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vendredi 22 décembre 2023

Lâchez-nous le gras : le guide de conduite pour les minces durant les fêtes de fin d’année



Bonjour à toustes ! Il est vrai que je me fais rare par ici — les quelques moments de concentration suffisante pour écrire, je les emploie à divers projets de livres depuis maintenant 4 ans... Mais j’ai quand même souvent tendance à revenir pour les festivités de fin d’année, afin de soutenir mes adelphes adipeuxes face aux micro-agressions et autres agressions grossophobes caractérisées que nous subissons particulièrement fort durant cette période.


J’ai donc, au fil des ans, écrit une petite collection de divers « 
guides de survie » pour les personnes grosses en milieu festif hostile. Mais en cette fin 2023, je n’ai plus le temps des culs nous déshumanisent et refusent d’écouter ce que les militant·e·s anti-grossophobie répètent inlassablement, tous les jours, depuis maintenant des décennies.

Aussi, au lieu d’une fois de plus essayer de trouver des techniques pour souffrir le moins possible des injonctions contradictoires et autres idées reçues, propos et actes grossophobes des minces, je me suis dit que j’allais changer de stratégie. Cette année, on va les éduquer elleux, car iels en ont bien besoin. On va leur dire concrètement ce qu’il faut arrêter de faire, ce qu’il faut s’atteler à déconstruire s’iels prétendent réellement être des allié·e·s contre la grossophobie, ou souhaitent sincèrement le devenir... C’est parti !



1) Si vous avez des personnes gros·ses à table pour les fêtes, pensez tout d’abord à l’accessibilité de la dite tablée : évitez d’aménager un espace navigable seulement par fax, et prévoyez des chaises solides, sans accoudoirs. Ça peut vous paraître futile, puisque ce n’est pas un souci que vous rencontrez au quotidien, mais si vous saviez seulement combien on SOUFFRE en silence, en essayant de rester dignes, dans vos soirées... Vraiment, faites un effort.


2) Si vous n’avez pas de personnes gros·ses à table :


a - Ce n’est pas une raison pour dire ou laisser dire les horreurs grossophobes de saison (on y revient plus bas)


b - S’il s’agit de votre cercle d’ami·e·s et non de votre famille de sang... Questionnez-vous sur l’absence de gros·ses dans vos proches. Y en a-t-il eu mais qui se sont éloigné·e·s ? C’est sans doute à creuser. S’il n’y en n’a jamais eu... Posez-vous très sérieusement la question de leur absence au sein de vos relations amicales et/ou amoureuses.


 3) Ne parlez pas de sa prise/perte de poids de quelqu’un·e. À moins qu’iel ne se lance ellui-même dans des explications, bien que ce ne soit vraiment pas le meilleur moment de l’année pour ça. Certain·e·s prennent du poids et en sont content·e·s. D’autres en perdent et le vivent mal (coucou moi y’a un an qui a perdu 10 kilos en un mois avec un énorme pic de dépression, par exemple, j’ai encore du mal à me sentir tout à fait moi- même aujourd’hui). Bref, arrêtons de faire du poids des gens un sujet, ça ne l’est pas !


4) Oubliez à jamais vos recherches de compliments sur le dos des gros·ses quant à vos tenues de soirée. En période de fêtes ou non, juste, les « tu trouves pas que cette robe me fait un gros cul ? », les « j’ai mangé que du céleri pendant 3 semaines pour rentrer dans ce

pantalon » et autres « nan mais sur toi, c’est pas pareil-han » c’est non. Supprimez ces commentaires merdiques de programmation, merci.


5) Ne commentez pas le contenu des assiettes des autres, le fait qu’iels se resservent, en quelle quantité, à quelle fréquence, ou non. Et quel que soit leur tour de taille d’ailleurs ! Avant même d’être grossophobe, c’est tout simplement un grand manque de délicatesse et d’éducation.


6) Rangez-vos « blagues » sur la grosseur et le régime à leur juste et permanente place à savoir... dans la poubelle ! Exit les comptages intempestifs de calories, les « j’ai mangé comme un·e gros·se », les « à partir de demain c’est salade », « on va aller deux fois plus à la salle pour brûler tout ça » et compagnie. Cela constitue une atmosphère toxique pour TOUSTES, pas que les gros·ses. Parce que si la grossophobie les impacts effectivement elleux, le culte de la minceur fait du mal à tout le monde, puisque c’est ce qui crée les TCA (troubles du comportement alimentaire) et, en fin de compte, la grosseur, car 95% des régimes se soldent par un échec... et qu’être au régime tout le temps, c’est bien un TCA. Juste, kiffez votre repas, complimentez lae chef·fe, profitez de la compagnie de celleux que vous aimez. On est là pour ça, en fait.


7) Si vous n’arrivez pas à finir votre assiette : démerdez-vous pour que votre éventuelle demande d’aide ne fasse pas se sentir les gros·ses comme vos poubelles de table. Si vous avez eu les yeux plus gros que le ventre, c’est OK, ça arrive. Rien de mal à attendre que ça passe un peu, de laisser de côté, de demander à emporter les restes. Rien de mal non plus à solliciter la solidarité de votre tablée, évidemment. Mais que la demande soit générale, sans désigner une personne grosse du regard, sans pression sur qui que ce soit. Ce genre de situation nous arrive souvent à nous autres gros·ses et que l’on accepte ou que l’on refuse, c’est extrêmement humiliant pour nous.


8) De la même manière qu’il est nécessaire de reprendre Karen la raciste et Jean-Mi le misogyne, si vous voulez vraiment être des allié·e·s de la lutte contre la grossophobie, ne laissez-pas passer les propos ou actes grossophobes. Intervenez, expliquez. Vous avez le privilège d’être mince, on ne vous accusera pas d’être biaisé·e — true story. Et ce, aussi bien à un dîner de réveillon qu’à la machine à café au boulot.


9) Lisez les différents guides de survie en période de fêtes écrits par et pour des personnes gros·ses afin de comprendre à quel point cette liste qui peut paraître vous paraître bien anodine est cause de souffrance réelle pour nous. Et plus généralement, suivez des personnes gros·ses qui expliquent ce qu’est la grossophobie, qui font de la pédagogie sur le sujet.


