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vendredi 23 décembre 2016

Repas de famille (mais pas que) : et si on se complimentait autrement ?

L'article sera un peu moins long que les deux précédents (dit-elle ayant déjà tapé 5000 signes, sans avoir fini^^), et un peu plus asbtrait. Là, je propose simplement quelques pistes à explorer pour être plus bienveillant.e.s envers nous-mêmes aussi bien que les autres via la manière dont on s'adresse à elleux au moment de leur dire quelque chose de positif. Parce que le compliment aussi peut être problématique, parfois, ou du moins comporter un second niveau de lecture un brin contreproductif vis-à-vis de nos intentions premières lorsqu'on ouvre la bouche pour le prononcer.

Avec les fêtes de fin d'année, il n'y a pas que les réunions de famille et autres repas à rallonge qui peuvent se révéler être de véritables terrains minés pour notre rapport à nos corps, notre bien-être, notre santé mentale... Car à ces occasions, il y a comme une sorte d'obligation de se pomponner, on dit bien "se mettre sur son 31", non ? Alors oui, pour celleux à qui ça fait plaisir de jouer le jeu, ben tant mieux, chacun.e ses outils pour s'auto-kiffer et pour celleux que ça gonfle : qu'on leur lâche la grappe. Mais vient ensuite la délicate question du compliment. Il peut faire plaisir, c'est même assez souvent le cas, selon comment il est formulé, et l'intention qu'on y met. Sauf que si on y réfléchit bien, nous renvoyer sans cesse à notre apparence, c'est nous y réduire.

La body positivity nous apprend à voir la beauté en nous, mais cela pour mieux nous faire dépasser la fascination envers le "joli", et nous aider à (re)trouver une légitimité, une confiance, un respect de soi, une écoute et une bienveillance envers nous-mêmes, et les autres ! Sans parler du fait que certaines des choses que vous allez relever chez l'autre risquent de réveiller en iel un trigger, au lieu de lui faire du bien.


Et si, pour changer, on évitait les compliments sur le physique lors des fêtes qui arrivent ? Ne serait-ce que pour l'expérience.

Je pense que le résultat peut être très intéressant, et nous faire changer certaines habitudes. Je vous propose donc un petit challenge : cette année, on évite les compliments sur le physique (en particulier les trucs passifs-agressifs du style "oh t'as minci, t'es vachement mieux comme ça" ou "dis donc t'as pris du cul, ça te va bien"), mais aussi les trucs bâteaux dans le genre "t'as d'beaux yeux tu sais". Faisons travailler nos méninges et notre empathie. Et si vos yeux vous supplient votre bouche dire au moins quelque chose face à la fabulosité de quelqu'un.e, complimentez plutôt sa tenue, son sens de l'accessoire, son habileté à se faire une coiffure sophistiquée... bref, quelque chose qui valorise aussi ses talents, pas juste son image.



Evitons aussi l'écueil des "ma belle" et cie : personne ne nous appartient, jamais, et c'est assez paternaliste, comme tournure et très très familier, aussi (perso je suis passée au "mon chat", "mon lapin", "mon caillou", "ma crotte", mais c'est réservé aux très proches !). Ah ben oui, tout de suite, ça fait cogiter à ce réflexe de sortir certaines phrases ou expressions toutes faites, hein ? Ben c'est le but de la manip, déconstruire tout ça, et voir ce que vous voulez ou non en garder, ce que vous souhaitez en changer, et comment.

Mais que dire de positif aux personnes qu'on souhaite complimenter alors ?

M'enfin, nous sommes tou.te.s TELLEMENT plus que nos _certes fabuleuses_ enveloppes corporelles ! Il y a un océan de compliments à votre portée qui ne concernent pas l'apparence de la personne que vous avez en face. Même si vous la connaissez peu, scrutez donc tout ce qui fait que vous la trouvez "belle", cette personne : il y a son rire, ses gestes, son parfum, la manière dont iel s'exprime, l'énergie qu'iel dégage, le puits de science et/ou de culture qu'iel semble être, son humour...

Et pour les gen.te.s que vous connaissez bien, que vous appréciez, aimez... les points positifs à souligner ne devraient pas manquer ;)



Pourquoi je vous bassine avec ces histoires de compliments à éviter/à essayer de privilégier :

A titre personnel, j'ai remarqué que plus ça va, plus les "t'es belle/t'es magnifique/t'es canon/t'as un beau ceci, un joli cela" me glissent dessus. Il y a quelques années, je m'y accrochais, j'en avais besoin, car je ne les avais jamais entendus, mais surtout jamais pensé (et c'est le cas de beaucoup de monde, y'a rien de mal à ça, et c'est bien pour ça que je propose qu'on s'intérroge sur le sujet plutôt qu'on mette tout à la poubelle ;) ). Sauf qu'aujourd'hui, les compliments agréables qui me réchauffent le coeur et résonnent agréablement dans ma mémoire ne sont pas ceux là, mais ceux-ci : "tu as une belle humanité", "tu me fais trop rire meuf", "tu es le bois dont on fait les nouveaux monde", "ta surempathie est ta plus belle qualité", "t'as une belle plume", "j'admire ton engagement". Bon, du coup, déso, le but était pas de me jeter des fleurs (je vous rassure, j'ai entendu et entends régulièrement tout un tas d'horreurs pour compenser hein ;) ), mais de vous donner des exemples concrets de la différence entre les deux types de compliments dont je parle.

Et riche de ce constat quant à mes propres réactions, j'ai aussi changé ma façon de m'adresser aux autres. Il n'est pas rare de m'entendre dire à quelqu'un.e qu'iel est lumineux.se, qu'iel est un soleil, qu'hiel rend le monde plus beau juste en existant, qu'iel est important.e/légitime/irremplaçable, qu'iel a une place très spéciale dans ma vie... et autres trus cul-culs (mais sincères, toujours) à souhaits, mais pas sur le physique. Et je remarque que "l'effet produit" est bien plus puissant qu'un classique commentaire, même très positif et enthousiaste, sur l'apparence de mon interlocuteur.trice. Ce qui ne m'empêche bien sûr pas, avec des personnes vis-à-vis desquelles je sais que c'est safe, de complimenter aussi le physique, l'allure générale, parfois. L'idée n'est pas de se débarasser de cette habitude là, mais de la questionner, et de ne pas s'y cantonner. Je suis sûre que si vous essayez, vous en tirerez des conclusions assez proches des miennes. N'hésitez pas à m'en faire part en commentaires ou dans les DM Facebook, Twitter ou Instagram, si vous voulez  ;)


L'année prochaine, j'espère pouvoir vous pondre un truc sur "comment accépter les compliments", second chapitre^^. Perso, c'est encore compliqué, mais je vais y travailler en 2017 :p

*****

Quoi qu'il en soit, je vous souhaite d'être bien entouré.e.s pour les fêtes (que vous les célébriez ou non, on "subit" l'ambiance de toute façon..) et que les réunions de famille, ou équivalents, se passent le mieux possible. Je pense fort à vous et vous envoie tout plein de bonnes ondes, et tout mon amour. Courage ❤❤❤


jeudi 22 décembre 2016

Repas de famille (mais pas que) : 100 sujets de conversation plus intéressants que le régime

Hier, on parlait de couper court aux discussions toxiques sur le poids durant les repas de famille, qui sont particulièreent violentes de grossophobie lors des repas de famille où il faut à la fois bien manger et s'auto-flageler sur son "abus" de bouffe dans la seconde qui suit la déglutition. Aujourd'hui, on passe à l'étape supérieure, à savoir, répondre à l'angoisse suivante (valable aussi pour les discussions entre collègues, n'importe quel autre public, n'importe quel autre lieu, quand on ressasse les dangereux stéréotypes autour de la bouffe, des kilos, de la silhouette) : mais si on peut pas passer tout le repas de réveillon/de famille à parler de comment on va éliminer tout ce qu'on vient d'avaler, de pourquoi on ne prend pas de désert ni des kilos pris par Tartampion.ne... de quoi qu'on va causer ?

(là, c'est le moment où on réalise à quel point ces sujets de conversation sont omniprésents, tout le temps, et en particulier autour des grandes tablées des occasions particulières... j'en parlais notamment ici)

Rassurez-vous, y'a largement de quoi faire.

Et si jamais vous séchez...


Voici 100 sujets de conversation en vrac, lolilol, trolls ou (très) sérieux, qui seront beaucoup plus intéressants mais surtout moins néfastes que la dernière détox de Kate Middleton (pas d'ordre d'importance ou d'intérêt, encore moins de cohérence, c'est juste histoire de lister 100 pistes qui ne parlent pas de régime, de poids, d'apparence et prouver que c'est fucking possible^^) :

