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vendredi 22 décembre 2023

Lâchez-nous le gras : le guide de conduite pour les minces durant les fêtes de fin d’année



Bonjour à toustes ! Il est vrai que je me fais rare par ici — les quelques moments de concentration suffisante pour écrire, je les emploie à divers projets de livres depuis maintenant 4 ans... Mais j’ai quand même souvent tendance à revenir pour les festivités de fin d’année, afin de soutenir mes adelphes adipeuxes face aux micro-agressions et autres agressions grossophobes caractérisées que nous subissons particulièrement fort durant cette période.


J’ai donc, au fil des ans, écrit une petite collection de divers « 
guides de survie » pour les personnes grosses en milieu festif hostile. Mais en cette fin 2023, je n’ai plus le temps des culs nous déshumanisent et refusent d’écouter ce que les militant·e·s anti-grossophobie répètent inlassablement, tous les jours, depuis maintenant des décennies.

Aussi, au lieu d’une fois de plus essayer de trouver des techniques pour souffrir le moins possible des injonctions contradictoires et autres idées reçues, propos et actes grossophobes des minces, je me suis dit que j’allais changer de stratégie. Cette année, on va les éduquer elleux, car iels en ont bien besoin. On va leur dire concrètement ce qu’il faut arrêter de faire, ce qu’il faut s’atteler à déconstruire s’iels prétendent réellement être des allié·e·s contre la grossophobie, ou souhaitent sincèrement le devenir... C’est parti !



1) Si vous avez des personnes gros·ses à table pour les fêtes, pensez tout d’abord à l’accessibilité de la dite tablée : évitez d’aménager un espace navigable seulement par fax, et prévoyez des chaises solides, sans accoudoirs. Ça peut vous paraître futile, puisque ce n’est pas un souci que vous rencontrez au quotidien, mais si vous saviez seulement combien on SOUFFRE en silence, en essayant de rester dignes, dans vos soirées... Vraiment, faites un effort.


2) Si vous n’avez pas de personnes gros·ses à table :


a - Ce n’est pas une raison pour dire ou laisser dire les horreurs grossophobes de saison (on y revient plus bas)


b - S’il s’agit de votre cercle d’ami·e·s et non de votre famille de sang... Questionnez-vous sur l’absence de gros·ses dans vos proches. Y en a-t-il eu mais qui se sont éloigné·e·s ? C’est sans doute à creuser. S’il n’y en n’a jamais eu... Posez-vous très sérieusement la question de leur absence au sein de vos relations amicales et/ou amoureuses.


 3) Ne parlez pas de sa prise/perte de poids de quelqu’un·e. À moins qu’iel ne se lance ellui-même dans des explications, bien que ce ne soit vraiment pas le meilleur moment de l’année pour ça. Certain·e·s prennent du poids et en sont content·e·s. D’autres en perdent et le vivent mal (coucou moi y’a un an qui a perdu 10 kilos en un mois avec un énorme pic de dépression, par exemple, j’ai encore du mal à me sentir tout à fait moi- même aujourd’hui). Bref, arrêtons de faire du poids des gens un sujet, ça ne l’est pas !


4) Oubliez à jamais vos recherches de compliments sur le dos des gros·ses quant à vos tenues de soirée. En période de fêtes ou non, juste, les « tu trouves pas que cette robe me fait un gros cul ? », les « j’ai mangé que du céleri pendant 3 semaines pour rentrer dans ce

pantalon » et autres « nan mais sur toi, c’est pas pareil-han » c’est non. Supprimez ces commentaires merdiques de programmation, merci.


5) Ne commentez pas le contenu des assiettes des autres, le fait qu’iels se resservent, en quelle quantité, à quelle fréquence, ou non. Et quel que soit leur tour de taille d’ailleurs ! Avant même d’être grossophobe, c’est tout simplement un grand manque de délicatesse et d’éducation.


6) Rangez-vos « blagues » sur la grosseur et le régime à leur juste et permanente place à savoir... dans la poubelle ! Exit les comptages intempestifs de calories, les « j’ai mangé comme un·e gros·se », les « à partir de demain c’est salade », « on va aller deux fois plus à la salle pour brûler tout ça » et compagnie. Cela constitue une atmosphère toxique pour TOUSTES, pas que les gros·ses. Parce que si la grossophobie les impacts effectivement elleux, le culte de la minceur fait du mal à tout le monde, puisque c’est ce qui crée les TCA (troubles du comportement alimentaire) et, en fin de compte, la grosseur, car 95% des régimes se soldent par un échec... et qu’être au régime tout le temps, c’est bien un TCA. Juste, kiffez votre repas, complimentez lae chef·fe, profitez de la compagnie de celleux que vous aimez. On est là pour ça, en fait.


7) Si vous n’arrivez pas à finir votre assiette : démerdez-vous pour que votre éventuelle demande d’aide ne fasse pas se sentir les gros·ses comme vos poubelles de table. Si vous avez eu les yeux plus gros que le ventre, c’est OK, ça arrive. Rien de mal à attendre que ça passe un peu, de laisser de côté, de demander à emporter les restes. Rien de mal non plus à solliciter la solidarité de votre tablée, évidemment. Mais que la demande soit générale, sans désigner une personne grosse du regard, sans pression sur qui que ce soit. Ce genre de situation nous arrive souvent à nous autres gros·ses et que l’on accepte ou que l’on refuse, c’est extrêmement humiliant pour nous.


8) De la même manière qu’il est nécessaire de reprendre Karen la raciste et Jean-Mi le misogyne, si vous voulez vraiment être des allié·e·s de la lutte contre la grossophobie, ne laissez-pas passer les propos ou actes grossophobes. Intervenez, expliquez. Vous avez le privilège d’être mince, on ne vous accusera pas d’être biaisé·e — true story. Et ce, aussi bien à un dîner de réveillon qu’à la machine à café au boulot.


9) Lisez les différents guides de survie en période de fêtes écrits par et pour des personnes gros·ses afin de comprendre à quel point cette liste qui peut paraître vous paraître bien anodine est cause de souffrance réelle pour nous. Et plus généralement, suivez des personnes gros·ses qui expliquent ce qu’est la grossophobie, qui font de la pédagogie sur le sujet.


10) Question cadeaux : n’offrez pas de kits « détox », minceur etc, ni aux gros·ses, ni aux minces. C’est de l’arnaque. C’est passif- agressif, ça contribue à alimenter une culture violente. À la place, offrez (et lisez vous-même) des livres écrits par des personnes grosses et qui font de la pédagogie sur le sujet. Comme par exemple : Gros n’est pas un gros mot de Daria Marx et Eva Perez Bello, Je suis votre pire cauchemar de Kiyémis, Fière d’être moi-même de Gaëlle Prudencio, Coup de gueule contre la grossophobie ou Mon corps en désaccord d’Anne Zamberlan, T’as un joli visage : mettre fin à la grossophobie de Shérazade Leksir, Grosse, et alors ? Connaitre et combattre la grossophobie d’Edith Bernier  On ne naît pas grosse de Gabrielle Deydier etc etc etc !


