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vendredi 22 décembre 2023

Lâchez-nous le gras : le guide de conduite pour les minces durant les fêtes de fin d’année



Bonjour à toustes ! Il est vrai que je me fais rare par ici — les quelques moments de concentration suffisante pour écrire, je les emploie à divers projets de livres depuis maintenant 4 ans... Mais j’ai quand même souvent tendance à revenir pour les festivités de fin d’année, afin de soutenir mes adelphes adipeuxes face aux micro-agressions et autres agressions grossophobes caractérisées que nous subissons particulièrement fort durant cette période.


J’ai donc, au fil des ans, écrit une petite collection de divers « 
guides de survie » pour les personnes grosses en milieu festif hostile. Mais en cette fin 2023, je n’ai plus le temps des culs nous déshumanisent et refusent d’écouter ce que les militant·e·s anti-grossophobie répètent inlassablement, tous les jours, depuis maintenant des décennies.

Aussi, au lieu d’une fois de plus essayer de trouver des techniques pour souffrir le moins possible des injonctions contradictoires et autres idées reçues, propos et actes grossophobes des minces, je me suis dit que j’allais changer de stratégie. Cette année, on va les éduquer elleux, car iels en ont bien besoin. On va leur dire concrètement ce qu’il faut arrêter de faire, ce qu’il faut s’atteler à déconstruire s’iels prétendent réellement être des allié·e·s contre la grossophobie, ou souhaitent sincèrement le devenir... C’est parti !



1) Si vous avez des personnes gros·ses à table pour les fêtes, pensez tout d’abord à l’accessibilité de la dite tablée : évitez d’aménager un espace navigable seulement par fax, et prévoyez des chaises solides, sans accoudoirs. Ça peut vous paraître futile, puisque ce n’est pas un souci que vous rencontrez au quotidien, mais si vous saviez seulement combien on SOUFFRE en silence, en essayant de rester dignes, dans vos soirées... Vraiment, faites un effort.


2) Si vous n’avez pas de personnes gros·ses à table :


a - Ce n’est pas une raison pour dire ou laisser dire les horreurs grossophobes de saison (on y revient plus bas)


b - S’il s’agit de votre cercle d’ami·e·s et non de votre famille de sang... Questionnez-vous sur l’absence de gros·ses dans vos proches. Y en a-t-il eu mais qui se sont éloigné·e·s ? C’est sans doute à creuser. S’il n’y en n’a jamais eu... Posez-vous très sérieusement la question de leur absence au sein de vos relations amicales et/ou amoureuses.


 3) Ne parlez pas de sa prise/perte de poids de quelqu’un·e. À moins qu’iel ne se lance ellui-même dans des explications, bien que ce ne soit vraiment pas le meilleur moment de l’année pour ça. Certain·e·s prennent du poids et en sont content·e·s. D’autres en perdent et le vivent mal (coucou moi y’a un an qui a perdu 10 kilos en un mois avec un énorme pic de dépression, par exemple, j’ai encore du mal à me sentir tout à fait moi- même aujourd’hui). Bref, arrêtons de faire du poids des gens un sujet, ça ne l’est pas !


4) Oubliez à jamais vos recherches de compliments sur le dos des gros·ses quant à vos tenues de soirée. En période de fêtes ou non, juste, les « tu trouves pas que cette robe me fait un gros cul ? », les « j’ai mangé que du céleri pendant 3 semaines pour rentrer dans ce

pantalon » et autres « nan mais sur toi, c’est pas pareil-han » c’est non. Supprimez ces commentaires merdiques de programmation, merci.


5) Ne commentez pas le contenu des assiettes des autres, le fait qu’iels se resservent, en quelle quantité, à quelle fréquence, ou non. Et quel que soit leur tour de taille d’ailleurs ! Avant même d’être grossophobe, c’est tout simplement un grand manque de délicatesse et d’éducation.


6) Rangez-vos « blagues » sur la grosseur et le régime à leur juste et permanente place à savoir... dans la poubelle ! Exit les comptages intempestifs de calories, les « j’ai mangé comme un·e gros·se », les « à partir de demain c’est salade », « on va aller deux fois plus à la salle pour brûler tout ça » et compagnie. Cela constitue une atmosphère toxique pour TOUSTES, pas que les gros·ses. Parce que si la grossophobie les impacts effectivement elleux, le culte de la minceur fait du mal à tout le monde, puisque c’est ce qui crée les TCA (troubles du comportement alimentaire) et, en fin de compte, la grosseur, car 95% des régimes se soldent par un échec... et qu’être au régime tout le temps, c’est bien un TCA. Juste, kiffez votre repas, complimentez lae chef·fe, profitez de la compagnie de celleux que vous aimez. On est là pour ça, en fait.


