pour qu'elles dépensent des sommes d'argent (d'une paye amputée vis-à-vis de son équivalent masculin, il faut le re-préciser), et d'énergie considérables pour les "arranger" (ceci n'est nullement critique envers celles qui le font, chacun.e sa stratégie de survie)  _et donc "se trouver un mec/prince charmant" bien sûr, hétéro-normativité patriarcale oblige_ on ne détesterait pas les femmes qui se sentent bien dans leur corps et qui le montrent. Qu'il soit ou non dans la norme. Qu'il soit naturel, ou "refait". Qu'il soit présenté de manière sensuelle, ou non.

J'aime l'outil de création de gifs de Giphy SI FORT... Ahem !

Les réseaux sociaux sont venus bouleverser l'ordre établi de notre société d'image qui promeut, vend, un modèle unique de beauté, extrêmement excluant. On peut tou.te.s exister, être vu.e.s, lu.e.s, entendu.e.s. On peut déconstruire son regard sur la société, apprendre à s'aimer et trouver sa voix. Aussi "futiles" ou engagés puissent être les sujets qu'on choisira d'aborder avec, elle parlera forcément à quelqu'un d'autre, car internet est aussi et surtout un lieu où nos différences aussi bien que nos similitudes peuvent nous rapprocher. On est devient visible, pertinent.e et "on existe", sur nos petits bouts de toile. On se réapproprie notre image. Et que cette dernière soit proche de l'esthétisme mainstream ou bien à l'extrême opposé, on a tou.te.s ce droit, ce pouvoir. Et c'est plutôt cool, non ? (je recommande le super article de Jack Parker à ce sujet )

Pourtant, nombreux sont celleux qui s’appuient sur de rares exemples de dérives (accidents mortels dignes d'un beau #DarwinAward, attroupement de gugus qui jouent avec un dauphin mort sur la plage ou perturbent la pondaison des tortues et quelques ados ayant développé l'obsession maladive du cliché parfait) certes graves mais isolées de la "selfie culture" pour la rejeter en bloc. Et taxer tous les "jeunes" (le selfie et les réseaux sociaux, c'est pour tout le monde, c'est pas Baddie Winkle qui dira le contraire^^) de "génération narcissique" au passage. Mouais, à la manif contre la #LoiTravail du 9 mars, par exemple, j'ai pas eu cette impression là moi, déso. J'ai vu une jeunesse engagée et solidaire dans la rue et "pas que sur Twitter". En quoi s'aimer un peu, ou même beaucoup, nous empêcherait de penser aux autres ? (checkez ce super post facebook, et ce super hashtag associé #ICanBeBoth _ "je peux être les deux"). D'ailleurs être un.e "anti-selfie" n'est pas un gage certifié d'altruisme, puisqu'on va par là^^

On est aussi libre de s'exposer à poil que de ne pas le faire, de suivre quelqu'un qui le fait ou bien de ne pas le faire.

Pour la classe dominante _mâle cisgenre blanche hétéro je re-précise_ il est pratique et rassurant de tirer cette conclusion simpliste. Pas besoin de s'interroger sur la signification profonde de cet engouement pour l'auto-portrait numérique, ni de reconnaître le soulagement dont elle est porteuse pour tant de gen.te.s invisibilisé.e.s, blessé.e.s par un environnement qui ne met en valeur qu'un modèle unique, très restrictif, des corps et de "la" beauté. Avec cette stratégie, pas besoin de reconnaître la toxicité de nos représentations collectives devant la déferlante #BodyPositive qui fait reculer chaque jour un peu plus le body shaming, et le slut-shaming. Mais vous ne trompez personne ;)

Internet, c'est ce qu'on en fait. C'est le lieu de naissance du mouvement body positive aussi bien que celui des trolls et du sexisme 2.0...
L'auto-kiff ça a du bon. Beaucoup de bon. Et même en publication ouverte sur tel ou tel réseau social, ça reste quelque chose de personnel sur lequel un jugement "de valeur" est totalement malvenu. Et puis si ça vous emmerde autant... ben y'a qu'à unfollow, ou bloquer les sources de votre offuscation. Et consacrer votre temps à des lectures qui vous satisfont, il en faut pour tout le monde sur le web et ce serait vraiment cool de cohabiter avec bienveillance et paix, au lieu de gaspiller votre énergie à insulter celleux qui ne vous semblent pas "dignes de vous". Des ""bons exemples"" (notion totalement subjective, cela va de soi^^), y'en à la pelle, avec les possibilités infinies des réseaux sociaux et mots dièse. Mais attention, il y a fort à parier qu'iels aussi, posteront elleux aussi des selfies, habillé.e.s ou non, une fois de temps en temps.