Voilà. Bon travail sur vous-mêmes les minces, à vous de faire le boulot maintenant… et belles fêtes à Toustes, et particulièrement mes Gros•ses sûr•e•s, j'vous aime, je suis avec vous ❤️

vendredi 21 décembre 2018

Fêtes de fin d'année et grossophobie : le pouvoir de la non-mixité entre gros·ses

Oh well, presque un an de pause non annoncée sur le blog dites donc ! Je vais pas me confondre une énième fois en excuses et explications, c'est ainsi, je me mets au clavier comme et quand je peux. Et puisque, personnellement,  je vis la grossophobie des fêtes de fin d'année encore plus violemment que celle du "corps de plage" estival, c'est le moment idéal pour reprendre. Surtout après le récent traitement médiatique de l'histoire de la nouvelle Miss France, Vaimalama Chaves, pour lequel je vais me permettre une *petite* (on se sait) digression en guise de préambule... Après, on parlera d'occupation de l'espace en tant que personnes grosses ;)


On raconte la perte de poids de la jeune femme comme le passage d'un "monstre" à une "bombe". Et si elle a effectivement subi le harcèlement de ses camarades à l'école parce que leurs comportements sont le reflet de la société grossophobe dans laquelle iels évoluent, parler "d'obésité" pour une personne mesurant 1m78 et pesant 80kg est inexact. Et donc mensonger. Certes, l'IMC (25,2 : synonyme de surpoids, pour la Vaimalama Chaves pré-régime) est toujours autant un concept approximatif et biaisé. Mais envoyer le message aux masses qu'un tel rapport poids/taille soit le signe d'une obésité "monstrueuse"... c'est tout simplement criminel. Tout comme le fait de ne raconter que les histoires de pertes de poids dans les représentations collectives, pour bien asseoir l'idée que c'est le seul salut des gros.ses et autres "pas minces". Oui, criminel. La grossophobie tue.

Donc comme si on n'avait pas assez à faire au mois de décembre, avec la complainte des minces qui ont peur de grossir (j'ai fait un petit thread Twitter là-dessus la semaine dernière, je prépare un article) à cause de deux malheureux repas de réveillon et une boîte de chocolats _enchaînant blagues grossophobes et dissertations sur les régimes et détox à longueur de journée pour se rassurer aux dépens des gros.ses_ on baigne dans les clichés de ce faux conte de fées instrumentalisé à la gloire du culte de la minceur. Et pourtant c'est un gros monsieur en costume rouge qu'on va célébrer durant les derniers jours de l'année ? Il y est des contradictions qui me dépassent, ma foi.



Bref, parenthèse de contexte terminée... j'ai envie de vous parler d'un très chouette outil pour faire le plein de puissance : la non-mixité entre personnes grosses.

J'ai compris l'intérêt du concept de non-mixité depuis longtemps, notamment dans les espaces féministes, entre meufs, et les espaces LGBTQI, entre gens non-cisgenres/hétérosexuel.le.s. Bref, sans les dominant.e.s, qui ont des comportements violents envers les populations aux dépens desquelles iels jouissent de leurs privilèges. Et ce, même lorsque ces personnes là sont "déconstruites".

On peut facilement comprendre l'importance, et la nécessité absolue, de ces réunions en non-mixité lorsqu'on voit la colère de celleux qui n'y sont pas convié.e.s face à l'annonce de l'événement... qui ne les aurait pas intéressé.e.s si l'invitation avait été formulée autrement. Il n'y a qu'à voir le déferlement de haine, campagnes de diffamation et de harcèlement que se prennent les militantes afroféministes sur les réseaux sociaux lorsqu'elles organisent des events qui ne sont pas ouverts aux personnes blanches ! Cet acharnement enragé est, à mon sens, le lointain cousin de la répression policière des mouvements sociaux : symptôme d'un pouvoir qui craint de perdre son autorité.

C'est pourtant sachant tout cela, aussi bien en théorie que dans la pratique, que j'ai découvert qu'il était possible de faire la même chose entre gros.ses. Le concept ne m'était tout simplement pas venu à l'esprit ! L'habitude de voir la grossophobie relayée au rang des faux problèmes dans les cercles militants et "woke", sans doute... Du coup, ça m'est tombé dessus l'hiver dernier, sans que je ne voie venir la chose. C'est après la journée de sensibilisation à la grossophobie, organisée le 15 décembre 2017 à l'Hôtel de Ville de Paris, que j'ai passé ma toute première soirée entre meufs grosses. Et cette expérience m'a complètement ouvert les yeux sur mes relations sociales avec les personnes minces de mon entourage, qui s'y trouvent en large (pun intended) majorité.



Gros remplacement
(c'est pas de moi, c'est des militant.e.s de Gras Politique !)


Nous étions quelques militantes fat positive à profiter de la venue de la blogueuse et fat activiste américaine Jes Baker pour organiser un petit dîner dans la capitale. Au moment de s'installer au restaurant, on a toutes pris le soin d'évaluer, ensemble, la taille du passage vers le bout de la table ainsi que l'épaisseur et la solidité des chaises disponibles, pour que les plus grosses d'entre nous peinent moins. Une démarche qui devrait aller de soi, et qui allait de soi puisqu'elle s'est faite tout naturellement dans cet environnement. Pourtant, c'est quelque chose de rarissime, pour ne pas dire inexistant, lorsqu'il y a une ou deux personnes grosses en minorité parmi des minces.

J'ai pris en pleine face la réalisation que l'on ne se soucie jamais nos besoins en termes d'accessibilité, de notre confort et de notre dignité, lorsque nous sommes entouré.e.s de non-gros.ses. J'ai repensé au nombre de soirées que j'ai passées mal installée, recroquevillée, pour ne surtout pas déborder, prenant sur moi dans la douleur pour ne pas perdre la face. Et priant pour ne pas casser le maigre mobiliser censé me soutenir. Une colère rétrospective s'est emparée de moi, au second plan du pied que je prenais avec mes sœurs de gras.

Depuis ce soir là, j'ai décidé de ne plus mettre mon confort entre parenthèses et d'occuper l'espace que j'ai le droit d'investir, étant donné mon volume. Maintenant, je repère l'endroit le plus accueillant et safe pour mon gros cul et j'y vais, après avoir vérifié que personne n'en ait visiblement plus besoin que moi. Un changement d'attitude pas forcément si visible que ça pour un oeil non-averti, je pense, mais qui vous révolutionne une existence, croyez-moi !