7) Si vous n’arrivez pas à finir votre assiette : démerdez-vous pour que votre éventuelle demande d’aide ne fasse pas se sentir les gros·ses comme vos poubelles de table. Si vous avez eu les yeux plus gros que le ventre, c’est OK, ça arrive. Rien de mal à attendre que ça passe un peu, de laisser de côté, de demander à emporter les restes. Rien de mal non plus à solliciter la solidarité de votre tablée, évidemment. Mais que la demande soit générale, sans désigner une personne grosse du regard, sans pression sur qui que ce soit. Ce genre de situation nous arrive souvent à nous autres gros·ses et que l’on accepte ou que l’on refuse, c’est extrêmement humiliant pour nous.


8) De la même manière qu’il est nécessaire de reprendre Karen la raciste et Jean-Mi le misogyne, si vous voulez vraiment être des allié·e·s de la lutte contre la grossophobie, ne laissez-pas passer les propos ou actes grossophobes. Intervenez, expliquez. Vous avez le privilège d’être mince, on ne vous accusera pas d’être biaisé·e — true story. Et ce, aussi bien à un dîner de réveillon qu’à la machine à café au boulot.


9) Lisez les différents guides de survie en période de fêtes écrits par et pour des personnes gros·ses afin de comprendre à quel point cette liste qui peut paraître vous paraître bien anodine est cause de souffrance réelle pour nous. Et plus généralement, suivez des personnes gros·ses qui expliquent ce qu’est la grossophobie, qui font de la pédagogie sur le sujet.


10) Question cadeaux : n’offrez pas de kits « détox », minceur etc, ni aux gros·ses, ni aux minces. C’est de l’arnaque. C’est passif- agressif, ça contribue à alimenter une culture violente. À la place, offrez (et lisez vous-même) des livres écrits par des personnes grosses et qui font de la pédagogie sur le sujet. Comme par exemple : Gros n’est pas un gros mot de Daria Marx et Eva Perez Bello, Je suis votre pire cauchemar de Kiyémis, Fière d’être moi-même de Gaëlle Prudencio, Coup de gueule contre la grossophobie ou Mon corps en désaccord d’Anne Zamberlan, T’as un joli visage : mettre fin à la grossophobie de Shérazade Leksir, Grosse, et alors ? Connaitre et combattre la grossophobie d’Edith Bernier  On ne naît pas grosse de Gabrielle Deydier etc etc etc !


Voilà. Bon travail sur vous-mêmes les minces, à vous de faire le boulot maintenant… et belles fêtes à Toustes, et particulièrement mes Gros•ses sûr•e•s, j'vous aime, je suis avec vous ❤️

mardi 22 décembre 2015

Guide de survie Bodi Posi pour que les Fêtes restent Joyeuses ! (et bienveillantes)


C'est comme ça que j'avais appelé mon dernier article pour Terrafemina, à la base ;)
http://www.terrafemina.com/article/le-guide-de-survie-body-positive-pour-que-noel-reste-une-fete_a298242/1 J'aimerais le compléter par quelques lignes un peu plus personnelles ici...

( Je vais commencer par resituer un peu en plantant le décor : l'amour que je porte à ma famille est inconditionnel (ce qui confère à ce que je raconte ci-dessous son caractère d'autant plus douloureux). Et il ne m'empêche pas de critiquer ce que celle-ci a pu faire ou peut continuer de faire méchamment de travers. Du côté maternel, nous étions il y a encore quelques années, trois générations de femmes complexées constamment inquiétées par notre apparence et notre poids (je n'aborderai même pas le fait que c'est surtout "pour les hommes", du moins pas maintenant).


De mon côté, c'est allé jusqu'à l'anorexie (premier régime à 12 ans, 10 kilos perdus pendant les vacances d'été, tout le monde applaudissait, ma route était toute tracée...) pendant l'adolescence. J'ai jeté deux ans de ma vie dans la cuvette des toilettes. J'ai mis du temps à m'en remettre. Et la petite voix qui me suggère de recommencer revient régulièrement. Encore aujourd'hui.