1) le dernier film que tu as vu au cinéma (ou en streaming, chez toi)
2) les recettes de ce que vous êtes en train de manger
3) la météo
4) le réchauffement climatique
5) tes plans (ou absence de) pour les prochaines vacances
6) est-ce que vous avez vu qu'en 2017, tous les jours fériés étaient rattachés à un week-end ?
7) la dernière série qui vous a fait kiffer
8) ce conducteur de métro qui a fait une blague, la dernière fois
9) la reproduction des coléoptères
10) quelle marque de lessive choisir
11) la déprime profonde des élections US
12) la déprime profonde des élections chez nous en 2017
13) les voisins du dessins qui sont vachement bruyants
14) t'as vu comme la lune est belle ce soir ?
15) ces groupes honteux qu'on adore en secret
16) les dernières photos prises avec le chat/le chien
17) l'augmentation du prix des timbres
18) l'augmentation (lol) du smic
19) Adama Traoré
20) les violences policières
21) le racisme institutionnel
22) la mignonceté insoutenable des antilopes naines
23) l'existence de tout plein d'animaux nains que tu savais même pas qu'ils existaient dis donc
24) team chat ou team chien ?
25) cuillère ou couteau pour la pâte à tartiner ?
26) les meilleurs jeux de société
27) la dernière vidéo stupide qui t'a fait marrer sur youtube
28) la dernière info qui t'a foutu en pétard
30) les arc-en-ciels lunaires
31) la dernière mise à jour de Pokémon Go
32) le pic de pollution
33) ton crush
34) pour ou contre le retour de la coupe mullet
35) le patriarcat
36) le blantriarcat
37) la cishétéro-normativité
38) les énergies renouvelables
39) la chanson que t'arrives pas à faire sortir de ta tête
40) les meilleurs souvenirs d'enfance
41) les pires bêtises que t'as fait plus jeune
42) ces numéros inconnus relous qui t'appellent
43) le harcèlement de rue
44) le dernier livre que t'as lu
45) l'album que t'écoutes en boucle en ce moment
46) la dernière cuite que toi et/ou tes potes avez pris
47) ton dernier epic fail
48) ton dernier epic win
49) les enfants, si t'en as, si t'en veux, si tu les aimes pas
50) pourquoi "42" ?
51) les Balkany
52) la justice à deux vitesses
53) Jacqueline Sauvage
54) les violences faites aux femmes
55) la lourdeur des complotistes
56) pourquoi il ne faut jamais lire les commentaires
57) toujours pas de bouton "j'aime pas" sur facebook
58) la fin de Vine
59) les derniers filtres marrants sur Snapchat
60) la dernière blague pourrie qu'on t'a racontée
61) l'utilité de la misandrie ironique
62) la nécessité de rire des dominants et non des opprimé.e.s
63) le dernier fou rire que t'as eu
64) le dernier truc qui t'a collé la larme à l'oeil
65) pourquoi les oignons font pleurer
66) pourquoi les dessins animés nous touchent plus que les films
67) pourquoi la mort d'animaux innocents nous touche souvent plus que celle des humains à l'écran
68) est-ce que Pluton est une planète, ou pas alors, quelqu'un a suivi ?
69) ce serait chouette d'aller s'exiler sur Mars là...
70) les extraterrestres existent-ils ?
71) ça se trouve ils ont vraiment fait demi-tour en voyant ce qu'on a fait de la Terre !
72) les robots prendront-ils le pouvoir sur nous un jour ?
73) l'intelligence artificielle peut-elle avoir une conscience, des sentiments ?
74) la lenteur des administrations
75) le truc que tout le monde adore et que tu trouves surfait
76) le truc que tout le monde critique mais que t'aimes bien
77) la prochaine saison de Game Of Thrones
78) pourquoi Game Of Thrones est problématique (entre autres)
79) pourquoi on peut difficilement faire autrement que de choisir ses combats
80) le prochain Miyazaki (oui oui)
81) le studio d'animation, Ponoc, monté par des anciens de Ghibli et son long métrage à venir
82) ils vont VRAIMENT sortir un cinquième Shrek ?
83) il sort quand déjà le prochain Star Wars ?
84) et le second volet des Animaux Fantastiques ?
85) Harry Potter et l'enfant maudit : t'en as pensé quoi ?
86) ce sera quoi la prochaine grande saga à captiver petits et grands ?
87) quel est l'album qui a rendu ton année 2016 moins pourrie ?
88) le clip que tu regardes en boucle en ce moment
89) la guerre en Syrie
90) pourquoi est-ce qu'on traite aussi mal les réfugié.e.s ?
91) pourquoi (l'extrême) droite ne parle d'aider "les SDF français" qu'en opposition aux réfugié.e.s ?
92) peut-on encore parler de gauche en France ?
93) verre à moitié plein ou à moitié vide ?
94) pain au chocolat ou chocolatine ?
95) beurre doux ou demi sel ?
96) ou plutôt margarine végétale DIY ?
97) la grippe/gastro que t'as eue ou à laquelle t'échappes pour l'instant
98) team thé-citron-miel ou team grog pendant la crève ?
99) dormir en pyjama, ou à poil ?
100) et si on prenait pas de résolutions qu'on tiendra pas cette année ?

Et y'en a tellement, tellement, TELLEMENT d'autres, pour tous les goûts et toutes les humeurs ! Vous n'avez plus d'excuses ;)


BONUS si vous souhaitez tant parler de ce sujet que ça, faites le par un angle qui change les choses, en bien :

101) pourquoi parler non stop de poids/apparence/régime/détox est toxique
102) pourquoi la grossophobie est une vraie violence, une oppression systémique
103) c'est plutôt chouette les mouvements fat positive et body positive !


***

Rendez-vous demain pour un troisième et dernier sujet body positive contre la grossophobie de Noël-mais-pas-que (si y'en a qui se demandent dans l'assistance, je kiffe les cadeaux, la période de l'année et la déco, mais j'le fête pas^^) ;)

Et la semaine prochaine on se concentrera sur les aspect body positive de 2016, car si cette année a été méga-pourrave sur plein d'aspects, elle a été plutôt chouette, dans l'ensemble, sur celui-ci et y'a drôlement besoin de se concentrer sur les avancées et autres petits bonheurs !

mercredi 21 décembre 2016

Repas de famille (mais pas que) : le bingrossophobe de poche pour les fêtes (mais pas que non plus)

La grossophobie est une oppression si puissante qu'elle a son propre marronnier. Et parmi les deux plus gros "events" lors desquels elle se fait le plus plaisir, il y a le retour des beaux jours pour "le corps de plage #bikiniready" et la fin d'année pour "les excès des fêtes". Tentons donc de nous préparer à contre-attaquer au shitstorm que nous réserve l'industrie du régime avant les dates fatidiques... Cet article sera le premier d'une "série" de trois avant le 25 décembre 2016.

Repas de famille : la foire aux propos oppressifs

Que ce soit durant les festivités de fin d'années, pour celleux qui les fêtent, ou à l'occasion d'anniversaires, réunions familiales ou que sais-je encore, les repas de famille ont tendance à être pénibles pour tout le monde. Notamment parce qu'on se retrouve nez à nez avec "l'oncle raciste", ou la mémé homophobe/lesbophobe/biphobe/transphobe et qu'on hésite toujours entre fermer sa gueule par gain de paix, ou l'ouvrir pour essayer de faire avancer un peu le schmilblick... On choisit ses combats : c'est normal, c'est ce qu'il faut pour trouver l'équilibre entre la profondeur de nos convictions militantes, et un minimum vital de bien être, surtout si tout cela a lieu en zone "hostile".


Mais, personnellement, j'ai lu pas mal d'articles en faveur de la "confrontation" suite à l'élection de Trump, et ça a fini de me convaincre que si on a les capacités émotionnelles et physiques de le faire (j'insiste sur ce point, car pas question de culpabiliser les personnes qui ne sont pas en mesure de mener ces combats car par exemple timides, angoissées et/ou neuro-atypiques, il ne s'agit pas de se mettre en danger et cramer toutes ses cuillères), c'est notre devoir de faire entrer un peu de lumière dans les esprits qui sentent le renfermé. Car la vague de conservatisme et de violences rétrogrades qu'on aperçoit à l'horizon, il va bien falloir la contrer, et ça ne se fera pas sans nous. S'asseoir sur sa tranquillité d'esprit une à deux fois par ans, en espérant que nos argumentaires auront un effet boule de neige ensuite, c'est un moindre mal comparé à ce qui nous attend si on essaie pas plus de se sortir les doigts, au niveau individuel, quand on a l'occasion de faire la différence.

Vous reprendez bien une louche de grossophobie ?

Après, il y a différentes manires d'appréhender les sujets qui fâchent. Par exemple, l'humour. Tourner au ridicule certains "arguments" oppressifs en démontrant leur caractère prévisible, répétitif et totalement dépassé se fait très bien avec un bingo, comme il en existe vis-à-vis du féminisme, du racisme, des LGBTphobies, du validisme... Alors pourquoi pas un bingo de la grossophobie histoire de gagner quelques points, histoire de compenser les nerfs et l'espérance de vie perdus, face à du fat shaming (rappel : tous ces propos entretiennent, à leur échelle, la peur de grossir et donc la haine des gros.ses) ?


(oui, il est en comic sans ms, j'ai du me séparer de l'habillage galaxy du blog, laissez-moi un peu de kitsch pour vivre siouplé)

C'est une version simple et ultra-basique. Rien ne vous empêche de rajouter des cases, et les remplir des horreurs grossophobes que vous entendez aux repas de famille. Ou même entre collègues, d'ailleurs. Malheureusement, il y a de quoi en faire une encyclopédie en 26 volumes...

Si vous vous sentez de le faire, donc, imprimez-le ou faites-en un à la main, sortez-le, et cochez au fur et à mesure du repas et des échanges. Quand quelqu'un remarquera votre activité inhabituelle, ce sera l'occasion de mettre le nez des concerné.e.s dans leur caca, avec l'argumentaire, le ton et l'intensité que vous vous sentirez capables de donner.

Allié.e.s anti-grossophobie : ne manquez pas le coche !

Ce qui est chouette avec cet "outil", c'est qu'il est utilisable par les gros.ses, qui connaissent hélas si bien ces tristes lieux communs... mais aussi par les allié.e.s. Perso, j'ai tellement bassiné certain.e.s de mes ami.e.s minces avec mon militantisme qu'iels ne supportent plus les discussions à rallonge sur le régime, le poids des stars et/ou collègues et autres forme de bullshit grossophobe bieeen toxique et j'en verrais bien certain.e.s siroter leur verre d'un air mauvais en remplissant le bingo pour couper court à ces foutaises^^


Voilà qui me permet de répondre à une question qu'on me pose souvent à savoir : "que peuvent faire les minces, allié.e.s contre la grossophobie, de concret, outre relayer la parole des concerné.e.s ?". Vous pouvez vous servir de votre "crédibilité" de personne mince _qu'on ne va pas accuser d'être dans le déni/de faire l'apologie de l'obésité/d'être égoïste/de ne pas être objectif.ve ou autres horreurs dont les gros.ses qui ne font que défendre leur droit au respect et à la tranquillité sont accablé.e.s par dessus l'marché_ pour ne pas laisser votre entourage mariner dans sa grossophobie crasse. Comment ? En interrompant les blablas nausaébonds de cet acabit et en démontrant le caractère oppressif des propos grossophobes à vos interlocuteurs. Eh non, c'est pas simple, mais si vous voulez vraiment aider, va falloir vous y coller. Dites-vous que c'est showtime !