Et ça, c'est juste un exemple, un détail.
Naturellement, aucun propos grossophobe n'a été prononcé dans le groupe durant cette soirée. Et les regards de travers que toute personne grosse installée quelque part dans l'espace public _en particulier dans un contexte de repas_ se prend inévitablement étaient... imperceptibles. Était-ce parce que nous étions en train de vivre un moment d'empouvoirment hors du commun que nous ne les avons pas sentis ? Ou bien était-ce l'énergie dégagée par notre groupe, fière et solidaire, qui empêchait les lâches grossophobes de se livrer à leurs habituelles intimidations ? Un an après, je n'arrive toujours pas à en être certaine. Un peu des deux, j'imagine.

Ce soir là, on a plaisanté sur le fait qu'on "reprenait" Paris. Mais c'était vraiment ça.



On a pris la place qu'on avait le droit d'utiliser sans s'excuser, on a investi l'espace public sans se poser de questions. C'est vrai que ça doit être reposant de vivre le dehors ainsi, comme les minces, qui ne se rendent pas compte de leur privilège. Et qui chouinent dès qu'on leur met le nez dedans. Précision avant de me faire une énième fois accuser de "minçophobie" (coucou, ça n'existe pas dans un monde pensé avant tout par et pour les minces) : je parle "des minces" comme d' un groupe social, dominant, pas d'individus. Donc inutile de prendre mes propos  personnellement. Sauf si ça vous fait cogiter sur vos attitudes et leur pourquoi, parce que c'est important de le faire. Surtout si vous vous dites allié.e.s de la lutte contre la grossophobie.

Plus le temps passe et plus je remarque l'énergie déployée par les gros.ses pour se faire minuscules, pour ne pas gêner, tandis que les minces ne font pas cet effort. Les rares fois où je sors dans des lieux de fêtes, par exemple, je le ressens : je fais tout pour ne pas bouger, le plus loin du passage possible, pour ne pas faire chier les autres. Tandis que les minces font des allers-retours sans fin, s'excusent rarement de vous bousculer ou de vous renverser leurs verres dessus en passant parce qu'iels ne le voient même pas. L'espace public leur est acquis. Je me repense aussi à ce voyage dans un métro bondé, une fois. Dans le carré de quatre places où je me trouvais, nous étions trois meufs grosses. Compactées, droites comme des I, dignes, nous débordions à peine de nos sièges. Ce qui laissait tout loisir au petit loustic maigrichon en face de nous de manspreader de tout son long, jusqu'à nous toucher toutes les trois à la fois.

Inverser le pa(g)radigme


Quelques jours après cette mémorable sortie fat power du 15 décembre de l'an dernier, une amie grosse et moi-même avons revu Jes. Et cette énergie était tout aussi palpable en trio. Je me souviens de ce moment où, dans les côtes de Montmartre, on a toutes les trois ouvert nos manteaux puis retiré des couches et qu'on s'est comprises. On n'a pas eu besoin de justifier qu'on avait très chaud malgré les températures frisant le négatif. Au contraire, nous avons exprimé notre soulagement d'avoir cette liberté, sans le regard interrogateur ou moqueur d'une personne mince à gérer. Quelque chose d'anodin vu de l'extérieur je suppose, mais pour moi, ça a été un des plus grands moments d'insouciance et d'apaisement qu'il m'ait été donné de vivre en 29 ans. Et une prise de conscience mémorable, aussi.



Un petit mois plus tard, mes impressions étaient confirmées lors des Etats Généraux de la Grossophobie, organisés par l'association Gras Politique à Paris. Certes, il y avait quelques allié.e.s minces dans l'assistance, mais je les ai trouvé.e.s très respectueux.ses, sachant rester à leur place et n'ouvrant le bec que pour poser de sincères et pertinentes questions dont nous n'avions pas déjà donné la réponse. Mais surtout, nous étions une majorité de gros.ses. Le paradigme était totalement renversé. Pas de place pour la honte d'être "le monstre" du groupe de minces et beaucoup de fatoyance dans la salle !

Durant l'après-midi, nous nous sommes réparti.e.s en différents groupes de réflexion sur des thématiques précises (représentations, vie sociale, santé...). Nous avons été amené.e.s, pour certain.e.s, à évoquer des sujets graves et difficiles en lien avec toutes les formes de grossophobie que nous avons pu subir. Et c'était léger de pouvoir le faire. Pas d'étonnements naïfs, pas de "tu vois le mal partout". Juste de la compréhension, du respect et de la solidarité. Clairement, nous avons besoin de plus de temps et d'espaces pour de la non-mixité grosse. Aussi bien pour nos bonheurs individuels que pour mettre la grossophobie derrière nos gros derrières... et l'étouffer de nos puissants bourrelets.

Non-mixité grosse et fêtes de fin d'année


Bon. Pourquoi est-ce que je vous raconte tout ça maintenant, me demanderez-vous ? Eh bien tout simplement pour vous recommander chaleureusement de vous saisir au plus vite du formidable outil qu'est la non-mixité entre personnes grosses. Avant les réveillons, entre les réveillons, après les réveillons. Aussi souvent que vous le voudrez et que vous le pourrez pour faire le plein d'une trop rare énergie.

Si les réseaux sociaux permettent de se sentir mieux représenté.e.s en tant que gros.ses et de trouver une communauté d'entraide engagée, engageante et aimante contre la grossophobie... Se retrouver bien en chair et avec peu d'os, entre éléphant.e.s, bibendums et autres propagandistes de l'obésité (oui, on se fait vraiment appeler comme ça lorsque l'on milite pour que les gros.ses soient respecté.e.s au même titre que les minces), est quelques crans au-dessus en termes de kiff et de ressources.

Je peux même garantir à celleux qui me lisent et qui se disent que "ça doit être sympa" qu'iels n'ont pas idée d'à quel point cette sensation est au-delà de la certes merveilleuse mais simple joie. Des prises de consciences monumentales vous attendent sur l'étendue de la grossophobie dans laquelle nous vivons. Et la découverte d'une bienveillance inouïe dans des détails que vous n'aviez même pas remarqué tant vous vous êtes adapté.e.s à cette société qui vous méprise et vous invisibilise en prime !

Donc pour faire le plein de courage avant le repas de famille où on va surveiller votre assiette, pour reprendre goût à la vie après une soirée "de fêtes" où les blagues et réflexions grossophobes ont fusé ou à n'importe quel moment de l'année... je vous encourage à organiser des sorties entre gros.ses. Qu'il s'agisse de petits groupes de copain.e.s, de la création d'un collectif militant près de chez vous, ou encore de l'organisation une soirée communautaire.

Et si vous avez, dans votre malheur, la chance d'être deux ou trois gros.ses dans l'assistance... essayez de vous regroupez et de faire front. Et, petite technique testée et approuvée enseignée par une amie : face à une blague grossophobe (ça marche aussi pour "l'humour" sexiste, raciste, LGBTQIphobe, validiste et psychophobe), faites l'idiot.e. Demandez à votre aimable interlocuteur.rice d'expliquer sa plaisanterie, histoire que vous compreniez en quoi c'est drôle, et regardez lae se confondre en explications bancales tout en sirotant le contenu de votre coupette.