10) Question cadeaux : n’offrez pas de kits « détox », minceur etc, ni aux gros·ses, ni aux minces. C’est de l’arnaque. C’est passif- agressif, ça contribue à alimenter une culture violente. À la place, offrez (et lisez vous-même) des livres écrits par des personnes grosses et qui font de la pédagogie sur le sujet. Comme par exemple : Gros n’est pas un gros mot de Daria Marx et Eva Perez Bello, Je suis votre pire cauchemar de Kiyémis, Fière d’être moi-même de Gaëlle Prudencio, Coup de gueule contre la grossophobie ou Mon corps en désaccord d’Anne Zamberlan, T’as un joli visage : mettre fin à la grossophobie de Shérazade Leksir, Grosse, et alors ? Connaitre et combattre la grossophobie d’Edith Bernier  On ne naît pas grosse de Gabrielle Deydier etc etc etc !


Voilà. Bon travail sur vous-mêmes les minces, à vous de faire le boulot maintenant… et belles fêtes à Toustes, et particulièrement mes Gros•ses sûr•e•s, j'vous aime, je suis avec vous ❤️

dimanche 24 décembre 2017

Culture du régime pendant les fêtes : "Chocolat, Ursula & TCA" un conte de Noël teinté de grossophobie


Dans ma participation au podcast auquel d'Arte, "Le gras est politique" aux côtés de Lucie Larousse et de Gras Politique, j'ai évoqué un épisode en apparence innocent de mon enfance; Je parlais d'un simple bout de pain, que j'ai refusé de manger en pleurant car "il allait me faire grossir", dans l'idée de montrer à quel point on peut intégrer l'idée que la pire chose au monde est de grossir tôt, à quel point c'est absurde de violence, et à quel point notre société est profondément grossophobe.



J'ai été surprise d'avoir plusieurs retours sur ce passage spécifique, alors je vais vous en raconter un autre, un peu dans le même genre, mais encore plus banalement violent, et plus étoffé...
Trigger warning : je vais vous parler d'anorexie, et de culture du régime, en période de fêtes de fin d'année.

***

Depuis petite, ma mère a commencé à rationner tout ce que je mangeais, en prêtant une attention particulière aux sucreries. Il n'y avait quasiment jamais de douceurs à la maison, du coup je me rattrapais quand je pouvais avec la monnaie à la boulangerie, ou aux goûters chez les camarades de classe. On a rapidement compris que la chose que j'aimais le plus au monde, c'était le chocolat, le chocolat praliné. Du coup, chaque année, sous le sapin (dès fois le 25 pour faire comme tout le monde, mais dans la tradition russe non-croyante, notre vraie grosse fête où passe le Père (Noël) Grand Froid, c'est pour la Nouvelle Année, le 31), j'avais une boîte d'Escargots de Lanvin.

Au fil des ans, ce rendez-vous est devenu mon "pêcher mignon" _je déteste cette expression mais elle est très importante pour illustrer à quel point la morale alimente la grossophobie_ j'avais hâte d'ouvrir cette boîte et d'en savourer ce contenu si rare et si précieux. Pour lequel je me faisais toujours réprimer de ne pas assez l'économiser, d'ailleurs.

Je ne vais pas vous faire tout l'historique de mes régimes et de mon anorexie ici (je l'évoque brièvement dans le podcast), mais simplement resituer : mon année de première et de terminale ont été marquées par ce trouble du comportement alimentaire. Naturellement, les fêtes étaient une période extrêmement compliquée à vivre pour ne pas me faire repérer, car pour une fois, on insistait pour que je mange, reprenne une seconde portion, vu que j'étais maigre !... Et c'était une vraie violence que d'avaler toute cette nourriture pour maintenir les apparences, avant de filer aux toilettes m'en débarasser le plus discètement possible.

Mon premier Nouvel An d'anorexique, ma mère ne m'a pas offert d'escargots pralinés, soucieuse d'encourager ces efforts si sains de ma part pour enfin être cette fille mince dont elle avait tant rêvé. Mais à table, chez les amis russes avec lesquels nous fêtions le réveillon du 31, il y en avait une immense, de boîte. Et tout le monde a insisté pour que j'en prenne au moins un. J'ai résisté, mais j'ai fini par en poser un devant moi, et une fois l'attention envolée vers un autre sujet, j'ai été le glisser dans mon sac à main.

Le lendemain, je l'ai mis dans la boîte de mes Converse neuves, et l'ai calée sous la première marche de l'échelle menant à mon lit mezzanine. De là, j'ai créé un autre rituel avec cette friandise. Les jours où j'étais particulièrement fatiguée et triste de passer mes journées à compter les calories, faire des allers-retours ax WC, m'épuiser sur le vélo heliptique dans le garage en tenue de sudation, me détester... J'ouvrais cette boîte et soutenais le regard de cet escargot doré pour me rappeler à quel point j'étais FORTE, résistante, accomplie malgré la souffrance.

Un Noël et un printemps plus tard, j'ai glissé de l'anorexie à l'orthorexie, et commencé à reprendre du poids. Je me souviens d'avoir fait un grand ménage dans ma chambre avant la rentrée qui marquait mon passage aux études supérieures. J'avais presque fini par oublier cette boîte, et je l'ai ouverte, mais, toujours profondément dans la restriction et la haine de moi-même, je l'ai refermée, puis balancée dans l'immense sac poubelle avec laquelle je faisais mon tri.

C'était juste UN pétain de chocolat, mon chocolat préféré, mais non.
Il symbolisait un lâcher-prise qui m'était interdit, la VIE que je ne pouvais pas m'autoriser si je voulais être belle et acceptée, vu que c'était la seule chose qui comptait à ce moment là.

Quelques années plus tard, en coulisses d'un dîner de Noël dans la famille de mon ex, j'exprimais à mon beau-père de l'époque la douleur que j'éprouvais à voir sa petite amie se priver si "vocalement" des bonnes choses qu'il y avait à table car elle "faisait attention" (quand je vous disais qu'être au régime 365j/365 était un TCA totalement acceptable...), car il avait lancé cette conversation lors du rangement,. Il m'a alors rétorqué qu'il comprenait qu'elle fasse gaffe, car "quand elle était petite elle était un peu boulotte, comme moi" (je faisais un petit 38-40 à ce moment là de ma vie), dans la plus grande décontraction. Je lui raconte donc l'épisode de l'escargot, pour lui montrer à quel point ces privations sont violentes et inutiles, dans le fond. Pas ému une seule seconde de ce que je viens de confier les larmes aux yeux, il se contente de dire que c'est important de se contrôler pour ne pas se laisser aller.