(encore mieux : vous pouvez faire ça toute l'année, cher.e.s allié.e.s ;) )

***


Quelle que soit votre situation, j'espère malgré tout que vous n'aurez pas besoin de (trop) vous servir de ce type d'astuces, et que ces fêtes et/ou moments en famille se passeront du mieux possible pour vous. J'en profite pour mettre un lien vers l'article que j'ai écrit l'année dernière sur le sujet, avec quelques conseils pratiques (et beaucoup de gifs) issus de ma propre expérience ici. 

Et comme cette année, j'ai "la chance" de ne pas pouvoir prendre de vacances et que toute ma famille habite à l'étranger, j'ai du temps pour vous pondre encore quelques articles autour de cette thématique. Rendez-vous demain pour la suite ;)


mardi 10 mai 2016

Des gros fails de la mode grande taille

Il y a quelques semaines, j'avais dans l'idée de remplumer mon dressing en vue du changement de saison. Épreuve que je gère environ deux fois par ans, car en tant que grosse je sais que les essayages, ou déballages de colis, auront leur lot de mauvaises surprises. Cette fois-ci, j'ai décidé d'en parler, étant dans une dynamique body posi plutôt sympa sur mes réseaux sociaux ces derniers mois. J'ai donc posté deux photos de fails de "la mode grande taille" et autres enseignes auto-proclamées "fat friendly". Très vite, il y a eu beaucoup de réactions sur Instagram, Twitter et Facebook. En particulier de la part d'autres nanas "pas minces", qui s'étaient souvent trouvées dans les mêmes cas...



Au début, ça m'a rassurée : non, chuis pas "difforme" (je le sais déjà, mais chaque passage en cabine d'essayage me fait douter, soyons honnêtes). Mais ensuite, j'ai eu la rage, encore plus que d'habitude quand j'aborde ce sujet épineux. Si tant de monde peine à s'habiller correctement, que font celleux qui les fabriquent, ces foutues fringues, hein ? J'ai donc eu envie de pondre un article sur la question, qui pourrait faire office de lettre ouverte aux marques auto-proclamées ouvertes aux personnes "plus size". Et pour qu'elle soit bien coquette et grassouillette, j'ai fait un appel à témoignages. Et pinaise, j'en ai eu !

C'est parti pour le pavé, au sens propre comme au sens figuré.

"Mode grandes tailles" : comme un arrière-goût d'arnaque

Avant toute chose, je précise (même si j'y reviendrai ultérieurement), qu'on a tou.te.s, TOU.TE.S, des galères pour s'habiller correctement, quelle que soit la circonférence de notre boule, que cela soit parfois, ou que cela soit systématique. Mais le cas des gros.ses est particulier. Sauf qu'il est déjà si difficile de s'habiller dès qu'on dépasse le 42 (et encore, il faut voir la tronche de certains 40 en magasin... z'avez un sens de l'humour tordu quand même) dans les enseignes mainstream que faire face aux mêmes déceptions avec des pièces annoncées comme spécialement conçues pour nos gros culs... c'est la double peine.




C'est si frustrant, si décevant, qu'on ne sait même plus contre qui on doit se fâcher parfois. Contre son corps impossible à habiller, ou contre tous ces contrats non-remplis par celleux qui prétendent habiller "les rondes", comme iels aiment tant les appeler ? Il faut croire que leur timidité à employer le mot "gros.se" n'est pas plus vendeur que de fabriquer aux personnes qu'il désigne des vêtements bien coupés. Et je ne parle même pas des choix de modèles très limité, du moins en France (il y a des petites, ou moins petites, marques très chouettes côté UK et US  comme par exemple Lindy Bop, Dear Curves, Rue 107, Smart Glamour, ModCloth, Ready To Stare, Chubby Cartweels...), pour habiller ces corps qui mettent la société dans l'embarras : du noir, du long, peu d'imprimés, du "classique". Et ce, toujours avec la fonction première de nous amincir. Ou devrait-on plutôt dire, de nous invisibiliser encore davantage.

Vous trouvez mes propos exagérés ? Regardez plutôt la TRISTESSE, pour ne pas dire franche ringardise, de la majorité des pièces proposée par des "spécialistes" comme Ulla Popken, 46 et +, Oliver Jung, Famaiks, Dorothy Perkins ou encore Violeta by Mango !

#lennui

Oui, okay, y'a deux ou trois basiques sympas et utiles, et parfois une pièce qui sort du lot, j'dis pas. Mais globalement ça reste du classique ultra-sage, ou des trucs amples ni faits ni à faire pour cacher le plus de gras possible. En somme, un éternel catalogue des 3 Suisses, porté par des mannequins taille petit 44 sur un 1,80m avec poitrine généreuse, ventre plat, visage et bras fins, jambes élancées. Et vous osez parler de diversité, choix ? C'est pas parce qu'on est gros.ses qu'on est des dindes non plus hein.

On peut taper sur Cristina Cordula et son obsession des collants opaques pour les rondes, et autres absurdités grossophobes tant qu'on veut, mais faut voir ce qu'on propose en magasin pour les grandes tailles aussi ! Difficile de dire qui a commencé les hostilités contre les corps gros, à ce compte là... Quant aux marques et boutiques qui proposent des choses un peu plus trendy (mais surtout, sans excentricité ni piquant hein, faut pas déconner, sois grosse et fonds toi dans l'tas !) comme Castaluna, Balsamik (je vous en veux toujours autant pour votre pub moisie, sachez-le), Kiabi, C&A ou Asos Curves... reste l'universel problème de coupe.



"Pour créer un habit grande taille, il ne suffit pas de rajouter quelques centimètres aux extrémités du patron du futur habit"

Je ne saurais mieux formuler les choses que mon amie Nina, qui en parlait déjà ici, sur son blog, et qui avait si bien illustré la chose à l'aide de dessins, donc je reprends sa phrase, qui résume bien le problème des fringues dites "plus size".

Ayant reçu une grande grande grande quantité de témoignages, il me semble compliqué de tous les publier ici, surtout que beaucoup se recoupent (j'en poste quelques extraits ensuite). J'en ai donc fait une petite synthèse, pour essayer de survoler l'ensemble de manière _à peu près_ ordonnée.

Pantalons/jeans/shorts

Le problème qui revient souvent pour les pantalons "plus size", c'est qu'aussi "taille haute" ils soient étiquetés, ils peinent à dépasser le stade du nombril, et pour celles qui ont un creux entre les hanches et le haut des cuisses, ça signifie qu'un futal stretch finira calé là, faisant un beau "muffin top".

Et c'est sans mentionner que tous ces volumes que les fabricants n'ont pas prévus en concevant ces vêtements, ils doivent bien se caler quelque part : donc on se retrouve avec des plis disgracieux au niveau de l'entrejambe (pour le short, ça veut dire qu'une jambe sur deux  remonte vers l'intérieur des cuisses lorsqu'on marque, c'est aussi confortable que "joli" !)... Et donc un tombé "feu de plancher". On a aussi le souci inverse : non, toutes les grosses ne sont pas grandes, avec des jambes interminables. Certes, on peut retoucher la longueur, mais ça bousille souvent la coupe ensuite. Sans parler de l'investissement de temps et d'argent dans cette procédure.

Vient ensuite la problématique du rapport taille/cuisses : quand on arrive à passer le jean sur ses cuissots, il y a 15/20cm de trop au niveau de la taille pour celles qui ont la taille marquée. Inversement, celles qui ont du ventre avec des jambes fines se retrouvent avec un baggy qui leur coupe le bidou. Et non, la ceinture n'arrange que très rarement la situation : cela créé des plis et des volumes supplémentaires, qu'on est obligées de masquer avec un tee-shirt long et ample ou une tunique, adieu crop tops...

Petite parenthèse sur la résistance du textile au niveau de l'entrejambe. Quand on n'a pas de "thigh gap", les cuisses se touchent. Donc quand on marche, ça frotte. Et on se retrouve très vite avec des trous dans cette zone, en particulier lorsqu'on a de fortes cuisses. C'est pas l'tout d'habiller un corps immobile, il faut aussi le penser en mouvement.

Enfin, mettez-vous d'accord sur les tailles. Car on est très souvent obligées de prendre deux à trois tailles supplémentaires pour pouvoir fermer son fute. Même pour celleux qui ont fait la paix avec l'idée d'être gros.se, c'est une plaie.



Jupes

Quand on arrive à trouver une jupe qui ne soit pas forcément en dessous du genou (certes, c'est la mode des jupes midi mais on a aussi envie de porter plus court parfois, merci bien), on se retrouve souvent avec une longueur idéale devant... et la culotte à l'air derrière. Oui, un cul, ça prend de la place, la plupart du temps, surtout lorsqu'il est gros, il serait temps de penser vos fringues en 3D les gars !

Quant à certains modèles près du corps... il serait bien utile de les coudre de telle manière à ce que la doublure, ou l'ensemble, ne remonte pas dès que l'on met un pied devant l'autre. Si on voulait une micro-jupe, on l'achèterait telle quelle. Nous ne sommes pas des statues de cire : nous nous déplaçons, et les vêtements doivent suivre.

Robes/Tops

Pour les robes, le problème des volumes non pris en compte par celleux qui prétendent habiller les "beautés colossales" est doublé. Entre la poitrine et le cul (et aussi le ventre, parfois) : toute la longueur disparaît. On se retrouve donc avec des tuniques que l'on doit porter avec un short... Quand elles sont à la bonne longueur, il arrive souvent que le bas soit trop petit, le haut trop grand, et que l'on se retrouve avec un gros pli vide au milieu, au niveau du ventre.