Adipeux Noël et Grosse Année à toustes ♥



PS : Voici mes articles sur la grossophobie et le mouvement body positive en périodes de fêtes des années précédentes ;)








🌟

dimanche 24 décembre 2017

Culture du régime pendant les fêtes : "Chocolat, Ursula & TCA" un conte de Noël teinté de grossophobie


Dans ma participation au podcast auquel d'Arte, "Le gras est politique" aux côtés de Lucie Larousse et de Gras Politique, j'ai évoqué un épisode en apparence innocent de mon enfance; Je parlais d'un simple bout de pain, que j'ai refusé de manger en pleurant car "il allait me faire grossir", dans l'idée de montrer à quel point on peut intégrer l'idée que la pire chose au monde est de grossir tôt, à quel point c'est absurde de violence, et à quel point notre société est profondément grossophobe.



J'ai été surprise d'avoir plusieurs retours sur ce passage spécifique, alors je vais vous en raconter un autre, un peu dans le même genre, mais encore plus banalement violent, et plus étoffé...
Trigger warning : je vais vous parler d'anorexie, et de culture du régime, en période de fêtes de fin d'année.

***

Depuis petite, ma mère a commencé à rationner tout ce que je mangeais, en prêtant une attention particulière aux sucreries. Il n'y avait quasiment jamais de douceurs à la maison, du coup je me rattrapais quand je pouvais avec la monnaie à la boulangerie, ou aux goûters chez les camarades de classe. On a rapidement compris que la chose que j'aimais le plus au monde, c'était le chocolat, le chocolat praliné. Du coup, chaque année, sous le sapin (dès fois le 25 pour faire comme tout le monde, mais dans la tradition russe non-croyante, notre vraie grosse fête où passe le Père (Noël) Grand Froid, c'est pour la Nouvelle Année, le 31), j'avais une boîte d'Escargots de Lanvin.

Au fil des ans, ce rendez-vous est devenu mon "pêcher mignon" _je déteste cette expression mais elle est très importante pour illustrer à quel point la morale alimente la grossophobie_ j'avais hâte d'ouvrir cette boîte et d'en savourer ce contenu si rare et si précieux. Pour lequel je me faisais toujours réprimer de ne pas assez l'économiser, d'ailleurs.

Je ne vais pas vous faire tout l'historique de mes régimes et de mon anorexie ici (je l'évoque brièvement dans le podcast), mais simplement resituer : mon année de première et de terminale ont été marquées par ce trouble du comportement alimentaire. Naturellement, les fêtes étaient une période extrêmement compliquée à vivre pour ne pas me faire repérer, car pour une fois, on insistait pour que je mange, reprenne une seconde portion, vu que j'étais maigre !... Et c'était une vraie violence que d'avaler toute cette nourriture pour maintenir les apparences, avant de filer aux toilettes m'en débarasser le plus discètement possible.

Mon premier Nouvel An d'anorexique, ma mère ne m'a pas offert d'escargots pralinés, soucieuse d'encourager ces efforts si sains de ma part pour enfin être cette fille mince dont elle avait tant rêvé. Mais à table, chez les amis russes avec lesquels nous fêtions le réveillon du 31, il y en avait une immense, de boîte. Et tout le monde a insisté pour que j'en prenne au moins un. J'ai résisté, mais j'ai fini par en poser un devant moi, et une fois l'attention envolée vers un autre sujet, j'ai été le glisser dans mon sac à main.

Le lendemain, je l'ai mis dans la boîte de mes Converse neuves, et l'ai calée sous la première marche de l'échelle menant à mon lit mezzanine. De là, j'ai créé un autre rituel avec cette friandise. Les jours où j'étais particulièrement fatiguée et triste de passer mes journées à compter les calories, faire des allers-retours ax WC, m'épuiser sur le vélo heliptique dans le garage en tenue de sudation, me détester... J'ouvrais cette boîte et soutenais le regard de cet escargot doré pour me rappeler à quel point j'étais FORTE, résistante, accomplie malgré la souffrance.

Un Noël et un printemps plus tard, j'ai glissé de l'anorexie à l'orthorexie, et commencé à reprendre du poids. Je me souviens d'avoir fait un grand ménage dans ma chambre avant la rentrée qui marquait mon passage aux études supérieures. J'avais presque fini par oublier cette boîte, et je l'ai ouverte, mais, toujours profondément dans la restriction et la haine de moi-même, je l'ai refermée, puis balancée dans l'immense sac poubelle avec laquelle je faisais mon tri.

C'était juste UN pétain de chocolat, mon chocolat préféré, mais non.
Il symbolisait un lâcher-prise qui m'était interdit, la VIE que je ne pouvais pas m'autoriser si je voulais être belle et acceptée, vu que c'était la seule chose qui comptait à ce moment là.

Quelques années plus tard, en coulisses d'un dîner de Noël dans la famille de mon ex, j'exprimais à mon beau-père de l'époque la douleur que j'éprouvais à voir sa petite amie se priver si "vocalement" des bonnes choses qu'il y avait à table car elle "faisait attention" (quand je vous disais qu'être au régime 365j/365 était un TCA totalement acceptable...), car il avait lancé cette conversation lors du rangement,. Il m'a alors rétorqué qu'il comprenait qu'elle fasse gaffe, car "quand elle était petite elle était un peu boulotte, comme moi" (je faisais un petit 38-40 à ce moment là de ma vie), dans la plus grande décontraction. Je lui raconte donc l'épisode de l'escargot, pour lui montrer à quel point ces privations sont violentes et inutiles, dans le fond. Pas ému une seule seconde de ce que je viens de confier les larmes aux yeux, il se contente de dire que c'est important de se contrôler pour ne pas se laisser aller.

Lui-même enchaînait alors les régimes qui échouaient à chaque fois.
Aujourd'hui encore, la violence de la grossophobie internalisée me dépasse.

Lors de cette cette conversation, j'avais enfin stabilisé mon poids, je mangeais "normalement", sans me priver ni me goinfrer, j'avais trouvé une sorte d'équilibre et commençais tout doucement à m'accepter telle quelle. Mais cette conversation, les remarques de mon ex sur le fait que je ne sois "pas vraiment mince" et celles des collègues de l'époque quant au fait que "j'assumais mes rondeurs" m'ont replongée dans la spirale des régimes quelques mois plus tard... Le yoyo qui a suivi a fini par me faire passer cette barre tant crainte des 100 kilos, des fringues impossibles à acheter dans les magasins mainstream et des vergetures grimpant de plus en plus haut vers mon nombril à mesure que mon ventre grossisait, et qu'il grossit toujours.