Nan, pas désolée pour un sou de défendre le selfie au même titre que la body positivity ;)

Et pour en revenir au sujet principal après cette digression afin de conclure, je vais tout simplement me répéter (après l'auto-kiff, l'auto-quote :3 ) :

Le body shaming* et slut shaming sont deux injonctions patriarcales ciblant les femmes et leurs corps, quels qu'ils soient, ainsi que la manière dont elles en disposent, dont elles en jouissent. Et c'est pour ça que le mouvement body positive, combat féministe intersectionnel, est indissociable de la lutte contre le slut shaming. Faire le choix conscient de les montrer, ou de les cacher, est une décision qui nous est propre. Et il n'y en pas une qui soit plus "respectable" que l'autre.


En toute modestie.

À très vite pour un article un peu moins épidermique, un peu plus body posi qu'anti-body shaming, je l'espère !


PS : *Puisque j'effectuais précisément un parallèle entre slut shaming, traitement machiste réservé aux femmes, et le body shaming, je n'ai pas insisté sur le fait que ce dernier n'épargnait en revanche pas les hommes. Du coup, je mets un lien vers ce post très touchant post de Monsieur Q sur le rapport qu'il a avec son corps, que j'adore, et qui me fait pleurer à chaque fois que je le relis. Et vous balance rapidement quelques noms de chouettes militants body posi à suivre : Matt Joseph Diaz, Bruce Sturgel, Kelvin Davis, Skylar KergilNick Vujicic ou encore Shaun Ross ;)






jeudi 25 février 2016

Au régime TOUT LE TEMPS : le trouble du comportement alimentaire "acceptable"

"Oh mon dieu j'ai avalé plus de 300 calories aujourd'hui, c'est pas sexy !" #TRISTESSE
Mon titre vous choque ? Parce que c'est "normal" de "faire attention" tous les jours ? De se priver en permanence ? De se démener à la salle de sport tous les midis et tous les soirs ? D'être "au régime" tout le fucking temps ? S'il vous choque toujours, parce que j'ose le comparer à un trouble du comportement alimentaire, qui désigne habituellement des pathologies bien plus précises, bien plus connues comme l'anorexie, la boulimie, l'orthorexie et que vous ne voyez pas là de connexion... Alors c'est bien la preuve qu'on a un sérieux problème. Parce que non, être constamment "au régime" n'est pas non plus un rapport sain à la nourriture, ni avec son corps. 


Coucou le patriarcat, le capitalisme, la société d'image, vous êtes encore là ! Mais on va pas vous laisser passer non plus.

Et puisque c'est la semaine de sensibilisation aux troubles du comportement alimentaires, "TCA", #EatingDisordersAwarenessWeek ... en tant que personne ayant vécu les trois troubles énoncés ci-dessous par le passé, et étant désormais militante body positive, j'avais vraiment très envie d'en parler.

J'imagine qu'on a tou.te.s dans notre entourage des personnes qui, à chaque repas, chaque sortie, tous les jours, ne manquent pas de rappeler pour justifier une privation qu'iels "font attention". Et s'il arrive, très rarement, que ces personnes là ne "craquent" (boudiou que je déteste cette expression, mais c'est comme ça que c'est ressenti... autre symptôme de ce mal, justement !), elles s'auto-flagelleront immédiatement en jurant de faire double ration de sport dès que possible "pour éliminer".


"Je dis non au MANGER !", chuis quelqu'un de bien TAVU. (Oui, ce post est sponsorisé par P!nk, aka l'amour de ma vie)
Parfois même, on est, ou on a été, cette personne. Je sais de quoi je parle. Donc j'en profite pour faire une parenthèse et préciser que je ne me "moque" pas du tout de ces personnes (oui, malgré le gif d'illustration tout en haut de l'article ;) ), qui me font plus mal au cœur qu'autre chose tant je connais la souffrance inavouée et inavouable car "normalisée", qui se cache là-dessous. Et parce que les raisons qui les, nous, poussent là-dedans, sont si incommensurablement toxiques... et dans le fond, juste tristement ridicules.

"Allez, encore une bonne gastro et j'aurai atteint mon poids idéal". J'en connais qui prononcent ce genre de phrases avec le plus grand des sérieux.
Ça me semble si évident, le fait que ces comportements, d'ordre quasi compulsifs, sont le fruit de notre société d'image qui valorise la-maigreur-à-tout-prix-mais-pas-trop-quand-même-non-plus-parce-qu'après-c'est-moche-faut-pas-déconner. Mais j'ai eu le droit à des réactions très virulentes, presque "territoriales", quand j'ai essayé d'avoir ces conversations avec des gen.te.s concerné.e.s. 

"Oh mais ça vaaaa, laisse-moi me nourrir que de repas liquides hyper protéinés, c'est SAIIIIN, j'te dis". On me dit que j'exagère quand je suggère que c'est un peu extrême, quand même.
Un peu comme s'iels se raccrochaient à cette obsession pour valider le bien fondé de leur existence. Si tu te fais souffrir pour être belle/beau, c'est déjà un pas de plus vers la sacro-sainte "beauté" stéréotypée en question. Par exemple, il n'y a qu'à voir la différence de traitement réservée à un.e gros.se au régime, "un.e bon.ne gros.se, parce qu'iel essaye de plus l'être, tu comprends, quel courage !" et un.e gros.se qui dit merde à tout ce bullshit et qui, donc, clairement, "se laisse aller, se conforte dans sa paresse (et autres clichés sur les gros.ses)" et demeure une source de dégoût.