Que l'on parle d'une robe, d'un tee-shirt ou d'une chemise, les grosses aux bras épais ont bien du mal à frayer leur chemin au niveau des manches, ou de ne pas avoir la circulation coupée par ces dernières. Ne faites pas forcément des manches chauve-souris non plus mais anticipez quand même que les grosses ne sont pas toutes à l'image léchée de la plupart des mannequins "plus size" qui le sont à peine.

Vient ensuite le souci des seins. Toujours dans un souci de volume, prévoyez de la marge, ou un tissus un minimum élastique, pour qu'une taille empire ne vienne pas nous couper les tétons, ou qu'une taille "à la taille" ne nous arrive pas juste en dessous des seins... comme une taille empire, justement. Bref, pensez à faire de la place pour nos nichons. Gros ou moins gros, les plaquer c'est ni joli, ni conforable. Pis gaffe à la profondeur du décolleté, aussi, siouplait. Mis à part ces inconvénients, quand le reste de la robe tombe bien, c'est surtout un gâchis (et une frustration) sans nom !

Sous-vêtements

Cher.e.s fabricant.e.s de culottes : rajouter du tissus en longueur, c'est pas le secret d'une grande taille qui arrivera à couvrir un gros boule en entier. Y'a des courbes à prendre en compte, merci de faire une ou deux coutures de plus pour y remédier parce qu'on en a marre d'avoir la raie à l'air. Quant aux culottes taille haute, on peut à la rigueur se résigner aux modèles "mémérisants", mais ayez au moins la décence de coudre l'élastique avec du fil un tant soi peu résistant, car les trous au bout de quelques semaines, c'est vraiment pas cool.

et en plus c'est pas confortable !

Pour les rares marques dépassant la taille 4 en matière de collants, la copie est à revoir aussi. Prévoir de la place pour les cuisses, c'est bien, mais traficoter une taille haute sans laisser de place au bidou et au bouli, ça te donne soit un machin trop long devant/trop court derrière, qui glisse, soit une taille qui roulotte jusqu'à aller se caler sous tes hanches... (quand ça ne finit pas sur tes genoux ou par terre). Quant aux bas et chaussettes hautes, même quand elles ne sont pas en "taille unique" (c'est à dire pas portable au delà du 38), leurs concepteurs.trices semblent avoir zappé qu'une cuisse dodue est souvent plus large que le mollet qu'elle surplombe. Donc bonjour bourrelets douloureux et roulottages foireux !

Gros chapitre pour finir : le soutif. Si on différencie bonnet et tour de dos, c'est pour une bonne raison. Parce qu'on peut être gros.se avec de petits nichons, ou mince avec de gros lolos. Pourtant, on se retrouve toujours à choisir entre la peste et le choléra, si j'ose dire : avoir un bonnet adapté mais le dos scié, ou un tour de dos confortable avec un bonnet à moitié vide. Variez vos propositions, nom d'un ienche !!! Et naturellement, voilà quelque chose de bien embêtant quand on se choisit un maillot de bain en deux pièces (ouais, on est grosses et on a autant le droit d'en porter que les minces !). Déjà qu'il est compliqué de se trouver un haut convenable, pour peu que la vente ne se fasse pas séparément, celles qui ne taillent pas pareil en haut et en bas sont marron !

Chaussures

Last but not least : les pompes.


Trop peu de marques pensent à proposer des modèles "pieds larges", ou l'on arrive à marcher sans avoir la circulation coupée, les doigts de pieds écrasés ou des ampoules à cause de lanières trop serrées. Parce que oui, parfois, nos pieds aussi sont grassouillets, et c'est pas à vous de décider de nous punir de notre non conformité en nous obligeant à marcher pieds nus. Quant aux bottes... Nous n'avons pas tou.te.s des mollets fins, ce serait bien de l'intégrer un jour. Parce que la bise venue, ben on se retrouve bien dépourvues. Et je reste polie.

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Perso, j'ai expérimenté environ 90% des choses sus-mentionnées au cours de ma vie, donc beaucoup très régulièrement. Et histoire que les marques aient du grain à moudre (oui oui chuis utopiste et optimiste, je me dis que certaines personnes concernées liront un jour ceci...), je poste aussi quelques extraits des commentaires et messages que j'ai reçus sur les ressentis et expériences qu'ont les gen.te.s qui portent leurs "produits". C'est bien beau de vouloir faire du fric, mais le "service rendu", où qu'il est ??! Chères marques "fat friendly" : vous bâclez votre taf !



Témoignages sur les failles de la mode "grande taille"

(comme j'avais parfois des noms, parfois des pseudos, j'ai préféré laisser ces témoignages anonymes, mais la majorité sont visibles, et encore plus complets, dans les liens que je posterai un peu plus bas)

"C'est suffisamment complexant de chercher un 46/48 mais quand en plus on doit taper dans du 50 voire 52 parce que la marque taille mal... Franchement démoralisant"

"Quand iels s'imaginent que parce que tu fais du 46 t'as forcément des jambes d'1,30 m. Mais si tu fais des bords à ton pantalon, ça bousille toute la coupe."

"Choisir entre respirer et porter un haut trop grand à cause de tes boobs"

"Entre les boutiques mémères qui vendent un pull a ma taille a 150 euros ou celles qui dépassent pas la taille 42, j essaye quasi plus a m habiller stylé. J'essaye de m'habiller tout court."

"Je fais du 48 au niveau des fesses, j'ai une taille très marquée, et je fais 1m74. Donc quand ça ne rentre pas en largeur, c'est trop petit en hauteur, ou trop évasé au niveau de la taille. Donc je trouve rarement ce que je veux, alors que j'adore acheter plein de fringues. Je suis obligée de me rabattre sur des Ebay chinois en taille XXXXL !!!"

"Je vais arrêter les pantalons je crois. Tout simplement. Comme beaucoup, je cherche des tailles hautes. Qui n'existent pas. Ou, quand elles existent, ah ah, vive la coupe mamie. Ou les jambes 40 fois trop longues. "

"Les modèles "plus size" vendent une image à mon sens encore plus déformée de ce qu'est une femme "ronde" que les modèles des lignes lambdas donnent du corps de la femme en général. Les mannequins sont certes jolies à regarder, bien lisses, incroyablement fermes, avec un ventre plat, mais elles me renvoient encore plus une sensation d'anormalité quant à mon corps et surtout un immersion sentiment d'hypocrisie de cette industrie. Personnellement, je ne trouve jamais de vêtements s'adaptant à mes fesses ou à ma poitrine qui ne fassent pas un effet difforme sur le reste de mon corps. Même si on en est plus aux lignes plus size à base de chemises longues et fluides à motifs fleurs exotiques, on est quand même loin de vêtements harmonieux et pas seulement inutilement larges..."

"Je ne peux mettre qu'un 46 à cause de mon ventre rond, mais j'ai des mollets minuscules, et ça fait des poches affreuses aux genoux. Et puis j'ai abandonné l'idée de mettre un jean à boutons depuis longtemps, j'ai littéralement déjà saigné à cause d'une fermeture éclair qui me serrait trop. Quand aux soutient-gorges, quand les bonnets sont à ma taille 105E, les bretelles baillent et ne soutiennent rien du tout !"

"Moi je trouverais jamais de jean qui ne me scie pas le bide/hanche et qui m'aille joli en même temps.. Soit ca va aux niveau des chevilles/mollets/genoux/cuisse mais les fesses et le ventre font la gueule, soit mon bidou est à l'aise mais c'est beaucoup trop large au niveau du reste."

"J'ai donc toujours 10cm de tissu en bas et que je dois faire raccourcir à chaque fois . Sans compter les fausses tailles hautes où il faut limite porter des bretelles pour ne pas que ça poche aux fesses. Je dois avouer quand même que ça fait du bien d'avoir enfin des tailles hautes dans les magasins après des années de tailles basses à la mode mais pas pour les femmes avec des fesses et des poignées d'amour"

"e fais une taille 52, j'ai vraiment un corps en forme de huit avec une poitrine et un fessier très développés et une taille très marquée. Il y a quelques années, je me suis lancée sur le site Balsamik en me disant que je pourrais trouver mon bonheur dans les pantalons .... grossière erreur ! Quand j'ai commencé à enfiler le jean slim que j'avais commandé EN TAILLE 52, impossible d'aller plus loin que mi cuisse ! J'ai fait essayé ce même jean à une de mes amies qui fait du 40-42 et Ô rage, il lui allait ! Il était large au niveau du ventre et des hanches (mon amie n'ayant pas les hanches très développées) mais les jambes lui allaient à la perfection. Dégoûtée je n'ai jamais osé envoyer une réclamation au site de peur de trop les insulter. Chaque femme a une morphologie différente mais les vêtements dits "curve" non aucune forme et ne conviennent à personne. C'est tellement difficile de s'habiller et de se sentir bien avec ce genre d'histoires qui arrivent trop fréquemment."

"Je fais du 48 mais ça passe toujours difficilement puisque mon ventre est trop gros pour tenir dans les tailles hautes, les robes et les tee-shirts. Du coup, j'ai renoncé aux robes, je porte des tee-shirts très vieux et distendus ou ceux achetés chez Celio (très jolis mais pas très variés) et mes tailles hautes glissent sous mon ventre. Complètement inutiles"

"Mon plus gros problèmes c'est de trouver de jolis collants et a ma taille car je suis grande et même si je prend ma taille (XL) et bien la plupart s'arrêtent aux cuisses."

"Je fais un bon 48. J'ai commandé un 48 un 52 et un 54 homme ... J'ai tout renvoyé et j'ai mit C&A au défi de mettre un 44 dans leurs pantalons"

"J'en peu plus des retours de paires de docs parce que leurs modèles nouveaux et bon marché sont trop étroits et ne me parlez pas des chaussures pour pieds larges qui sont en fait plus longues mais pas plus profondes. Bref, en faisant un 52/54 j'arrive à peu près à m'habiller parce que j'ai intégré que je ne ferai jamais les magasins avec mes copines mais que je connais mon corps et les habits qui lui vont et je peux être pas mal avec des fringues des internets MAIS PUTAIN LES CHAUSSURES !!! Je veux porter les jolies chaussures confortables et pas des sandales allemandes le reste de ma vie."