Si on m'avait dit que ce serait précisément de franchir ce cap, sur lequel de nouveaux kilos se sont greffés depuis, qui me libererait de ma grossophobie internalisée... Je ne l'aurais jamais cru. Ouais, ça y est, les toubles du comportement alimentaire et les régimes ont fait de moi cette grosse que vous aviez tou.te.s si peur que je sois, on peut changer de sujet maintenant ?!

J'ai eu d'innombrables engueulades avec ma mère à ce sujet depuis, elle me parlait très régulièrement de "ma santé" pour appuyer ses injonctions à manger de plus petites portions et à mincir, elle s'offusquait quand je lui rappelle le rôle qu'elle a joué dans l'engrenage qui m'a menée jusqu'ici. Je me suis tant affirmée quant à cette partie de mon identité, de mon militantisme, que je ne lui laisse plus aucune place sur ce terrain. Alors elle trouve des moyens détournés de me signifier sa désapprobation quant à mon apparence, mes "choix de vie". Maintenant son grand truc pour me dire qu'elle n'aime pas ma couleur de cheveux, ma tenue, ma silhouette ou mon attitude, c'est de me comparer à... Ursula.



Mais pauvre âme en perdition... Elle ne sait pas que c'est justement une des représentations de grosse qui me donne de la force pour résister au bullshit grossophobe ambiant ! Je me contente de hausser les épaules lorsqu'elle me dit ça, car j'éprouve une immense satisfaction à prendre ce compliment qu'elle me fait sans le savoir ¯\_(ツ)_/¯

Depuis que je suis "officiellement grosse", je m'offre une boîte d'escargots de Lanvin chaque année pour les fêtes, et je ne lui fais pas de quartier. Et en repensant à Ursula, je me suis dit que ces chocolats ressemblaient qand même grandement à son collier magique, alors...


Bon, si je vous dit tout ça, c'est pas juste par plaisir d'étaler mon intimité ni de m'amuser à faire des photos rigolotes. La morale de cet étrange conte de Noël est la suivante : je peux compter les regrets de ma vie sur les doigts de la main, et celui de n'avoir pas sorti ce petit gastéropode cacaoté de son emballage doré pour le croquer il y a une dizaine d'années en fait partie.

Donc aujourd'hui, 24 décembre 2017, sans vouloir tomber dans une injonction malgré-moi, j'ai quand même terriblement envie de vous dire de vous faire plaisir, de mordre à pleine dentition dans toutes ces bonnes choses que la morale grossophobe voudrait vous interdire. C'est cliché mais ouais, on n'a qu'une vie, et comme dirait l'autre "la vie est trop courte pour s'épiler la chatte" : c'est important de s'interroger sur les choses qu'on se fait subir, pourquoi on les fait, qu'est-ce qu'elles nous apportent, et de faire, ou revoir, nos choix ensuite.

Mais promis, un soir de l'année, ce petit bonus chocolaté ne changera RIEN, à part libérer de l'endorphine dans votre cerveau, et vous faire du BIEN. C'est ce que j'aimerais parfois retourner dans le temps pour me dire, alors à tout hasard, je vous le couche ici par écrit.

Enfin, à tou.te.s les personnes dans la privation des régimes, dans l'enfer d'un trouble du comportement alimentaire, et à tou.te.s les gros.ses qui affrontent à l'instant même des fêtes de famille très oppressives... Je pense fort fort fort à vous, et vous envoie tout mon soutien, à vous, ainsi qu'à tou.te.s celleux qui vivent le racisme, les LGBTQIphobies et le validisme encore plus fort pendant cette période de l'année ❤️💜💙💚💛

Sachez que de nombreux.ses militant.e.s fat activistes et body positive partout dans le monde donnent toute leur énergie chaque jour pour détruire le système normatif capitaliste, sexiste, raciste, validiste et toute la liste qui vous fait vivre tout ça, et qu'iels y arriveront.



Peut-être pas pour Noël 2017, ni même 2018, mais iels y arriveront.
On y arrivera.

Et si vous voulez, et pouvez, il y a de la place pour tou.te.s dans les rangs, on vous attend ;)



vendredi 23 décembre 2016

Repas de famille (mais pas que) : et si on se complimentait autrement ?

L'article sera un peu moins long que les deux précédents (dit-elle ayant déjà tapé 5000 signes, sans avoir fini^^), et un peu plus asbtrait. Là, je propose simplement quelques pistes à explorer pour être plus bienveillant.e.s envers nous-mêmes aussi bien que les autres via la manière dont on s'adresse à elleux au moment de leur dire quelque chose de positif. Parce que le compliment aussi peut être problématique, parfois, ou du moins comporter un second niveau de lecture un brin contreproductif vis-à-vis de nos intentions premières lorsqu'on ouvre la bouche pour le prononcer.

Avec les fêtes de fin d'année, il n'y a pas que les réunions de famille et autres repas à rallonge qui peuvent se révéler être de véritables terrains minés pour notre rapport à nos corps, notre bien-être, notre santé mentale... Car à ces occasions, il y a comme une sorte d'obligation de se pomponner, on dit bien "se mettre sur son 31", non ? Alors oui, pour celleux à qui ça fait plaisir de jouer le jeu, ben tant mieux, chacun.e ses outils pour s'auto-kiffer et pour celleux que ça gonfle : qu'on leur lâche la grappe. Mais vient ensuite la délicate question du compliment. Il peut faire plaisir, c'est même assez souvent le cas, selon comment il est formulé, et l'intention qu'on y met. Sauf que si on y réfléchit bien, nous renvoyer sans cesse à notre apparence, c'est nous y réduire.

La body positivity nous apprend à voir la beauté en nous, mais cela pour mieux nous faire dépasser la fascination envers le "joli", et nous aider à (re)trouver une légitimité, une confiance, un respect de soi, une écoute et une bienveillance envers nous-mêmes, et les autres ! Sans parler du fait que certaines des choses que vous allez relever chez l'autre risquent de réveiller en iel un trigger, au lieu de lui faire du bien.


Et si, pour changer, on évitait les compliments sur le physique lors des fêtes qui arrivent ? Ne serait-ce que pour l'expérience.

Je pense que le résultat peut être très intéressant, et nous faire changer certaines habitudes. Je vous propose donc un petit challenge : cette année, on évite les compliments sur le physique (en particulier les trucs passifs-agressifs du style "oh t'as minci, t'es vachement mieux comme ça" ou "dis donc t'as pris du cul, ça te va bien"), mais aussi les trucs bâteaux dans le genre "t'as d'beaux yeux tu sais". Faisons travailler nos méninges et notre empathie. Et si vos yeux vous supplient votre bouche dire au moins quelque chose face à la fabulosité de quelqu'un.e, complimentez plutôt sa tenue, son sens de l'accessoire, son habileté à se faire une coiffure sophistiquée... bref, quelque chose qui valorise aussi ses talents, pas juste son image.