Lui-même enchaînait alors les régimes qui échouaient à chaque fois.
Aujourd'hui encore, la violence de la grossophobie internalisée me dépasse.

Lors de cette cette conversation, j'avais enfin stabilisé mon poids, je mangeais "normalement", sans me priver ni me goinfrer, j'avais trouvé une sorte d'équilibre et commençais tout doucement à m'accepter telle quelle. Mais cette conversation, les remarques de mon ex sur le fait que je ne sois "pas vraiment mince" et celles des collègues de l'époque quant au fait que "j'assumais mes rondeurs" m'ont replongée dans la spirale des régimes quelques mois plus tard... Le yoyo qui a suivi a fini par me faire passer cette barre tant crainte des 100 kilos, des fringues impossibles à acheter dans les magasins mainstream et des vergetures grimpant de plus en plus haut vers mon nombril à mesure que mon ventre grossisait, et qu'il grossit toujours.

Si on m'avait dit que ce serait précisément de franchir ce cap, sur lequel de nouveaux kilos se sont greffés depuis, qui me libererait de ma grossophobie internalisée... Je ne l'aurais jamais cru. Ouais, ça y est, les toubles du comportement alimentaire et les régimes ont fait de moi cette grosse que vous aviez tou.te.s si peur que je sois, on peut changer de sujet maintenant ?!

J'ai eu d'innombrables engueulades avec ma mère à ce sujet depuis, elle me parlait très régulièrement de "ma santé" pour appuyer ses injonctions à manger de plus petites portions et à mincir, elle s'offusquait quand je lui rappelle le rôle qu'elle a joué dans l'engrenage qui m'a menée jusqu'ici. Je me suis tant affirmée quant à cette partie de mon identité, de mon militantisme, que je ne lui laisse plus aucune place sur ce terrain. Alors elle trouve des moyens détournés de me signifier sa désapprobation quant à mon apparence, mes "choix de vie". Maintenant son grand truc pour me dire qu'elle n'aime pas ma couleur de cheveux, ma tenue, ma silhouette ou mon attitude, c'est de me comparer à... Ursula.



Mais pauvre âme en perdition... Elle ne sait pas que c'est justement une des représentations de grosse qui me donne de la force pour résister au bullshit grossophobe ambiant ! Je me contente de hausser les épaules lorsqu'elle me dit ça, car j'éprouve une immense satisfaction à prendre ce compliment qu'elle me fait sans le savoir ¯\_(ツ)_/¯

Depuis que je suis "officiellement grosse", je m'offre une boîte d'escargots de Lanvin chaque année pour les fêtes, et je ne lui fais pas de quartier. Et en repensant à Ursula, je me suis dit que ces chocolats ressemblaient qand même grandement à son collier magique, alors...


Bon, si je vous dit tout ça, c'est pas juste par plaisir d'étaler mon intimité ni de m'amuser à faire des photos rigolotes. La morale de cet étrange conte de Noël est la suivante : je peux compter les regrets de ma vie sur les doigts de la main, et celui de n'avoir pas sorti ce petit gastéropode cacaoté de son emballage doré pour le croquer il y a une dizaine d'années en fait partie.

Donc aujourd'hui, 24 décembre 2017, sans vouloir tomber dans une injonction malgré-moi, j'ai quand même terriblement envie de vous dire de vous faire plaisir, de mordre à pleine dentition dans toutes ces bonnes choses que la morale grossophobe voudrait vous interdire. C'est cliché mais ouais, on n'a qu'une vie, et comme dirait l'autre "la vie est trop courte pour s'épiler la chatte" : c'est important de s'interroger sur les choses qu'on se fait subir, pourquoi on les fait, qu'est-ce qu'elles nous apportent, et de faire, ou revoir, nos choix ensuite.

Mais promis, un soir de l'année, ce petit bonus chocolaté ne changera RIEN, à part libérer de l'endorphine dans votre cerveau, et vous faire du BIEN. C'est ce que j'aimerais parfois retourner dans le temps pour me dire, alors à tout hasard, je vous le couche ici par écrit.

Enfin, à tou.te.s les personnes dans la privation des régimes, dans l'enfer d'un trouble du comportement alimentaire, et à tou.te.s les gros.ses qui affrontent à l'instant même des fêtes de famille très oppressives... Je pense fort fort fort à vous, et vous envoie tout mon soutien, à vous, ainsi qu'à tou.te.s celleux qui vivent le racisme, les LGBTQIphobies et le validisme encore plus fort pendant cette période de l'année ❤️💜💙💚💛

Sachez que de nombreux.ses militant.e.s fat activistes et body positive partout dans le monde donnent toute leur énergie chaque jour pour détruire le système normatif capitaliste, sexiste, raciste, validiste et toute la liste qui vous fait vivre tout ça, et qu'iels y arriveront.



Peut-être pas pour Noël 2017, ni même 2018, mais iels y arriveront.
On y arrivera.

Et si vous voulez, et pouvez, il y a de la place pour tou.te.s dans les rangs, on vous attend ;)



vendredi 23 décembre 2016

Repas de famille (mais pas que) : et si on se complimentait autrement ?

L'article sera un peu moins long que les deux précédents (dit-elle ayant déjà tapé 5000 signes, sans avoir fini^^), et un peu plus asbtrait. Là, je propose simplement quelques pistes à explorer pour être plus bienveillant.e.s envers nous-mêmes aussi bien que les autres via la manière dont on s'adresse à elleux au moment de leur dire quelque chose de positif. Parce que le compliment aussi peut être problématique, parfois, ou du moins comporter un second niveau de lecture un brin contreproductif vis-à-vis de nos intentions premières lorsqu'on ouvre la bouche pour le prononcer.