"La joie de la jupe avec une coupe identique du 34 au 54 et qui du coup offre une vue sur tes fesses car pas d'ampleur pour le cul cul bombé !"

"Faire un bonnet H avec une taille fine et un petit mètre 60 est loin d'être facile, alors qu'on a plutot l'impression que cette image est gravée dans codes de la "sexitude" ! Obligee de prendre 2 tailles au dessus pour des coupes jamais adaptée, qui donne des tissus tendus comme un string à la poitrine et le reste qui baille partout parce bien trop grand...et les chemises n'en parlons pas ! Et cest partout pareil ! Pour les soutifs aussi, ca comment à peine a se démocratiser mais impossible de trouver du 80E et + par exemple, avec un soutien inexistant (bien sûr 2 crochets derrière sont plus "discrets" 😒 mais ils ne servent à rien...)"

"Et la longueur des robes pour les nanas d'1m85 on en parle ? Je n'ose plus aller en shopping de peur de trouver des tuniques a la place de jolies robes qui pourraient mettre mes gambettes en valeur pfff"

"En commandant des robes sur un site en ligne hyper populaire, je suis restée bloquée dans le 46 et le 48 flottait joyeusement sur moi, tel un sac à patates. Les collants qui roulent sur le ventre et te font un pneu de vélo autour de la taille/du bas-ventre et qui entraîne ta culotte (qui ne couvre pas entièrement le boule non plus) avec, c'est malheureusement un classique, tout comme les robes ou tops écrase-poitrine mais larges au niveau du ventre. Je ne mets jamais de jeans et de pantalons, parce que je ne trouverai pas ceux qui iront bien avec ma morpho en O, donc je me rabats sur les robes et jupes quand c'est possible, mais c'est parfois franchement galère de trouver 1) un truc qui me plaît 2) à ma taille (ou à défaut, qui semble à ma taille) 3) à un prix abordable 4) qui finalement me va sans que je me dise "Attends, là ça serre, là ça baille, mais à défaut de mieux, je prends""

"On en parle de ces boutiques où à peine passé la porte on s'entend dire par une voix condescendante qu'on ne trouvera pas notre taille? Ou de cette même voix condescendante qui t'explique que pour leur marque le L correspond à un petit 40?"

"Je pensais avoir trouvé mon bonheur avec les mom jeans mais j'ai quand même du le retoucher à la taille et ensuite impossible de rentrer dedans! Le comble - je vais chez Levi's, car je me souviens qu'il y a quelques années ils avaient des coupes différentes en fonction de la morphologie (dans mon cas, hanches rondes et taille plus fine = bold curve)... Et le vendeur me dit "nan on les fait plus, maintenant on a un jean qui va à tout le monde!" ahah, lol. Ce monde de Bisounours.""

"Ce qui m'arrive souvent c'est de prendre des vêtements grande taille et me retrouver les bras coincés. Par exemple acheter une robe taille 46 ou 48 et me rendre compte que les bras ne passent pas ou sont trop étriqués dedans alors que c'est ma taille...... Eh oui, parce que quand on est grosse, on doit au moins avoir la décence d'avoir des bras et des cuisses fermes !"

"Vive les soutien-gorge soi disant DD. Ils mettent tellement de rembourrage et un tour de poitrine tellement serré que j'ai le saucisson autour de la bande, et les seins qui débordent à moitié. Avec le superbe effet coupé "j'ai des bourrelets aux nibards"."

"Oui, les grosses ont tendance à avoir des grosses cuisses, donc les cuisses qui se frottent.
Faire les coutures entre les cuisses avec du fil à peu près aussi solide que du fil de toile d'araignée, EVIDEMMENT QUE CA VA CRAQUER AU BOUT DE DEUX SEMAINES, BOUGRE DE BOULETS !"

"Quand je veux acheter des fringues + size mais que sur le site la modèle fait un 36 à tout casser."

"Ils n'ont pas encore compris que certaines femmes ont des grosses fesses et du coup que ça devrait être légèrement plus long derrière que devant ! Après je me retrouve avec les gens qui me disent "t'avais envie de montrer ta culotte"... Non juste mes jambes en fait, mais faut dire ça à ma robe mal taillée..."

"Le soutien-gorge grande taille ok mais qui ne propose que des grands bonnets (bah oui t'es grosse donc tu dois avoir forcément des gros seins)"

"Les culottes grande taille qui sont affreuses pour les gens qui ont du bide. Le ventre passe par dessus, on est saucissonnées dedans. Et les RARES marques qui sortent de vraies culottes qui sont confortables sont de tellement mauvaise qualité que j'ai des trous partout autour de l'élastique."

"Le tour de bras : à croire que les fabricants pensent que toutes les femmes font le même tour de bras qu'elle fasse un 38 ou un 50"

Vous pouvez retrouver la majorité de ces témoignages, plus longs, au milieu de bien d'autres encore ici, ici aussi, et encore là. Ainsi que par ici, par là et encore ici.

Quelques suggestions pour les marques voulant VRAIMENT habiller les gros.ses

Voilà, si des personnes dont le métier est de créer des fringues "plus size" me lisent, j'espère que vous avez pris la mesure de vos erreurs, de votre manque de considération et de respect pour votre "cible", pourtant difficile à louper tant elle est large. Parce qu'il y en a un peu marre de se demander sur quelle galaxie on pourrait bien s'exiler pour arriver à couvrir nos gros culs avec un minimum de swag, m'voyez ?

Quand je cherche une fringue "plus size" bien taillée et bien coupée.
Vous voulez faire mieux ? Je l'espère. Voici donc quelques conseils d'ordre général, mais attention, ça va piquer tellement c'est novateur (lol) : arrêtez la "taille unique", faites moins de modèles, sortez moins de collections (oui je sais, ça pique, c'est pas très croissance/consommation/capitaliste/toussa comme raisonnement, mais lisez quand même) MAIS proposez chaque pièce dans TOUTES les tailles. Parce que oui, figurez-vous qu'on peut être mince et avoir envie de sobriété ou de choses amples aussi bien qu'on peut être grosses et avoir envie de porter du court, du chatoyant. C'est pas à vous de juger ce qui est "flatteur" pour tel ou tel corps. Laissez-nous le choix, vous s'rez bien aimables.

Mais comme vous avez pu voir ci-dessus, la taille de confection n'est pas l'unique facteur à prendre en compte : les morphologies jouent aussi énormément. Donc variez vos propositions dans ce sens là (puisque vous proposez moins de modèles différents, vous avez le temps, la place et les sous pour les décliner par coupes) : faites des fringues étudiées, coupées et cousues pour les petit.e.s minces, les petit.e.s gros.ses, les grand.e.s sveltes, les grand.e.s et dodu.e.s, les minces aux gros boobs et vice-versa, les gros.se.s aux petits eins' et inversement (alors oui, Balsamik a fait un essai timoré de ce concept, mais peu concluant selon les retours que j'ai eus). N'oubliez pas d’étiqueter tout ça comme il faut et de faire appel à des mannequins aux physiques correspondants pour les présenter (et de faire essayer vos prototypes à des non-mannequins, histoire de voir si "ce qui dépasse" est bien pris en compte). Bref, efforcez vous de saper et représenter tout le monde convenablement _sortez moins de nouveautés toutes les deux semaines pour compenser_ sans stigmatiser tel ou tel physique. Cela fera moins de gâchis, plus d'heureu.ses.x et je suis assez sûre que ça n'amputera pas, au contraire, votre sacro-saint chiffre d'affaires.

Faites pas cette tête, du XXS au XXXXXL, c'est vraiment comme ça que fonctionnent de nombreuses boutiques en ligne (citées plus haut) qui ont une approche body positive de la chose ! Certes, à une échelle bien moindre que la grande distribution, mais c'est toujours infiniment mieux que les sweatshops. D'ailleurs, j'en profite pour dire à la "mode éthique" qu'elle me déçoit, car elle reproduit les mêmes travers élitistes et grossophobes que la "fast fashion" en ne proposant que des petites tailles, sur les mêmes mannequins blanc.he.s, minces, cisgenre, jeunes et valides... dans le but de n'habiller que celleux qui correspondent au "modèle unique" de beauté. On y r'vient, à ce problème, qui fait aussi que même les minces galèrent par moment à trouver des fringues bien coupées parfois : forcément, si on ne coud que pour une morphologie/taille, y'a un moment ça va coincer parce que gros.se ou mince, on est tou.te.s bâti.e.s différemment. Et 'faut pas être Einstein pour le comprendre.

Beaucoup seraient prêt.e.s à mettre plus cher pour une fabrication plus respectueuse et un résultat plus qualitatif, en consommant moins le reste du temps, mais pour des initiatives qui auront vraiment le courage de se mouiller jusqu'au bout. Parce qu'en attendant, c'est quand même chez Primark qu'on me conseille d'aller pour trouver un jean à ma taille et pas trop mal coupé, par exemple, et je sens que je vais plus résister longtemps. Malgré mon envie de consommer mieux, parce que j'ai quand même envie d'avoir les fesses couvertes en attendant que vous vous sortiez les doigts, figurez-vous. Et chuis loin d'être la seule. Enfin j'dis ça comme ça hein... Allez salut !




PS : Un grand, un gros, un énorme merci à tou.te.s pour vos témoignages et désolée d'avoir mis autant de temps à publier cet article !

PPS : J'finis sur une note body posi... Souvenez-vous que c'est aux vêtements de s'adapter à nous, et non l'inverse, même si on a réussi à nous le faire croire : c'est pas ton corps qui cloche, c'est la société d'image et de consommation. T'es parfait.e ! Change rien, sinon le monde.




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mercredi 16 mars 2016

#slutshaming : une bonne tranche de body shaming avec supplément sexiste gratuit !



Ouaip, le slut shaming est vraiment quelque chose que j’exècre. Et vous savez quoi ? C'est intimement lié au body shaming et à la culture du viol. Avec double ration de sexisme en supplément. Bref, un menu assez gerbatif.