Evitons aussi l'écueil des "ma belle" et cie : personne ne nous appartient, jamais, et c'est assez paternaliste, comme tournure et très très familier, aussi (perso je suis passée au "mon chat", "mon lapin", "mon caillou", "ma crotte", mais c'est réservé aux très proches !). Ah ben oui, tout de suite, ça fait cogiter à ce réflexe de sortir certaines phrases ou expressions toutes faites, hein ? Ben c'est le but de la manip, déconstruire tout ça, et voir ce que vous voulez ou non en garder, ce que vous souhaitez en changer, et comment.

Mais que dire de positif aux personnes qu'on souhaite complimenter alors ?

M'enfin, nous sommes tou.te.s TELLEMENT plus que nos _certes fabuleuses_ enveloppes corporelles ! Il y a un océan de compliments à votre portée qui ne concernent pas l'apparence de la personne que vous avez en face. Même si vous la connaissez peu, scrutez donc tout ce qui fait que vous la trouvez "belle", cette personne : il y a son rire, ses gestes, son parfum, la manière dont iel s'exprime, l'énergie qu'iel dégage, le puits de science et/ou de culture qu'iel semble être, son humour...

Et pour les gen.te.s que vous connaissez bien, que vous appréciez, aimez... les points positifs à souligner ne devraient pas manquer ;)



Pourquoi je vous bassine avec ces histoires de compliments à éviter/à essayer de privilégier :

A titre personnel, j'ai remarqué que plus ça va, plus les "t'es belle/t'es magnifique/t'es canon/t'as un beau ceci, un joli cela" me glissent dessus. Il y a quelques années, je m'y accrochais, j'en avais besoin, car je ne les avais jamais entendus, mais surtout jamais pensé (et c'est le cas de beaucoup de monde, y'a rien de mal à ça, et c'est bien pour ça que je propose qu'on s'intérroge sur le sujet plutôt qu'on mette tout à la poubelle ;) ). Sauf qu'aujourd'hui, les compliments agréables qui me réchauffent le coeur et résonnent agréablement dans ma mémoire ne sont pas ceux là, mais ceux-ci : "tu as une belle humanité", "tu me fais trop rire meuf", "tu es le bois dont on fait les nouveaux monde", "ta surempathie est ta plus belle qualité", "t'as une belle plume", "j'admire ton engagement". Bon, du coup, déso, le but était pas de me jeter des fleurs (je vous rassure, j'ai entendu et entends régulièrement tout un tas d'horreurs pour compenser hein ;) ), mais de vous donner des exemples concrets de la différence entre les deux types de compliments dont je parle.

Et riche de ce constat quant à mes propres réactions, j'ai aussi changé ma façon de m'adresser aux autres. Il n'est pas rare de m'entendre dire à quelqu'un.e qu'iel est lumineux.se, qu'iel est un soleil, qu'hiel rend le monde plus beau juste en existant, qu'iel est important.e/légitime/irremplaçable, qu'iel a une place très spéciale dans ma vie... et autres trus cul-culs (mais sincères, toujours) à souhaits, mais pas sur le physique. Et je remarque que "l'effet produit" est bien plus puissant qu'un classique commentaire, même très positif et enthousiaste, sur l'apparence de mon interlocuteur.trice. Ce qui ne m'empêche bien sûr pas, avec des personnes vis-à-vis desquelles je sais que c'est safe, de complimenter aussi le physique, l'allure générale, parfois. L'idée n'est pas de se débarasser de cette habitude là, mais de la questionner, et de ne pas s'y cantonner. Je suis sûre que si vous essayez, vous en tirerez des conclusions assez proches des miennes. N'hésitez pas à m'en faire part en commentaires ou dans les DM Facebook, Twitter ou Instagram, si vous voulez  ;)


L'année prochaine, j'espère pouvoir vous pondre un truc sur "comment accépter les compliments", second chapitre^^. Perso, c'est encore compliqué, mais je vais y travailler en 2017 :p

*****

Quoi qu'il en soit, je vous souhaite d'être bien entouré.e.s pour les fêtes (que vous les célébriez ou non, on "subit" l'ambiance de toute façon..) et que les réunions de famille, ou équivalents, se passent le mieux possible. Je pense fort à vous et vous envoie tout plein de bonnes ondes, et tout mon amour. Courage ❤❤❤


jeudi 22 décembre 2016

Repas de famille (mais pas que) : 100 sujets de conversation plus intéressants que le régime

Hier, on parlait de couper court aux discussions toxiques sur le poids durant les repas de famille, qui sont particulièreent violentes de grossophobie lors des repas de famille où il faut à la fois bien manger et s'auto-flageler sur son "abus" de bouffe dans la seconde qui suit la déglutition. Aujourd'hui, on passe à l'étape supérieure, à savoir, répondre à l'angoisse suivante (valable aussi pour les discussions entre collègues, n'importe quel autre public, n'importe quel autre lieu, quand on ressasse les dangereux stéréotypes autour de la bouffe, des kilos, de la silhouette) : mais si on peut pas passer tout le repas de réveillon/de famille à parler de comment on va éliminer tout ce qu'on vient d'avaler, de pourquoi on ne prend pas de désert ni des kilos pris par Tartampion.ne... de quoi qu'on va causer ?

(là, c'est le moment où on réalise à quel point ces sujets de conversation sont omniprésents, tout le temps, et en particulier autour des grandes tablées des occasions particulières... j'en parlais notamment ici)

Rassurez-vous, y'a largement de quoi faire.

Et si jamais vous séchez...


Voici 100 sujets de conversation en vrac, lolilol, trolls ou (très) sérieux, qui seront beaucoup plus intéressants mais surtout moins néfastes que la dernière détox de Kate Middleton (pas d'ordre d'importance ou d'intérêt, encore moins de cohérence, c'est juste histoire de lister 100 pistes qui ne parlent pas de régime, de poids, d'apparence et prouver que c'est fucking possible^^) :