Avec les fêtes de fin d'année, il n'y a pas que les réunions de famille et autres repas à rallonge qui peuvent se révéler être de véritables terrains minés pour notre rapport à nos corps, notre bien-être, notre santé mentale... Car à ces occasions, il y a comme une sorte d'obligation de se pomponner, on dit bien "se mettre sur son 31", non ? Alors oui, pour celleux à qui ça fait plaisir de jouer le jeu, ben tant mieux, chacun.e ses outils pour s'auto-kiffer et pour celleux que ça gonfle : qu'on leur lâche la grappe. Mais vient ensuite la délicate question du compliment. Il peut faire plaisir, c'est même assez souvent le cas, selon comment il est formulé, et l'intention qu'on y met. Sauf que si on y réfléchit bien, nous renvoyer sans cesse à notre apparence, c'est nous y réduire.

La body positivity nous apprend à voir la beauté en nous, mais cela pour mieux nous faire dépasser la fascination envers le "joli", et nous aider à (re)trouver une légitimité, une confiance, un respect de soi, une écoute et une bienveillance envers nous-mêmes, et les autres ! Sans parler du fait que certaines des choses que vous allez relever chez l'autre risquent de réveiller en iel un trigger, au lieu de lui faire du bien.


Et si, pour changer, on évitait les compliments sur le physique lors des fêtes qui arrivent ? Ne serait-ce que pour l'expérience.

Je pense que le résultat peut être très intéressant, et nous faire changer certaines habitudes. Je vous propose donc un petit challenge : cette année, on évite les compliments sur le physique (en particulier les trucs passifs-agressifs du style "oh t'as minci, t'es vachement mieux comme ça" ou "dis donc t'as pris du cul, ça te va bien"), mais aussi les trucs bâteaux dans le genre "t'as d'beaux yeux tu sais". Faisons travailler nos méninges et notre empathie. Et si vos yeux vous supplient votre bouche dire au moins quelque chose face à la fabulosité de quelqu'un.e, complimentez plutôt sa tenue, son sens de l'accessoire, son habileté à se faire une coiffure sophistiquée... bref, quelque chose qui valorise aussi ses talents, pas juste son image.



Evitons aussi l'écueil des "ma belle" et cie : personne ne nous appartient, jamais, et c'est assez paternaliste, comme tournure et très très familier, aussi (perso je suis passée au "mon chat", "mon lapin", "mon caillou", "ma crotte", mais c'est réservé aux très proches !). Ah ben oui, tout de suite, ça fait cogiter à ce réflexe de sortir certaines phrases ou expressions toutes faites, hein ? Ben c'est le but de la manip, déconstruire tout ça, et voir ce que vous voulez ou non en garder, ce que vous souhaitez en changer, et comment.

Mais que dire de positif aux personnes qu'on souhaite complimenter alors ?

M'enfin, nous sommes tou.te.s TELLEMENT plus que nos _certes fabuleuses_ enveloppes corporelles ! Il y a un océan de compliments à votre portée qui ne concernent pas l'apparence de la personne que vous avez en face. Même si vous la connaissez peu, scrutez donc tout ce qui fait que vous la trouvez "belle", cette personne : il y a son rire, ses gestes, son parfum, la manière dont iel s'exprime, l'énergie qu'iel dégage, le puits de science et/ou de culture qu'iel semble être, son humour...

Et pour les gen.te.s que vous connaissez bien, que vous appréciez, aimez... les points positifs à souligner ne devraient pas manquer ;)



Pourquoi je vous bassine avec ces histoires de compliments à éviter/à essayer de privilégier :

A titre personnel, j'ai remarqué que plus ça va, plus les "t'es belle/t'es magnifique/t'es canon/t'as un beau ceci, un joli cela" me glissent dessus. Il y a quelques années, je m'y accrochais, j'en avais besoin, car je ne les avais jamais entendus, mais surtout jamais pensé (et c'est le cas de beaucoup de monde, y'a rien de mal à ça, et c'est bien pour ça que je propose qu'on s'intérroge sur le sujet plutôt qu'on mette tout à la poubelle ;) ). Sauf qu'aujourd'hui, les compliments agréables qui me réchauffent le coeur et résonnent agréablement dans ma mémoire ne sont pas ceux là, mais ceux-ci : "tu as une belle humanité", "tu me fais trop rire meuf", "tu es le bois dont on fait les nouveaux monde", "ta surempathie est ta plus belle qualité", "t'as une belle plume", "j'admire ton engagement". Bon, du coup, déso, le but était pas de me jeter des fleurs (je vous rassure, j'ai entendu et entends régulièrement tout un tas d'horreurs pour compenser hein ;) ), mais de vous donner des exemples concrets de la différence entre les deux types de compliments dont je parle.

Et riche de ce constat quant à mes propres réactions, j'ai aussi changé ma façon de m'adresser aux autres. Il n'est pas rare de m'entendre dire à quelqu'un.e qu'iel est lumineux.se, qu'iel est un soleil, qu'hiel rend le monde plus beau juste en existant, qu'iel est important.e/légitime/irremplaçable, qu'iel a une place très spéciale dans ma vie... et autres trus cul-culs (mais sincères, toujours) à souhaits, mais pas sur le physique. Et je remarque que "l'effet produit" est bien plus puissant qu'un classique commentaire, même très positif et enthousiaste, sur l'apparence de mon interlocuteur.trice. Ce qui ne m'empêche bien sûr pas, avec des personnes vis-à-vis desquelles je sais que c'est safe, de complimenter aussi le physique, l'allure générale, parfois. L'idée n'est pas de se débarasser de cette habitude là, mais de la questionner, et de ne pas s'y cantonner. Je suis sûre que si vous essayez, vous en tirerez des conclusions assez proches des miennes. N'hésitez pas à m'en faire part en commentaires ou dans les DM Facebook, Twitter ou Instagram, si vous voulez  ;)


L'année prochaine, j'espère pouvoir vous pondre un truc sur "comment accépter les compliments", second chapitre^^. Perso, c'est encore compliqué, mais je vais y travailler en 2017 :p

*****

Quoi qu'il en soit, je vous souhaite d'être bien entouré.e.s pour les fêtes (que vous les célébriez ou non, on "subit" l'ambiance de toute façon..) et que les réunions de famille, ou équivalents, se passent le mieux possible. Je pense fort à vous et vous envoie tout plein de bonnes ondes, et tout mon amour. Courage ❤❤❤


jeudi 22 décembre 2016

Repas de famille (mais pas que) : 100 sujets de conversation plus intéressants que le régime