Ma stabilisation est passée par de rares épisodes d'accalmie, et de nombreux régimes qui, au final, m'ont fait yoyoter jusqu'à atteindre in va-et-viens entre 99 et 100 kilos (je me demande souvent où j'en serais si je n'avais jamais cédé à la pression familiale étant gamine). Et ce, alors même que j'avais déjà la volonté d'être aussi body positive que les nanas qui m'inspiraient sur la toile. Passer de la théorie à la pratique, ce n'est pas évident... Aujourd'hui, j'y suis. J'ai "de mauvais jours", comme tout le monde, mais j'ai dépassé le stade où mon gros cul (et tout le reste) est "un problème à résoudre".


Depuis de nombreuses années, je vis seule en France, ma famille étant à un tiers aux États-Unis et aux deux restants en Russie. Je vais fêter le Nouvel An (mon "noël" d'athée à moi) à l'Est aussi souvent que possible. Et la joie de ce rendez-vous est malheureusement toujours aussi teintée d'angoisses. Si j'ai appris à me protéger, me défendre, à faire abstraction, l'appréhension est toujours là quant aux fêtes en famille... )


Fêtes (un peu plus) safe : mode d'emploi (pas à pas) *
*là où j'en viens au fait, à peu près

Ce "guide", en fait, je l'ai écrit autant "pour vous", que pour moi. Les solutions et astuces que j'y présente sont toutes testées-approuvées par moi-même. L'année dernière, on a même atteint le point assez cocasse (même si ça n'a pas duré longtemps) où personne ne me faisait de remarques "Bah, on n'a peur de te dire quoi que ce soit maintenant vu que tu réponds à chaque fois". LAULE.

 
J'allais pas passer à côté de l'occasion de pouvoir placer un enchaînement de gifs de RuPaul's Drag Race pour illustrer ça hein^^

Mais forte de ces petites avancées sur ma confiance en moi, ces dernières années, ces derniers mois, j'ai non seulement fait la paix avec mon corps, mais aussi décidé de ne plus "diluer ma personnalité" pour faire plaisir. Je suis excentrique et tatouée. Je suis militante féministe (entre autres), aussi bien sur le terrain que sur le net. Je poste "beaucoup trop" sur les réseaux sociaux. Je suis célibataire, je ne veux pas d'enfants. C'est tout ce qui est ma vie telle que je l'aime, mais aussi des lignes de plus sur la liste de reproches potentiels (et vite avérés, d'ailleurs^^) du cercle familial tel qu'il est. Donc chaque année, ces repas/week-ends/vacances de famille sont de nouveaux défis. Mais ce que je sais, c'est que j'en ressors toujours plus forte.

Cet article que j'ai écrit, finalement, il s'applique aussi bien aux réflexions de body shaming qu'on peut subir qu'aux remarques sur nos (non-)choix, nos opinions, nos identités, ce qu'on fait de nos vies ainsi que pour faire face aux atrocités oppressives en général que peuvent nous sortir certains proches... Tant que vous êtes bien dans vos pompes, ou que vous essayez de l'être autant que faire se peut, sans faire de mal à personne : votre ressenti, votre expérience, vos envies, vos actions sont lé-gi-times ! Vous avez le droit de vous défendre, de dire non, de dire merde. Même à votre famille. Et de laisser glisser leur toxicité, intentionnelle ou non, sur vous, jusque dans le caniveau.

 
 
(l'équivalent anglais de "la bave du crapaud n'atteint pas la blanche colombe, sauf que là, on parle d'un canard)


Je suis bien placée pour savoir que ce n'est pas évident. Du tout. Mais on peut y arriver petit à petit. Vous pouvez le faire. J'vous jure. Donc voilà, ce petit complément personnel était juste pour dire à tou.te.s celleux qui rentrent passer les fêtes auprès d'une famille au potentiel toxique, ou carrément malveillante, sur tous les sujets susmentionnés (ou qui vivent 100% du temps avec) : je pense à vous, vous pouvez le faire, je vous bisoute, je vous aime, et je vous envoie une tonne de bonnes ondes arc-en-ciel pour que vos fêtes soient joyeuses