Et bien que je parle là de régime et de "fitness", cette problématique est loin de ne concerner que les personnes considérées comme non-maigres, en surpoids, ou "au-delà". Le nombre de personnes minces qui ne s'autorisent "aucun écart", par peur de prendre un gramme et se mettent au sport "pour être plus toniques" parce que les magazines féminins et les médias ont quand même réussi à leur filer des complexes... me dépasse. Mais pas tant que ça. Parce que je suis suffisamment lucide sur le fait qu'on, surtout "nous les fâââmes", on ne sera JAMAIS.ASSEZ.BIEN. Quoi qu'on fasse, on sera toujours "trop ceci", ou "pas assez cela". (et que du coup, perso, j'ai décidé d'envoyer bouler tout ça et vivre ma vie heureuse, comme je l'entends #BodyPositive)

Et on nous le fait bien comprendre, dès la plus tendre enfance.
Donc, où que l'on se situe sur l'échelle de "la bonnassitude" (excusez-moi, je pars vomir et je reviens), vis-à-vis du "male gaze", bien entendu... il y aura toujours cette nécessité absolue de montrer patte blanche en prouvant, constamment, qu'on essaie de "faire mieux" pour rentrer dans le moule. Pour prouver "sa valeur". Puisque c'est connu, elle est déterminée par notre tour de taille et notre qualité de peau hein, ou du moins l'énergie qu'on dépense pour "améliorer son score", tout le monde sait ça.

Donc le fait "d'être tout le temps au régime" est doublement toxique, à la fois TCA et sexisme intériorisé. Et le pire, c'est qu'il est totalement inconscient, tant il a été internalisé comme stratégie de survie dans ce monde où l'on nous met en situation d'évaluation, de compétition permanente via les injonctions au corps et à la consommation. Ce qui fait qu'il est difficile de "s'y attaquer" sans se prendre une shitstorm dans la face. Surtout à l'ère du hashtag #healthy à toutes les sauces (enfin, celle sans sucre ou matière grasse quoi), jusqu'à l'overdose !...

Le 100% "healthy", 100% du temps.. C'est aussi BORING que... contre-productif, en termes de bien-être.
Breaking news : ce sont les comportements qui sont "healthy" ou non. Pas la bouffe. Pas le sport (un super article pour les anglophones à ce sujet ici). Et quitte à parler de "santé" (coucou les concern trolls, j'ai aussi pensé à vous), il serait temps de penser un peu à sa tranquillité d'esprit, à toutes ces choses qu'on pourrait faire en plus ou différemment, si on n'était pas constamment obsédé.e par son poids, son apparence, sa "conformité" aux standards.

"Ne passez pas à côté de 95¨% de votre vie juste pour peser 5% de moins" merci Flo @smiling.unicorn pour l'inspiration ❤
Je vous dis pas que c'est simple. Parce qu'entre cette prise de conscience et la déconstruction de toutes ces injonctions dont on nous gave depuis le berceau, le chemin est long. Et je re-précise que mon texte n'est nullement une "incrimination" des personnes dont je décris le comportement, mais une dénonciation du système qui les mis dans cet état, dont elles ignorent souvent le caractère maladif.

Non.

Ce que je vous dis, c'est que considérer l'option "je peux m'aimer comme ça, sans me torturer à longueur de journée" (oui, c'est une forme de torture) fait bel et bien partie des choix que vous pouvez faire, et qu'elle vous promet vraiment VRAIMENT une vie plus sympa. Et franchement moins chiante. Et, pour le coup, j'assume, avec tout l'amour du monde, la pincée de "condescendance" contenue cette dernière phrase ;)

Sus au patriarcat qui réduit nos rêves, aspirations et ambitions à notre seule apparence ! On vaut tellement mieux que ça... (sponso par P!nk, j'vous ai d'jà dit)

BISOUS !
Prenez soin de vous ❤❤❤


PS : Le régime, c'est DE LA MERDE.


Et tellement, TELLEMENT de temps !

PPS :
je ne vais MÊME PAS me fatiguer à préciser que "faire attention" ou "faire du sport" de temps en temps, par plaisir, pour se faire du bien, sans pression, n'est pas malsain en soi. Mais sachant très bien qu'on risque de me taxer de "lobbyiste de l'obésité" (je vois pas le rapport non plus hein, mais ce genre de remarques est 100% réelle sur le net dès qu'on aborde le body shaming) je tenais quand même à noter que je trouverais bien fumeux, et pas très fute-fute, un tel détournement de mes propos sur le sujet ;)



Déso, pas déso.