Hier, on parlait de couper court aux discussions toxiques sur le poids durant les repas de famille, qui sont particulièreent violentes de grossophobie lors des repas de famille où il faut à la fois bien manger et s'auto-flageler sur son "abus" de bouffe dans la seconde qui suit la déglutition. Aujourd'hui, on passe à l'étape supérieure, à savoir, répondre à l'angoisse suivante (valable aussi pour les discussions entre collègues, n'importe quel autre public, n'importe quel autre lieu, quand on ressasse les dangereux stéréotypes autour de la bouffe, des kilos, de la silhouette) : mais si on peut pas passer tout le repas de réveillon/de famille à parler de comment on va éliminer tout ce qu'on vient d'avaler, de pourquoi on ne prend pas de désert ni des kilos pris par Tartampion.ne... de quoi qu'on va causer ?

(là, c'est le moment où on réalise à quel point ces sujets de conversation sont omniprésents, tout le temps, et en particulier autour des grandes tablées des occasions particulières... j'en parlais notamment ici)

Rassurez-vous, y'a largement de quoi faire.

Et si jamais vous séchez...


Voici 100 sujets de conversation en vrac, lolilol, trolls ou (très) sérieux, qui seront beaucoup plus intéressants mais surtout moins néfastes que la dernière détox de Kate Middleton (pas d'ordre d'importance ou d'intérêt, encore moins de cohérence, c'est juste histoire de lister 100 pistes qui ne parlent pas de régime, de poids, d'apparence et prouver que c'est fucking possible^^) :

1) le dernier film que tu as vu au cinéma (ou en streaming, chez toi)
2) les recettes de ce que vous êtes en train de manger
3) la météo
4) le réchauffement climatique
5) tes plans (ou absence de) pour les prochaines vacances
6) est-ce que vous avez vu qu'en 2017, tous les jours fériés étaient rattachés à un week-end ?
7) la dernière série qui vous a fait kiffer
8) ce conducteur de métro qui a fait une blague, la dernière fois
9) la reproduction des coléoptères
10) quelle marque de lessive choisir
11) la déprime profonde des élections US
12) la déprime profonde des élections chez nous en 2017
13) les voisins du dessins qui sont vachement bruyants
14) t'as vu comme la lune est belle ce soir ?
15) ces groupes honteux qu'on adore en secret
16) les dernières photos prises avec le chat/le chien
17) l'augmentation du prix des timbres
18) l'augmentation (lol) du smic
19) Adama Traoré
20) les violences policières
21) le racisme institutionnel
22) la mignonceté insoutenable des antilopes naines
23) l'existence de tout plein d'animaux nains que tu savais même pas qu'ils existaient dis donc
24) team chat ou team chien ?
25) cuillère ou couteau pour la pâte à tartiner ?
26) les meilleurs jeux de société
27) la dernière vidéo stupide qui t'a fait marrer sur youtube
28) la dernière info qui t'a foutu en pétard
30) les arc-en-ciels lunaires
31) la dernière mise à jour de Pokémon Go
32) le pic de pollution
33) ton crush
34) pour ou contre le retour de la coupe mullet
35) le patriarcat
36) le blantriarcat
37) la cishétéro-normativité
38) les énergies renouvelables
39) la chanson que t'arrives pas à faire sortir de ta tête
40) les meilleurs souvenirs d'enfance
41) les pires bêtises que t'as fait plus jeune
42) ces numéros inconnus relous qui t'appellent
43) le harcèlement de rue
44) le dernier livre que t'as lu
45) l'album que t'écoutes en boucle en ce moment
46) la dernière cuite que toi et/ou tes potes avez pris
47) ton dernier epic fail
48) ton dernier epic win
49) les enfants, si t'en as, si t'en veux, si tu les aimes pas
50) pourquoi "42" ?
51) les Balkany
52) la justice à deux vitesses
53) Jacqueline Sauvage
54) les violences faites aux femmes
55) la lourdeur des complotistes
56) pourquoi il ne faut jamais lire les commentaires
57) toujours pas de bouton "j'aime pas" sur facebook
58) la fin de Vine
59) les derniers filtres marrants sur Snapchat
60) la dernière blague pourrie qu'on t'a racontée
61) l'utilité de la misandrie ironique
62) la nécessité de rire des dominants et non des opprimé.e.s
63) le dernier fou rire que t'as eu
64) le dernier truc qui t'a collé la larme à l'oeil
65) pourquoi les oignons font pleurer
66) pourquoi les dessins animés nous touchent plus que les films
67) pourquoi la mort d'animaux innocents nous touche souvent plus que celle des humains à l'écran
68) est-ce que Pluton est une planète, ou pas alors, quelqu'un a suivi ?
69) ce serait chouette d'aller s'exiler sur Mars là...
70) les extraterrestres existent-ils ?
71) ça se trouve ils ont vraiment fait demi-tour en voyant ce qu'on a fait de la Terre !
72) les robots prendront-ils le pouvoir sur nous un jour ?
73) l'intelligence artificielle peut-elle avoir une conscience, des sentiments ?
74) la lenteur des administrations
75) le truc que tout le monde adore et que tu trouves surfait
76) le truc que tout le monde critique mais que t'aimes bien
77) la prochaine saison de Game Of Thrones
78) pourquoi Game Of Thrones est problématique (entre autres)
79) pourquoi on peut difficilement faire autrement que de choisir ses combats
80) le prochain Miyazaki (oui oui)
81) le studio d'animation, Ponoc, monté par des anciens de Ghibli et son long métrage à venir
82) ils vont VRAIMENT sortir un cinquième Shrek ?
83) il sort quand déjà le prochain Star Wars ?
84) et le second volet des Animaux Fantastiques ?
85) Harry Potter et l'enfant maudit : t'en as pensé quoi ?
86) ce sera quoi la prochaine grande saga à captiver petits et grands ?
87) quel est l'album qui a rendu ton année 2016 moins pourrie ?
88) le clip que tu regardes en boucle en ce moment
89) la guerre en Syrie
90) pourquoi est-ce qu'on traite aussi mal les réfugié.e.s ?
91) pourquoi (l'extrême) droite ne parle d'aider "les SDF français" qu'en opposition aux réfugié.e.s ?
92) peut-on encore parler de gauche en France ?
93) verre à moitié plein ou à moitié vide ?
94) pain au chocolat ou chocolatine ?
95) beurre doux ou demi sel ?
96) ou plutôt margarine végétale DIY ?
97) la grippe/gastro que t'as eue ou à laquelle t'échappes pour l'instant
98) team thé-citron-miel ou team grog pendant la crève ?
99) dormir en pyjama, ou à poil ?
100) et si on prenait pas de résolutions qu'on tiendra pas cette année ?