Dans ma tête, ce sont pas des paillettes. J'édulcolore pour essayer d'être moins indigeste...

Et entre ce que j'entends de certain.e.s membres de la blogo française ("c'est bien le mouvement body positive hein, mais y'en a qui s'exhibent trop quand même" #véridique) plus size et l'actualité autour du dernier selfie dénudé de Kim K... J'avais envie de faire un article dédié, pour expliquer en quoi ces deux concepts, ces deux injonctions, sont liés.

Slut quoi ?

Pour celleux qui ne connaîtraient point encore le terme, le slut shaming c'est, en gros, la stigmatisation des femmes dont la tenue et/ou l'attitude serait jugée "provocante". Rien que ce dernier mot entre guillemets montre à quel point ce concept fumeux est sexiste. On ne dirait pas ça d'un homme, n'est-ce pas ? Ces messieurs n'entendront jamais qu'ils "ne se respectent pas" parce qu'ils mettent un short ou montrent leurs tétons. Parce que leurs corps, contrairement aux nôtres, n'est pas sur-sexualisé, synonyme de tentation, de "pêcher". Dans notre société, les corps des femmes, quoi qu'elles en fassent, sont porteurs d'une lourde honte. Sauf pour vendre du yaourt ou des bagnoles bien sûr, quand ce ne sont pas elles qui se montrent ou se cachent en accord avec elles-mêmes.



Bref, grâce à ce merveilleux outil patriarcal qu'est le slut shaming, on peut traiter une femme de salope parce qu'elle porte une jupe jugée "trop courte" et qu'elle aime "s'habiller sexy", parce qu'elle poste des photos dévêtue, parce qu'elle a (eu) de nombreux amants, parce qu'elle est coquette... et c'est le même raisonnement qui amène 27% des français.e.s à dire qu'en gros, "ces femmes là", ben elles l'ont bien cherché si elles se font violer, en vrai, hein. [re-vomi] Parce que c'est pratique, quand même, de dé-responsabiliser les agresseurs et violeurs en préférant blâmer les victimes car "elles n'ont pas fait assez attention". À côté de ça, celles qui s'habillent "en sac à patates" aussi seront rabaissées et humiliées, faut pas rêver. Quelle que soit ta stratégie de survie dans ce milieu hostile, tu payeras le fait d'être une femme dans un monde d'homme à un moment ou un autre, d'une manière ou d'une autre.

"D'ici mes 14 ans, tous les garçons de ma classe m'auront déjà traitée de pute, de salope, de connasse et bien d'autre choses encore"

C'est connu voyons, la gent masculine "ne peut pas se contrôler", faut pas chercher ces messieurs sinon il va nous arriver des bricoles. Des simples insultes au viol, ou jusque dans la rubrique "faits divers", ou le féminicide sera qualifié de "crime passionnel". Si ce n'était pas si grave, j'aurais rajouté un "lol"...

Coucou la culture du viol, je te vois, et je t'emmerde.

Pourquoi le slut shaming et le body shaming sont-ils liés ?

Le problème avec le slut shaming, c'est qu'il se manifeste souvent sous forme de sexisme intériorisé. Comme si ce n'était pas assez difficile, douloureux, humiliant de se faire traîner dans la boue par "l'homme dominant", les femmes jouent aussi à ce triste jeu entre elles. Après tout, en nous mettant en compétition les unes avec les autres (être la plus belle, être bonne cuisinière/maîtresse de maison, être drôle/sportive/intelligente mais pas trop non plus pour ne pas faire peur au mâââle) dès la plus tendre enfance, je ne vois pas bien à quel autre résultat on aurait pu s'attendre sur ce point. Et j'aborde ce point #captainobvious parce que ces comportements... On les retrouve jusque dans la sphère militante, féministe et même body positive. Nan nan, je déconne pas. Pourtant, j'eus préféré.

Quand j'entends une ou des féministes descendre "les meufs qui s'exhibent".
Aussi engagées, impliquées, déconstruites soient certaines personnes que je croise dans la dite sphère, en ligne ou IRL, il y en aura toujours une pour taper sans discernement sur les selfies, la nudité (je comprendrais jamais ça... z'êtes pas nés habillés hein), la vulgarité (c'est subjectif, et souvent aussi classiste que sexiste... je suis moi-même en train d'essayer de désapprendre tout ça mais chuis pas là pour donner mon avis sur la famille^^), la chirurgie esthétique... Ça me rend chèvre. Et l'énième selfie dépoilé de dame Kardashian la semaine dernière a justement déclenché une vague de propos de la sorte. P!nk m'a d'ailleurs brisé le cœur en cette belle journée de lutte qu'a été le 8 mars, avec un post plein de jugement sur le sujet... et il fallait que je trouve le moyen d'aborder c't'affaire ici-même.

Comme j'ai beaucoup hésité à ma manière d'en parler, j'en ai parlé à une amie très engagée et on a eu une conversation passionnante. Et elle m'a confié que même si "en théorie", elle savait parfaitement que la nudité, ni même le fait de la montrer "au monde entier" n'était aucunement un mal. Mais que dans le cas de Kim K, elle avait quand même des restes de réticences à le ressentir, en plus de le penser avec sincérité. Parce que cette "socialite" agace. Parce qu'elle est omniprésente dans les médias. Parce "qu'elle ne fait rien de sa vie" (je dis pas qu'elle fait pas des trucs pas cool du tout hein, genre s'approprier les tresses cornrows... c'est vraiment craignos, mais c'est valable pour toutes ses sœurs, aussi) et qu'elle n'a que très rarement "un discours", contrairement à d'autres comme Nicki Minaj par exemple, pour "légitimer" ses choix. Il y a encore quelques années, je pensais ainsi aussi et il m'arrive encore de réprimer une vieille remontée acide de ce genre, bien malgré moi. Donc de là, on est inévitablement venues au jugement... du jugement de "valeur", de celui qu'on pouvait avoir parfois malgré nous.

Il faudrait donc justifier de "bonnes actions" pour pouvoir poster une photo comportant de la nudité sans se faire taper dessus ? Genre un laissez-passer, un permis de s'exhiber pour bonne conduite ? On marche sur la tête.

Je cherche encore la logique, dans ces (nos ?) réactions épidermiques.
Quelle que soit la personne qui décide de se prendre en photo, habillée ou à poil, et de la partager sur les réseaux sociaux : c'est SON choix, c'est SA liberté, c'est SON corps. Parce que le corps, les corps des femmes, n'ont rien de honteux (il est là, le body shaming sous-jacent de ces violentes réactions face à la nudité féminine). Et aujourd'hui, décider de montrer le sien _ qu'il soit "dans la norme" ou qu'il en soit très éloigné_ à la face du monde sur les internets, c'est se le réapproprier. Se le réapproprier face à une société patriarcale qui l'exploite allègrement pour son plaisir visuel, pour vendre tout un tas de choses, mais qui le trouve problématique lorsqu'il s'affirme tel quel, lorsqu'il s'aime lui-même.

Et sans vouloir trop sombrer dans une psychologie de comptoir... Si ma mère avait orchestré la vente de ma sextape, ben je pense que j'aurais sacrément besoin de me la réapproprier, ma carcasse.

Bref, il nous appartient d'apprécier, ou non, la démarche, c'est indéniable. Mais l'attaquer, la condamner, porter un jugement invalidant dessus, et ce avec autant de violence, c'est merdique.

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Edit du lendemain (merci Diane ♥) : J'ai abordé le sujet, assez brièvement je l'admets, sur d'autres articles sur le blog ou ailleurs mais je ne l'ai pas vraiment développé ici, alors qu'il a carrément sa place, surtout dans ce paragraphe... Le fait que les femmes racisées subissent doublement l'oppression du slut shaming : parce que l'idéal de beauté qu'on nous sur-vend est blanc. Et que dans une société blantriaracale, un élément de nudité et/ou sensualité sera toujours critiqué beaucoup plus vivement s'il vient d'une personne racisée que s'il vient d'une personne blanche.

Les exemples sont nombreux à ce sujets mais parmi les plus marquants dernièrement, on peut repenser à la réaction de Lou Doillon qui s'est attaquée au féminisme de Beyoncé et Nicki Minaj, suite à la sortie d'Anaconda, en disant grosso merdo (surtout merdo...) que ces femmes qui se mettaient à poil étaient "une catastrophe" en termes de féminisme... alors qu'elle même, a posé nue à maintes reprises sans qu'elle ne fasse visiblement le lien. Pas plus que les nombreux hommes et femmes, majoritairement blanc.he.s, qui ont pris part au "débat"...

Il y a aussi eu les critiques qu'a du essuyer Rihanna après le clip de "Work", je vous invite à lire le storify de @mrsxroots sur le sujet. Plus récemment, et pour rebondir sur le selfie "#KimKChallenge", on a vu Sharon Osbourne soutenir la star de la téléréalité en postant elle aussi un cliché dénudé à bandes noires sur Twitter... alors qu'elle avait slut shamé Nicki Minaj auparavant.

Deux poids, deux mesures : ceci n'est qu'un très bref aperçu de la sur-sexualisation, de l'exoticisation, des femmes noires, métisses, racisées. Coucou le féminisme blanc (white feminism, non intersectionnel), on te voit. Enfin je dis ça, mais je me suis pas dans le déni non plus : il n'y a pas si longtemps, j'ignorais tout de cette problématique et de ses conséquences (ainsi que de mes privilèges de blanche) moi aussi, et je suis encore loin d'être l'alliée "idéale" mais je lis, je me renseigne, j'écoute, j'apprends, je relaye. D'ailleurs, c'est suivre le Collectif MWASI, afro-féministe, qui a grandement contribué à ma déconstruction sur ce point, après en avoir croisé les membres à la manif non-institutionnelle du 8 mars 2015, mais elle est loin d'être terminée, j'en ai conscience.