1) le dernier film que tu as vu au cinéma (ou en streaming, chez toi)
2) les recettes de ce que vous êtes en train de manger
3) la météo
4) le réchauffement climatique
5) tes plans (ou absence de) pour les prochaines vacances
6) est-ce que vous avez vu qu'en 2017, tous les jours fériés étaient rattachés à un week-end ?
7) la dernière série qui vous a fait kiffer
8) ce conducteur de métro qui a fait une blague, la dernière fois
9) la reproduction des coléoptères
10) quelle marque de lessive choisir
11) la déprime profonde des élections US
12) la déprime profonde des élections chez nous en 2017
13) les voisins du dessins qui sont vachement bruyants
14) t'as vu comme la lune est belle ce soir ?
15) ces groupes honteux qu'on adore en secret
16) les dernières photos prises avec le chat/le chien
17) l'augmentation du prix des timbres
18) l'augmentation (lol) du smic
19) Adama Traoré
20) les violences policières
21) le racisme institutionnel
22) la mignonceté insoutenable des antilopes naines
23) l'existence de tout plein d'animaux nains que tu savais même pas qu'ils existaient dis donc
24) team chat ou team chien ?
25) cuillère ou couteau pour la pâte à tartiner ?
26) les meilleurs jeux de société
27) la dernière vidéo stupide qui t'a fait marrer sur youtube
28) la dernière info qui t'a foutu en pétard
30) les arc-en-ciels lunaires
31) la dernière mise à jour de Pokémon Go
32) le pic de pollution
33) ton crush
34) pour ou contre le retour de la coupe mullet
35) le patriarcat
36) le blantriarcat
37) la cishétéro-normativité
38) les énergies renouvelables
39) la chanson que t'arrives pas à faire sortir de ta tête
40) les meilleurs souvenirs d'enfance
41) les pires bêtises que t'as fait plus jeune
42) ces numéros inconnus relous qui t'appellent
43) le harcèlement de rue
44) le dernier livre que t'as lu
45) l'album que t'écoutes en boucle en ce moment
46) la dernière cuite que toi et/ou tes potes avez pris
47) ton dernier epic fail
48) ton dernier epic win
49) les enfants, si t'en as, si t'en veux, si tu les aimes pas
50) pourquoi "42" ?
51) les Balkany
52) la justice à deux vitesses
53) Jacqueline Sauvage
54) les violences faites aux femmes
55) la lourdeur des complotistes
56) pourquoi il ne faut jamais lire les commentaires
57) toujours pas de bouton "j'aime pas" sur facebook
58) la fin de Vine
59) les derniers filtres marrants sur Snapchat
60) la dernière blague pourrie qu'on t'a racontée
61) l'utilité de la misandrie ironique
62) la nécessité de rire des dominants et non des opprimé.e.s
63) le dernier fou rire que t'as eu
64) le dernier truc qui t'a collé la larme à l'oeil
65) pourquoi les oignons font pleurer
66) pourquoi les dessins animés nous touchent plus que les films
67) pourquoi la mort d'animaux innocents nous touche souvent plus que celle des humains à l'écran
68) est-ce que Pluton est une planète, ou pas alors, quelqu'un a suivi ?
69) ce serait chouette d'aller s'exiler sur Mars là...
70) les extraterrestres existent-ils ?
71) ça se trouve ils ont vraiment fait demi-tour en voyant ce qu'on a fait de la Terre !
72) les robots prendront-ils le pouvoir sur nous un jour ?
73) l'intelligence artificielle peut-elle avoir une conscience, des sentiments ?
74) la lenteur des administrations
75) le truc que tout le monde adore et que tu trouves surfait
76) le truc que tout le monde critique mais que t'aimes bien
77) la prochaine saison de Game Of Thrones
78) pourquoi Game Of Thrones est problématique (entre autres)
79) pourquoi on peut difficilement faire autrement que de choisir ses combats
80) le prochain Miyazaki (oui oui)
81) le studio d'animation, Ponoc, monté par des anciens de Ghibli et son long métrage à venir
82) ils vont VRAIMENT sortir un cinquième Shrek ?
83) il sort quand déjà le prochain Star Wars ?
84) et le second volet des Animaux Fantastiques ?
85) Harry Potter et l'enfant maudit : t'en as pensé quoi ?
86) ce sera quoi la prochaine grande saga à captiver petits et grands ?
87) quel est l'album qui a rendu ton année 2016 moins pourrie ?
88) le clip que tu regardes en boucle en ce moment
89) la guerre en Syrie
90) pourquoi est-ce qu'on traite aussi mal les réfugié.e.s ?
91) pourquoi (l'extrême) droite ne parle d'aider "les SDF français" qu'en opposition aux réfugié.e.s ?
92) peut-on encore parler de gauche en France ?
93) verre à moitié plein ou à moitié vide ?
94) pain au chocolat ou chocolatine ?
95) beurre doux ou demi sel ?
96) ou plutôt margarine végétale DIY ?
97) la grippe/gastro que t'as eue ou à laquelle t'échappes pour l'instant
98) team thé-citron-miel ou team grog pendant la crève ?
99) dormir en pyjama, ou à poil ?
100) et si on prenait pas de résolutions qu'on tiendra pas cette année ?

Et y'en a tellement, tellement, TELLEMENT d'autres, pour tous les goûts et toutes les humeurs ! Vous n'avez plus d'excuses ;)


BONUS si vous souhaitez tant parler de ce sujet que ça, faites le par un angle qui change les choses, en bien :

101) pourquoi parler non stop de poids/apparence/régime/détox est toxique
102) pourquoi la grossophobie est une vraie violence, une oppression systémique
103) c'est plutôt chouette les mouvements fat positive et body positive !


***

Rendez-vous demain pour un troisième et dernier sujet body positive contre la grossophobie de Noël-mais-pas-que (si y'en a qui se demandent dans l'assistance, je kiffe les cadeaux, la période de l'année et la déco, mais j'le fête pas^^) ;)

Et la semaine prochaine on se concentrera sur les aspect body positive de 2016, car si cette année a été méga-pourrave sur plein d'aspects, elle a été plutôt chouette, dans l'ensemble, sur celui-ci et y'a drôlement besoin de se concentrer sur les avancées et autres petits bonheurs !

mercredi 21 décembre 2016

Repas de famille (mais pas que) : le bingrossophobe de poche pour les fêtes (mais pas que non plus)

La grossophobie est une oppression si puissante qu'elle a son propre marronnier. Et parmi les deux plus gros "events" lors desquels elle se fait le plus plaisir, il y a le retour des beaux jours pour "le corps de plage #bikiniready" et la fin d'année pour "les excès des fêtes". Tentons donc de nous préparer à contre-attaquer au shitstorm que nous réserve l'industrie du régime avant les dates fatidiques... Cet article sera le premier d'une "série" de trois avant le 25 décembre 2016.

Repas de famille : la foire aux propos oppressifs

Que ce soit durant les festivités de fin d'années, pour celleux qui les fêtent, ou à l'occasion d'anniversaires, réunions familiales ou que sais-je encore, les repas de famille ont tendance à être pénibles pour tout le monde. Notamment parce qu'on se retrouve nez à nez avec "l'oncle raciste", ou la mémé homophobe/lesbophobe/biphobe/transphobe et qu'on hésite toujours entre fermer sa gueule par gain de paix, ou l'ouvrir pour essayer de faire avancer un peu le schmilblick... On choisit ses combats : c'est normal, c'est ce qu'il faut pour trouver l'équilibre entre la profondeur de nos convictions militantes, et un minimum vital de bien être, surtout si tout cela a lieu en zone "hostile".