Et y'en a tellement, tellement, TELLEMENT d'autres, pour tous les goûts et toutes les humeurs ! Vous n'avez plus d'excuses ;)


BONUS si vous souhaitez tant parler de ce sujet que ça, faites le par un angle qui change les choses, en bien :

101) pourquoi parler non stop de poids/apparence/régime/détox est toxique
102) pourquoi la grossophobie est une vraie violence, une oppression systémique
103) c'est plutôt chouette les mouvements fat positive et body positive !


***

Rendez-vous demain pour un troisième et dernier sujet body positive contre la grossophobie de Noël-mais-pas-que (si y'en a qui se demandent dans l'assistance, je kiffe les cadeaux, la période de l'année et la déco, mais j'le fête pas^^) ;)

Et la semaine prochaine on se concentrera sur les aspect body positive de 2016, car si cette année a été méga-pourrave sur plein d'aspects, elle a été plutôt chouette, dans l'ensemble, sur celui-ci et y'a drôlement besoin de se concentrer sur les avancées et autres petits bonheurs !

mercredi 21 décembre 2016

Repas de famille (mais pas que) : le bingrossophobe de poche pour les fêtes (mais pas que non plus)

La grossophobie est une oppression si puissante qu'elle a son propre marronnier. Et parmi les deux plus gros "events" lors desquels elle se fait le plus plaisir, il y a le retour des beaux jours pour "le corps de plage #bikiniready" et la fin d'année pour "les excès des fêtes". Tentons donc de nous préparer à contre-attaquer au shitstorm que nous réserve l'industrie du régime avant les dates fatidiques... Cet article sera le premier d'une "série" de trois avant le 25 décembre 2016.

Repas de famille : la foire aux propos oppressifs

Que ce soit durant les festivités de fin d'années, pour celleux qui les fêtent, ou à l'occasion d'anniversaires, réunions familiales ou que sais-je encore, les repas de famille ont tendance à être pénibles pour tout le monde. Notamment parce qu'on se retrouve nez à nez avec "l'oncle raciste", ou la mémé homophobe/lesbophobe/biphobe/transphobe et qu'on hésite toujours entre fermer sa gueule par gain de paix, ou l'ouvrir pour essayer de faire avancer un peu le schmilblick... On choisit ses combats : c'est normal, c'est ce qu'il faut pour trouver l'équilibre entre la profondeur de nos convictions militantes, et un minimum vital de bien être, surtout si tout cela a lieu en zone "hostile".


Mais, personnellement, j'ai lu pas mal d'articles en faveur de la "confrontation" suite à l'élection de Trump, et ça a fini de me convaincre que si on a les capacités émotionnelles et physiques de le faire (j'insiste sur ce point, car pas question de culpabiliser les personnes qui ne sont pas en mesure de mener ces combats car par exemple timides, angoissées et/ou neuro-atypiques, il ne s'agit pas de se mettre en danger et cramer toutes ses cuillères), c'est notre devoir de faire entrer un peu de lumière dans les esprits qui sentent le renfermé. Car la vague de conservatisme et de violences rétrogrades qu'on aperçoit à l'horizon, il va bien falloir la contrer, et ça ne se fera pas sans nous. S'asseoir sur sa tranquillité d'esprit une à deux fois par ans, en espérant que nos argumentaires auront un effet boule de neige ensuite, c'est un moindre mal comparé à ce qui nous attend si on essaie pas plus de se sortir les doigts, au niveau individuel, quand on a l'occasion de faire la différence.

Vous reprendez bien une louche de grossophobie ?

Après, il y a différentes manires d'appréhender les sujets qui fâchent. Par exemple, l'humour. Tourner au ridicule certains "arguments" oppressifs en démontrant leur caractère prévisible, répétitif et totalement dépassé se fait très bien avec un bingo, comme il en existe vis-à-vis du féminisme, du racisme, des LGBTphobies, du validisme... Alors pourquoi pas un bingo de la grossophobie histoire de gagner quelques points, histoire de compenser les nerfs et l'espérance de vie perdus, face à du fat shaming (rappel : tous ces propos entretiennent, à leur échelle, la peur de grossir et donc la haine des gros.ses) ?


(oui, il est en comic sans ms, j'ai du me séparer de l'habillage galaxy du blog, laissez-moi un peu de kitsch pour vivre siouplé)

C'est une version simple et ultra-basique. Rien ne vous empêche de rajouter des cases, et les remplir des horreurs grossophobes que vous entendez aux repas de famille. Ou même entre collègues, d'ailleurs. Malheureusement, il y a de quoi en faire une encyclopédie en 26 volumes...

Si vous vous sentez de le faire, donc, imprimez-le ou faites-en un à la main, sortez-le, et cochez au fur et à mesure du repas et des échanges. Quand quelqu'un remarquera votre activité inhabituelle, ce sera l'occasion de mettre le nez des concerné.e.s dans leur caca, avec l'argumentaire, le ton et l'intensité que vous vous sentirez capables de donner.

Allié.e.s anti-grossophobie : ne manquez pas le coche !