Ça me fait d'ailleurs repenser à la sensation de malaise que j'ai en comparant les actrices.eurs et body positive en France par rapport à celleux présents aux US et de nombreux pays anglophones... Ici, c'est très axé femmes minces "VS" (tssss tout à reprendre, la page FB de Ma Grande Taille est l'exemple parfait de la pauvreté intellectuelle de ce débat en France...) femmes non-minces, mais là-bas, c'est beaucoup plus diversifié et inclusif, comme mouvement. Car c'est beaucoup plus complexe que ça comme question. Les grosses/rondes n'ont pas le monopole du body shaming et les personnes racisées, personnes non-cisgenre, personnes "âgées", personnes en situation de handicap font partie intégrante du débat.

Sinon _ceci est un appel_ je serais ravie d'avoir des témoignages de personnes concernées pour que je consacre un article dédié au sujet. Et/ou même carrément faire un "guest blogging" sur le sujet sur le blog.

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Se battre contre le slut shaming, c'est une lutte body positive

Nan, y'a vraiment pas besoin de défendre l'allaitement eu public au détriment de Rihanna qui a choisi de porter une robe transparente pour un événement ou de Kim qui montre ses fesses (c'est à peu près aussi intelligent et aussi constructif de lutter contre la grossophobie en tapant sur les minces/maigres). Parce qu'il s'agit du même combat : celui de libérer les corps des femmes des injonctions qui les étouffent. Aussi bien en termes de critères esthétiques que de critères de "comportement" à avoir ou ne pas avoir (Ne vous a-t-on jamais dit de vous "comporter en dame" ? De ne porter qu'un type de fringue pour mettre en valeur votre silhouette de pomme/banane/kiwi ? De vous de vous "habiller de manière "plus féminine" pour ne pas ressembler à une camionneuse" ou de "vous respecter" en mettant des sapes plus couvrantes?).

La nudité "habilite" certaines femmes. La "modestie"/pudeur en "habilite" d'autres. Différentes choses "habilitent" différentes femmes et ce n'est pas à toi de juger ce qui est mieux pour elles #empowerment

Body shaming et slut shaming sont deux injonctions patriarcales ciblant les femmes (bien que le premier s'applique aussi parfois aux hommes) et leurs corps, ainsi que la manière dont elles en disposent, dont elles en jouissent. Et c'est pour ça que le mouvement body positive, combat féministe intersectionnel, est indissociable de la lutte contre le slut shaming. Nos corps, (très) gros, (très) minces, "naturels", ou "opérés", blancs, jaunes, noirs, petits, grands, valides, non-valides, celluliteux, musclés, lisses, mous, fermes, jeunes, âgés, avec ou sans cicatrices, tatoués, piercés ou "vierges" de toute modification, poilus, glabres, en bonne ou moins bonne santé... nous appartiennent à nous, et nous seul.e.s. Et faire le choix conscient de les montrer, ou de les cacher, est une décision qui nous est propre. Et il n'y en pas une qui soit plus "respectable" que l'autre. Point barre.


"Les selfies, le narcissisme, toussa, c'est un mauvais exemple"

Petite digression sur "la culture du selfie" et cie pour finir? Car à ce stade de la discussion, quand le désaccord demeure face à une personne, déconstruite ou non, l'ultime recours est souvent le suivant : "ouais, bon, okay, admettons m'enfin quand même, tu parles d'un exemple pour la jeunesse".

Et iel r'met dix balles dans la machine...

Ben déjà, je pense que les enfants et ados sont exposé.e.s à bien pire que cette malheureuse nudité qu'on rend responsable de toutes les catastrophes possibles et imaginables, dans un monde ou les réseaux sociaux sont plus réactifs pour censurer un tableau de Courbet ou un téton que la vidéo d'un assassinat sanglant, de commentaires oppressifs de type raciste, homophobe, transphobe et j'en passe, ou même bloquer quelqu'un qui te stalke/te menace. Faut redescendre deux minutes hein, personne n'est venu.e au monde habillé.e à ce que je sache. Ni la nudité, ni le sexe, ne sont pas "un danger". Et il faut aussi arrêter de mélanger les deux. D'ailleurs un corps nu n'est pas forcément sexuel, il faudrait finir par l'intégrer, un jour.

Si le corps féminin n'était pas si outrageusement sur-sexualité (je ris SI FORT quand un gugus dit que c'est le fait de se mettre à poil qui nous hyper-sexualise alors qu'on récupère justement ce que la société patriarcale qui l'avantage au quotidien nous vole... la poule, l'oeuf, toussa toussa) et que le sexe n'était pas aussi tabou/sacré et si la société ne poussait pas les femmes à toujours trouver leurs corps "imparfaits" pour qu'elles dépensent des sommes d'argent (d'une paye amputée vis-à-vis de son équivalent masculin, il faut le re-préciser), et d'énergie considérables pour les "arranger" (ceci n'est nullement critique envers celles qui le font, chacun.e sa stratégie de survie)  _et donc "se trouver un mec/prince charmant" bien sûr, hétéro-normativité patriarcale oblige_ on ne détesterait pas les femmes qui se sentent bien dans leur corps et qui le montrent. Qu'il soit ou non dans la norme. Qu'il soit naturel, ou "refait". Qu'il soit présenté de manière sensuelle, ou non.

J'aime l'outil de création de gifs de Giphy SI FORT... Ahem !

Les réseaux sociaux sont venus bouleverser l'ordre établi de notre société d'image qui promeut, vend, un modèle unique de beauté, extrêmement excluant. On peut tou.te.s exister, être vu.e.s, lu.e.s, entendu.e.s. On peut déconstruire son regard sur la société, apprendre à s'aimer et trouver sa voix. Aussi "futiles" ou engagés puissent être les sujets qu'on choisira d'aborder avec, elle parlera forcément à quelqu'un d'autre, car internet est aussi et surtout un lieu où nos différences aussi bien que nos similitudes peuvent nous rapprocher. On est devient visible, pertinent.e et "on existe", sur nos petits bouts de toile. On se réapproprie notre image. Et que cette dernière soit proche de l'esthétisme mainstream ou bien à l'extrême opposé, on a tou.te.s ce droit, ce pouvoir. Et c'est plutôt cool, non ? (je recommande le super article de Jack Parker à ce sujet )

Pourtant, nombreux sont celleux qui s’appuient sur de rares exemples de dérives (accidents mortels dignes d'un beau #DarwinAward, attroupement de gugus qui jouent avec un dauphin mort sur la plage ou perturbent la pondaison des tortues et quelques ados ayant développé l'obsession maladive du cliché parfait) certes graves mais isolées de la "selfie culture" pour la rejeter en bloc. Et taxer tous les "jeunes" (le selfie et les réseaux sociaux, c'est pour tout le monde, c'est pas Baddie Winkle qui dira le contraire^^) de "génération narcissique" au passage. Mouais, à la manif contre la #LoiTravail du 9 mars, par exemple, j'ai pas eu cette impression là moi, déso. J'ai vu une jeunesse engagée et solidaire dans la rue et "pas que sur Twitter". En quoi s'aimer un peu, ou même beaucoup, nous empêcherait de penser aux autres ? (checkez ce super post facebook, et ce super hashtag associé #ICanBeBoth _ "je peux être les deux"). D'ailleurs être un.e "anti-selfie" n'est pas un gage certifié d'altruisme, puisqu'on va par là^^

On est aussi libre de s'exposer à poil que de ne pas le faire, de suivre quelqu'un qui le fait ou bien de ne pas le faire.

Pour la classe dominante _mâle cisgenre blanche hétéro je re-précise_ il est pratique et rassurant de tirer cette conclusion simpliste. Pas besoin de s'interroger sur la signification profonde de cet engouement pour l'auto-portrait numérique, ni de reconnaître le soulagement dont elle est porteuse pour tant de gen.te.s invisibilisé.e.s, blessé.e.s par un environnement qui ne met en valeur qu'un modèle unique, très restrictif, des corps et de "la" beauté. Avec cette stratégie, pas besoin de reconnaître la toxicité de nos représentations collectives devant la déferlante #BodyPositive qui fait reculer chaque jour un peu plus le body shaming, et le slut-shaming. Mais vous ne trompez personne ;)

Internet, c'est ce qu'on en fait. C'est le lieu de naissance du mouvement body positive aussi bien que celui des trolls et du sexisme 2.0...
L'auto-kiff ça a du bon. Beaucoup de bon. Et même en publication ouverte sur tel ou tel réseau social, ça reste quelque chose de personnel sur lequel un jugement "de valeur" est totalement malvenu. Et puis si ça vous emmerde autant... ben y'a qu'à unfollow, ou bloquer les sources de votre offuscation. Et consacrer votre temps à des lectures qui vous satisfont, il en faut pour tout le monde sur le web et ce serait vraiment cool de cohabiter avec bienveillance et paix, au lieu de gaspiller votre énergie à insulter celleux qui ne vous semblent pas "dignes de vous". Des ""bons exemples"" (notion totalement subjective, cela va de soi^^), y'en à la pelle, avec les possibilités infinies des réseaux sociaux et mots dièse. Mais attention, il y a fort à parier qu'iels aussi, posteront elleux aussi des selfies, habillé.e.s ou non, une fois de temps en temps.

Nan, pas désolée pour un sou de défendre le selfie au même titre que la body positivity ;)

Et pour en revenir au sujet principal après cette digression afin de conclure, je vais tout simplement me répéter (après l'auto-kiff, l'auto-quote :3 ) :

Le body shaming* et slut shaming sont deux injonctions patriarcales ciblant les femmes et leurs corps, quels qu'ils soient, ainsi que la manière dont elles en disposent, dont elles en jouissent. Et c'est pour ça que le mouvement body positive, combat féministe intersectionnel, est indissociable de la lutte contre le slut shaming. Faire le choix conscient de les montrer, ou de les cacher, est une décision qui nous est propre. Et il n'y en pas une qui soit plus "respectable" que l'autre.


En toute modestie.

À très vite pour un article un peu moins épidermique, un peu plus body posi qu'anti-body shaming, je l'espère !