Mais, personnellement, j'ai lu pas mal d'articles en faveur de la "confrontation" suite à l'élection de Trump, et ça a fini de me convaincre que si on a les capacités émotionnelles et physiques de le faire (j'insiste sur ce point, car pas question de culpabiliser les personnes qui ne sont pas en mesure de mener ces combats car par exemple timides, angoissées et/ou neuro-atypiques, il ne s'agit pas de se mettre en danger et cramer toutes ses cuillères), c'est notre devoir de faire entrer un peu de lumière dans les esprits qui sentent le renfermé. Car la vague de conservatisme et de violences rétrogrades qu'on aperçoit à l'horizon, il va bien falloir la contrer, et ça ne se fera pas sans nous. S'asseoir sur sa tranquillité d'esprit une à deux fois par ans, en espérant que nos argumentaires auront un effet boule de neige ensuite, c'est un moindre mal comparé à ce qui nous attend si on essaie pas plus de se sortir les doigts, au niveau individuel, quand on a l'occasion de faire la différence.

Vous reprendez bien une louche de grossophobie ?

Après, il y a différentes manires d'appréhender les sujets qui fâchent. Par exemple, l'humour. Tourner au ridicule certains "arguments" oppressifs en démontrant leur caractère prévisible, répétitif et totalement dépassé se fait très bien avec un bingo, comme il en existe vis-à-vis du féminisme, du racisme, des LGBTphobies, du validisme... Alors pourquoi pas un bingo de la grossophobie histoire de gagner quelques points, histoire de compenser les nerfs et l'espérance de vie perdus, face à du fat shaming (rappel : tous ces propos entretiennent, à leur échelle, la peur de grossir et donc la haine des gros.ses) ?


(oui, il est en comic sans ms, j'ai du me séparer de l'habillage galaxy du blog, laissez-moi un peu de kitsch pour vivre siouplé)

C'est une version simple et ultra-basique. Rien ne vous empêche de rajouter des cases, et les remplir des horreurs grossophobes que vous entendez aux repas de famille. Ou même entre collègues, d'ailleurs. Malheureusement, il y a de quoi en faire une encyclopédie en 26 volumes...

Si vous vous sentez de le faire, donc, imprimez-le ou faites-en un à la main, sortez-le, et cochez au fur et à mesure du repas et des échanges. Quand quelqu'un remarquera votre activité inhabituelle, ce sera l'occasion de mettre le nez des concerné.e.s dans leur caca, avec l'argumentaire, le ton et l'intensité que vous vous sentirez capables de donner.

Allié.e.s anti-grossophobie : ne manquez pas le coche !

Ce qui est chouette avec cet "outil", c'est qu'il est utilisable par les gros.ses, qui connaissent hélas si bien ces tristes lieux communs... mais aussi par les allié.e.s. Perso, j'ai tellement bassiné certain.e.s de mes ami.e.s minces avec mon militantisme qu'iels ne supportent plus les discussions à rallonge sur le régime, le poids des stars et/ou collègues et autres forme de bullshit grossophobe bieeen toxique et j'en verrais bien certain.e.s siroter leur verre d'un air mauvais en remplissant le bingo pour couper court à ces foutaises^^


Voilà qui me permet de répondre à une question qu'on me pose souvent à savoir : "que peuvent faire les minces, allié.e.s contre la grossophobie, de concret, outre relayer la parole des concerné.e.s ?". Vous pouvez vous servir de votre "crédibilité" de personne mince _qu'on ne va pas accuser d'être dans le déni/de faire l'apologie de l'obésité/d'être égoïste/de ne pas être objectif.ve ou autres horreurs dont les gros.ses qui ne font que défendre leur droit au respect et à la tranquillité sont accablé.e.s par dessus l'marché_ pour ne pas laisser votre entourage mariner dans sa grossophobie crasse. Comment ? En interrompant les blablas nausaébonds de cet acabit et en démontrant le caractère oppressif des propos grossophobes à vos interlocuteurs. Eh non, c'est pas simple, mais si vous voulez vraiment aider, va falloir vous y coller. Dites-vous que c'est showtime !

(encore mieux : vous pouvez faire ça toute l'année, cher.e.s allié.e.s ;) )

***


Quelle que soit votre situation, j'espère malgré tout que vous n'aurez pas besoin de (trop) vous servir de ce type d'astuces, et que ces fêtes et/ou moments en famille se passeront du mieux possible pour vous. J'en profite pour mettre un lien vers l'article que j'ai écrit l'année dernière sur le sujet, avec quelques conseils pratiques (et beaucoup de gifs) issus de ma propre expérience ici. 

Et comme cette année, j'ai "la chance" de ne pas pouvoir prendre de vacances et que toute ma famille habite à l'étranger, j'ai du temps pour vous pondre encore quelques articles autour de cette thématique. Rendez-vous demain pour la suite ;)


dimanche 3 janvier 2016

Résolutions Body Positive pour 2016

À l'heure où mes différentes timelines se remplissent de déprimants objectifs de tailles et kilos en moins (muscles en plus, rides à gommer, cheveux à défriser et tutti quanti aussi au programme, bien sûr), complètement useless en période de fêtes de surcroît (Le corps ne pouvant pas perdre ou produire plus de 500g de graisse par semaine, physiologiquement ! Le reste, c'est de l'eau, du muscle, et un bidou qui n'a pas fini de digérer^^), j'ai particulièrement envie de clamer que mes deux "bonnes résolutions" pour 2016 n'impliquent pas (plus jamais) d'essayer contre vents et marées de me changer. Mais de continuer le long apprentissage de l'amour de moi-même, et d'en diffuser toutes les belles et bonnes ondes autour de moi tout au long de mon parcours.




Et pour improviser sur cette furieuse envie de faire les deux à la fois, je commence par écrire quelques lignes positives sur cette photo impromptue du jour, où je suis vulnérable. Pour montrer que c'est possible.

Ouais, je peux aimer mon corps modèle gros-cul-p'tits-seins avec un angle non flatteur (j'ai pas pu laisser les couleurs criardes de la salle de bain en fond, par contre, j'avoue, d'où le noir et blanc). Je peux d'ailleurs le faire en le montrant sans mes fringues ou sous-vêtements taille haute habituels pour dissimuler les rondeurs de mon ventre ou la cicatrice de mon piercing raté au nombril, ni cacher les dernières vergetures en date qui y sont encore rouges de fraîcheur, ni même la démarcation entre mes hanches et mes cuisses qui m'a si longtemps complexée, même quand je me rendais littéralement malade pour être mince. Je suis fière du chemin que j'ai parcouru depuis ces sombres années, mais il y a encore une sacrée flopée de kilomètres qui m'attendent avant d'atteindre la paix avec moi-même. Mais je n'ai jamais été aussi motivée pour en venir à bout.

J'espère que vous me rejoindrez sur cette jolie route, cette année, pour ne plus perdre de temps à ne pas vous aimer comme vous le méritez, et utiliser enfin toute votre bonne énergie pour des choses bien plus utiles, agréables, intéressantes pour vous, les autres, et pourquoi pas... la planète ;)