Ce qui est chouette avec cet "outil", c'est qu'il est utilisable par les gros.ses, qui connaissent hélas si bien ces tristes lieux communs... mais aussi par les allié.e.s. Perso, j'ai tellement bassiné certain.e.s de mes ami.e.s minces avec mon militantisme qu'iels ne supportent plus les discussions à rallonge sur le régime, le poids des stars et/ou collègues et autres forme de bullshit grossophobe bieeen toxique et j'en verrais bien certain.e.s siroter leur verre d'un air mauvais en remplissant le bingo pour couper court à ces foutaises^^


Voilà qui me permet de répondre à une question qu'on me pose souvent à savoir : "que peuvent faire les minces, allié.e.s contre la grossophobie, de concret, outre relayer la parole des concerné.e.s ?". Vous pouvez vous servir de votre "crédibilité" de personne mince _qu'on ne va pas accuser d'être dans le déni/de faire l'apologie de l'obésité/d'être égoïste/de ne pas être objectif.ve ou autres horreurs dont les gros.ses qui ne font que défendre leur droit au respect et à la tranquillité sont accablé.e.s par dessus l'marché_ pour ne pas laisser votre entourage mariner dans sa grossophobie crasse. Comment ? En interrompant les blablas nausaébonds de cet acabit et en démontrant le caractère oppressif des propos grossophobes à vos interlocuteurs. Eh non, c'est pas simple, mais si vous voulez vraiment aider, va falloir vous y coller. Dites-vous que c'est showtime !

(encore mieux : vous pouvez faire ça toute l'année, cher.e.s allié.e.s ;) )

***


Quelle que soit votre situation, j'espère malgré tout que vous n'aurez pas besoin de (trop) vous servir de ce type d'astuces, et que ces fêtes et/ou moments en famille se passeront du mieux possible pour vous. J'en profite pour mettre un lien vers l'article que j'ai écrit l'année dernière sur le sujet, avec quelques conseils pratiques (et beaucoup de gifs) issus de ma propre expérience ici. 

Et comme cette année, j'ai "la chance" de ne pas pouvoir prendre de vacances et que toute ma famille habite à l'étranger, j'ai du temps pour vous pondre encore quelques articles autour de cette thématique. Rendez-vous demain pour la suite ;)


mardi 22 décembre 2015

Guide de survie Bodi Posi pour que les Fêtes restent Joyeuses ! (et bienveillantes)


C'est comme ça que j'avais appelé mon dernier article pour Terrafemina, à la base ;)
http://www.terrafemina.com/article/le-guide-de-survie-body-positive-pour-que-noel-reste-une-fete_a298242/1 J'aimerais le compléter par quelques lignes un peu plus personnelles ici...

( Je vais commencer par resituer un peu en plantant le décor : l'amour que je porte à ma famille est inconditionnel (ce qui confère à ce que je raconte ci-dessous son caractère d'autant plus douloureux). Et il ne m'empêche pas de critiquer ce que celle-ci a pu faire ou peut continuer de faire méchamment de travers. Du côté maternel, nous étions il y a encore quelques années, trois générations de femmes complexées constamment inquiétées par notre apparence et notre poids (je n'aborderai même pas le fait que c'est surtout "pour les hommes", du moins pas maintenant).


De mon côté, c'est allé jusqu'à l'anorexie (premier régime à 12 ans, 10 kilos perdus pendant les vacances d'été, tout le monde applaudissait, ma route était toute tracée...) pendant l'adolescence. J'ai jeté deux ans de ma vie dans la cuvette des toilettes. J'ai mis du temps à m'en remettre. Et la petite voix qui me suggère de recommencer revient régulièrement. Encore aujourd'hui.


Ma stabilisation est passée par de rares épisodes d'accalmie, et de nombreux régimes qui, au final, m'ont fait yoyoter jusqu'à atteindre in va-et-viens entre 99 et 100 kilos (je me demande souvent où j'en serais si je n'avais jamais cédé à la pression familiale étant gamine). Et ce, alors même que j'avais déjà la volonté d'être aussi body positive que les nanas qui m'inspiraient sur la toile. Passer de la théorie à la pratique, ce n'est pas évident... Aujourd'hui, j'y suis. J'ai "de mauvais jours", comme tout le monde, mais j'ai dépassé le stade où mon gros cul (et tout le reste) est "un problème à résoudre".


Depuis de nombreuses années, je vis seule en France, ma famille étant à un tiers aux États-Unis et aux deux restants en Russie. Je vais fêter le Nouvel An (mon "noël" d'athée à moi) à l'Est aussi souvent que possible. Et la joie de ce rendez-vous est malheureusement toujours aussi teintée d'angoisses. Si j'ai appris à me protéger, me défendre, à faire abstraction, l'appréhension est toujours là quant aux fêtes en famille... )


Fêtes (un peu plus) safe : mode d'emploi (pas à pas) *
*là où j'en viens au fait, à peu près

Ce "guide", en fait, je l'ai écrit autant "pour vous", que pour moi. Les solutions et astuces que j'y présente sont toutes testées-approuvées par moi-même. L'année dernière, on a même atteint le point assez cocasse (même si ça n'a pas duré longtemps) où personne ne me faisait de remarques "Bah, on n'a peur de te dire quoi que ce soit maintenant vu que tu réponds à chaque fois". LAULE.

 
J'allais pas passer à côté de l'occasion de pouvoir placer un enchaînement de gifs de RuPaul's Drag Race pour illustrer ça hein^^

Mais forte de ces petites avancées sur ma confiance en moi, ces dernières années, ces derniers mois, j'ai non seulement fait la paix avec mon corps, mais aussi décidé de ne plus "diluer ma personnalité" pour faire plaisir. Je suis excentrique et tatouée. Je suis militante féministe (entre autres), aussi bien sur le terrain que sur le net. Je poste "beaucoup trop" sur les réseaux sociaux. Je suis célibataire, je ne veux pas d'enfants. C'est tout ce qui est ma vie telle que je l'aime, mais aussi des lignes de plus sur la liste de reproches potentiels (et vite avérés, d'ailleurs^^) du cercle familial tel qu'il est. Donc chaque année, ces repas/week-ends/vacances de famille sont de nouveaux défis. Mais ce que je sais, c'est que j'en ressors toujours plus forte.

Cet article que j'ai écrit, finalement, il s'applique aussi bien aux réflexions de body shaming qu'on peut subir qu'aux remarques sur nos (non-)choix, nos opinions, nos identités, ce qu'on fait de nos vies ainsi que pour faire face aux atrocités oppressives en général que peuvent nous sortir certains proches... Tant que vous êtes bien dans vos pompes, ou que vous essayez de l'être autant que faire se peut, sans faire de mal à personne : votre ressenti, votre expérience, vos envies, vos actions sont lé-gi-times ! Vous avez le droit de vous défendre, de dire non, de dire merde. Même à votre famille. Et de laisser glisser leur toxicité, intentionnelle ou non, sur vous, jusque dans le caniveau.