PS : *Puisque j'effectuais précisément un parallèle entre slut shaming, traitement machiste réservé aux femmes, et le body shaming, je n'ai pas insisté sur le fait que ce dernier n'épargnait en revanche pas les hommes. Du coup, je mets un lien vers ce post très touchant post de Monsieur Q sur le rapport qu'il a avec son corps, que j'adore, et qui me fait pleurer à chaque fois que je le relis. Et vous balance rapidement quelques noms de chouettes militants body posi à suivre : Matt Joseph Diaz, Bruce Sturgel, Kelvin Davis, Skylar KergilNick Vujicic ou encore Shaun Ross ;)






vendredi 15 janvier 2016

"Jamais assez maigre, journal d'un top model" à lire, mais aussi à nuancer ;) [digression inside]

Cette semaine j'avais envie de me réjouir de la sortie _très médiatisée_ du témoignage écrit, difficile mais nécessaire, de l'ex-mannequin Victoire Maçon Dauxerre : "Jamais assez maigre, journal d'un top model". Mais aussi de le nuancer (bien que je ne l'aie pas encore lu, et que je m'interroge sur l'envie de le faire, ayant moi-même vécu cette maladie il y a quelques années). Je m'explique : pas nuancer son vécu, son ressenti, son histoire ni les leçons et cicatrices que lui ont laissée cette expérience, et dont elle parle publiquement aujourd'hui, non, bien sûr. Tout ça est à 1000% légitime, et mérite d'être largement partagé. Mais je voulais tenter d'accompagner les conclusions que nous, "public", pourrons en tirer, hors des sempiternels clichés de comptoir qui nous font tourner en rond...


(Je préviens aussi : je ne vais ni commenter ni analyser cette publication, non plus ;) Sa sortie est juste ici le point de départ d'une petite réflexion que j'avais envie de partager avec vous, histoire de plonger un peu plus profondément dans les enjeux du culte du corps tel qu'il est à l'heure actuelle. Le blog tel qu'il est est encore tout frais, et c'est un très bon prétexte pour aborder le sujet en partant d'une actualité importante, que je relaie par la même occasion. Il faut bien que j'essaie de me lancer dans des posts au cœur du problème !)

Je trouve en effet que ce témoignage est une très bonne chose pour dénoncer la pression, tout ce qu'il y a de plus réelle et de plus effroyable, que vivent les femmes (et en particulier, évidemment, les mannequins, au cœur du problème si j'ose dire, et les hommes aussi, de plus en plus) au quotidien pour être minces. Et pour faire connaître les dérives en coulisses du milieu de la mode à ce sujet, ainsi que l'obsession que cela entretient, à grande échelle, tout autour, dans notre société de consommation et d'image, déjà bien sexiste sans ce culte de la taille 0. Oui, la publication de ce livre est une très bonne chose, merci à son auteure pour son courage et son militantisme.

Mais, étant malheureusement assez maso pour aller lire les réactions sur les réseaux sociaux, je sais d'avance (c'est déjà le cas, en fait) que ce récit servira de support à des commentaires pas bien réfléchis et agressifs du style "De toute façon ils sont moches ces sacs d'os, les vraies femmes (j'ai la nausée rien que de retranscrire cette formule oppressive... *soupir*) ont des formes bla bla bla". Discours volant à peu près aussi haut que de commenter le moindre post body positive mettant en scène une femme ronde en disant que c'est "faire la promotion de l'obésité", et que ces corps-là sont "dégueulasses", puisqu'on va par là. Oui oui, le body shaming, quelle qu'en soit la forme, ça pue du cul.

Ce serait dommage de passer à côté du vrai débat
Et c'est précisément de ces discours-là, en particulier dans ce contexte, dont j'ai envie de vous parler aujourd'hui.

Pourquoi les réactions, typiques, que j'évoque ci-dessus sont tout sauf bonnes ?

*Parce qu'elles ne font qu'entretenir la "concurrence", entre les femmes quant à leur physique
Et que ça revient à huiler le mécanisme du patriarcat, qui a tout intérêt à ce qu'on se tire dans les pattes entre nous histoire qu'on oublie de se rebiffer contre le véritable responsable de notre mal-être, à savoir l'environnement ultra-sexiste, et consumériste, dans lequel nous évoluons.

*Parce qu'elles renforcent le clivage minces/rondes-maigres/grosses et que c'est contre-productif
Je ne cesserai jamais de le marteler, il ne s'agit pas de privilégier une "catégorie" aux dépens d'une autre, ni d'établir une "norme" entre les deux, car cela créerait tout simplement de nouvelles injonctions aux corps, de nouvelles formes de body shaming, de nouvelles raisons d'exclure arbitrairement des êtres humains du droit de vivre en paix avec leur reflet dans le miroir. Mais il est primordial en revanche de di-ver-si-fier les morphologies, origines, genres, âges et conditions physiques dans nos représentations collectives. On nous vend du gros bullshit casté, conditionné et photoshoppé, ouvrons les yeux : la beauté est multiple.

*Parce qu'elles n'apportent pas de positif et ne font qu'embourber le débat dans des clichés surannés
Non seulement ces réactions entretiennent le "modèle unique", trompeur et toxique, de représentations "idéales" des corps ainsi que tous les mécanisme patriarcaux ultra-violents qui maintiennent tout ça en place, mais en plus, elles nous font tourner en rond en nous détournant des vrais problèmes, et des vraies solutions. Et puisqu'on va par là, "interdire" des femmes "trop maigres" de défiler ne va pas arranger les choses comme on vient de le faire chez nous (clap clap, not), au contraire, cela va accentuer la tension que je décris dans les deux points précédents.



*** digression très "extrapolatoire" is coming ***



Prolonger le débat, vers la vraie source du problème
(attention, je vais partir trèèèès loin du sujet initial en relativement peu de lignes^^)

Le souci ne se situe donc ni dans la minceur, ni dans la maigreur, en soi (tout comme il y a des personnes "en surpoids" en parfaite santé, il y a des personnes très frêles qui le sont aussi, parce que l'IMC aussi c'est du vent, et quand bien même, la santé des gens ne concerne que ces derniers, j'y reviendrai dans un article dédié) mais dans le fait qu'un seul "type" de beauté "parfaite", ne soit représenté à grande échelle : mince, élancé, blanc, valide, jeune, hétérosexuel, cisgenre... Et surtout, dans la pression que nous subissons pour y correspondre coûte que coûte.

Et le débat va encore, et malheureusement, bien plus loin que ça.

À qui est-ce que tout ça profite ? Pas à celleux qui sont né.e.s pile poil avec les bons attributs et dispositions, si j'ose dire, parce qu'elleux aussi, finalement, ne se sentiront "jamais assez" ceci ou cela, malgré leurs avantages et privilèges. Non. C'est à la société patriarcale (= maintenir les femmes en état d'infériorité en les montant les unes contre les autres, "diviser pour mieux régner") et "blantriarcale" (=n'oublions pas que les personnes racisées vivent toutes ces injonctions deux fois plus lourdement que la "norme" blanche) et à son économie capitaliste (= consommer toujours plus de cosmétiques, de fringues de de marque taille 34,  de chirurgie esthétique, de produits et abonnements fitness sans parler de toute l'économie du régime/de la détox) que tout ça rapporte. Et voui voui, tout ça, c'est lié (coucou l'intersectionnalité des luttes).

"Si demain, les femmes se réveillaient en décidant qu'elles aimaient vraiment leur corps, imaginez seulement combien d'entreprises mettraient la clé sous la porte"


Voilà, en (très) gros, les tenants et aboutissants du culte du "corps parfait". (Je n'ai ni le temps, ni les épaules, ni les outils ni même l'envie à l'instant T de me lancer dans une analyse sociologique complète en 3658 pages^^)

Donc oui, on est d'accord, ce ne sont pas de petits moulins inoffensifs contre lesquels il s'agit de partir en guerre, on a du boulot pour encore bien des années pour déverser nos sacs de paillettes arc-en-ciel dans les rouages de leur mécanisme. Mais est-ce pour autant qu'on doit se résoudre à accepter un système aussi mensonger et aussi nocif ? Si tout le monde, à son échelle, commence déjà à questionner "la matrice" (j'aime pas dire "le système", vu le penchant extrêmement à droite des gens se revendiquant anti-système je pèse mes mots :3), la société telle quelle est actuellement, c'est déjà un très bon début.

En vrai, la déconstruction sociale c'est plus compliqué qu'une histoire de pilule rouge, même si la métaphore est chouette ;) Désapprendre toutes les "vérités" avec lesquelles ont a grandi prend du temps, il faut prendre le temps d'y aller pas à pas.

Je ne sais pas vous, mais moi, quand je me prends à rêver d'un monde où les corps, origines, genres, orientations sexuelles, âges, degrés de validité/handicap seraient représentés aussi diversement que dans la rue sur tous les supports publics... où le rythme des collections textiles serait ralenti pour pouvoir penser à toutes les tailles et ne pas faire fabriquer les pièces en exploitant la main d'oeuvre de pays lointains pour des clopinettes (dédicace à ma meilleure amie et son site, The New Wardrobe, spécialisé dans la mode éthique #slowfashion)... où on consommerait moins mais mieux une mode, plus créative (il me semble bien que c'est pour ça que notre cher Jean-Paul Gaultier s'est retiré du prêt-à-porter, d'ailleurs) et respectueuse de l'environnement et qu'au passage, l'industrie cosmétique suivait cet exemple en sublimant toutes les beauté.e.s sans injonctions... où l'on pourrait tou.te.s se trouver belles et beaux sans avoir à souffrir et se comparer aux autres pour essayer de correspondre à un modèle ultra-restrictif... ben, non, je ne trouve pas que ce soit du délire, ni que ce ne soit pas atteignable. Déso.

Et pour faire de cette utopie (sans patriarcat, blantriarcat ou économie capitaliste, entre autres, je peux extrapoler facilement, mais y'a des limites^^) une réalité, réfléchir à l'intelligence, la bienveillance et la portée de ses propos face à la dénonciation des dérives du modèle en place serait déjà, croyez le ou non, un grand pas en avant.