 
 
(l'équivalent anglais de "la bave du crapaud n'atteint pas la blanche colombe, sauf que là, on parle d'un canard)


Je suis bien placée pour savoir que ce n'est pas évident. Du tout. Mais on peut y arriver petit à petit. Vous pouvez le faire. J'vous jure. Donc voilà, ce petit complément personnel était juste pour dire à tou.te.s celleux qui rentrent passer les fêtes auprès d'une famille au potentiel toxique, ou carrément malveillante, sur tous les sujets susmentionnés (ou qui vivent 100% du temps avec) : je pense à vous, vous pouvez le faire, je vous bisoute, je vous aime, et je vous envoie une tonne de bonnes ondes arc-en-ciel pour que vos fêtes soient joyeuses 



vendredi 26 décembre 2014

Cette année, j'ai passé Noël toute seule





"Je vais bien, ne vous en faites pas."

Cette phrase, j'ai du la répéter une bonne centaine de fois ce mois de décembre, quand j'annonçais que je passerai le réveillon toute seule. D'ailleurs techniquement je ne l'étais pas, mes deux chats étaient bien là, dans toute leur splendeur câline... mais je m'égare.


J'ai du la répéter parce que j'ai eu le droit à des regards, littéralement, terrifiés. Pleins d'empathie, voire même, de pitié. Je ne compte pas non plus les propositions de venir passer cette soirée chez divers amis, copains et même... collègues.

Ayant tendance à voir le verre à moitié plein en toutes circonstances, ou du moins à essayer de le faire, je vois surtout du bon là dedans : les gens sont gentils, ils m'aiment bien. Je les remercie encore pour cette (TRÈS) touchante attention.

D'ailleurs, l'année dernière, je suis allée passer le réveillon chez ma meilleure amie d'enfance. Mais au final, une fois sur place, même si j'étais touchée au delà des mots de me voir ainsi incluse dans la petite famille pour ce moment si spécial... Je ne me sentais pas à ma place. En trop. Mal à l'aise. Pas confortable.

Aussi, cette année, j'ai décidé de le passer seule. Après tout, si je n'arrive pas à apprécier ma propre compagnie, comment puis-je en attendre autant d'autres personnes ?! Pas que j'aie des problèmes à ce niveau là, au contraire, je me suis même découvert une sociabilité que je m'ignorais auparavant, ces derniers mois.

Mais bon... Je passe beaucoup de temps à parler acceptation et d'amour de soi, en matière de corps et d'apparence : pourquoi ne pas étendre cette résolution à la totalité de... moi-même ? D'ailleurs, j'ai toujours été de nature plutôt "oursonne" et aimé passer du temps isolée, seule. Pourquoi est-ce que ce serait plus gênant le soir de Noël (je suis athée en plus...) ?

Par convention sociale ? Uhhh, je n'ai pas aimé cette réponse de moi à moi. Alors oui, j'ai décidé de passer la soirée en tête à tête avec moi. Oui décidé. On ne peut pas se fuir soi-même. Et vous savez quoi ? J'ai passé un très bon moment de calme comme je les aime. Je ne suis pas morte, ni déprimée. Je n'ai pas pété un câble, non plus.




Je pense qu'apprendre à vivre avec son corps, et son foutu cerveau qui ne la boucle jamais, c'est essentiel. Parce que ce sera comme ça jusqu'à notre dernier souffle. Je suis heureuse d'avoir ouvert les yeux sur ce détail, qui n'en est pas un, et d'être allée jusqu'au bout de mes convictions. Sans me heurter à une réalité différente de mes attentes.

Bon, ceci dit, le contexte aide, quand même. Je pars tout à l'heure en Russie pour fêter le Nouvel An en famille... Sachant que pour moi, et une grande majorité de russes je pense, le Nouvel An, c'est LA fête de l'année (je pense vous pondre quelques lignes sur mon rapport avec cette période de l'année, d'ailleurs...). Bref, sans ça, oui, ça aurait probablement été une autre limonade, j'en conviens. Mais quand même, je tenais à le dire : il n'y a rien de si terrible à ça. Vraiment.

Positivement vôtre,

Olga





mercredi 24 décembre 2014

Pour mon #Noël "sans chemise ni pantalon", j'ai fait mon propre pull :)



Oui, petit clin d’œil au challenge French Curves de ce mois-ci en ce 24 décembre... en direct de mon bureau... quasiment désert ! (j'assume totalement mon sapin rose, bien kitsch, juste derrière^^)


Je fais d'une pierre deux coups, car cela faisait un moment que je voulais vous parler de ce pull... En fait, j'ai flashé sur ceci :





Lazy Oaf. Forcément. Entre le pull de Noël et l'évocation de la folie galactique ambiante... Comment résister ? C'est simple : il suffit de regarder le prix.

J'ai donc filé chez H&M m'acheter un top noir basique à moins de 10 euros et dévalisé Loisirs & Création de leur stock de pompons... J'ai ensuite passé quelques heures à placer les pompons sur le tissus, les coudre, les recoudre (ils ne retiennent pas vraiment le fil, ils manquent de matière, dedans !) et pour certains... les coller :p

J'ai ensuite patienté pas mal de temps pour le porter. Je voulais une occasion spéciale. Et la Fête des Lumières à Lyon, en était clairement une. D'ailleurs... drôle (et RÉEL) hasard : j'étais totalement "dans le thème", pour paraphraser une certaine Cristina !




Naturellement, c'est ce que je porte à nouveau aujourd'hui.
(Notez : le fait scandaleux, météorologiquement parlant, que je porte des méduses... ainsi que la retouche frange et couleur entre les deux photos, espacées d'une vingtaine de jours^^)





Je porte des méduses dénichées sur Ebay, mo pull DIY, un collier N2 "Méchamment Joyeux" (2011 il me semble) et une jupette rouge Naf Naf ;)






Un très beau, et bon, réveillon à tout.e.s !



Hivernale-ment et galactique-ment vôtre,



Olga